AccueilL’ordre et la force. Police, sécurité et surveillance au Nord de l’Afrique

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L’ordre et la force. Police, sécurité et surveillance au Nord de l’Afrique

Forces and Order. Police, security and surveillance in North Africa

« L'Année du Maghreb » 30|2023-II

"L'Année du Maghreb" 30|2023-II

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Publié le jeudi 09 juin 2022

Résumé

Véritables piliers des dictatures en place avant et après les soulèvements de 2011, les polices des régimes arabes ont eu et ont encore pour principales fonctions de briser les oppositions démocratiques. Elles occupent une place très spécifique dans l’imaginaire sur la région. Un imaginaire affecté par la puissance de la répression qui tend à occulter la pluralité des dispositifs de maintien de l’ordre. De ce fait, le sécuritaire a surtout été appréhendé sous l’angle de la répression politique, en prenant pour objet la clientèle de la répression plutôt que ses acteurs, c’est-à-dire depuis l’extérieur de l’institution sécuritaire. À rebours d’approches, peu nourries empiriquement, où la compréhension de ce qu’est le secteur de la sécurité et de ses appareils sert à définir des formes différenciées de l’autoritarisme, ce dossier vise à faire la part belle aux analyses sociologiques, anthropologiques et historiques des différents systèmes sécuritaires : de l’institution policière aux dispositifs de surveillance plus opaques nourris par différents métiers institutionnalisés de la sécurité (indicateurs, milices, agents de quartier, etc.).

Annonce

Argumentaire

Véritables piliers des dictatures en place avant et après les soulèvements de 2011 (Filiu, 2018), les polices des régimes arabes ont eu et ont encore pour principales fonctions de « briser les oppositions démocratiques » (Marzouki, 2009). Elles occupent une place très spécifique dans l’imaginaire sur la région. Un imaginaire affecté par la puissance de la répression qui tend à occulter la pluralité des dispositifs de maintien de l’ordre. De ce fait, le sécuritaire a surtout été appréhendé sous l’angle de la répression politique, en prenant pour objet la clientèle de la répression plutôt que ses acteurs, c’est à dire depuis l’extérieur de l’institution sécuritaire. Les sciences politiques ont notamment fourni un savoir portant essentiellement sur le contrôle, la mise sous silence de la contestation politique et les restrictions de liberté, l’emprisonnement, la torture ou les disparitions qui lui sont liées (Khalili et Schwedler, 2010; Bellin, 2004). Une des dernières livraisons de L’Année du Maghreb a dans ce sens porté sur l’expérience carcérale dans sa dimension politique (André et Slyomovics, 2019). Toutefois, cette approche du sécuritaire par ses effets (la répression), laisse peu de place à la distinction, à la différenciation entre les différentes institutions, dispositifs et acteurs de la coercition, dont la compréhension demeure lacunaire. Par exemple, les dispositifs de maintien de l’ordre quotidien (contrôle urbain, protection des citoyens et de leurs biens, criminalité, prison, circulation, etc.) demeurent de véritables impensés dans la littérature.

À rebours d’approches, peu nourries empiriquement, où la compréhension de ce qu’est le secteur de la sécurité et de ses appareils sert à définir des formes différenciées de l’autoritarisme, ce dossier vise à faire la part belle aux analyses sociologiques, anthropologiques et historiques des différents systèmes sécuritaires : de l’institution policière aux dispositifs de surveillance plus opaques nourris par différents métiers institutionnalisés de la sécurité (indicateurs, milices, agents de quartier, etc.). Sans éluder la dimension répressive qui revient avec force ces dernières années (Josua et Edel, 2021), seront ici scrutées les pratiques de maintien de l’ordre depuis la protection physique des personnes et de leurs biens, aux contrôles des populations en passant par les formes d’« assainissements » sociaux, moraux mais aussi raciaux des territoires (urbains, périphériques, frontaliers), par la surveillance numérique, ou encore par la brutalité et les rapports (ordinaires) arbitraires aux citoyen.ne.s. À contre-courant des approches actuelles en faveur d’un décloisonnement de la compréhension des pratiques de contrôle en-dehors des pays du Nord, ce dossier entend adopter une posture dés-exotisante en insistant sur l’importance d’une analyse multi-située mais spécifique des institutions de la répression. Au moyen de quatre axes thématiques, l’objectif est d’étudier les manières dont les appareils policiers contribuent à maintenir, définir un ordre politique, moral ou bien sécuritaire. Il s’agira, également, de rendre compte de l’actualité des manières de contrôler, surveiller et réprimer tout en examinant le développement et l’évolution des politiques de sécurité domestique.

