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Fiction, réalité, vérité dans la recherche

Psychanalyse et articulations interdisciplinaires

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Published on Monday, June 13, 2022

Abstract

Lors de ces journées de l’École doctorale 450 (université Paris Cité), nous souhaitons interroger le statut de la fiction dans divers champs de recherches articulée à la vérité, la réalité, au fantasme et à l’imaginaire. Il s’agit de soulever des questionnements en ce qui concerne les processus qui s’y associent, ce à travers une réflexion interdisciplinaire, afin de mettre en lumière leur place dans la recherche, la pertinence de leurs rôles, et la nécessité de leurs déformations. Nous invitons donc les chercheurs et doctorants de tous horizons à partager leurs savoirs et leurs expériences autour de cette thématique centrale en psychanalyse, afin de favoriser la rencontre et le dialogue. Il s’agirait de penser collectivement les processus mis en jeu dans chacune de nos recherches, en conciliant peut-être une quête de vérité scientifique et un désir authentique d’une rêverie partagée.

Announcement

Argumentaire

Le visible peut s’avérer illisible et l’image n’être qu’un mirage comme l’analysait Michel Foucault. Notre esprit prend le détour d’une interprétation pour offrir des significations à ce que nos sens perçoivent. Ainsi, la réalité perçue n’est autre qu’une traduction de la réalité, une histoire que l’on se raconte sur le réel tel qu’il est appréhendé, ressenti, compris, autrement dit, une fiction qui s’élabore sur les bases de ce qui s’est forgé en soi depuis la petite enfance. Pour les sociologues Thomas Berger et Peter Luckmann, la réalité est une construction sociale : la transmission et l’intégration des pratiques et codes sociaux s’opèrent par les processus de socialisations primaire et secondaire, auprès des autruis significatifs en famille, puis des autruis généralisés. La psychanalyse inscrit traditionnellement le rapport au réel dans le lien précoce aux objets premiers et notamment dans l’aptitude du nourrisson à assimiler que le parent absent n’a pas disparu à jamais, que s’il quitte son champ de vision, c’est pour ensuite réapparaître et donc que le réel n’appartient pas nécessairement au domaine du perceptible.

Mais alors, le réel est-il ? Philosophie et épistémologie ont exploré la question sans trêve, notamment à travers le prisme de la notion de « vérité », du latin veritas ou verus, censée se reporter à « ce qui est conforme à la réalité ». Or si la recherche de vérité importe au sociologue ou à l’historien dévoués à la prise en compte des contextes socioculturels, des lieux, des époques, des mœurs et des traditions, la réalité qui intéresse le psychanalyste est celle qui se raconte, se refoule, se nie, se dénie, se tait, se déverse, se contient, se forme, se déforme, se fantasme… La réalité du sujet est celle qui le façonne, celle qu’il façonne. Cette « action de façonner » renvoie précisément à l’étymologie latine de « fiction », fictio, qui signifie aussi « action de feindre ». Pour le sociologue interactionniste Anselm Strauss, nous arborons des masques qui nous semblent appropriés en fonction du rôle que nous estimons devoir jouer, selon le jugement que nous portons sur nous et sur les autres dans chaque situation. Ainsi nous présentons-nous tels que nous nous percevons, voudrions nous percevoir ou pensons être perçu.e.s.

La construction de la réalité se fonde sur un compromis entre ce que les sens perçoivent et ce qui s’élabore dans la pensée, la mise en signification. Si Sigmund Freud oppose l’hallucination (fictive) à la perception (réelle), Donald W. Winnicott les associe dans le processus « trouvé / créé ». L’enfant a le sentiment d’avoir « créé » l’objet en l’hallucinant, et de l’avoir « trouvé » en le percevant dans le réel. Il entretient l’illusion d’être à l’initiative de sa propre satisfaction narcissique. Tels sont, selon D. W. Winnicott, les débuts du processus de création. Le délire revêt également un caractère bien réel pour le sujet, qui, aux prises de celui-ci, peut s’y perdre. Pour Isabelle Alfandary, la fiction est « un moyen d’exploration, de modélisation et de transmission de l’hypothèse de l’inconscient ». Si la psychanalyse s’attache à explorer les méandres de l’inconscient, ses manifestations à travers le délire ou les créations, ce sont l’ensemble des processus mis à l’œuvre qui viennent bousculer la rencontre entre l’analyste et l’analysant, mais aussi entre le chercheur et son objet de recherche. Si ces manifestations peuvent s’observer chez le sujet, quelle est la part du chercheur – son imaginaire et le processus créateur à l’œuvre - à prendre en considération dans les effets sur ses travaux ?

