Cette journée d’étude se propose de repartir de l’événement éditorial constitué par la publication de Mein Kampf en France (voir ici) pour ouvrir des perspectives plus générales sur l’édition critique des sources antisémites. La rencontre, qui repose sur un partenariat franco-allemand, a lieu en Italie, berceau de l’expérience fasciste dont s’inspira l’Allemagne, mais aussi pays où le rapport à ce passé est tout différent et où la circulation du livre d’Hitler a été considérable. Croisant des regards allemands, français et italiens, mais aussi des approches diverses sur le plan disciplinaire (histoire, droit) et professionnel (recherche, documentaire, muséographie), cette rencontre vise à éclairer les enjeux de l’édition critique de sources antisémites et des mécanismes de distanciation qui la caractérisent. Ce faisant, cette journée ambitionne d’apporter une contribution à l’étude de l’antisémitisme et à son actualité, tout en ouvrant des perspectives plus larges aux historiens amenés à manipuler les discours de haine.

Argumentaire

La publication, longtemps attendue et différée, de la version française, coordonnée par Florent Brayard, de l’édition critique du livre d’Adolf Hitler, conduite par Andreas Wirsching, a suscité de nombreuses réactions. Ce projet colossal, très surveillé en amont, a été, depuis qu’il a abouti, applaudi et, parfois, critiqué. L’édition française critique de Mein Kampf mérite que l’on revienne posément sur elle dans une démarche scientifique et non promotionnelle. Si elle permet d’examiner de façon renouvelée la spécificité de ce livre, cette parution invite aussi à interroger le geste ecdotique et historien de l’édition d’un texte qui se distingue par son antisémitisme virulent, ouvrant ainsi des perspectives comparées sur l’édition d’autres sources distillant une haine antijuive.

Quel est l’intérêt heuristique de ces éditions ? Ont-elles un potentiel didactique particulier ? S’agit-il d’exposer le discours antisémite tout entier pour en montrer l’incohérence ou prendre la pleine mesure de sa violence pour s’en prémunir ? La fréquentation de la source ne conduit-elle pas à une compréhension en forme de justification ? Ne risque-t-on pas, en éditant, d’offrir des ressources à une haine toujours renaissante et qui continue de s’abreuver à des sources anciennes ?

Programme

14h30 Accueil des participants

• Laura Pettinaroli et Pierre Savy - École française de Rome
• Martin Baumeister - Institut historique allemand de Rome

Introduction

• Laura Pettinaroli et Pierre Savy

1re session : Autour de Mein Kampf

• Interventions de Florent Brayard –EHESS CRH, Paris et Andreas Wirsching - Institut für Zeitgeschichte, Munich
• Valeria Galimi - Università di Firenze, La réception de Mein Kampf en Italie à l’époque du fascisme

17h00

2e session : Questions transverses

• Fabien Théofilakis - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne CHS, Donner accès à l’antisémitisme d’un accusé ? Réflexions autour du procès Eichmann et des sources judiciaires
• Antoine Germa, Les ravins de l’oubli. Le cinéma face à l’antisémitisme en URSS (1941 à 1991). L’exemple de Vie et destin du Livre noir
• Nina Valbousquet - École française de Rome, Donner à voir l’antisémitisme dans une exposition : représentation et mise à distance

Informations pratiques

L’événement sera également retransmis en direct en ligne, avec inscription préalable en suivant ce lien.