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Webrevue « Archifictions » – Saison 1

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Publié le mardi 05 juillet 2022

Résumé

Il est ici question d’interroger les manières dont nos sociétés se projettent dans l’avenir à travers certaines réalisations fictionnelles en mettant en avant le rôle joué par le paysage et les environnements visuels dans ces fictions – matérialisés par des imaginaires symboliques, urbains, numériques, médiatiques, etc. Bien sûr, si l’anticipation nous permet d’imaginer des mondes futurs, elle est avant tout un moyen de réfléchir à notre présent. Dans cette saison consacrée à la figure du futur et à ses multiples formes, il s’agit de repérer quels effets peuvent avoir les paysages urbains ou domestiques, les paysages inventés dans l’univers de la science-fiction, les paysages conceptuels appartenant au monde des idées politiques sur les façons d’imaginer les environnements matériels, médiatiques ou intellectuels. Il est alors question d’étudier ce que le mode fictionnel fait à notre manière de comprendre “les mondes” d’aujourd’hui et d’imaginer ceux de demain. Mais également d'envisager les pratiques fictionnelles comme des moyens de résister aux hégémonies visuelles en proposant de nouvelles formes de contre-visualités

Annonce

Argumentaire

Issu du latin futurus qui signifie « à venir », le futur est devant nous ! Le projet dessiné, le récit, ou encore le texte fictionnel, tous ces procédés intellectuels font appel à l’imaginaire, à l’invention pour construire le prolongement du présent vers l’avenir. Selon Elie During « le futur n’existe pas » (Bublex, During, 2014). Ce que certains ont envisagé pour le monde de demain en écrivant des textes scientifiques ou littéraires s’inscrit désormais dans le passé. Le futur semble alors bien paradoxal. Il n’existe et n’est décrit que dans l’imaginaire et la spéculation d’une formulation qui devient obsolète aussitôt créée. Ainsi, le futur est inatteignable. Il est comme « suspendus entre deux temps », entre le passé et le présent. Ces anticipations, s’apparentent à des futuribles – terme tiré d’un néologisme formé dans les années 1960 par Bertrand de Jouvenel pour signifier des futurs possibles – une pratique de la pensée « qui s'adonne à des recherches prospectives sur le futur » (Rey, 2010). Or le futur ne peut exister sans l’héritage de ce qui a forgé le présent, sans paradigmes. Donner forme à un projet, c’est quelque part rencontrer l’utopie, et croire à un idéal. Comme le souligne Fredric Jameson, l’utopie est également une formalisation politique et/ou idéologique (Jameson, 2007). Il rapproche le texte utopique d’une pratique critique de formalisation du futur : une activité très courante depuis, bien sûr, le texte politico-fictionnel de Thomas More, Utopia, publié en 1516 (Jameson, 2007). Il annonce également que depuis les années 1960-70 les utopies ont laissé la place aux dystopies, les anticipations sont pessimistes, alarmistes, l’avenir est effrayant, incontrôlable. On peut donc interroger « ce qu’il en est du mode d’existence des futurs » (During, 2014, 7). Car le futur est bien sûr multiple, une seule version de l’avenir ne peut décidément pas exister, tout comme il n’y a pas qu’une seule réalité, qu’un seul monde. 

La pensée de Nelson Goodman, peut nous apparaitre alors ici éclairante, puisqu’il rappelle que nous nous référons toutes et tous à des paradigmes hétéroclites pour interpréter ce que nous voyons et comprenons (Goodman, 1998). Aussi, par notre subjectivité, nous construisons des mondes, et des futurs tous différents. Même si ces constructions héritent de précédentes formulations qui deviennent des références et télescopent des versions de futurs antérieurs et d’hypothèses historiquement assimilées, force est de constater que les futures versions de l’avenir que nous pourrons imaginer seront donc bien redevables d’un vaste catalogue de précédents issu d’un héritage épistémique illimité. Très largement, cette première saison vise à interroger la figure du futur et les fictions d’anticipation pour savoir si elles nous aident à comprendre les problèmes du présent. Il est ici question d’interroger les manières dont nos sociétés se projettent dans l’avenir à travers certaines réalisations fictionnelles en mettant en avant le rôle joué par le paysage et les environnements visuels dans ces fictions – matérialisés par des imaginaires symboliques, urbains, numériques, médiatiques, etc. Bien sûr, si l’anticipation nous permet d’imaginer des mondes futurs, elle est avant tout un moyen de réfléchir à notre présent : Quel monde sommes-nous en train de construire ? Que vont devenir nos constructions actuelles ? Comment seront-elles utilisées, poursuivies ou abandonnées par d’autres ? Tendent-elles à l’émancipation ou seront-elles vécues comme des contraintes ? 