Si Maud Mannoni avance que la fiction est une création, Laurence Khan souligne qu’il s’agit là d’un processus. Ainsi, le processus de recherche comme processus de création amène les chercheurs des diverses disciplines à questionner son évolution et l’ensemble des effets de la rencontre avec l’objet de la recherche.

Dans cette perspective, une question majeure s’impose : comment la fiction permet-elle d’interroger le regard porté sur la réalité – et par là-même le processus de recherche – en psychanalyse et dans les autres disciplines ?

Lors de cette Journée Doctorale, nous souhaitons interroger le statut de la fiction dans divers champs de recherches articulée à la vérité, la réalité, au fantasme et à l’imaginaire. Il s’agit de soulever des questionnements en ce qui concerne les processus qui s’y associent, ce à travers une réflexion interdisciplinaire, afin de mettre en lumière leur place dans la recherche, la pertinence de leurs rôles, et la nécessité de leurs déformations. Nous invitons donc les chercheurs et doctorants de tous horizons à partager leurs savoirs et leurs expériences autour de cette thématique centrale en psychanalyse, afin de favoriser la rencontre et le dialogue. Il s’agirait de penser collectivement les processus mis en jeu dans chacune de nos recherches, en conciliant peut-être une quête de vérité scientifique et un désir authentique d’une rêverie partagée ?

Programme

Jeudi 16 juin 2022

09 h 00 > Accueil des participants

09 h 30 > Ouverture des journées par Mi-Kyung Yi

09 h 45 > la fiction interloquée... Point d’orgue

Modératrice – Élise Pestre

  • Stéphanie Grousset, (Université Paris Cité), « Les amours (dé) composées, une lecture psychanalytique a posteriori: Un épisode de jalousie meurtrière chez Berlioz & sa composition du Roi Lear. »
  • Claire Michel, (Université Paris Cité), « Le récit traumatique, l’impossibilité d’une fiction ? »
  • Salima Boutebal, (Université Paris Cité), « Le psychanalyste, figure de seuil entre fictions et vérités subjectives. »

11 h 15 > Pause

11 h 30 > La vérité éditée par l’image historique

Modérateur - Éric Bidaud

  • Marie Goehner-David, (Université de Strasbourg), « La photographie entre vérité et fiction : rétablir l’empreinte lumineuse comme construction. »
  • Maud Delahaye, (Université Paris Cité), « Photoreportages créés : de la fiction pour témoigner du réel de la guerre et de la sphère médiatique. »

12 h 30 > Pause déjeuner

14 h 30 > Conférence plénière

  • Isabelle Alfandary, (Université Sorbonne Nouvelle), La psychanalyse freudienne entre science et fiction.

15 h 50 > Pause

16 h 10 > Le processus d’écriture : un artifice pour intervenir sur le réel

Modératrice – Élizabeth Kaluaratchige

  • Ronan Bretel, (Université Paris II Panthéon-Assas), « La fiction juridique : performativité et épistémologie d’un réel imaginé. »
  • Hubert Chatrousse, (Université Sorbonne Paris Nord), « Le récit testimonial du chercheur, entre psychanalyse, phénoménologie et littérature. »

17 h 10 > Conclusion de la première journée par le comité d’organisation

Vendredi 17 juin 2022

10 h 30 > Accueil des participants

11 h 00 > Introduction par le comité d’organisation.

11 h 30 > De la fiction au nom propre

Modérateur – Thomas Lepoutre

  • Julien Guillou, (Université Paris Cité), « Fiction et vérité historique : Adler contre Freud »
  • Felipe Diaz, (Université Paris Cité), « “Qu’est-ce qu’il y a derrière la fenêtre ?” Le nom propre comme tentative d’écriture topologique du sujet dans Les détectives sauvages de Roberto Bolaño. »

12 h 30 > Pause déjeuner

14 h 30 > Présentation de l’ouvrage collectif des JED 2020

La psychanalyse à l’université : au-delà du principe de la recherche.

