AccueilLe suicide : question individuelle ou sociétale ?

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Le suicide : question individuelle ou sociétale ?

Suicide: individual or societal question?

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Publié le mardi 01 octobre 2013

Résumé

Dans le cadre d’un colloque de portée internationale, les doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH) et du centre de recherches sur les littératures et la sociopoétique (CELIS) se proposent d’aborder le thème du suicide par un biais pluridisciplinaire. Ce colloque se propose de poursuivre le questionnement sur le suicide à travers une perspective pluridisciplinaire, notamment la philosophie, l’histoire, le droit, la littérature, la médecine et autres, afin d’en dégager plus globalement les enjeux et les contradictions, et d’en apprécier les différentes facettes, de sa répression institutionnelle à ses représentations les plus fantaisistes en passant par sa réappropriation individuelle au nom d’idéaux divers.

Annonce

Argumentaire

Dans le cadre d’un colloque de portée internationale, Le suicide : question individuelle ou sociétale ? (12-13 juin 2014, Clermont Ferrand) les doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH) et du Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS) se proposent d’aborder le thème du suicide par un biais pluridisciplinaire.

Le suicide est un phénomène qui n’épargne aucune culture, aucun âge, aucune condition sociale et aucun sexe : qu’y a-t-il de plus universel et pourtant de plus occulté que le suicide ?

C’est une banalité intéressante à rappeler : l’individu ne choisit pas de naître ; si la vie est considérée comme un don aussi mystérieux que précieux, le suicide est naturellement vécu et perçu d’emblée comme un drame incompréhensible : pourquoi donc vouloir délibérément s’ôter la vie ?

Mais il est aussi un tabou social qu’il faut taire et esquiver davantage encore que la simple mort : comment accepter que la volonté soit en effet dirigée vers l’inexistence, que l’instinct de survie devienne un désir de mort ?

La réaction la plus spontanée consiste à chercher la cause de cet acte fatidique dans une faiblesse physiologique ou un trouble du discernement ; il est légitime et quelque peu rassurant de réduire le suicide à une pathologie en montrant que c’est une faillite de la vie, un manque de santé ou un déséquilibre psychique, qui a conduit à la mort ; si dans certaines conditions le suicide est en effet un événement brutal et insensé qui aurait pu et doit être évité par des mesures de prévention relevant des politiques de santé publique, une question mérite cependant d’être posée : n’y a-t-il que de « mauvais » suicide ?

La mort, l’événement le plus individuel qui soit, doit-elle être évaluée à l’aune de valeurs générales et contrôlée par des interdictions publiques ? D’un point de vue strictement moral, la réponse s’impose avec trop d’évidence : un geste ultime qui enlève la possibilité même de remédier à une souffrance et qui ne peut faire advenir aucun avenir doit être tenu comme un mal radical et absolu.

Cependant, sans même faire l’apologie du suicide, certains philosophes et littérateurs n’ont pas trouvé de raisons de se suicider dans un mal-être devenu invivable, mais dans un impératif d’existence supérieur et une affirmation particulière de la liberté individuelle ; ils ont ainsi donné une positivité esthétique, philosophique, éthique ou politique, à l’annihilation de soi, trouvé une signification dans la perte de tout sens : il faut interroger les modalités de ce suicide commis au nom d’une plénitude de l’être et d’une conception de la vie qui se prétend élevée et lucide : comment devenir soi-même en supprimant ce soi-même ? Et après le suicide, qu’advient-il de ceux qui restent ?

Moyen de contestation ou expression d’appartenance (suicides collectifs), tour à tour fascinant et stigmatisé, maintenant des relations ambiguës avec les valeurs sociales et pénales (le suicide assisté considéré en France comme homicide), le suicide ne cesse d’interroger et d’imprégner l’imaginaire collectif. Ce phénomène, problématique et pourtant constant chez l’être humain, semble remettre en cause la notion de communauté et de cohésion.

