AccueilDe la curiosité humaniste à l’esprit de système

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De la curiosité humaniste à l’esprit de système

L’évolution du paradigme des savoirs dans les régions situées entre la mer Adriatique et les Alpes aux XVIIIe et XIXe siècles

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Publié le jeudi 23 juin 2022

Résumé

Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, on assiste en Carniole et dans les provinces voisines, la Styrie et la Carinthie, qui sont des aires de contact entre plusieurs langues et plusieurs cultures à un changement des paradigmes culturels et mentaux ainsi qu’à une exploitation plus systématique du territoire. Les élites sociales se tournent vers les savoirs scientifiques et techniques que favorisent les Lumières européennes, notamment la minéralogie, métallurgie, chimie, zoologie, botanique, agronomie, médecine, linguistique. Ce colloque interrogera la multiplicité des pratiques culturelles liées à la circulation, la transmission et l’adaptation des savoirs scientifiques, techniques et artistiques qui animent les sociétés urbaines des régions slovènes, aux confins des duchés méridionaux des Habsbourg, de la République de Venise et des Provinces Illyriennes, tout au long du siècle qui va de l’avènement au trône de Marie-Thérèse d’Autriche (1740) jusqu’au Compromis austro-hongrois de 1867.

Annonce

Université de Tours, 12-13 octobre 2023

Présentation

Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, on assiste en Carniole et dans les provinces voisines, la Styrie et la Carinthie qui sont des aires de contact entre plusieurs langues et plusieurs cultures, à un changement des paradigmes culturels et mentaux ainsi qu’à une exploitation plus systématique du territoire. Les élites sociales, économiques et intellectuelles s’éloignent de la culture humaniste qui caractérisait l’Academia Operosorum fondée à Ljubljana en 1693, et elles se tournent vers les savoirs scientifiques et techniques que favorisent les Lumières européennes. Soucieuses de s’emparer de ce qui, dans l’évolution de la pensée scientifique, se trouve en résonance avec la réalité du territoire, les élites maintiennent un rapport pragmatique avec ces savoirs disciplinaires – minéralogie, métallurgie, chimie, zoologie, botanique, agronomie, médecine, linguistique – dont les finalités pratiques n’excluent cependant pas les développements spéculatifs, au cœur des débats qui agitent les communautés scientifiques contemporaines.

Cette réorientation du champ des savoirs contribue à insérer les régions slovènes et les autres régions de l’Autriche intérieure dans un réseau d’échanges européen, impliquant centres politiques ou culturels et périphéries, qu’unit la conscience commune d’appartenir à une République des Lettres idéale, entre hommes de science ancrés dans un territoire qui leur est familier et savants dotés d’une plus grande notoriété ou d’une autorité institutionnelle plus marquée. Dans ces échanges où l’épistolaire joue un rôle central, passent de main de main et de pays en pays non seulement les informations mais aussi les échantillons de roches et de plantes, les spécimens d’animaux conservés dans l’eau-de-vie et les imprimés de toute nature qui font l’objet d’expéditions par caisses entières via Trieste et Venise, ainsi qu’en témoigne la correspondance de Žiga Zois avec, parmi d’autres, le géologue et inspecteur des poudres et nitrates du Royaume d’Italie Scipione Breislak, le futur directeur du Musée d’Histoire Naturelle de l’université de Pavie Gianmaria Zendrini (Narodni muzej Slovenije – Zoisovi rokopisi), le directeur du cabinet d’Histoire Naturelle de Vienne Karl Schreibers (Gregor Aljančič 2019 : 44-47) ou encore Picot de La Peyrouse (Janez Šumrada 2000). Ce changement de paradigme a aussi pour résultat la fondation en 1811 à Graz du premier musée universel public de l’Empire habsbourgeois, à l’initiative de l’archiduc Johann qui, fauteur des idéaux de l’éducation moderne, y rassemble aussi bien des spécimens naturels que des productions de l’activité humaine.

Par ailleurs, les réformes mises en œuvre pendant le règne de Marie-Thérèse favorisent la formation de nouvelles générations d’ingénieurs et de techniciens qui reçoivent, dans les établissements telles que la Technische Militärakademie, un enseignement inspiré de l’École des Ponts et Chaussées, l’École du Génie de Mézières, puis de l’École Polytechnique fondée à Paris en 1794. L’ascension de la figure de l’ingénieur est favorisée par une plus grande fluidité à l’intérieur de la société autrichienne, qui va de pair avec la formation d’une classe de fonctionnaires au service de l’État, laquelle s’affranchit de privilèges nobiliaires et de relations de type féodal (Fulvio Caputo, Roberto Masiero 1988 : 104-107).