Pour donner forme à ces questionnements qui, par la fiction, soumettent les réalisations humaines à l’épreuve du temps, plusieurs contextes sont ouverts à l’étude. Ces contextes sont ici entendus comme des paysages au sens large, c’est-à-dire en tant que constructions culturelles liant les pratiques politiques et sociales aux espaces et au lieux de vie (Ingold, 1993 ; Brinckerhoff Jackson, 1984) : 

  • Les paysages urbains ou domestiques, qui constituent des éléments de décor et d’intrigue assez spectaculaires. Qui opèrent à la fois comme le symbole de la construction humaine (ils en sont la manifestation, la structure visible à de multiples échelles), comme un aspect de la vie que chacun s’approprie singulièrement (depuis l’intimité de la maison jusqu’aux lieux de socialisation que constituent les villes), et comme des espaces potentiels de résistances aux formes plus ou moins fortes d’hégémonie collectives,
  • Les paysages inventés dans l’univers de la science-fiction, qui s’apparentent à des mondes nouveaux ou anciens révélant une pensée éclectique futuriste ou rétro-futuriste. Les dystopies sont souvent représentées par des mondes complexes qui agissent comme des mises en garde, et rendent compte de modes de gouvernances intéressantes à explorer pour ce qu’elles disent des problématiques contemporaines,
  • Les paysages conceptuels appartenant au monde des idées politiques, qui renvoient aux imaginaires en quête de visibilisations des minorités, et/ou des discours inclusifs et décolonisants, 

Dans cette saison consacrée à la figure du futur et à ses multiples formes, il s’agit de repérer quels effets peuvent avoir ces représentations sur les façons d’imaginer les environnements matériels, médiatiques ou intellectuels. Il est alors question d’étudier ce que le mode fictionnel fait à notre manière de comprendre “les mondes” d’aujourd’hui et d’imaginer ceux de demain. Mais également d'envisager les pratiques fictionnelles comme des moyens de résister aux hégémonies visuelles en proposant de nouvelles formes de contre-visualités (Mirzoeff, 2011). 

Présentation de la revue

Archifictions est une webrevue multimédia et interdisciplinaire créée en 2021. Elle rassemble des recherches sur les cultures visuelles et leurs images en les ressaisissant à partir de leurs usages et des environnements dans lesquelles elles apparaissent, circulent, évoluent, ou disparaissent. L’engagement de la webrevue archifictions est interdisciplinaire. S’intéresser aux fictions et aux pratiques fictionnelles, à leurs significations, ainsi qu’à leur capacité à répondre aux problématiques actuelles, invite à croiser des manières de penser les rapports entre productions culturelles et pratiques sociales. La webrevue archifictions défend alors la pluralité des approches avec une préférence pour les recherches qui proposent de re-politiser les questions contemporaines (cultural studies, visual studies, post-colonial studies, gender studies, urban cultural studies, film and television studies, critical studies). En publiant une saison (numéro) par an, elle fonctionne comme une série télévisée qui se décline en plusieurs épisodes, composés d’articles théoriques, de vidéos-conférences ou d’essais visuels.

Modalités de contribution

Il est possible de contribuer de trois manières :

1. Saison 1 : Archifictionsfuturs

Pour son premier numéro, sa première saison dédiée aux futurs possibles, archifictions ouvre un nouvel appel à contribution (voir texte de cadrage plus bas). Les premières contributions sont déjà visibles sur le site de la webrevue, car selon son principe : dès lors qu’une saison est ouverte les propositions de contributions sont possibles toute l’année. La nature des contenus peut être multiple : vidéo-conférence, articles académiques, essais-vidéos, etc. 

La prochaine session pour déposer votre proposition s’étend du 1er juin au 30 septembre.

2. Rubrique « hors saisons » (varia)

La webrevue archifictions accueille également des contributions libres qui abordent des thématiques différentes de celles proposées dans les saisons. La nature de ces contenus peut être également multiple : vidéo-conférence, articles académiques, essais-vidéos, etc.