Interpeller : gouvernance sécuritaire de l’altérité et des minorités

Assurer la permanence d’un ordre, hier comme aujourd’hui, c’est garantir le respect d’une organisation sociale et d’une stratification sociale. Ce dossier prêtera une attention toute particulière à des analyses se penchant sur l’ordinaire du travail policier, au plus près des acteur.trice.s et révélant le triptyque de cette institution entre maintien de l’ordre, gouvernement des corps et défense de l’ordre social. S’il est dit de la mission de la police qu’elle vise à protéger les citoyen.ne.s force est de constater que son travail consiste à réprimer les populations, d’une part, marquées par la disqualification sociale, la précarité résidentielle, l’absence de protection sociale et les incertitudes futures, et, d’autre part, classifiées comme déviantes, indésirables et subversives de l’ordre social.

Le maintien de l’ordre public et social passe par la garantie d’un ordre sexué et hétéronormatif : celui du patriarcat. Cet ordre est assuré par un travail quotidien de la police, notamment par les brigades des mœurs, consistant à réaffirmer les limites de la bonne moralité publique et à contenir la visibilité des désordres impudiques. Cette dimension de la répression demeure peu étudiée, alors même que la réforme des cadres juridiques dans le sens d’une criminalisation des violences sexistes ne s’est pas traduite par un changement dans les pratiques policières, et que la réception que les unités réservent aux effets violents de l’ordre genré demeure pour le moins suspicieuse. Nous pensons par exemple au traitement du harcèlement en Égypte (Boutros, 2018 ; Amar, 2011), ou à celui des agressions et des violences sexuelles par la police en Tunisie (Voorhoeve, 2014). La répression, plus récente comme en Tunisie, des militant.e.s gays, lesbiennes et transgenres (Kréfa, 2019) est un indicateur fort de la façon dont les politiques de sécurité participent au raidissement anti-genre global marquant l’hétérosexualité et la cisnormativité comme seuls standards visibles et autorisés. De nouveau, se trouvent au centre du travail de ces polices morales la catégorisation, le traçage et la gestion de populations à la valeur sociale diminuée constituant le principal « gibier de la police » (Jobard, 2010) telles les prostitué.e.s et toutes celles identifiées comme « pauvres » et surnuméraires (Cheikh, 2020).

Les mouvements contestataires de ce XXIe siècle ont donné lieu récemment à une documentation sur les rapports entre pratiques policières et antagonismes sociaux particulièrement dans le domaine du sport (Ben Rjeb, 2021; Rommel, 2021; Sadiki et Saleh, 2020; Close, 2019; Bourkia, 2018; Tuastad, 2014; Amara, 2012). Bien que le football ait été juste après l’indépendance un domaine encadré par la police et l’armée qui géraient les principaux clubs, lesquels les légitimaient de fait (Dorsey, 2014 ; Boum, 2013) tout en donnant une identité nationaliste à une institution héritière des polices militaires coloniales (Sayigh, 2011 ; Blanchard et Glasman, 2012), le lien étroit se distend et finit par opposer les polices et le supportérisme de plus en plus criminalisé. Comment, dans cette configuration conflictuelle, la construction de la police comme ennemi commun participe-t-elle de la cohésion du groupe des ultras ? Étant les cibles ordinaires des pratiques répressives, les groupes ultras ont développé des dispositions à la confrontation avec les forces de police, susceptibles d’être mobilisées en dehors des stades, sur la place Tahrir en janvier et février 2011 par exemple (Allal, 2014) ou en Algérie en 2019 (Belkaïd, 2020). Ils peuvent également être en première ligne dans les mobilisations contre les violences policières, comme en Tunisie, où la mort par noyade début 2018 d’un supporter poursuivi par des policiers a donné lieu à plusieurs mouvements de contestation et la création de collectifs rassemblant militant.e.s, avocat.e.s et supporters.

