HomeLes premières tentatives de contact et de liaison entre la France libre et la résistance en métropole (été 1940-fin 1941)

HomeLes premières tentatives de contact et de liaison entre la France libre et la résistance en métropole (été 1940-fin 1941)

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Published on Tuesday, July 26, 2022

Abstract

Les premières relations nouées entre l’été 1940 et la fin de l’année 1941 entre les deux formes de résistance qui se développent en France de façon parallèle au départ, la résistance extérieure (la France libre à Londres) et la résistance intérieure, constituent un angle mort de l’historiographie. Ce colloque consiste donc à étudier cette question des relations nouées de part et d’autre de la Manche entre les deux résistances (missions, premiers contacts et premières liaisons) avant que ne débute la mission confiée par le général de Gaulle à Jean Moulin pour unifier la Résistance française et la placer sous sa seule autorité.

Announcement

Argumentaire

Au cours des premiers mois qui suivent la défaite de 1940 et les débuts de l’Occupation, deux formes différentes de résistance s’organisent et se développent de façon parallèle. La première, la « Résistance extérieure », a pour chef, à Londres, le général de Gaulle, reconnu dès le 28 juin 1940 par Winston Churchill comme le « chef des Français qui continuent la guerre ». Elle possède à partir de juillet 1940 des institutions avec la création d’un « Conseil de défense de l’Empire de la France libre » ainsi que des troupes appelées Forces françaises libres (FFL). La seconde, la « Résistance intérieure », constituée au départ de différents « noyaux » de personnes qui n’acceptent pas en France métropolitaine les conditions de l’armistice et de l’occupation du territoire, se structure progressivement autour de deux types d’organisation, les réseaux, qui mènent des actions de renseignements et d’évasion, et les mouvements, qui mènent une activité plus spécifiquement politique.

La « Résistance extérieure » et la « Résistance intérieure », tout en poursuivant un objectif commun qui consiste à s’opposer à l’Allemagne nazie et à œuvrer pour la libération de la France, s’inscrivent au départ dans deux logiques différentes. La première consiste à quitter le territoire national pour continuer le combat côtés des Britanniques et préparer la reconquête depuis les possessions coloniales qui se rallient à de Gaulle à partir de l’été 1940. Pour la seconde, il s’agit de lutter clandestinement sur le sol de France, en privilégiant dans un premier temps des actions de contre-propagande, des activités de renseignements, la participation à des filières d’évasion de prisonniers de guerre ou de soldats alliés, dès lors que les conditions de la reprise d’une lutte armée en métropole ne sont pas réunies.

Ces deux résistances qui se développent en parallèle ne peuvent s’ignorer. En France, les premiers résistants ont très tôt connaissance de l’existence de la France libre grâce aux émissions de la BBC, aux tracts diffusés par voie aérienne par les Alliés dès l’été 1940, à l’évocation de de Gaulle, le général « félon », dans les journaux officiels contrôlés par Vichy, qui mentionnent par exemple en août 1940 sa condamnation à mort par contumace par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand. Du côté de Londres, des éléments de correspondance provenant de la métropole, destinés notamment à nourrir l’émission de la BBC « Les Français parlent aux Français », l’interrogatoire des personnes ayant rejoint l’Angleterre pour s’engager dans les Français libres ainsi que des rapports fournis par différentes filières permettent de connaître le développement des premières formes de résistance sur le sol métropolitain.

Le contexte particulier de leur création fait que, très vite, les deux formes de résistance incarnées par la France libre à Londres et les premiers noyaux de résistants en métropole ont besoin l’une de l’autre. S’il est reconnu par Churchill, de Gaulle n’en reste pas moins isolé, avec une légitimité qu’il ne doit qu’à l’appel du 18 juin 1940. Il est donc nécessaire pour lui de développer des soutiens en métropole, afin de renforcer sa position de « chef de la Résistance française ». La France libre peut craindre également de se faire devancer sur le terrain par les services secrets britanniques, ceux de l’Intelligence Service (IS) ou du Special Operations Executive (SOE), qui créent leurs propres réseaux et envoient des agents en France établissant des contacts avec les résistants rencontrés à l’occasion de leurs missions. Du côté des organisations pionnières de la Résistance en France, trouver un moyen d’établir un contact avec la France libre devient également une préoccupation fondamentale. Manquant de moyens matériels et financiers, les premiers noyaux de résistants ont besoin d’une aide extérieure pour pouvoir croître et augmenter leur audience au sein de la société française. La France libre semble alors la plus à même de leur apporter cette aide. 

