AccueilNeutres et neutralité dans l’espace atlantique pendant le long XVIIIe siècle (1700-1820)

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Neutres et neutralité dans l’espace atlantique pendant le long XVIIIe siècle (1700-1820)

Neutrals and neutrality in the atlantic world during the long eighteenth century (1700-1820)

Une approche globale

A comprehensive approach

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Publié le lundi 28 janvier 2013

Résumé

Avec la croissance des échanges internationaux, l’exacerbation des rivalités coloniales et l’amplification des pratiques de guerre, les questions relatives à la neutralité dans l’espace atlantique acquièrent une importance inédite au XVIIIe siècle. L’activité des neutres participe au redéploiement des réseaux commerciaux en temps de guerre, permet à de nouveaux acteurs de s’immiscer dans le commerce transatlantique et invite à une réflexion sur la formation d’un espace euroaméricain économique, diplomatique et politique.

Annonce

Argumentaire

Avec la croissance des échanges internationaux, l’exacerbation des rivalités coloniales et l’amplification des pratiques de guerre, les questions relatives à la neutralité dans l’espace atlantique acquièrent une importance inédite au XVIIIe siècle. Dès que la guerre éclate, les pavillons neutres cherchent à profiter d’une conjoncture qui est tout à la fois favorable et périlleuse. Qu’ils appartiennent à des puissances établies en Amérique ou dépourvues de colonies, qu’ils proposent une simple couverture sous leurs couleurs, un véritable service de transport, ou que leurs territoires servent à assurer les échanges entre belligérants, les neutres sont des acteurs incontournables des conflits qui touchent l’espace atlantique.

L’étude de la neutralité révèle les tensions entre les logiques de guerre et les logiques négociantes qui manifestent, autant l’une que l’autre, l’intensité des relations au sein du monde atlantique. C’est pourquoi la neutralité doit être étudiée comme une réalité transversale inscrite dans un espace marqué par la fluidité des circulations. Elle impose de dépasser les cadres nationaux pour promouvoir une approche ouverte des interconnections afin d’envisager à nouveaux frais les questions relatives à la neutralité et au rôle des neutres au cours d’un long XVIIIe siècle allant de la guerre de Succession d’Espagne aux indépendances latino-américaines. Cette approche, qui participe du décloisonnement spatial et thématique de l’histoire atlantique, permet d’embrasser dans une même perspective aussi bien « les » Amériques, septentrionale, intertropicale et méridionale, que l’Europe. La neutralité atlantique est une arène au sein de laquelle se nouent des relations entre Européens, entre Américains, et entre Européens et Américains. Elle peut être envisagée comme une entrée dans la réflexion sur la formation d’un espace euroaméricain économique, diplomatique et politique.

Plusieurs approches peuvent être privilégiées :

  • La polarisation de l’espace atlantique en temps de guerre

La guerre amène une reconfiguration des flux et des circuits d’échanges ordinaires lorsque les trajets en droiture entre métropoles et colonies deviennent trop risqués. La couverture neutre semble alors être la parade la plus efficace pour pérenniser les circulations entre les ports américains des pays en guerre et l’Europe. La rapidité avec laquelle de nouveaux circuits se mettent en place montre que, de toute évidence, ils existaient en partie avant la guerre. Il faut ici interroger les rapports entre l’interlope des temps de paix et les circulations neutres des temps de guerre, d’autant plus que les relations d’affaires qui se nouent ou s’étoffent à la faveur de la neutralité ne disparaissent pas une fois que la paix est rétablie, mais qu’elles peuvent perdurer de manière clandestine. L’enquête doit être menée en confrontant les échelles d’analyse, depuis les flux transatlantiques jusqu’au cabotage inter-américain et antillais. La prise en compte des réseaux interlopes permettrait de comprendre la géographie de la neutralité atlantique.

Il faudrait aussi chercher le principe actif de la neutralité dans les dynamiques locales en s’interrogeant sur ce qui peut fonder l’attractivité d’un lieu neutre et lui permettre, soudainement, d’attirer une partie des échanges atlantiques. La non-belligérance est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour détourner des flux commerciaux importants. Un certain nombre de facteurs semblent avoir joué un rôle décisif dans l’attractivité de certains lieux neutres, que ce soit la franchise du port ou le déploiement des réseaux humains qui animent de vastes mouvements d’échanges. Entre commerce toléré à cause des circonstances, poursuite de l’interlope ordinaire et contrebande de guerre, le négoce des neutres et le commerce par les neutres se déploient sur une large gamme d’activités dont il faudrait rendre compte.