Enfin, la police c’est aussi la gestion des mobilités, l’une de ses premières prérogatives qui constitue donc la centralité de son rôle depuis ses origines (Blanc-Chaleard, Denys, et Morieux, 2001). Au Maghreb, mobilité et police renvoient irrémédiablement ces trois dernières décennies à l’externalisation graduelle par l’Union européenne de la gestion migratoire. Circulations et mouvements de populations sur la région méditerranéenne mais aussi à l’intérieur des pays, interrogent les modalités du déploiement sécuritaire face à une criminalisation des migrant.e.s qui n’a cessé de croître depuis les années 1990. La gestion policière des migrations, en classant ces groupes sociaux comme indésirables, en usant de la violence, contribue à les ériger comme minorité raciale (Natter, 2021; Cassarini, 2020; Alioua, 2019; Richter, 2019; Bachelet, 2018; Detue, 2017). La logique sécuritaire se donne à voir dans le cadre des migrations illégales sous l’angle particulier du travail dédié à la gestion des personnes sans papiers, des crimes de droit commun, ou sous celui des procédures d’identification des corps sans vies et illégaux lorsque surviennent les drames (Diallo, 2018). Le travail de la police ne se limite pas à contenir les passages d’un côté à l’autre de la frontière entre l’Europe et l’Afrique. À l’intérieur elle devient aussi, comme cela a été constaté pour les pays européens, une police de migrants dont les actions reposent sur un travail quotidien de filtration, dispersion et harcèlement (Le Courant et al., 2019) qui construit un rapport spécifique à l’espace (Choplin et Redon, 2014). Quelles sont les lignes de tensions entre agendas externes et réalités du travail policier de gestion des circulations ? Comment la répression par ces polices des migrants au Maghreb contribuent-elles à redéfinir, ou non, des routes et des trajectoires migratoires ? Comment les polices appréhendent-elles les territoires d’intervention ?

Sociohistoire des institutions sécuritaires et de la surveillance

Armées, polices, forces de sécurité et dispositifs de surveillance et de renseignement internes ont été au centre de la création des États dans la région. Leur consolidation et leur successives réorganisation ont été nécessaires pour maintenir le pouvoir des régimes en place. À quelles histoires l’instauration et l’expansion de ces différents appareils de sécurité renvoient-elles ? Nous pensons notamment à une histoire ancrée dans la colonisation qui continue à informer sur l’impact persistant des origines coloniales des activités sécuritaires ou à une histoire postcoloniale, moment où se situe la complexification des appareils de sécurité notamment avec la séparation de l’union entre forces militaires et polices intérieures qui se déclinait sous des formes distinctes aux périodes précédentes (Khalili et Schwedler, 2010). Il s’agira de montrer entre autres les héritages et filiations coloniaux des appareils sécuritaires dans la région notamment en ce qui concerne les continuités dans les formes de répression des pouvoirs coloniaux et celles des nouveaux États indépendants. Rappelons que le traitement des « classes dangereuses » est au fondement des institutions policières en Europe. Elles l’affineront avec leur établissement dans les colonies, où elles auront pour mission de maintenir l’ordre colonial. Par ailleurs, ce retour historique a pour but d’éclairer la part d’héritage issue des polices coloniales et des polices dites vernaculaires tels les Goumiers du Maroc ou le régiment de Spahis en Algérie (Blanchard, Deluermoz, et Glasman, 2011). Seront aussi particulièrement bienvenues des contributions ayant pour objets les polices précoloniales – notamment ces shurtas aux fonctions multiples (maintien de l’ordre, gestion des crimes, régulation des prix sur le marché, maintenance des prisons) –, et ottomanes dans leurs déclinaisons pré-réformes et réformatrices (Lévy-Aksu, 2018).

