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Les théologies après Jean-Marc Ela

Theologies post Jean-Marc and what his work has lest to posterity

Quelles postérités de son œuvre théologique ?

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Publié le jeudi 14 décembre 2017

Résumé

Dix ans après la mort de Jean-Marc Ela, le 26 décembre 2008, à Vancouver au Canada, son œuvre inspire les champs aussi variés que la théologie, la sociologie, la philosophie, l’histoire, l’anthropologie, l’économie, la politique, la culture, la démographie, l’écologie et la science. Aux dix ans de la mort de J.-M. Ela, le colloque international a pour but d’appréhender son œuvre dans son intégralité et dans toute sa diversité en la plaçant dans la trame de ses relations multiples (théologiques, sociales, religieuses, éthiques, politiques) et en actualisant son approche de la libération et ses postérités.

Annonce

02-10 mai 2018

Argumentaire

Dix ans après la mort de Jean-Marc Ela, le 26 décembre 2008, à Vancouver au Canada, son œuvre inspire les champs aussi variés que la théologie, la sociologie, la philosophie, l’histoire, l’anthropologie, l’économie, la politique, la culture, la démographie, l’écologie et la science.

En articulant le témoignage de l’Évangile et le service des femmes et des hommes, J.-M. Ela offre à la croisée de la théologie et de la sociologie une stimulante réflexion sur fond d’une attitude de résistance, de subversion et de transgression à l’endroit des épistémologies dominantes, des théories et des méthodologies instituées, des institutions du pouvoir et du savoir. Il est fructueux d’aborder aujourd’hui la recherche en théologie en se ressourçant dans les analyses de ce penseur et homme de terrain dont la passion a été le monde d’en bas, les paysans, les jeunes, les femmes, les pauvres, les persécutés, les marginalisés et les devenirs des Afriques subsahariennes. Son dernier ouvrage théologique, Repenser Dieu en Afrique. Le Dieu qui libère (2003) vient à point nommé pour qui veut comprendre la théologie comme un dire à la fois sur le Dieu qui libère et une réponse au cri de l’Homme africain. Mobilisant une diversité de traditions disciplinaires, J.-M. Ela a placé sa théologie dans l’interstice entre théologie et sociologie, recherche érudite et vulgarisation, approche catholique et protestante. Il a balisé des territoires épistémologiques qui ont travaillé la suture entre la théorie et la pratique, la révélation et la domination, l’évangélisation et la libération. La théologie qui se découvre dans son œuvre est une diaconie pratique dont les questions ne se perdent pas dans les limbes. De nombreux travaux se nourrissent de son approche de la libération et beaucoup de chercheurs et de militants trouvent dans son engagement ecclésial et sociopolitique des motifs politiques pour leurs réflexions et leurs actions.

Aux dix ans de la mort de J.-M. Ela, le colloque international a pour but d’appréhender son œuvre dans son intégralité et dans toute sa diversité en la plaçant dans la trame de ses relations multiples (théologiques, sociales, religieuses, éthiques, politiques) et en actualisant son approche de la libération et ses postérités. Il vise également à s’interroger sur la place de l’herméneutique de la parole ancrée dans le souci du terrain et montrer la pertinence du modèle dialogale de J.-M. Ela pour la recherche théologique contemporaine. Il suggère de susciter un dialogue entre l’œuvre de J.-M. Ela, les théories décoloniales et les approches de théologie contextuelle faites dans une perspective de libération.

En explorant les questions abordées par l’œuvre de J.-M. Ela, nous proposons quatre axes autour desquels les communications pourront s’arrimer :

Quelles théologies de la libération, dix ans après la mort de J.-M. Ela ?

Cet axe s’intéresse à la théologie de la libération de J.-M. Ela. Cette dernière déborde les approches de l’inculturation sans en rejeter le paradigme ni le vouer aux gémonies. J.-M. Ela en dégage les propriétés heuristiquesdans une perspective qui entend « délatiniser » le christianisme en Afrique, le libérer de la tutelle de l’Occident, promouvoir un rapport dialogique entre le christianisme et les cultures africaines, enrichir la catholicité de l’Église d’autres facettes et harmoniques inédites. Il situe l’essence de la libération en Dieu telle que proclamée tant par la geste de l’Exode que par le cantique de Marie (Magnificat). La théologie prend les contours d’un discours subversif adossé au pathos d’un Dieu dont le salut est essentiellement et exclusivement libération des personnes opprimées. Elle se dédouble d’une pratique libératrice qui vérifie sa pertinence et son efficience.

L’attention de cet axe sera portée au développement actuel du paradigme de la libération, aux nouveaux courants qui s’y greffent et à leurs implications concrètes et pratiques.

Confrontation de l’œuvre de J.-M. Ela avec les études décoloniales

J.-M. Ela souligne que les Églises d’Afrique sont dans une situation « néocoloniale » qui se révèle un obstacle à leur consistance propre. Il plaide pour la levée de tutelle de ces Églises en articulant les analyses sociologiques, économiques, politiques et écologiques à la théologie. Il élabore une théorie critique de la colonialité du pouvoir, du savoir et de l’être qui affecte les sociétés et les Églises africaines. Son écriture théologique conteste les conditions de production du discours théologique et prend ses distances vis-à-vis des institutions de production et de légitimation du savoir dominant. Sa pensée problématise la centralité de la théologie occidentale, de la latinité et de la romanité. Elle accorde la parole aux « gens d’en bas », les « hommes embourbés dans l’histoire », les « absents de l’histoire », les « sans voix », les « oubliés de la terre », et « à un peuple de parias ». Elle défait le particularisme hégémonique et critique l’universalisme singulier, abstrait et eurocentré. Son rejet de la catholicité monotopique se déprend des postulats hérités et, grâce à l’éthique de la transgression, il ensemence la pensée unique de la liberté et innerve de nouveauté les structures ecclésiales définies une fois pour toutes ne varietur.

