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Le légendaire des pierres levées

Quarante quatrième congrès de la Société de mythologie française

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Published on Monday, August 22, 2022

Abstract

Le quarante quatrième congrès annuel de la Société de mythologie française portera sur le légendaire des pierres levées. Il prendra comme sujet d’étude le légendaire suscité par la présence des constructions mégalithiques – menhir, dolmen, cairn, etc. – en France ou ailleurs, à titre comparatif.

Announcement

Présentation

Le congrès a lieu dans le sud du Morbihan, sur les côtes de la baie de Quiberon, particulièrement fécondes en termes de mégalithisme. La région est riche en toponymes suggérant un fonds mythologique lié aux pierres levées, ceci étant confirmé par des légendes locales. À titre d’exemple, nous avons saint Armel à Plouharnel, saint Cornély à Carnac, Notre Dame à Locmariaquer, saint Pierre à Quiberon, etc. Les représentations sont diverses, les références multiples. Avec le légendaire des pierres levées, nous pouvons rencontrer aussi bien César que les druides, le petit peuple que les géants, le dieu cornu que la déesse, les soldats romains que les premiers chrétiens. Nous pouvons apercevoir dans les colonnes de pierres que sont les menhirs des axes du monde, ou dans les chambres dolméniques des camera obscura primitives disposées pour recueillir la lumière des luminaires célestes lors des moments forts de l’année. Le mutisme de ces édifices ne rend que plus féconde l’inspiration populaire.

Pourront être évoqués le mutisme des historiens et la fécondité des légendes populaires qui mettent en scène saints, druides, animaux, géants – dont Gargantua –, soldats romains, héros, êtres fantastiques ou mages célèbres ; ainsi que le regard des premiers antiquaires ou celtomanes, qui attribuent ces monuments tantôt aux Celtes, tantôt aux Romains, avant de découvrir leur plus haute antiquité. Les contes les plus anciens étant parfois les plus étonnants, camouflant en leur sein quelques réalités voilées.

Pensons aussi aux fonctions suggérées par ces monuments : de la colonne miliaire au totem, des tombeaux pyramidaux aux temples préhistoriques. Pensons aux rites évoqués, à la présence du feu, de la fertilité retrouvée, des guérisons obtenues ; à l’insertion de ces rites particuliers dans un calendrier précis. Calendrier inscrit dans l’orientation même des architectures mégalithiques. Lions les recherches des archéo-astronomes avec celles des folkloristes.

Jouons avec les termes, déjouons les calembours involontaires » et les latinisations intempestives pour déceler quelques signes contenus dans le vocable employé, encore présent aujourd’hui dans les noms de lieux ou de personnages. À Plouharnel, on rencontre saint Armel, le « seigneur ours », qui nous suggère la fonction royale chez les Celtes mais aussi plus discrètement la présence de la pierre. À Carnac, c’est saint Cornély, le « cornu », accompagné de ses bœufs, qui est honoré. L’homonymie entre le nom breton de la corne et celui de l’amas de pierres nous guide encore vers les mégalithes. Notre Dame est présente à Locmariaquer, où sont nombreuses les représentations de « déesses néolithiques ». Et bien sûr saint Pierre, dont le nom est transparent, est présent à Quiberon.

N’oublions pas non plus les rocambolesques histoires de chasseurs de trésors, qui découvrirent que les collines qui les environnaient étaient artificielles et qu’elles recelaient maintes richesses. Ils sévirent, sans causer plus de dommages que les carriers, pour piller les chambres de ce qu’on découvrait être des tumulus, jusqu’à ce que cette pratique soit finalement pénalisée.

De ces trésors enfouis il y a aussi beaucoup à dire. Lames, haches polies, couteaux, parures en or, en bronze et en fer, fragments d’os, chars et poteries, le tout disposé cérémonieusement à quelques mètres sous terre, sous des tonnes de pierres. Il y a tout un champ à explorer à partir de ces objets, de leur disposition et de leur ornementation pour espérer effleurer le fonds mythologique qui est contenu dans les constructions mégalithiques.

Programme

(sous réserve de modifications circonstancielles)

Dimanche 28 août

Accueil : à partir de 17 h au Centre Grand Larg’, installation dans les chambres.

Pour les congressistes arrivés dès 17 h, quelques promenades sont possibles en empruntant le GR 34 qui longe la côte en direction de Portivy :

  • a) à 15 mn de marche, il est possible de rejoindre le site archéologique de l’île de Thinic à basse mer ;
  • b) à 25 mn de marche, il est possible d’aller voir le dolmen de Renaron, la Chapelle et la Fontaine de Lotivy à Portivy ;
  • c) à 40 mn de marche, il est possible de rejoindre le tumulus de Beg-en-Aud, les dolmens et l’arche de Port Blanc.