Deux sessions annuelles sont ouvertes pour proposer une contribution à la rubrique « hors saisons » :

  • Session 1 : du 1er novembre au 28 février
  • Session 2 : du 1er juin au 30 septembre

3. Création et coordination d’une saison

Les saisons (numéros) de la webrevue sont créées et coordonnées par une ou plusieurs personnes. La création d’une saison répond à un processus de sélection, puis à son inscription dans le calendrier. 

La période pour déposer votre proposition s’étend du 1er juin au 30 septembre.

Conditions de soumission

Pour proposer une contribution pour la saison futurs, ou pour la rubrique « hors saisons » (varia), merci d’utiliser le formulaire de la rubrique « contribuer » accessible dans l’onglet « modalités » sur le site : https://archifictions.org.

Pour proposer la création d’une nouvelle saison, le texte de cadrage d'environ 5 000 signes doit être envoyé directement par mail à webrevue@archifictions.org + un résumé biographique des porteur·se·s de la proposition, ainsi qu'une bibliographie.

Informations : https://archifictions.org 

Contact : webrevue@archifictions.org

Comité scientifique

  • Julie Ambal, Docteure en sociologie, Paysagiste DPLG, Chercheuse associée PAVE Centre Émile Durkheim UMR 5116 CNRS
  • Véronique Boone, Senior Lecturer Architectural Studies, Faculté d’architecture La Cambre Horta, Chercheuse Hortence - Université Libre de Bruxelles
  • Sarah Calba, Docteure en épistémologie, Conceptrice de fictions à CORétrangerBeau, Chercheuse Laboratoire Hyperthèses, Chercheuse associée Archives Henri Poincaré PREST UMR 7117
  • Florent Favard, Maître de conférences en Cinéma, audiovisuel et transmédia, Université de Lorraine, Chercheur CREM EA 3476
  • Élise Koering, Maîtresse de conférences en Histoire de l’architecture, ENSA Paris-La Villette, Chercheuse AHTTEP
  • Mickaël Labbé, Maître de conférences en Philosophie, Faculté de Philosophie de Strasbourg, Chercheur Crephac UR 2326 - Université de Strasbourg
  • Vivien Philizot, Maître de conférences en Arts visuels et Graphisme, Faculté des Arts de Strasbourg, Chercheur ACCRA UR 3402 - Université de Strasbourg
  • Sophie Suma, Maîtresse de conférences (contractuelle) en Histoire culturelle et études visuelles, INSA Strasbourg et Faculté des Arts de Strasbourg, Chercheuse associée ACCRA UR 3402 - Université de Strasbourg
  • Léa-Catherine Szacka, Senior Lecturer (Associate Professor) Architectural Studies, Architecte, Manchester School of Architecture, Chercheuse MARG - University of Manchester

Références bibliographiques

Brinckerhoff Jackson John, À la découverte du paysage vernaculaire, Acte Sud, Arles, 1984.

Bublex Alain, During Eli, Le futur n’existe pas : rétrotypes, B42, Paris, 2014.

Goodman Nelson, Manière de faire des mondes, Folio, Paris, 2006 [1998].

Ingold Tim, « The Temporality of the Landscape », World Archaeology Vol. 25 n°2, Conceptions of Time and Ancient Society (oct), 1993, pp.152-174.

Jameson Fredric, Archéologie du futur. Le désir nommé utopie et autre sciences-fictions, Amsterdam, Paris, 2007.

Mirzoeff Nicholas, The Right to Look: A Counterhistory of Visuality, Duke University Press Books, Durham, 2011.

Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, Paris, 2010.

Lieux

  • Strasbourg, France (67)

Format de l'événement

Événement uniquement en ligne


Dates

  • vendredi 30 septembre 2022

Mots-clés

  • cultures visuelles, études culturelles, études visuelles, histoire culturelle, visual culture, cultural studies, visual studies, cultural history

Contacts

  • Sophie Suma
    courriel : culturesvisuelles [at] accra-recherche [dot] unistra [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Sophie Suma
    courriel : culturesvisuelles [at] accra-recherche [dot] unistra [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Futurs », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 05 juillet 2022, https://doi.org/10.58079/197f

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