  • Les profits de neutralité

Les progrès du pavillon neutre peuvent recouvrir trois réalités différentes : le simple camouflage, le service de transport des marchandises des belligérants et le développement pérenne d’activités commerciales des négociants neutres. Cette distinction invite à envisager la variété des comportements neutres. Bien qu’elle en soit un étalon essentiel, la mesure des bénéfices ne saurait résumer à elle seule les profits de la neutralité. À l’échelle de l’espace américain, l’étude des échanges entre les États-Unis, les Antilles et l’Amérique espagnole, sous couvert de la neutralité, peut contribuer à la connaissance des relations continentales méridiennes. Le rôle de plateforme des territoires neutres entre les Treize colonies et les Antilles françaises pendant les conflits franco-anglais, les relations des États-Unis avec d’autres régions américaines lors des guerres de la Révolution et de l’Empire, pour finir par l’importance des colonies scandinaves et hollandaises avec l’Amérique espagnole révoltée dans les années 1810 et 1820, montrent que les périodes de neutralité sont des temps d’accélération et d’intégration des échanges transaméricains. Elles sont également des moments d’ouverture et d’intensification des interconnections de l’espace atlantique avec son environnement. Que ce soit l’arrivée des Danois en Amérique du Sud dans les années 1780 ou la fréquentation des ports européens et méditerranéens par les bâtiments États-Unis, le développement de la navigation atlantique neutre participe à l’Atlantisation du monde. 

  • La portée politique de la neutralité

Les questions relatives à la neutralité ont rarement été envisagées dans le champ politique. Les contraintes de la guerre amènent à suspendre les dispositions privilégiant les relations entre une métropole et ses colonies pour, non seulement, tolérer les étrangers mais encore les encourager à venir. La décision d’ouvrir les ports des possessions américaines ne doit pas être envisagée uniquement dans le contexte de la guerre, mais replacée dans le cadre de la réflexion générale sur la libéralisation du commerce colonial et de la critique du régime de l’Exclusif.

Par ailleurs, l’adoption du principe de la guerre au commerce ennemi met ipso facto la navigation neutre en accusation lorsqu’elle sert au transport de marchandises ennemies. Les libertés de commerce et de navigation des non-belligérants deviennent l’objet de contentieux entre États pouvant déboucher sur des périodes de fortes tensions, voire sur des affrontements. Les droits que les belligérants reconnaissent aux bâtiments neutres, la contrainte de la course, les profits du négoce, notamment de la contrebande de guerre, sont des éléments permettant de comprendre la morphologie des circulations neutres durant les conflits du XVIIIe siècle.

L’objectif du volume est de disposer de contributions exposant des cas particuliers s’insérant dans des problématiques plus larges sur la complexité des échanges atlantiques. Le dialogue entre les auteurs, entre les thématiques et les périodes abordées doit permettre de caractériser les grandes évolutions de la neutralité atlantique au XVIIIe siècle.

Modalités de soumission 

Architecture du projet : remise des propositions de contribution en anglais ou en français (300 à 500 mots) et d’un CV à eric.schnakenbourg@univ-nantes.fr.

pour le 1er mars 2013

L’expertise scientifique des propositions sera effectuée par

  • Marc Bélissa (université Paris Ouest Nanterre)
  • Clément Thibaud (université de Nantes) et
  • Eric Schnakenbourg (université de Nantes)

Les auteurs retenus fourniront une première version abrégée de leur texte (2 à 3000 mots) au 30 septembre 2013 afin d’assurer la cohérence du volume et l’harmonie entre les différentes contributions.

La remise définitive des articles (8000 à 9000 mots) est prévue pour le 1er mai 2014.

Lieux

  • Nantes, France (44)

Dates

  • vendredi 01 mars 2013

Fichiers attachés

Mots-clés

  • XVIIIe siècle, relations internationales, neutralité, échanges transatlantiques

Contacts

  • Eric Schnakenbourg
    courriel : eric [dot] schnakenbourg [at] univ-nantes [dot] fr

Source de l'information

  • Eric Schnakenbourg
    courriel : eric [dot] schnakenbourg [at] univ-nantes [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Neutres et neutralité dans l’espace atlantique pendant le long XVIIIe siècle (1700-1820) », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 28 janvier 2013, https://doi.org/10.58079/mpa

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