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Les formes contemporaines de médicalisation et de psychologisation de l'échec scolaire

The contemporary forms of medicalisation and psychologisation of scholarly failure

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Publié le jeudi 07 mars 2013

Résumé

L’échec scolaire est aujourd’hui de plus en plus fréquemment interprété en termes de défaillances individuelles imputées à des causes médico-psychologiques. Dans cette logique, les difficultés scolaires des élèves sont attribuées à des « troubles » psychologiques (phobie scolaire, manque d’estime de soi, instabilité psychoaffective, etc.) ou neurologiques (« galaxie des "dys" », hyperactivité, précocité intellectuelle, etc.). L’objectif de cette journée d’étude est d’appréhender la médicalisation et la psychologisation de l’échec scolaire sous un angle sociologique.

Annonce

Argumentaire

L’échec scolaire est aujourd’hui de plus en plus fréquemment interprété en termes de défaillances individuelles imputées à des causes médico-psychologiques. Dans cette logique, les difficultés scolaires des élèves sont attribuées à des « troubles » psychologiques (phobie scolaire, manque d’estime de soi, instabilité psychoaffective, etc.) ou neurologiques (« galaxie des "dys" », hyperactivité, précocité intellectuelle, etc.) et les politiques éducatives ciblent des élèves « à risques » ou à « besoins éducatifs particuliers ». Auparavant mobilisées pour un nombre restreint de « cas », ces interprétations médico-psychologiques prétendent désormais rendre compte de l’échec d’un nombre très important d’élèves : les enquêtes épidémiologiques laissent en effet penser que près d’un enfant sur cinq est atteint, à des degrés divers, par des « troubles des apprentissages ». L’objectif de cette journée d’étude est d’appréhender ce phénomène de médicalisation et de psychologisation de l’échec scolaire sous un angle sociologique. Il ne s’agit pas tant, pour les sociologues, de se poser en « arbitres ontologiques » rappelant les facteurs « sociaux » à l’origine de la différenciation des trajectoires scolaires (même si cette perspective de recherche ne peut être écartée), que de contribuer à une meilleure compréhension des transformations des registres interprétatifs de l’échec scolaire en les rapportant aux transformations du système éducatif et des enjeux scolaires, au renouvellement des interprétations médico-psychologiques et aux groupes qui favorisent leur diffusion. Trois axes de réflexion seront privilégiés.

Il s’agira, tout d’abord, d’analyser l’action des groupes professionnels qui élaborent les interprétations et les traitements médico-psychologiques. On cherchera à répertorier ces groupes, à caractériser leur évolution, à identifier les diagnostics, les traitements et les inférences auxquels ils se réfèrent. On s’interrogera également sur les concurrences professionnelles qui les opposent et sur la transformation des rapports de force (déclin des interprétations psychanalytiques et montée en puissance de celles issues des neurosciences cognitives). La réflexion devra également porter sur les enseignants. Pourquoi recourent-ils, dans le cadre de leur activité professionnelle, à des registres médico-psychologiques ? Pourquoi délèguent-ils de plus en plus la prise en charge des élèves en difficulté à des spécialistes exerçant dans ou hors des écoles ? Quels sont les effets de cette délégation ?

Il s’agira ensuite de montrer que la médicalisation/psychologisation de l’échec scolaire se reflète dans et est produite par les politiques éducatives qui, ciblant auparavant certains groupes d’élèves socialement défavorisés, privilégient désormais des approches centrées sur la diversité des « cas ». On essaiera de retracer la genèse et de mesurer les effets de la diffusion, dans les politiques éducatives et, en particulier dans la politique des zones d’éducation prioritaire, de certaines catégories de classement (« élèves à risque », « élèves à besoins éducatifs particuliers ») et de certains dispositifs pédagogiques, qui tendent à individualiser la perception de l’échec scolaire et à invisibiliser le caractère socialement situé du phénomène.

