HomeEn-quête de terrains : l’art de croiser les gens

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Published on Tuesday, July 12, 2022

Abstract

La journée d’étude « En-quête de terrains : l’art de croiser les gens » vise à interroger les pratiques artistiques issues d’enquêtes et de rencontres sur le terrain. De quelles façons les artistes enquêtent-ils et collectent-ils ? Comment travaillent-ils les données récoltées pour les restituer plastiquement ? Par leur processus, leurs pratiques et leurs réalisations artistiques, quels enjeux soulèvent-ils ?

Announcement

Argumentaire

Artistes - plasticiens, photographes, réalisateurs, metteurs en scène… - nombreux font l’expérience de la rencontre[1] pour créer. Raymond Depardon et Claudine Nougaret, Sophie Calle, Mohamed El Khatib ou encore Valérie Mréjen sont ainsi devenus des références dans l’art et la manière de croiser les gens pour faire naître une œuvre.

Par une poétique de la relation[2], « qui lie, relie et relais entre eux les sujets »[3], les artistes mènent des enquêtes, partent sur le terrain, réalisent des entretiens. Leurs interactions sont à la fois leur moteur créatif mais aussi leur matière artistique première. Qu’elles soient provoquées ou inattendues, leurs rencontres contribuent à façonner leurs œuvres : elles ne sont pas seulement source d’inspiration, mais sont complètement intégrées à leur processus de création. Mohamed El Khatib va même jusqu’à co-écrire des pièces de théâtre[4], réaliser des films[5] ou encore concevoir des expositions[6] en totale collaboration avec les gens qu’il rencontre, artistes ou non artistes. C’est également le cas de Marie Preston, qui va par exemple co-créer avec le public lors d’ateliers pour co-construire Le Pain Commun (2018-2021) et interroger « le faire ensemble ».

Ces artistes remettent ainsi en cause les notions de sujet, de spectateurs, de témoins, et d’acteurs. Ils se défont aussi des dynamiques hiérarchiques qui façonnent nos rapports sociaux pour finalement tenter « d’élargir la zone de contact entre les gens”[7], voire prendre soin de soi[8], des autres, ou de leurs environnements. Par leur pratique, ils placent « les gens » au cœur de leurs réalisations. Ils les écoutent, leur proposent des expériences sensibles, les filment, les enregistrent, les mettent en scène et parfois même créent avec eux. Mais finalement qui sont les gens ?

Pour les sociologues, connaître les gens consiste d’abord à raconter leurs trajectoires. Aux trajectoires objectives (statuts, formations, positions sociales…), ils croisent des trajectoires subjectives (éléments biographiques, environnement) afin d’établir des catégories sociales qui permettent de comprendre comment les gens s’articulent les uns par rapport aux autres, dans un espace précis et à partir de données observables.

Les artistes quant à eux, influencés par l’élan de mai 68 et par l’essor du cinéma documentaire, s’inspirent des méthodologies en sociologie - immersion sur un terrain, mise en place d’entretien - pour s’en affranchir. Riches de leur liberté et de la variété de leurs moyens d’expression, ils savent tirer parti des enseignements et des signes du monde qui les entourent, des avancées scientifiques et technologiques, sans perdre de vue leur subjectivité esthétique, leur pensée critique, leur vision idéale. » L’art et la sociologie, par leur engagement éthique pouvaient changer le monde[9] : serait-ce « une éthique et une praxis de la vie »[10] ? La naissance de l’art dit sociologique, a mené à une prise de conscience pour interroger la société et ses systèmes de valeurs. C’est dans cette volonté de capter et de partager un réel intersubjectif, que les artistes collectent selon une méthode qui leur est propre, ce que Mohamed El Khatib appelle du « matériau-vie »[11] (documents, objets, images fixes ou en mouvements, enregistrements sonores, etc.) de diverses provenances. Les artistes les assemblent, les agencent, les transformant parfois, pour finalement les restituer plastiquement grâce à leur langage artistique (films, installations, photographies, textes, dessins, livres, etc.). Quel est l’objet de leur enquête ? Est-il uniquement mémoriel ?

Ce sont donc bien ces pratiques artistiques en-quête de terrains, à la croisée des gens, que cette journée d’étude souhaite questionner : comment les artistes enquêtent-ils et collectent-ils ? Comment travaillent-ils avec ces données récoltées pour les restituer plastiquement ? Par leur processus, leurs pratiques et leurs réalisations artistiques, quels enjeux soulèvent-ils ?

Axes de recherches

1. Enquêter, collecter

Quels terrains les artistes approchent-ils et par quelles méthodes ? Que collectent-ils et comment ? Peut-on parler d’enquête ? Comment les artistes définissent-ils les personnes qui entrent en jeu dans le processus artistique ? Comment la présence de l’artiste affecte-t-elle le terrain et les données récoltées ? Quels glissements s’opèrent entre le domaine des sciences humaines et sociales et celui des arts plastiques ?

