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Médias et attentats

Media and attacks

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Publié le vendredi 01 décembre 2017

Résumé

Les objectifs de ce numéro sont multiples. Il s’agira d’abord de pouvoir caractériser les formes de traitement médiatique de certains attentats et leurs évolutions selon les contextes nationaux et les périodes historiques. Un deuxième objectif est d’établir dans quelle mesure l’événement terroriste revêt un caractère d’ « exceptionnalité médiatique » en rupture avec d’autres types d’attentats. Enfin, un troisième objectif est de renseigner le rôle des médias en général dans la saisie et la mise en débat des événements terroristes dans l’espace public.

Annonce

Argumentaire

Par l’attentat, le terroriste cible la destruction d’une figure ennemie mais, plus systématiquement, vise la médiatisation, recherche la visibilité, convoite la postérité par l’image pour atteindre son objectif politique. Mais les attentats qui surviennent sur le territoire d’une communauté nationale suscitent une couverture médiatique dont l’intensité ne fait généralement que répondre à un besoin accru d’information de la part des publics (Lefébure & Sécail, dir. 2016). Dès lors, comment informer sans faire le jeu de la propagande ? Depuis 2015, en France, la réflexion sur le traitement journalistique des attentats s’est intensifiée en réaction aux critiques exprimées par le régulateur de l’audiovisuel et par des citoyens isolés ou rassemblés dans le cadre d’associations de victimes. Il importe donc de considérer ce moment de médiatisation spécifique comme un objet à part entière (Garcin Marrou 2003, Dayan 2006, Bugnon 2015) et de comprendre, à la lumière de la longue durée historique, en quoi les attentats constituent un point de cristallisation des sociétés passées et présentes (Frau-Meigs 2005, Truc 2016).

Rétive à toute définition précise, la notion d’attentat renvoie à un spectre large d’événements dont les logiques singulières peuvent varier selon les contextes historiques, les moyens mis en œuvre par leurs auteurs et les finalités de l’acte. Des premiers tyrannicides dans la Grèce antique aux attaques terroristes à l’époque contemporaine, on retiendra ici une acception large du terme qui repose sur deux critères principaux : le surgissement de la violence dans l’espace public et la visée politique de l’acte. L’attentat terroriste, pour sa part, émerge plus spécifiquement dans le contexte révolutionnaire de la fin du XVIIIème siècle et induit un basculement de l’événement : l’enjeu n’est plus seulement la cible de l’attentat elle-même mais bien la désintégration d’un système politique existant, voire l’avènement d’un nouveau système. Au-delà de la singularité de ces « moments terroristes », une filiation existe donc bel et bien entre la « terreur » révolutionnaire de 1793-94, les actes de « propagande par le fait » des anarchistes au XIXème siècle, les attentats d’extrême gauche ou d’extrême droite dans les années 1970, les attentats d’organisations indépendantistes ou encore le « terrorisme djihadiste » qui s’est intensifié depuis les années 2000.

Comme le tyrannicide (Cottret 2009), le terrorisme a une histoire (Sommier 2000, Ferragu 2014). En revanche, l’histoire de la médiatisation de cette « propagande par le fait » reste largement à écrire. Ce dossier du Temps des médias entend contribuer à combler ce vide historiographique en ayant pour objectif de dégager les enjeux de la publicisation des événements regroupés sous cette catégorie générique d’ « attentat ». Il s’agira de comprendre la façon dont les médias se saisissent des attentats à différentes époques et le répercutent auprès de leurs contemporains. La « question médiatique » pouvant induire une périodisation trop contemporaine de l’objet, nous intégrons plus largement la notion de « publicisation », qui renvoie ici à la mise en visibilité des attentats et à une forme de « proto-conscience » des effets de leur mise en scène auprès d’un public. Ainsi, l’étude des médiations oralisées (contes, chansons, lectures publiques...) ou matérialisées (statues, stèles, etc.) des récits, repérables dans l’Antiquité ou au Moyen-Age, s’intègre pleinement dans ce dossier.

Comment et sous quelles conditions le surgissement des violences politiques émerge-t-il dans les récits médiatiques ? L’événement terroriste renvoie-t-il à une catégorie d’information spécifique ? La figure de la menace, du régicide au terroriste, procède-t-elle d’une mise en récit distincte des autres types de menaces criminelles ? Du point de vue de la réception, quel est l’impact de la médiatisation sur les citoyens ? La médiatisation des événements terroristes fait-elle émerger des régimes d’émotion spécifiques à travers les époques ? Comment les attentats façonnent-ils les imaginaires des contemporains et, le cas échéant, stimulent-ils des discours politiques ?