Cette perspective diachronique vise également à contextualiser la progressive bureaucratisation de ces appareils et ses modalités à travers la circulation de l’expertise. En effet, savoirs et compétences dans le domaine sécuritaire ont aussi leur histoire particulière imprimée dans les modèles européens importés ou adaptés selon les besoins : bipartition à la française entre sûreté et gendarmerie comme au Maroc ou en Tunisie ; création d’une police semi-militarisée comme en Égypte (Tollefson, 1999 cité par Khalili et Schwedler, 2010) ; formation des futurs officiers de police tunisiens en France, etc. Cette circulation des savoirs pose ainsi des questions sur les modalités concrètes de la formation : où et comment les agents de ces appareils sécuritaires étaient-ils formés et quelles continuités peut-on observer dans ces savoirs et techniques enseignés aux agents de l’État ? Elle interroge également la constitution (emprunts et adaptations de codes européens) des systèmes juridiques permettant de pénaliser la criminalité et l’immoralité (codes pénaux) et reflétant les compréhensions locales des catégories de crimes et leur évolution, ainsi que l’encadrement de la criminalisation notamment à travers les codes de procédures.

Plus récente, une autre histoire mérite d’être revisitée à la lumière des derniers développements notamment sur la justice transitionnelle (Vairel, 2022; Gobe, 2016), celle du rôle des forces de sécurité dans les violations des droits humains. Au Maroc, les années de plomb mises en mots dans le cadre de l’Instance équité et réconciliation (Laouina, 2016; Vairel, 2004) ou encore les crimes, tels que ceux perpétrés dans le Rif en 1958, résonnent encore dans une continuité de « violence inarchivable » avec les récentes confrontations lors du hirak du Rif (Rhani, 2021; Rhani, Nabalssi, et Benalioua, 2020). En Tunisie, les travaux de l’Instance vérité et dignité, et notamment les auditions des victimes, ont levé le voile sur la brutalité d’un régime appuyé par des forces de sécurité dont le recours à la torture faisait partie intégrante des modes d’action.

Retours à l’ordre et « démocratisation » des appareils de sécurité : des polices en crises (de légitimité)

Sans éluder les continuités et les formes de dépendances au sentier à l’œuvre dans les institutions sécuritaires avant et après 2011, ce dossier a pour ambition d’étudier les différentes façons dont des situations de crise politique (Allal, 2012 ; Bennani-Chraïbi et Jeghllaly, 2012) ont affecté les forces de sécurité au Maghreb. La crise de légitimité des institutions sécuritaires qui accompagne les soulèvements de 2011 interroge notamment leur rôle dans la dynamique contestataire. Remparts de régimes contestés, les modalités de l’usage de la force par les agences en charge du maintien de l’ordre (police, armées, milices) ont eu des conséquences sur les dynamiques contestataires. On a pu voir comment, en Égypte, l’effondrement des forces de police (El Chazli, 2018) ou l’intensification de la répression en Tunisie avant le 14 janvier (Hmed, 2015) ont contribué à l’amplification des mobilisations. L’attaque des commissariats par les manifestants a, dans les deux pays et plus récemment au Soudan, fait partie d’un répertoire d’action contestataire qui dépasse et englobe les évènements ayant conduit aux chutes de régime. Comment des institutions, et leurs acteurs, garantes de la survie d’un régime (ré)agissent quand celui-ci se trouve contesté, menacé, lorsque « l’illusion du monopole vole en éclats » (Monjardet, 1996) ? Quelles places tiennent la confrontation aux forces de l’ordre dans les répertoires militants, et comment ceux-ci sont-ils (ré)activés dans des conjonctures fluides ?