Il s’agira, enfin, de rapporter le « succès » de certaines catégories diagnostiques (« précocité intellectuelle », « dyslexie », etc.) aux usages qu’en font les familles. Les familles sont en effet davantage disposées à s’approprier certains diagnostics et leurs choix pèsent sur l’issue des concurrences professionnelles entre spécialistes. À certaines conditions, qu’il conviendra d’identifier, l’étiquetage médico-psychologique, loin d’être stigmatisant, peut constituer une ressource mobilisable par les familles pour peser sur l’institution scolaire. Certains diagnostics permettent aux parents de prétendre légitimement changer l’école plutôt que l’enfant.

En définitive, si la médicalisation et la psychologisation de l’échec scolaire ne sont nouvelles (certaines enquêtes les font remonter à la fin du XIXe siècle), il s’agira, lors de cette journée d’étude, de faire apparaître les caractéristiques principales du phénomène tel qu’il se donne à voir aujourd’hui.

Programme

09h00 : Accueil des participants

  • 09h30-09h45 Présentation de la journée : Stanislas Morel (sociologue, Maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Saint-Étienne / ECP)

Du côté des « professionnels »

  • 09h45h-10h10 : Stanislas Morel (Sociologue, Maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Saint-Étienne / ECP) : « La place des professions médico-psychologiques au sein du champ d’intervention professionnelle de l’échec scolaire précoce ».
  • 10h10-10h35 : Hugo Dupont (Doctorant en sociologie à l’université de Bordeaux / Centre Emile Durkheim) : « Lorsque la déviance scolaire est interprétée sur le plan de la santé mentale : le cas des jeunes accueillis en Instituts Thérapeutiques, Éducatifs et Pédagogique ».

10h35-10h50 : Pause

  • 10h50-11h15 : Anne-Claudine Oller (Docteur en sociologie, Post-doctorante à l’OSC / IEP Paris, ATER à l’université de Saint-Étienne / LSS) : « Coaching scolaire et psychologisation des difficultés scolaires ».

11h15-12h00 : Discussion

12h00-13h30 : Déjeuner

Du côté des politiques publiques

  • 13h30-13h55 : Jean-Yves Rochex (Professeur en sciences de l’éducation à l’université de Paris 8 / ESCOL) : « Les trois "âges" des politiques d’éducation prioritaire : l’individualisation des politiques et des idéologies éducatives ».
  • 13h55-14h20 : Marianne Woollven (Docteur en sociologie, ATER à l’université Paris V / ENS-Lyon-Centre Max Weber) : « Des élèves "à besoins éducatifs particuliers". Les politiques de prise en charge de la dyslexie en France et au Royaume-Uni ».

14h20-14h50 : Discussion

14h50-15h10 : Pause

Du côté des familles

  • 15h10-15h35 : Wilfried Lignier (Sociologue, Chargé de recherche CNRS / CESSP) : « L'identification clinique des élèves, ressource dans les stratégies éducatives ? Réflexions à partir du cas des enfants « surdoués ».
  • 15h35-16h00 : Sandrine Garcia (Maître de conférences en sociologie, à l’université Paris-Dauphine / IRISSO) : « L'investissement maternel dans le handicap. La dyslexie comme alternative à l'échec scolaire ? ».

16h-16h30 : Discussion

  • 16h30-17h00 : Synthèse / conclusion de la journée : Patrice Pinell (Sociologue, Directeur de recherche CNRS / CESSP) 

Lieux

  • Amphithéâtre E.0.1. - Université Jean Monnet, site Tréfilerie
    Saint-Étienne, France (42)

Dates

  • samedi 13 avril 2013

Fichiers attachés

Mots-clés

  • échec scolaire, troubles des apprentissages, dyslexie, médicalisation, psychologisation

Contacts

  • Stanislas Morel
    courriel : stanislas [dot] morel [at] univ-st-etienne [dot] fr

Source de l'information

  • Stanislas Morel
    courriel : stanislas [dot] morel [at] univ-st-etienne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les formes contemporaines de médicalisation et de psychologisation de l'échec scolaire », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 07 mars 2013, https://doi.org/10.58079/n0x

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