Cet axe thématise les rapports entre Rome et les Églises d’Afrique, et ouvre des avenues pour des investigations sur les rapports de pouvoir au sein des Églises locales et la libération politique des États africains post-coloniaux. Au-delà de l’intérêt pour l’herméneutique de l’autonomie des Églises locales et de la souveraineté des États africains, il invite aussi à construire des ponts entre l’œuvre de J.-M. Ela et des approches décoloniales développées en diverses régions du monde, ainsi qu’avec des théologies féministes, politiques et contextuelles faites dans une perspective de libération.

Ruptures épistémologiques et méthodologiques, interdisciplinarités

La production du discours théologique chez J.-M. Ela arrime le discours théologique à l’expérience des communautés. Elle met en perspectives des ritournelles du nomadisme théologique, la quête des concepts aux antipodes d’un fast thinking, le recours à des catégories en consonance avec la singularité de la pensée et la complexité de l’histoire de l’Afrique. Elle a comme autre lieu épistémologique l’analyse sociale et politique corrélée à des données de l’économie et de l’anthropologie. Dans la perspective de J.-M. Ela, le discours théologique est une herméneutique de l’existence qui informe poudroiement des pratiques en s’articulant autour des conditionnements socio-historiques, politiques et culturels. La théologie s’énonce à partir d’un contexte dont elle se nourrit et tire la sève.

J.-M. Ela développe une herméneutique de la parole ancrée dans le souci du terrain qui cherche à rejoindre l’Afrique qui s’invente dans les villages et dans les espaces urbains où se dessine une nouvelle humanité dans le continent.

Cet axe entend interroger l’ouverture de la théologie à d’autres disciplines de recherche (histoire, sociologie, anthropologie, sciences des religions, science économique et politique, sciences du langage) et les ruptures épistémologiques, les déplacements herméneutiques et les novations méthodologiques liées à cette ouverture.

Pertinence de repenser Dieu pour l’avenir d’un monde de justice

J.-M. Ela approche la théologie comme un discours de la dissidence et de l’insoumission qui garde pour horizon la libération. Sa théologie est essentiellement une quête de réponses aux questions qui viennent de l’Afrique. Au cœur de ces questions, il place l’interrogation sur Dieu. J.-M. Ela met en demeure le travail théologique d’engager sa réforme sur Dieu en Jésus-Christ. Dans cette ligne, il l’invite à s’interroger sur la dimension historique du dessein de Dieu et sur l’interprétation de l’aujourd’hui de Dieu dans le quotidien de la vie africaine. J.-M. Ela rejette les discours sur Dieu que d’aucuns présentent comme un discours de Dieu. Il se détourne de ce Dieu étranger au temps, indifférent aux événements politiques, sociaux, économiques et culturels, sans perspective d’engagement inhérente à la promesse.

Cet axe étudie les défis de l’Afrique d’aujourd’hui et ceux des groupes opprimés. Il relit les pratiques sociales au sein de l’Église. Il thématise l’accomplissement de la promesse de Dieu dans l’histoire des Afriques à l’heure des révisions constitutionnelles, de la résurgence de l’esclavage des Africains et de la mondialisation néolibérale. Dans une perspective prospective, il s’interroge sur l’à-venir et le devenir des Afriques postulées par « le Dieu qui vient ».

Modalités de soumission

Les propositions de communication (un résumé ne dépassant pas 500 mots) sont à envoyer conjointement, accompagnées des coordonnées et de l’affiliation institutionnelle

au plus tard le 30 janvier 2018

à lindberg.mondesir@umontreal.ca.

Les auteurs sélectionnés seront notifiés le 15 février 2018. Les textes à présenter peuvent être rédigés en français ou en anglais. Ils devront être envoyés avant le 30 mars 2018.

Conseil scientifique

  • Denise Couture (Université de Montréal, Canada)
  • Ignace Ndongala Maduku (Université de Montréal, Canada)
  • Fidèle Mabundu (Université Catholique du Congo)
  • Valentin Ntumba (Université Catholique du Congo)

Comité d’organisation

  • Denise Couture (Université de Montréal, Canada)
  • Ignace Ndongala Maduku (Université de Montréal, Canada)
  • Fidèle Mabundu (Université Catholique du Congo)
  • Valentin Ntumba (Université Catholique du Congo)
  • Lindbergh Mondésir (Groupe de théologies africaines et afrodescendantes, Canada)

Lieux

  • Université Catholique du Congo, - 2 Avenue de l'université
    Kinshasa, Congo-Kinshasa

Dates

  • mardi 30 janvier 2018

Mots-clés

  • Jean-Marc Ela, théologie, libération, décolonial, contextuel

Contacts

  • Lindbergh Mondésir
    courriel : lindbergh [dot] mondesir [at] umontreal [dot] ca

Source de l'information

  • Ignace Ndongala Maduku
    courriel : ignace [dot] ndongala [dot] maduku [at] umontreal [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les théologies après Jean-Marc Ela », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 14 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/z3y

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