Que l’on pense au démantèlement d’appareils sécuritaires peu solides comme en Libye, mais aussi, à leur réaménagement et à l’importation de modèles de « démocratisation » des forces de l’ordre comme en Tunisie (Pluta, 2020), les équilibres des appareils sécuritaires ont été profondément affectés par les révoltes arabes comme en témoigne le renforcement des forces de sécurité en Égypte (Abdelrahman, 2017) ou en Tunisie où le nombre d’agents a doublé depuis 2011. Ces renforcements s’accompagnent néanmoins d’une intensification du rejet et des critiques que ces institutions catalysent et de l’émergence de discours et tentatives réformistes les concernant (Sayigh, 2015; Kartas, 2014; Brumberg et Sallam, 2012). Ainsi, les pays arabes d’Afrique ne sont pas épargnés par des effets de circulation de l’expertise transnationale, de « bonnes pratiques » présentées comme « universelles » (Maillard de et Zagrodzki, 2017) : police de proximité, « bonne gouvernance » du secteur de la sécurité, réforme du secteur de la sécurité etc. Au-delà des promesses de « démocratisation » des appareils sécuritaires tenues par les organisations internationales, il s’agirait d’interroger les processus d’appropriation, de traduction de ces formes d’expertises.

Ces moments de crises de légitimité mettent également aux prises des acteurs extérieurs à l’institution sécuritaire : coalitions citoyennes contre la violence policière, associations, rassemblements de familles de victimes etc. Les désirs de contrôle de la police par les citoyen.ne.s ne sont pas qu’une chimère des militant.e.s des droits de l’homme aisément taxés d’avoir facilité la détérioration des rapports entre forces de sécurité et citoyen.ne.s et d’avoir contribué à la délégitimation des premières. Des analyses mettant en lumière les éventuelles recompositions des répertoires d’action de ces mobilisations citoyennes et populaires sont les bienvenues. La judiciarisation des conflits entre police et citoyen.ne.s, notamment par des collectifs, indique des changements majeurs dans les façons dont sont débattues la responsabilité des agences de maintien de l’ordre et l’impunité des agents.

Les crises de légitimité posent une autre question, celle des logiques constitutives de la profession et de la formation mais aussi de leur contenu et de leur efficacité. L’analyse des carrières permettra de prime abord de penser la constitution d’une culture professionnelle ainsi que les formes de socialisation (masculines pour l’essentiel) qui émergent au cours de la formation, puis au sein des institutions et, par ailleurs, d’enrichir nos connaissances sur la production des identités de genre par les organisations (Connell, 2005), un thème peu développé en ce qui concerne la région. L’évolution du métier de policier n’échappe pas à l’intégration du genre qui se reflète notamment dans les politiques de féminisation des forces de sécurité : réelle ou à des fins de communication ciblée visant à euphémiser les violences policières comment cette féminisation est-elle accueillie de l’intérieur et contribue-t-elle à repenser le métier ?

Les crises et les moments de transition politiques tendent également à modifier les arrangements socio-institutionnels propres aux appareils de sécurité, au sein desquels l’étroit contrôle politique des forces de sécurité par les pouvoirs en place tenait une place prépondérante. À l’instar de l’Égypte et de la Tunisie post-2011, manifestations et sit-in des agents de police, tout en permettant de se distancier des régimes déchus, servent la défense d’intérêts collectifs. Conditions de travail, rapports au politique et à la hiérarchie, salaires des agents deviennent des enjeux de luttes et de conflits portés dans le débat public. Plus que l’aspect purement matériel, ces éléments interrogent quant aux évolutions socio-démographiques des membres composant la profession policière. Dans les couches populaires, les rapports à la police sont ambigus : crainte et détestée pour sa violence, elle constitue également un horizon professionnel désirable pour des jeunes en quête de mobilité sociale (Catusse et Lamloum, 2021). D’un autre côté, en raison des bas salaires et des blocages dans l’avancement des carrières, de plus en plus d’officiers (parfois retraités) sont tentés par des reconversions dans le privé, secteur en expansion dans un contexte global de privatisation économique des services publics. Quels enjeux posent la privatisation des missions sécuritaires, et quelles concurrences sont à l’œuvre avec les institutions publiques de sécurité ? Que nous dit-elle de l’état de la police ?

