StartseiteLa guerre russo-ukrainienne. Représentations et répercussions en Afrique

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Veröffentlicht am Montag, 20. Juni 2022

Zusammenfassung

Le 24 février 2022, la Fédération de Russie a déclenché un conflit armé contre l’Ukraine. Le 2 mars, le vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) condamnant cette guerre et demandant le retrait immédiat de l’armée russe du territoire ukrainien a donné les résultats suivants : sur les 193 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU), 141 ont approuvé cette résolution, 5 s’y sont opposés, 35 se sont abstenus et 12 n’ont pas pris part au vote. S’agissant particulièrement des 54 États africains, 29 ont voté pour, un seul s’y est opposé, 16 se sont abstenus et 8 autres n’ont pas participé au vote. Que révèle le vote des États africains à l’ONU en lien avec la guerre russo-ukrainienne ? Quelles sont les répercussions de ce conflit en Afrique ? Le présent appel à contributions vise, précisément, à répondre à ces deux interrogations.

Inserat

Argumentaire

Le 24 février 2022, la Fédération de Russie a déclenché un conflit armé contre l’Ukraine. Le 2 mars, le vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) condamnant cette guerre et demandant le retrait immédiat de l’armée russe du territoire ukrainien a donné les résultats suivants : sur les 193 États membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), 141 ont approuvé cette résolution, 5 s’y sont opposés, 35 se sont abstenus et 12 n’ont pas pris part au vote [Nooten, 2022]. S’agissant particulièrement des 54 États africains, 29 ont voté pour, un seul s’y est opposé, 16 se sont abstenus et 8 autres n’ont pas participé au vote. Au total, 24 pays du continent n’auront pas exprimé d’opinion lors de cette consultation [L’Express, 2022]. Le 7 avril, l’AGNU a prononcé la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme par 98 votes pour, 24 contre et 58 abstentions. À l’occasion de ce nouveau scrutin, seuls 10 pays africains ont voté pour, 24 se sont abstenus, 9 ont voté contre et 11 n’ont pas pris part au vote [Vincent, 2022], soit un taux d’abstention plus élevé que lors du précédent vote.

La diversité des positions africaines exprimées lors de ces deux scrutins a donné lieu à plusieurs interprétations dans les milieux politiques et médiatiques occidentaux [Depois, 2022 ; Soyez, 2022 ; Tawat, 2022]. Pour certains analystes, elle révèle l’indécision des dirigeants africains qui ne savent pas s'il est préférable de s’aligner sur les « pays références » que sont les États Unis d’Amérique et l’Union européenne, ou s’abstenir jusqu’à ce que se dessine clairement l’issue du conflit. Pour d’autres, l’attitude « prudente » des États africains traduit la crainte de ne pas s’aliéner la Russie poutinienne, « dont la puissance brutale attire certains mais effraie d’autres encore davantage » [Châtelot, 2022]. L’abstentionnisme des États africains est aussi perçu comme un acte de « complaisance » à l’égard de la Fédération de Russie [Courrier international, 2022], dont le « révisionnisme géopolitique » [Mongrenier, 2014 ; Chappedelaine, 2022] consistant à contester l’hégémonie occidentale semble particulièrement séduire une certaine opinion africaine [Handy, 2022]. Ce que fustigent les dirigeants occidentaux, parmi lesquels des voix ont appelé à « appliquer des sanctions ciblées contre les kleptocraties africaines alliées du Kremlin » [Dukhan, 2002] ou, plus généralement, à « punir les États africains qui se sont abstenus ou voté contre la résolution présentée à l’ONU en les sevrant de l’aide au développement » [Sino Afrique Mag, 2022]. La décision du Fonds monétaire international (FMI) de ne pas renouveler son aide financière à la République centrafricaine, partenaire assumé de la Russie, semble s’inscrire dans cette logique de rétorsion [Agence France Presse, 2022].  

Que révèle le vote des États africains à l’ONU en lien avec la guerre russo-ukrainienne ? Quelles sont les répercussions de ce conflit en Afrique ? Le présent appel à contributions vise, précisément, à répondre à ces deux interrogations. Il offre accessoirement l’occasion de cerner le « dessous des cartes » de l’influence grandissante de la Russie en Afrique, dont l’une des conséquences est l’exacerbation de la rivalité avec la France. Pour ce faire, trois (3) axes de réflexion serviront de fil d’Ariane aux auteur(e)s. 

1/ De la perception du conflit Russie-Ukraine en Afrique

Les États africains ont exprimé des positions divergentes lors du vote des résolutions de l’ONU appelant à sanctionner la Russie et plusieurs pays ont changé d’attitude d’un scrutin à l’autre. Les contributeurs/contributrices devront cerner les ressorts de cette ambivalence. Ils sont également appelés à analyser la perception du conflit russo-ukrainien par « la rue africaine », en interrogeant le rôle des médias et des plateformes socionumériques dans le « formatage » des opinions. Dans cette veine, il serait particulièrement intéressant d’évaluer l’impact émotionnel suscité par les informations faisant état de discrimination à l’encontre des déplacés et réfugiés africains en Ukraine et dans les pays limitrophes [Koyuncu, 2022 ; Soudan, 2022], et l’effet que ces informations ont pu jouer dans la perception du conflit russo-ukrainien par les Africains. Les auteur(e)s sont aussi interpelé(e)s sur le phénomène inédit des « mercenaires » africains partis combattre en Ukraine [Ali, 2022 ; Glez, 2022]. Qu’est-ce qui fonde leur engagement ? Quels sont les critères et les filières de leur recrutement ? Quel est leur niveau d’implication sur le théâtre des hostilités ?            