Les oscillations des conceptions criminologique et victimologique n’ont eu de cesse au cours de l’histoire de ponctuer un acte personnel. En 2007, l’affaire Vincent Humbert positionne le suicide comme débat social. La réprobation sociale a longtemps conditionné cet acte, mettant un terme à la vie, au rang d’infraction pénale. En 1810, le Code Pénal français met un terme à cette pénalisation du suicide. « En Angleterre, précise George Minois dans Histoire du suicide : La société occidentale face à la mort volontaire (1995), la dépénalisation est très tardive : les sanctions religieuses ne sont abolies qu’en 1823, et les sanctions civiles en 1870. Il faut attendre 1961 pour que le suicide ne soit plus considéré comme un crime ». Mais cette dépénalisation du suicide n’a pas stoppé les nombreuses interrogations et réflexions que cet acte suscite encore. Ainsi, les formes d’euthanasie ou d’assistance au suicide sont actuellement condamnées en France. La cour européenne des Droits de l’Homme a déclaré que le suicide n’entre pour l’instant dans le champ d’aucun Droit de l’Homme alors que certains pays comme les Pays-Bas ou le Luxembourg autorisent le suicide assisté ou le suicide actif. En France, le Comité Consultatif National d’Ethique a rendu en juillet 2013 son rapport recommandant de ne pas légaliser l’assistance au suicide ou l’euthanasie.

Si le suicide entretient l’intérêt de la recherche universitaire, il semble pourtant n’avoir pas livré tous ses secrets. La recherche en psychologie et sociologie a élaboré une base à la réflexion et mis en place une approche scientifique qui semble prévaloir jusqu’ici.

Ce colloque se propose de poursuivre le questionnement sur le suicide à travers une perspective pluridisciplinaire, notamment la philosophie, l’histoire, le droit, la littérature, la médecine et autres, afin d’en dégager plus globalement les enjeux et les contradictions, et d’en apprécier les différentes facettes, de sa répression institutionnelle à ses représentations les plus fantaisistes en passant par sa réappropriation individuelle au nom d’idéaux divers.

Quelques orientations non exhaustives peuvent être envisagées :

  • Philosophie/Histoire du suicide ;
  • Suicide et décision/répression (interdits actuels autour du suicide : suicide des enfants/adolescents ou des personnes âgées) ;
  • Représentations/Scénarisations du suicide dans l’art et la littérature ;
  • Au nom de quelle valeur morale ou sociale interdire le suicide ? Pourquoi mettre en place une politique de Santé publique de prévention des suicides ? Sur quel fondement ?

Modalités de soumission

Ce colloque est ouvert à tous les chercheurs (doctorants, MCF, PR...).

Prière d’adresser les propositions de contribution (500 mots maximum) par courrier électronique à : doc.acdd.celis@gmail.com 

avant le 1er décembre 2013.

Date limite de réponse et de confirmation / Deadline of acceptance : 31 janvier 2014.

Comité scientifique

  • Pascale Auraix-Jonchière, Pr Littérature française
  • Philippe Bourdin, Pr Histoire moderne
  • Baptiste Boyer, Dr Médecine légale
  • Anne-Blandine Caire, Pr Droit privé
  • Charles-André Dubreuil, Pr Droit Public
  • Pierre Ganivet, Mcf Histoire du Droit
  • Laurent Gerbaud, Pr Service de santé universitaire
  • Pierre-Michel Llorca, Pr Psychiatrie
  • Catherine Milkovitch-Rioux, Pr Littérature française
  • Saulo Neiva, Pr Littérature portugaise et brésilienne
  • Bertrand Nouailles, Agrégé et Dr en Philosophie
  • Agnès Roche, Mcf Sciences Politiques
  • Jean-Baptiste Perrier Mcf Droit Pénal

Comité d’organisation

Caroline Crépiat, Anaïs Gayte, Alice Juliet, Camille Moisan, Grégory Bouchaud, Gheorghe Derbac.