19 h 30 – Dîner en commun au centre.

21 h – Atelier d’archéoastronomie. Connaître les mouvements du soleil et de la lune est nécessaire pour entamer toute étude archéoastronomique. Cet atelier se veut très basique, il permettra aux participants de visualiser simplement le déplacement du soleil et de la lune sur l’horizon tout au long de l’année à la latitude de Carnac et de comprendre comment certains monuments mégalithiques sont en relation avec des moments particuliers de l’année.

Lundi 29 août

8 h 15 – Petit-déjeuner.

8 h 30 – Poursuite de l’accueil.

Matin – Séances

(20 mn de communication, 10 mn de questions-réponses, 5 mn de roulement)

9 h – Ouverture du 44e congrès.

  • 9 h 15 – Conférence inaugurale par Bernard SERGENT, président de la Société.
  • 9 h 50 – Anne HAMBÜCKEN, Les légendes de porteuses de pierre(s) en Nouvelle-Aquitaine : comparaison avec les légendes de « fées des pierres » et de pierres animées

Le thème de la porteuse qui abandonne son fardeau, expliquant la présence d'un mégalithe ou d'un rocher, est très répandu. 92 de ces légendes sont analysées et comparées à 151 légendes de fées, et 103 légendes de pierres animées. Les légendes de porteuses concernent surtout des dolmens couverts d’une seule dalle ; celles de fées, des grottes et des roches ; celles de pierres animées, autant des roches que des dolmens et des menhirs. Les porteuses, souvent une fée ou la Vierge, transportent généralement tout le monument quand les légendes de pierres animées concernent surtout la table.

C’est dans les légendes de porteuses que la Vierge et Mélusine sont souvent évoquées, et les légendes de pierres animées ne sont pas très fiables comme indice d’une nature mégalithique. Les pierres qui tombent du tablier seraient une métaphore de l'accouchement.

La forte présence de la Vierge dans ces légendes s'expliquerait par l'identité de la porteuse originelle, la Vieille. Déesse-mère préhistorique, elle aurait été remplacée par Brigid, Belisama… La Vierge se serait ensuite substituée à Brigid, assimilée à la mère du Christ, à Belisama, la très lumineuse, « reine des cieux »… Vierge et fées seraient donc parallèlement issues de divinités plus anciennes.

  • 10 h 25 – Frédéric DUMERCHAT, Un itinéraire de Gargantua entre hauteurs et pierres dans le Nord du Poitou (Deux-Sèvres)

Ce chemin le conduit d'un gué à une hauteur, créée par lui, surmontée et surtout entourée par beaucoup de mégalithes (dolmens), puis à deux autres collines, de son œuvre, une liée à saint Léger avec église Saint-Martin isolée, plusieurs mégalithes importants non loin, l'autre avec saint Fort-église-source, pour se terminer par un mégalithe à la limite Poitou-Anjou. Nous sommes dans une zone de Marche, entre Poitou et Anjou. Donc abondance de mégalithes, ancienneté aussi de plusieurs lieux, au moins depuis l’époque gallo-romaine, après le Néolithique. Et une autre butte est très proche de sa « route » : Oiron avec son crocodile-dragon et la famille Gouffier.

Je suivrai avec des photos son itinéraire, ce qui détermine mon plan.

11 h – Pause – 15 minutes.

  • 11 h 15 – Raymond DELAVIGNE, Le mégalithisme dans le Bas-Loir (Maine-et-Loire) : toponymie lithique et légendaire

J’ai rassemblé dans ce secteur de la basse vallée du Loir une douzaine de mégalithes (dolmens et menhirs), des polissoirs et des pierres anonymes. Ces pierres et leur environnement portent pour la plupart des noms intéressants : Doigt de César (menhir), Pierre Césée et Pierres Chéries (dolmen), Chantelop (dolmen), Le Trou ou La Pierre-au-Loup, La Pierre-Frite, Fesse de Sorcière… Des légendes sont encore attachées à certains mégalithes, comme celles de César, des fées, de sacrifices humains, de pierres vivantes qui s’enfoncent... Pour d’autres mégalithes, leur nom reste seulement évocateur des motivations initiales de leurs désignations : pierres tombées du ciel (chéries), pierres en rapport avec le tonnerre (fendue), pierre et lactation, pierres à rites propitiatoires fécondants (pierre ointe), mortuaires (bris rituel). Parfois c’est une étymologie populaire basée sur une euphonie qui est retenue : dalle fendue (caesae), chiffre 16 et seize fées dansantes, ou une hypothèse étymologique sur le loup et la pierre. Pour d’autres, c’est le contexte qui reste significatif : pierre à mariage, pierre diabolisée par des chats gardiens de dolmen, pierre sacrée inviolable et punition.