Les objectifs de ce numéro sont multiples. Il s’agira d’abord de pouvoir caractériser les formes de traitement médiatique de certains attentats et leurs évolutions selon les contextes nationaux et les périodes historiques. Un deuxième objectif est d’établir dans quelle mesure l’événement terroriste revêt un caractère d’ « exceptionnalité médiatique » en rupture avec d’autres types d’attentats. Enfin, un troisième objectif est de renseigner le rôle des médias en général dans la saisie et la mise en débat des événements terroristes dans l’espace public.

Les propositions pourront étudier dans une perspective synchronique ou diachronique :

  • Le traitement médiatique spécifique de certains attentats en France ou dans d’autres pays ;
  • La mise en récit des catégories d’attentats au regard de la nouveauté ou récurrence de leurs modes opératoires (attentat aveugle, attentat-suicide, etc.) ;
  • La place de certaines figures (victimes, terroristes, experts, policiers, etc.) dans les récits médiatiques ;
  • Les conditions de production de l’information dans les contextes terroristes ;
  • Les dispositifs de mise en images et les différents statuts de matériaux mobilisés dans les récits médiatiques (images amateurs, images de propagande, etc.)
  • La façon dont les événements terroristes inspirent la fiction et les productions culturelles (cinéma, séries télévisées, clips et chansons, etc.) ;
  • Les réactions des publics aux événements et la façon dont leurs discours circulent dans les médias ;
  • Les temporalités et les processus de mémorisation des attentats : surgissement de l’événement, temps du procès de leurs auteurs, commémorations par ou dans les médias, etc. ;
  • etc.

Cette liste n’est pas exhaustive. Toutes les périodes, tous les espaces nationaux et tous les médias ou supports de médiation pourront être étudiés (libelles, presse, affiche, radio, télévision, cinéma, affiches, photos, chanson, web, réseaux sociaux, etc.).

Cet appel écarte en revanche deux pistes de réflexion trop vastes pour ce dossier : d’une part, la question des relations entre médias et terrorisme sans rapport direct à l’événement et ses répercussions ; d’autre part, celle de la propagande terroriste en tant que telle (fonctionnement, organisation, ressorts rhétoriques, stratégiques et idéologiques).

Coordination

  • Maëlle Bazin, Université Paris 2 Panthéon-Assas (CARISM)
  • Gilles Ferragu, Paris Ouest-Nanterre-La Défense (ISP)
  • Claire Sécail, CNRS (LCP-IRISSO)

Modalités pratiques et évaluation

Les propositions (titre, mots-clés, résumé en 3 000 signes maximum, affiliation) sont à adresser aux trois coordinateurs du numéro

avant le 30 avril 2018.

  • Maëlle Bazin : bazinmael@gmail.com
  • Gilles Ferragu : gilles.ferragu@u-paris10.fr
  • Claire Sécail : claire.secail@dauphine.fr

Elles seront ensuite évaluées en double-aveugle par le comité de rédaction de la revue ainsi que par des experts extérieurs.

Les articles (35 000 signes environ) devront être envoyés pour le 1er décembre 2018. Ils devront respecter les normes de publication de la revue : http://www.histoiredesmedias.com/-Normes-de-publication-.html

Calendrier prévisionnel

30 avril 2018 : date limite d’envoi des propositions

Mi-mai 2018 : sélection et retour vers les auteurs
1er décembre 2018 : envoi des textes par les auteurs - évaluation Février 2019 : retour vers les auteurs pour éventuelles modifications Fin avril 2019 : envoi des textes modifiés par les auteurs
Automne 2019 : parution du numéro

Bibliographie

Bugnon Fanny, Les « Amazones de la terreur » : sur la violence politique des femmes, de la Fraction armée rouge à Action directe, Paris, Payot, 2015.
Cottret Monique, Tuer le tyran ? Le tyrannicide dans l'Europe moderne, Paris, Fayard, 2009.
Dayan Daniel (dir.), La Terreur spectacle. Terrorisme et télévision, Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2006. Ferragu Gilles, Histoire du terrorisme, Paris, Perrin, 2014.
Frau-Meigs Divina, Qui a détourné le 11 Septembre ? Journalisme, information et démocratie aux Etats-Unis, Louvain- la-Neuve, De Boeck/INA, 2005.
Garcin-Marrou Isabelle, Terrorisme, médias et démocratie, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2001.
Lefébure Pierre, Sécail Claire (dir.), Le défi Charlie. Les médias à l’épreuve des attentats, Paris, Lemieux éditeur, 2016. Sommier Isabelle, Le terrorisme, Paris, Flammarion, 2000.
Truc Gérôme, Sidérations. Une sociologie des attentats, Paris, Puf, 2016.

Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • lundi 30 avril 2018

Fichiers attachés

Mots-clés

  • média, attentat, événement, publicisation

URLS de référence

Source de l'information

  • Maëlle BAZIN
    courriel : bazinmae [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Médias et attentats », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 01 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/yz6

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