2. Restituer plastiquement

Par quels médiums et dispositifs leur collecte est-elle travaillée plastiquement, interprétée et contextualisée ? Comment ces choix artistiques s’associent-ils les uns aux autres pour façonner une œuvre socio-expérimentale, voire ludique, éducative ? Cette restitution engage-t-elle des mécanismes de narration, lesquels ? En quoi la restitution s’empare-t-elle à la fois des codes de la fiction et du caractère viscéral de la réalité ? 

3. Soulever les enjeux de ces pratiques

Quelles sont les intentions des artistes qui adoptent ce type de démarche ? Comment la production artistique évolue-t-elle à partir des enjeux sociaux qu’elle aborde ? Comment ces enjeux et le discours des artistes se manifestent-ils dans le travail plastique ? Quelles éthiques et praxis adopter pour ces pratiques ?

Modalités de candidature

Votre proposition est à envoyer dans un seul e-mail au format PDF à l’adresse enquetedeterrains@gmail.com

au plus tard le 20 novembre 2022.

L’objet du mail et le nom du fichier PDF devront indiquer le nom et le prénom de la candidate ou du candidat, selon le format suivant : « Candidature - Prénom - NOM »

Le retour du comité scientifique sera notifié au plus tard le 30 novembre 2022

Votre proposition devra contenir :

  • Le titre de votre intervention 
  • L’axe de recherche 
  • Votre adresse e-mail
  • Votre statut et votre institution de rattachement 
  • Un résumé de votre communication (1000 mots maximum) accompagné d’une bibliographie indicative 
  • Une notice biographique (200 mots maximum)

Dates envisagées : 16 et 17 janvier 2023.

Lieu : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Saint Charles, 47 rue des bergers 75015 PARIS, Amphithéâtre.

Mots-clés : collecte, enquête, éthique, réel, rencontre, restitution, société, témoignage, terrain

Disciplines : arts plastiques, arts du spectacle, cinéma, design, études culturelles, anthropologie, sociologie, géographie, ethnographie, psychologie et sciences de l’environnement

Comité d’organisation

  • Magali Massoud,
  • Agathe Roux,
  • Laurine Wagner.

Comité scientifique

  • Agnès Foiret-Collet,
  • Aurélie Herbet,
  • Yann Toma,
  • Pascale Weber

Notes

[1] Françoise Dastur, « L’expérience de la rencontre », L’information psychiatrique, vol. 89, no. 6, 2013, pp. 443-451.

[2] Edouard Glissant, Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990.

[3] Ines Moatamri, « “Poétique de la Relation” Amina Saïd et Édouard Glissant », TRANS- , 2007. Mis en ligne en février 2007 [consulté le 2 janvier 2022]. Disponible sur : http://journals.openedition.org/trans/180

[4] « Moi, Corinne Dadat » est un ballet documentaire réalisé en 2015 par Corinne Dadat et Mohamed El Kahtib en 2015.

[5] « La dispute » est à la fois un spectacle mais aussi un film réalisé par six enfants âgés de huit ans et Mohamed El Khatib.

[6] « Notre musée » est une exposition en partenariat avec la collection Lambert. Elle est actuellement en cour de réalisation, Mohamed El Khatib partage le commissariat avec quinze personnes qui ne sont jamais entrées dans un musée.

[7] Taysir Batniji : quelques bribes arrachées au vide qui se creuse, catalogue d’exposition, Vitry-sur-Seine, Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne, 2021, p. 13.

[8] Sophie Calle, Prenez soin de vous, Arles, Actes Sud, 2007.

[9] . Frédéric Darmau, “Art et sociologie/art sociologique”, Raison présente, n° 179, 2011, pp. 77-79. Disponible sur : www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_2011_num_179_1_4327

[10] Fred Forest, “Réflexions sur l’art sociologique”, Art sociologique, Vidéo, Coll. 10/18, UGE, Paris, 1977.

[11] Mohamed El Khatib, Finir en beauté : pièce en un acte de décès, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2015, quatrième de couverture.

Places

  • 47 Rue des Bergers
    Paris, France (75015)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Sunday, November 20, 2022

Attached files

Keywords

  • arts, art visuel, art contemporain, art plastique, collecte, enquête, éthique, réel, rencontre, restitution, société, témoignage, terrain

Contact(s)

  • Laurine Wagner
    courriel : Laurine [dot] Wagner [at] univ-paris1 [dot] fr
  • Magali Massoud
    courriel : Magali [dot] Massoud [at] univ-paris1 [dot] fr
  • Agathe Roux
    courriel : Agathe [dot] Roux [at] univ-paris1 [dot] fr

Information source

  • Laurine Wagner
    courriel : Laurine [dot] Wagner [at] univ-paris1 [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« En-quête de terrains : l’art de croiser les gens », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, July 12, 2022, https://calenda.org/1007120

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