Enfin, d’autres pierres anonymes s’inscrivent dans la géographie des lieux, comme pierres indicatrices d’un itinéraire, franchissement de vallée, à la fois réel et symbolique d’un passage vers l’au-delà. Sur un périmètre restreint (quelques dizaines de km²), la toponymie permet d’évoquer l’essentiel de la thématique mythologique attachée aux pierres levées.

  • 11 h 50 – Christine ESCARMANT, La Pierre levée de Poitiers, sainte Radegonde et la chasse au Roitelet

Situé sur le plateau à l'est de la vallée du Clain, à l'écart du promontoire poitevin, un dolmen représente ce qui reste d'une tombe à chambre, à l'origine enfouie sous un tumulus. Ce dolmen brisé (« la Pierre levée ») fait partie du groupe des tombes à couloir de type angoumoisin. Ce mégalithe du Néolithique (phase chasséenne) est daté du début ou du milieu du 3e millénaire avant notre ère (entre 4500 et 5000 ans). La pierre présente une décoration simple, gravée sur la dalle, probablement une hache de combat. Le dolmen s'est écroulé et la table s'est brisée entre 1747 et 1769.

La Pierre levée doit sa célébrité à Rabelais. Dans Pantagruel (1532), il explique comment ce dernier, passant par Poitiers, et pour divertir les étudiants, « prit d'un grand rocher qu'on nomme Passelourdin une grosse roche, ayant environ de douze toises en carré, et d'épaisseur quatorze pans, et la mit sur quatre piliers au milieu d'un champ »

De là émanerait la coutume d’y banqueter, rite toujours vivace, encadré par l’Ordre du Vénéré Bitard, qui est chargé de pratiquer la chasse au bitard, pour les étudiants nouvellement inscrits à l’université de Poitiers.

Une autre légende attribue à sainte Radegonde le transport et l’érection du dolmen.

Une analyse minutieuse du texte rabelaisien et une présentation archéologique du dolmen montreront, avec des allers-retours entre fiction et réalité socioculturelle, que la scène racontée par Alcofribas Nasier est une concaténation de mythes qui a conduit à des rituels de chasse au Roitelet et à la reviviscence des pierres à légende.

12 h 25 – Déjeuner en commun au centre – 1 h 30.

Après-midi – Sorties

13 h 55 – Départ en car pour la visite guidée du Musée de la Préhistoire à Carnac.

Premier musée au monde dédié au mégalithisme, le musée de la Préhistoire de Carnac présente les objets découverts sur les sites archéologiques qui ont fait la réputation de la région. Prélude indispensable à la visite des dolmens et menhirs alentour, vous y découvrirez aussi la vie quotidienne à la période néolithique (4900-2200 avant notre ère). Ne manquez pas les grandes haches en jade alpin, les parures polies importées d’Espagne… autant d’objets de prestige, témoins de l’époque où Carnac était un grand centre européen de richesse, au début du Ve millénaire avant notre ère.

Visite de l’église Saint-Cornély de Carnac où on faisait la bénédiction des chevaux pendant le Grand Pardon qui avait lieu le deuxième dimanche de septembre (Zacharie Le Rouzic, Carnac, 1912, pp. 177-180).

Ascension du tumulus Saint-Michel surplombé par une chapelle depuis laquelle on peut admirer les tertres de Méaban, le dolmen de Kerluir et le tumulus de Kercado. Le tumulus mesure 120 mètres de long, 60 mètres de large et 10 mètres de haut – alors qu’il a été tronqué –, ce qui en fait le plus imposant de Bretagne. Il est bâti avec 35 000 m³ de pierres, un volume plus important que celui de toutes les pierres des alignements de Carnac réunies. Elles sont recouvertes d’une couche de 1,60 m de vase marine, ce qui assure son étanchéité. Avant l’arrivée des pins maritimes on pouvait admirer l’ensemble des alignements de Carnac depuis son sommet. En 1862, des membres de la Société Polymathique du Morbihan découvrent une chambre centrale de 5 m² renfermant des objets précieux soigneusement disposés sur une couche de fin terreau. La chapelle qui orne le tumulus était dédiée à saint Cornély avant de trouver le vocable de saint Michel. Le bâtiment actuel a été bâti en 1926.