Cet espace culturel a des prolongements jusqu’au littoral adriatique, à Gorizia et Trieste puis dans les territoires vénitiens d’Istrie et Dalmatie passés à l’Autriche, au sein de sociétés où l’appartenance à une communauté linguistique ne détermine pas encore nécessairement la revendication d’une appartenance nationale : ce qui n’adviendra qu’au mitan du XIXe siècle, au terme d’un processus politique qui échappera à ses principaux acteurs (Egidio Ivetič 2019 : 254-255 ; Dominique Kirchner Reill 2012).

Ce colloque interrogera la multiplicité des pratiques culturelles liées à la circulation, la transmission et l’adaptation des savoirs scientifiques, techniques et artistiques qui – tout au long du siècle qui va de l’avènement au trône de Marie-Thérèse d’Autriche (1740) jusqu’au Compromis austro-hongrois de 1867 – animent les sociétés urbaines des régions slovènes, aux confins des duchés méridionaux des Habsbourg, de la République de Venise et des Provinces Illyriennes.

Pourront faire l’objet de notre attention : la constitution de collections (minerais, plantes, livres ou œuvres d’art), la conception de jardins botaniques ou paysagers, l’intérêt pratique pour les sciences expérimentales, les modes de transmission des savoirs techniques et les réseaux de sociabilité ainsi tissés par le biais des sociétés savantes ou des associations telles que la franc-maçonnerie.

Modalités de contribution

Les chercheuses et chercheurs intéressé-e-s à participer à ce colloque sont invité-e-s à soumettre leur proposition d’intervention sous forme d’un titre et d’un résumé (400 mots) à François Bouchard (francois.bouchard@univ-tours.fr) et Massimo Scandola (massimo.scandola@univ-tours.fr)

avant le 31 juillet 2022.

Organisateurs

  • François Bouchard (université de Tours),
  • Massimo Scandola (université de Tours),
  • Marko Štuhec (université de Ljubljana)

Comité scientifique

  • François BOUCHARD (université de Tours),
  • Michael BROERS (université d’Oxford),
  • Isabella Libertà MATTAZZI (université de Ferrare),
  • Wojciech SAJKOWSKI (université Adam-Mickiewicz de Poznań),
  • Massimo SCANDOLA (université de Tours),
  • Marko ŠTUHEC (université de Ljubljana),
  • Marta VERGINELLA (université de Ljubljana).

Références

  • Gregor Aljančič, « History of Research on Proteus Anguinus Laurenti 1768 in Slovenia / Zgodovina Raziskovanja človeške ribice (Proteus Anguinus Laurenti 1768) v Sloveniji », Folia biologica et geologica 60/1, 39-69, Ljubljana 2019.
  • Fulvio Caputo, Roberto Masiero, Trieste e l’impero. La formazione di una città europea, Venezia, Marsilio, 1988.
  • Egidio Ivetič, Storia dell’Adriatico. Un mare e la sua civiltà, Bologna, il Mulino, 2019.
  • Dominique Kirchner Reill, Nationalists who Feared the Nation. Adriatic Multi-Nationalism in Habsburg Dalmatia, Trieste and Venice, Stanford, Stanford University Press, 2012.
  • Janez Šumrada, “Hacquet, Žiga Zois in francoski naravoslovec Picot de La Peyrouse”, Scopolia. Revija Prirodoslovnega muzeja Slovenije, 44, I-34, 2000.

 

Lieux

  • Université de Tours - 3, rue des Tanneurs
    Tours, France (37)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • dimanche 31 juillet 2022

Fichiers attachés

Mots-clés

  • histoire des sciences et des techniques, histoire culturelle, histoire des idées, provinces Illyriennes, Europe des Lumières, étude italienne, Italie, péninsule balkanique, étude méditerranéenne

Contacts

  • Massimo Scandola
    courriel : massimo [dot] scandola [at] univ-tours [dot] fr
  • François Bouchard
    courriel : francois [dot] bouchard [at] univ-tours [dot] fr

Source de l'information

  • Massimo Scandola
    courriel : massimo [dot] scandola [at] univ-tours [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« De la curiosité humaniste à l’esprit de système », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 23 juin 2022, https://doi.org/10.58079/1966

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