Les relations entre les deux Résistances ont été bien étudiées à partir du moment où Jean Moulin permet d’établir un pont entre la France libre et les mouvements de résistance en métropole. L’ancien préfet a quitté celle-ci en septembre 1941 pour présenter au général de Gaulle un état des lieux de la Résistance en zone sud. Parachuté en métropole en janvier 1942, le nouveau « délégué du Comité national » va œuvrer tout au long de l’année 1942 et au début de 1943 à l’unification de la résistance intérieure derrière l’autorité du général de Gaulle. Mais les premières tentatives et les premiers contacts établis entre des représentants de la France libre et des résistants de l’intérieur pour tenter de jeter les bases d’une coopération avant la mission Jean Moulin restent davantage un angle mort de l’historiographie.

L’objectif de ce colloque consiste donc à étudier les relations entre la France libre et la Résistance intérieure des lendemains de la défaite (été 1940) jusqu’à la fin de l’année 1941, avant que ne débute la mission confiée par le général de Gaulle à Jean Moulin. Afin de souligner d’éventuelles spécificités dans le cas français ou de montrer des éléments de convergence qui ont pu se poser dans des situations semblables, il s’agira également d’envisager la façon dont se passent les choses au cours de la même période entre les résistances intérieures des pays occupés par le Reich en Europe de l’Ouest et les gouvernements en exil de ces pays qui continuent la lutte depuis Londres aux côtés des Alliés, comme ce fut le cas pour le gouvernement belge d’Hubert Pierlot ou néerlandais de la reine Wilhelmine.

Il s’agira notamment de s’interroger :

  • Sur les représentations réciproques qui se développent entre Résistance intérieure et Résistance extérieure (comment la France libre est-elle perçue à ses débuts par les résistants de l’intérieur ? Quelles visions ont le général de Gaulle et ses services de la Résistance intérieure ?) ;
  • Sur la façon dont s’établissent sur le terrain en France les premiers contacts entre les agents de la France libre et les résistants de l’intérieur (dès l’été et l’automne 1940, les services secrets de la France libre du colonel Passy confient à des agents - Jacques Mansion, Pierre Fourcaud, Jacques Duclos, Gilbert Renaud - le soin de nouer les premiers contacts avec des hommes ou des groupes qui seraient favorables en France métropolitaine à la résistance contre les Allemands, tandis que des résistants de l’intérieur cherchent aussi de leur côté un moyen d’établir le lien avec Londres) ;
  • Sur les nombreux « rendez-vous » manqués qui ont pu se développer au cours de la période, à cause de la répression allemande (démantèlement du réseau Nemrod initié par Honoré d’Estienne d’Orves au bout de quelques semaines d’existence seulement), des difficultés à établir des contacts et liaisons dans le contexte de la clandestinité mais aussi d’une certaine méfiance susceptible d’exister au sein des premiers mouvements de résistance en métropole à l’égard du général de Gaulle.
  • Sur la façon dont les choses se sont déroulées dans d’autres pays d’Europe occupés ayant des représentants à Londres aux côtés des Britanniques afin de développer une approche comparative, en limitant toutefois les propositions à l’Europe de l’Ouest. 

Modalités de contribution

Envoi des propositions de contribution à fabrice.grenard@fondationresistance.org et laurent.thiery@yahoo.fr

avant le 31 décembre 2022.

Chaque proposition (une page word) devra contenir un titre, un résumé de la communication envisagée et une rapide présentation de son auteur mentionnant ses fonctions et dernières publications.

Le colloque se tiendra les 16 et 17 novembre 2023 au mémorial de l'internement et de la déportation (camp de Royallieu) à Compiègne

Organisateurs 

  • Fabrice Grenard (Fondation de la Résistance),
  • Laurent Thiery (Mémorial de l’internement et de la déportation – Camp de Royallieu).

Comité scientifique

  • Sébastien Albertelli, Guillaume Pollack (Université Paris-Est Créteil),
  • Guillaume Piketty (Sciences Po),
  • Julien Blanc (EHESS),
  • Laurent Seillier, Laurent Thiery (Mémorial de l'internement et de la déportation-Camp de Royallieu)
  • Fabrice Grenard (Fondation de la Résistance).        

Places

  • Mémorial de l'internement et de la déportation. Camp de Royallieu, 2 bis avenue des martyrs dela Liberté
    Compiègne, France (60)

Date(s)

  • Saturday, December 31, 2022

Keywords

  • seconde guerre mondiale, résistance française, france libre

Contact(s)

  • Fabrice Grenard
    courriel : fabrice [dot] grenard [at] fondationresistance [dot] org
  • Laurent Thiery
    courriel : laurent [dot] thiery [at] yahoo [dot] fr

Information source

  • Fabrice Grenard
    courriel : fabrice [dot] grenard [at] fondationresistance [dot] org

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Les premières tentatives de contact et de liaison entre la France libre et la résistance en métropole (été 1940-fin 1941) », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, July 26, 2022, https://calenda.org/1010535

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