Bibliographie sélective

BACQUÉ, Marie-Frédérique (dir.), La Médecine face à la mort : Alliance ou combat ?, Paris, L’Esprit du Temps, 2013.
BAUDELOT, Christian, ESTABLET, Roger, Suicide, l’envers de notre monde, Paris, Editions du Seuil, 2006.
BAYET, Albert, Le suicide et la morale, (thèse), Paris, Librairie Félix Alcan, 1922.
BRAUD, Michel, La tentation du suicide dans les écrits autobiographiques 1930-1970, Paris, PUF, coll. « Perspectives critiques », 1992.
CHARAZAC-BRUNEL, Marguerite, Prévenir le suicide : clinique et prise en charge, Paris, Dunod, 2002.
CHEYNET de BEAUPRE, Aline, « Quand le vif saisit la mort», RJPF, 01/04/2013.
COMITE CONSULTATIF NATIONAL D'ETHIQUE, «Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir», Avis n°121, 01/07/2013.
CYRULNIK, Boris, Quand un enfant se donne « la mort ». Attachement et sociétés. Rapport remis à Madame Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de la Vie associative, Paris, Odile Jacob, 2011.
DAUBE, David, « The Linguistics of Suicide », in Philosophy & Public Affairs, Vol. 1, No. 4 (Summer, 1972), pp. 387-437.
DURKHEIM, Émile, Le suicide [1897], Paris, PUF, réed. 1995.
FAVRE, Robert, La Mort au siècle des lumières, Lyon, PU de Lyon, 1978.
FOURNIER M. le doyen, Problèmes juridiques, médicaux et sociaux de la mort: diagnostic de la mort, prélèvements d'organes, suicide, euthanasie, Paris, Editions Cujas, cop. 1979.
GIRAULT Carole, « La Cour Européenne des Droits de l'Homme ne reconnaît pas l'existence d'un droit à la mort», JCP G (semaine juridique) édition générale, 09/04/2003.
GODINEAU, Dominique, S'abréger les jours: Le suicide en France au XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2012.
GRISÉ, Yolande, Le suicide dans la Rome antique, Montréal-Paris, Bellarmin-Les Belles Lettres, 1982.
HANUS, Michel, Le Deuil après suicide, Paris, Editions Maloine, 2004.
L’Histoire, no 189, juin 1995, Dossier « Le Suicide en Occident : De l’éloge à la condamnation », pp. 22-45.
L’Histoire, no 27, octobre 1980, Dossier « L’histoire du suicide », pp. 37-55.
LEGROS Bérengère,«Euthanasie, arrêt de traitement, soins palliatifs et sédation: l'encadrement par le droit de la prise en charge médicale de la fin de vie», Bordeaux, Les études hospitalières, 2011.
MARTINENT, Eric, REYNIER, Mathieu, VIALLIA, François, «Une tentative de libéralisation de l'acte thanatique sans ordonnance devant la CEDH : la continuation de la politique devant d'autres moyens», Recueil Dalloz Sirey, 31/03/2011.
MERRICK, Jeffrey, « Suicide, society and history : the case of Bourdeaux and Humain, 25 December 1773 », in SVEC, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, pp. 71-115.
MINOIS, Georges, Histoire du suicide : La société occidentale face à la mort volontaire, Paris, Fayard, 1995.
MORON, Pierre, Le suicide, Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 1975.
MURRAY, Alexander, Suicide in the Middle Ages, volume I, The Violent Against Themselves, Oxford, Oxford University Press, 2008.
MURRAY, Alexander, Suicide in the Middle Ages, volume II, The Curse on One-Self Murder, Oxford, Oxford University Press, 2011.
PINGUET, Maurice, La mort volontaire au Japon, Paris, Gallimard, 1984.
Rapport SICARD, en ligne, http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport-de-lacommission-de-reflexion-sur-la-fin-de-vie-en-France.pdf
TERRE François, Le suicide [colloque, Paris, 13-14 janvier 1989], Paris, Presses universitaires de France, 1994.

Lieux

  • Clermont-Ferrand, France (63)

Dates

  • dimanche 01 décembre 2013

Mots-clés

  • suicide, interdisciplinarité, droit, médecine, littérature

Contacts

  • Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS) Doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH)
    courriel : doc [dot] acdd [dot] celis [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS) Doctorants du Centre Michel de l'Hospital (CMH)
    courriel : doc [dot] acdd [dot] celis [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le suicide : question individuelle ou sociétale ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 01 octobre 2013, https://doi.org/10.58079/oc1

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