15 h 30 > Médiations dans la narrativité et l’expérience individuelle comme capacité interrogative

Modératrice – Adèle Assous

  • Thibault Collin, (Université Paris Cité), « Psychanalyse et chanson : qui de la musique ou du texte parle de l’inconscient ? »
  • Wen Shi, (Université Bordeaux Montaigne), « La représentation du stade prénatal dans le monde beckettien »

16 h 30 > Pause

16 h 45 > Accueil de la création, création de la clinique

Modératrice – Clara Duchet

  • Adriana Barrera, (Université Paris Cité), « Comment les Lieux d’accueil enfant-parent accueillent-ils les rêves pour construire une réalité ? »
  • Paulina González Geisse, (Université Paris Cité), « La relation d’emprise dans les violences conjugales : La belle et la bête, de la fiction à la reconstruction de leur vérité »
  • Apolline Carne, (Université Paris Cité), « Le vécu corporel de Julien en détention : une histoire de cœur. »

18 h 15 > Conclusion des deux journées par le comité d’organisation

Comité d’organisation

  • Juan Manuel Albetis De la Cruz,
  • Apolline Carne, Maud Delahaye,
  • Siham Ez-Zajjari,
  • Zina Fodil,
  • Stéphanie Grousset,
  • Yousra Lahlou,
  • Zaida Portela,
  • Oscar Rivera Avalos,
  • Alexandra Voulgari.

Intervenants et modérateurs

  • Isabelle Alfandary,
  • Adèle Assous,
  • Adriana Barrera,
  • Éric Bidaud,
  • Salima Boutebal,
  • Ronan Bretel,
  • Apolline Carne,
  • Hubert Chatrousse,
  • Thibault Collin,
  • Maud Delahaye,
  • Felipe Diaz,
  • Clara Duchet,
  • Marie Goehner-David,
  • Paulina González Geisse,
  • Julien Guillou,
  • Stéphanie Grousset,
  • Élizabeth Kaluaratchige,
  • Yousra Lahlou,
  • Thomas Lepoutre,
  • Claire Michel,
  • Élise Pestre,
  • Oscar Rivera Avalos,
  • Wen Shi,
  • Sarah Troubé,
  • Mi-Kyung Yi.

Modalités pratiques

Journées doctorales de l’ED 450 : format hybride, en présentiel et en distanciel.

Jeudi 16 juin (9 h 00 - 17 h 30) & vendredi 17 juin 2022 (10 h 30 - 18 h 30) :

  • Halle aux Farines, amphithéâtre 6C - 10 rue Françoise Dolto - 75013 Paris.
  • https://u-paris.zoom.us/j/84061054285 ?pwd =K3l4a2NNdnhPbUcwemJpcndWVlpNZ

Bibliographie

Alfandary Isabelle, Science et fiction chez Freud. Quelle épistémologie pour la psychanalyse ?, Ithaque, Paris, 2021.

Berger Peter, Luckmann Thomas, La construction sociale de la réalité, Armand Collin, Paris, 2018.

Foucault Michel, Ceci n’est pas une pipe, Fata Morgana, Paris, 1973.

Kahn Laurence, Fiction et vérité freudiennes, Balland, Paris, 2004.

Mannoni Maud, La théorie comme fiction, Seuil, Paris 1999.

Strauss Anselm, Miroirs et masques, Métailié, Paris, 1992.

Winnicott Donald W., Jeu et Réalité, Gallimard, Paris, 1975.

Winnicott Donald W., « Vivre créativement », dans Conversations ordinaires, Gallimard, Paris, 2004

Places

  • Sur zoom : https://u-paris.zoom.us/j/84061054285?pwd=K3l4a2NNdnhPbUcwemJpcndWVlpNZz09 - Halle aux farines, Amphithéâtre 6C - 10 rue Françoise Dolto - 75013 Paris.
    Paris, France (75)

Event attendance modalities

Hybrid event (on site and online)


Date(s)

  • Thursday, June 16, 2022
  • Friday, June 17, 2022

Keywords

  • Fiction, réalité, vérité, psychanalyste, interdisciplinarité

Contact(s)

  • Apolline Carne
    courriel : publicationrecherche [at] gmail [dot] com

Information source

  • Apolline Carne
    courriel : publicationrecherche [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Fiction, réalité, vérité dans la recherche », Conference, symposium, Calenda, Published on Monday, June 13, 2022, https://doi.org/10.58079/193n

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