Journaliste, chercheur·euse et policier·ère : quelles représentations du sécuritaire ?

À rebours d’un rejet des discours produits par les institutions sécuritaires, cet axe entend prendre au sérieux ce qu’elles disent et comment elles le disent. Les agences en charge du maintien de l’ordre et de la sécurité ont à cœur de communiquer sur leurs actions tentant de défaire le stigmate de « la mauvaise réputation des institutions » sécuritaires (Geisser, 2015). C’est plus particulièrement le cas de la police, en première ligne face au public auquel elle décide de s’adresser. On note, au cours des années 1990, un investissement croissant dans les moyens de communication auprès du public (presse à sensation dédiée au crime – éprouvés aux périodes coloniales –, chroniques policières, etc.) fabriquant ainsi l’image d’une police citoyenne au service du public et de la garantie de ses libertés individuelles. Tout en autorisant un aperçu sur la manière dont souhaite se penser l’institution, cette présence médiatique participe de pratiques plus larges que nous rangeons dans la catégorie culturelle.

L’institution policière n’est, en effet, pas en reste dans le domaine créatif. Comment le travail sécuritaire est-il vu dans le cinéma, la musique, l’humour (blagues, caricatures), la rumeur, la littérature, etc. ? Qu’il s’agisse de la production littéraire et de l’émergence (renouveau) du roman policier (Ghosn et Tadié, 2021; Sagaster, Strohmeier, et Guth, 2016) ou de la production filmique, les représentations et les perceptions de ces polices nationales ont donné à voir le rapport mitigé entre populations et forces de sécurité. Elles ont ainsi, par exemple, mis en relief l’évolution des manières de montrer la police à l’écran entre la période nationaliste post-indépendance et la période post-révolutionnaire marqué par la détérioration des relations entre public et forces de l’ordre (Mostafa, 2018). L’usage ancien de l’humour politique, où les appareils de sécurité et leurs chefs sont tournés en dérision (Khachab, 2016 ; Fakhfah et Tlili, 2013; Ibrahim, 1995), participe de ces perceptions. Elles sont, par ailleurs, indicatrices de métamorphoses internes. Dans un élan de politisation personnelle, la prise de parole à titre individuel de commissaires et autres agents de police auteurs de polars en arabe, donnent à voir des personnages en uniforme plus complexes que l’imaginaire social ne le laisse penser (Smolin, 2013).

La police se dit par elle-même via ses propres canaux de communication, dans les presses locales, nationales et à présent sur les réseaux sociaux où elle témoigne de ses actions – souvent au service d’une politique du chiffre –, contrecarre la multiplication des points de vue (politiques, théoriques, critiques) et riposte aux critiques qui lui sont faites. L’étude du maintien de l’ordre passe par conséquent par l’analyse de la rhétorique policière et sécuritaire. Certaines polices, comme au Maroc ou en Tunisie, se sont dotées d’organes de presse où se diffusent des informations soigneusement choisies. En Algérie, de nombreux patrons de presse, éditorialistes, journalistes sont des officiers à l’identité tenue secrète qui ne manquent pas de relayer les discours officiels élevant la lutte contre le terrorisme au rang de priorité nationale (Hachemaoui, 2016). Ces pratiques médiatiques visent la cohérence d’une institution marquée par le secret, et la mise en scène du métier de policier en délimitant les contours d’une profession qui se veut performante sur le plan du maniement de la violence, tout en apparaissant comme la clé de la pacification des relations sociales. En Tunisie, l’après 2011 voit l’apparition de la fonction du porte-parole du ministère de l’Intérieur, dont les récits se trouvent parfois en contradiction avec les organisations syndicales, qui jouent souvent le rôle d’informateurs privilégiés des journalistes. La professionnalisation de la parole publique par les membres des institutions policières est un point d’observation important pour analyser l’organisation du métier, la hiérarchisation interne au corps et sa remise en cause, et la place qu’occupe l’institution entre publics et régimes.