2/ Des répercussions de la guerre russo-ukrainienne en Afrique

La guerre russo-ukrainienne a (re)donné une visibilité internationale à la diplomatie africaine. En témoignent l’offre faite par les États-Unis d’Amérique à l’Afrique du Sud de servir de médiateur entre les deux principaux belligérants [BBC News, 2022b], la recherche de soutiens diplomatiques par le chancelier allemand lors de sa tournée inédite sur le continent africain [Boussion, 2022] et, surtout, la très médiatique – mais aussi controversée – médiation menée auprès de Vladimir Poutine par le chef de l’État sénégalais et le président de la Commission de l’Union africaine [Kamdem, 2022]. Les contributeurs/contributrices devront questionner le sens et la portée (géo)politiques de ces démarches diplomatiques. S’agit-il, pour l’Afrique, d’une « diplomatie d’équilibre » ou d’une « diplomatie de sous-traitance » ? À travers ce questionnement, les auteur(e)s sont invité(e)s à discuter notamment de l’impact des menaces de représailles occidentales sur la posture des États africains.     

La guerre russo-ukrainienne expose l’Afrique à des affres économiques. D’une part, l’embargo décrété par les puissances occidentales sur le pétrole et le gaz russes a provoqué le ralentissement de l’approvisionnement du marché international de l’énergie, conduisant ainsi à un renchérissement des cours mondiaux synonyme d’inflation dans les pays non-fournisseurs d’hydrocarbures. Certains États africains producteurs pourront certes tirer profit de l’augmentation du prix de pétrole, mais cet effet d’aubaine est limité car leur faible capacité de raffinage oblige ces mêmes États à importer du carburant [Savoye, 2022].  D’autre part, la Russie et l’Ukraine étant deux exportateurs majeurs de fertilisants et de céréales (notamment le blé), le blocus exercé par Moscou sur la production ukrainienne associé à la décision de suspendre ses ventes à l’étranger menacent de pénaliser gravement le secteur agricole et de provoquer une vaste crise alimentaire dans le monde et particulièrement en Afrique [Deutsch Welle, 2022]. Sans compter que la suspension de la Russie du système financier international entrave sérieusement les transactions avec elle. Les contributeurs/contributrices devront donc s’intéresser aux répercussions socioéconomiques de ces mesures d’exception et aux stratégies visant à en endiguer les effets nocifs dans les pays africains. Ils/elles ont ainsi l’opportunité de débattre du sort de la communauté estudiantine africaine évacuée d’Ukraine et de Russie, notamment les conditions et les modalités de ce rapatriement aussi massif qu’inattendu, ainsi que les conséquences qui en découlent.

3/ De la présence russe en Afrique

Le renforcement de la présence russe en Afrique est un fait patent [Olivier, 2019]. Cette dynamique intervient dans un contexte de renouveau stratégique du continent africain, après que celui-ci a connu un relatif délaissement de la part des grandes puissances au lendemain de la guerre froide. Elle semble aussi obéir au « rêve de grandeur » que l’on prête à la Russie de Vladimir Poutine [Courrier international, 2011]. De fait, depuis quelques années, la Fédération de Russie n’a eu de cesse d’étendre son influence sur le continent africain et particulièrement au sud du Sahara, apparaissant désormais à son avantage dans plusieurs domaines de coopération (diplomatie, sécurité, énergie, exploitation minière, construction, défense, etc.). Les auteur(e)s devront questionner le sens de ce « grand retour de la Russie en Afrique » [Kalika, 2019]. S’agit-il d’une stratégie de puissance ou d’une série d’actions opportunistes dénuée d’arrière-pensée hégémonique ? Le déploiement de la Russie sur le continent africain a pour effet d’y exacerber la rivalité avec la France [Deutsch Welle, 2021 ; Four, 2018 ; Bensimon, 2021 ; Rich, 2021], dont la position en Afrique connaît un fort recul, y compris dans les anciennes colonies françaises [École de Guerre Économique, 2021 ; Afrimag, 2022]. L’objet des contributions devra porter sur la géographie, les enjeux, les acteurs, les modalités et l’évolution du « grand jeu » russo-français en Afrique.

Modalités de soumission

Les intitulés d’articles (en français et en anglais), les résumés (en français et en anglais) et les mots-clés (en français et en anglais) doivent être envoyés aux adresses suivantes :

  • serloungou@gmail.com
  • cergepgeo@gmail.com

avant le 21 juillet 2022.

Les textes finaux (rédigés en français) devront être envoyés aux mêmes adresses avant le 21 octobre 2022.

Date de parution : 1er trimestre 2023.

Coordination scientifique

Serge Loungou, Maître de conférences en géographie politique Université Omar Bongo de Libreville

Courriel : serloungou@gmail.com

Comités de la revue Annales gabonaises des géosciences politiques

Directeur de Publication

Serge Loungou (Directeur exécutif du CERGEP)

Comité Scientifique

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  • Wilson Ndombet (Professeur Titulaire, UOB)
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Secrétariat de Rédaction

  • Epiphane Mouvondo (Assistant, UOB)
  • Chancia L. Nyinguema Ndong (Assistante, UOB)

Cartographie et infographie

  • Poliny Ndong Beka (Assistant, UOB)
  • Zéphirin Menie Ovono (Assistant, UOB)

Daten

  • Donnerstag, 21. Juli 2022

Schlüsselwörter

  • conflit, Russie, Ukraine, Afrique, représentation, répercussion

Kontakt

  • Serge LOUNGOU
    courriel : cergepgeo [at] gmail [dot] com

Informationsquelle

  • Poliny NDONG BEKA
    courriel : poliny25 [at] hotmail [dot] com

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Zitierhinweise

« La guerre russo-ukrainienne. Représentations et répercussions en Afrique », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Montag, 20. Juni 2022, https://doi.org/10.58079/194v

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