L’opacité et le rôle répressif susmentionné – qu'il n’est pas question ici de remettre en cause – reflète la difficulté de production de données à laquelle doivent faire face les chercheur.e.s. Elle rend difficile la conduite d’enquêtes, l’accès aux données et aux acteurs.rices (Aldrin et al., 2022). Dans la mesure où les difficultés expérimentées par les chercheur.e.s sur leurs terrains ont trait aux volontés de contrôle par l’institution sécuritaire, cet axe entend également s’intéresser plus spécifiquement aux aspects méthodologiques de la recherche sur l’objet « sécurité » : comment travaille-t-on sur de tels sujets ? Quelles sont les limites mais aussi les possibilités empiriques et les effets sur la production scientifique ? Dans un contexte où l’univers académique et notamment les sciences sociales sont prises à partie par les autorités publiques, où le travail des chercheur.e.s a de plus en plus accru la surveillance de ces dernier.e.s et les a placés dans une situation de danger, comment la production de savoir évolue-t-elle ? Quelles sont, désormais, les expériences partagées avec d’autres professions comme celle de journalistes ?

Au-delà des expériences de surveillance vécues par les chercheur.e.s locaux et étrangers, cet axe entend également interroger la production savante venue de l’intérieur. Si la production externe est de plus en plus en danger, les savoirs émiques ne sont pas à négliger. Les propositions pourront porter ici sur la production de criminologues fonctionnaires de police ou autre – qui empruntent aux sciences sociales ou embrassent pour certains des parcours de recherche en sciences sociales – et réfléchir à l’usage et la vernacularisation des catégories de crime par les praticiens de l’ordre. Par exemple, en Tunisie, la période post-2011 a vu se multiplier les ouvrages, portant en général sur la lutte contre le terrorisme, écrits par d’anciens officiers de police ou de gendarmerie. Ces expertises revendiquées par des professionnels de sécurité sur des enjeux sociaux, publics, ne sont pas anodines, et relèvent d’un processus de sécuritisation des faits sociaux, c’est-à-dire leur élévation comme enjeu de sécurité, avec les pratiques qui s’en suivent (Balzacq, 2018). Quelles stratégies, réseaux sont mobilisés par ces policier.ère.s afin de faire valoir leurs savoirs et techniques ?

Conditions de soumission

La revue est ouverte aux contributions portant sur les pays du Maghreb, le Soudan, et l’Égypte.

Les propositions d’articles (de 350 à 500) en français ou en anglais, accompagnées de plusieurs références bibliographiques et d’une courte biographie des auteur.es sont à envoyer sur le formulaire en ligne en cliquant sur ce lien,

au plus tard le 1er septembre 2022

  • Un retour sera fait aux contributeur·ice·s au plus tard le 15 septembre 2022
  • Les manuscrits seront à rédiger selon les normes de la revue, et sont attendus au plus tard le 1er mars 2023
  • Les recommandations de rédaction aux auteur.e.s se trouvent sur ce lien : https://journals.openedition.org/anneemaghreb/259
  • Les évaluations des articles seront renvoyées aux auteur·e·s dans le courant du mois de mai 2023
  • La publication du numéro est prévue pour décembre 2023.

Coordination scientifique

  • Mériam Cheikh, Anthropologue, Inalco-Cessma
  • Audrey Pluta, Politiste, IEP d’Aix-en-Provence-Mesopholis/Iremam

Bibliographie

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Lieux

  • Aix-en-Provence, France (13)

Dates

  • jeudi 01 septembre 2022

Mots-clés

  • systèmes sécuritaires, représentation sécuritaire, gouvernance sécuritaire, sociohistoire

Contacts

  • Mériem Cheikh
    courriel : meriam [dot] cheikh [at] inalco [dot] fr
  • Audrey Pluta
    courriel :

URLS de référence

Source de l'information

  • Sabine Partouche
    courriel : sabine [dot] partouche [at] uni-amu [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’ordre et la force. Police, sécurité et surveillance au Nord de l’Afrique », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 09 juin 2022, https://doi.org/10.58079/1925

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