18 h – Retour au centre, temps libre.

19 h – Dîner en commun au centre.

Soirée

  • 21 h – Histoires contées par Rémy COCHEN, conteur local et membre de la Société.

Attiré par les pierres, les plantes, les arbres, Rémy Cochen se nourrit depuis l’enfance des merveilles et mystères de la nature.

Son intérêt pour la mythologie et les traditions populaires l’ont tout naturellement conduit à écouter des conteurs, des conteuses, sans penser qu’un jour, à son tour, il deviendrait passeur d’histoires. La croisée des chemins se situe pour lui en 1999 lorsqu’il rejoint une association de conteurs. Il s’est ensuite formé auprès d’Henri Gougaud, Gigi Bigot, Pépito Matéo. Sa pratique du conte s’est enrichie d’un travail avec une orthophoniste sur la relation entre voix, respirations et postures et de la pratique du Qi Qong. Avant d’être un art du spectacle, le conte est pour lui un art de la relation. Il partage des contes et légendes de la tradition orale, des mythes ou autres récits mêlant tranches de vie et imaginaire. Sur scène, à l’école, au musée, en ville, dans la nature, il conte seul ou en duo avec Pascal Lamour, musicien et compositeur. Pour lui, pratique du conte et transmission cheminent ensemble. Il propose des stages et des ateliers de formation à l’art du conte pour adultes et en milieu scolaire. Il anime aussi une causerie contée sur les fantômes dans les contes et ce qu’ils ont à nous dire.

Ce soir, le conteur vous propose Et nous irons à Berlobi, une balade dans le merveilleux des contes, légendes et traditions populaires au pays des pierres dressées. Dans cette balade vous croiserez saint Cornély, le petit peuple des Korrigans, Jean qui entendait chanter les pierres ; vous entendrez aussi l’histoire du premier menhir du monde et d’autres encore à condition d’ouvrir en grand toutes vos oreilles. Les deux que vous avez de chaque côté de la tête mais aussi celle que vous avez dans le cœur, celle qui peut entendre des choses que les deux autres ne peuvent pas entendre…

Mardi 30 août

8 h 15 – Petit-déjeuner.

9 h – Présentation de la journée.

Matin – Séances

(20 mn de communication, 10 mn de questions-réponses, 5 mn de roulement)

  • 9 h 15 – Jean FOSSARD, La Vieille et le mégalithisme européen, de la Bretagne à la Grèce

En nous basant sur la thèse de doctorat La Vieille Femme associée à la figure de la Terre-Mère en Europe de l’Ouest, soutenue par Lee Fossard en novembre 2021 à l’Université de Brest, nous verrons comment le mégalithisme paneuropéen est associé à la Vieille Femme de la mythologie, en Bretagne avec la Groac’h et en Grèce avec Graïa. Ces termes signifiant tous les deux « vieille femme ».

Nous verrons comment le christianisme a récupéré les mégalithes bretons notamment en les associant aux saints, à la Vierge Marie et à la grand-mère du Christ.

Nous comparerons les cartes de répartition toponymique concernant sainte Anne et la Vieille sur le territoire français pour savoir si la première a véritablement remplacé la seconde dans le cœur des Bretons. Nous verrons quelles sont les variantes et traductions possibles du terme Groac’h. Nous évoquerons le tablier plein de pierres de la vieille géante à l’origine de nombreux cairns ou tumuli en Europe et nous listerons, carte à l’appui, les mégalithes qui lui sont associés dans le golfe du Morbihan. Le tablier et les sauts de la Vieille nous permettront de passer de la Bretagne à la Grèce en complétant notamment un point que nous avions abordé lors du congrès à Eymouthiers (2021). Point selon lequel la Vieille serait, d’après nous, à l’origine des termes « grec » » et « Grèce ».

  • 9 h 50 – Jacques BERRUCHON, Découverte d’un culte de la baleine en Morbihan, correspondances entre mythologie, données archéologiques et naturalistes

Serge Cassen et J. Vaquero ont identifié l’image de la « hache-charrue » à celle d’un cachalot. Des procédés photographiques nouveaux permettent une description plus précise des gravures mégalithiques du début du Ve millénaire. Les données naturalistes concourent aussi à révéler la signification de certaines d’entre elles : bovins domestiqués par les Danubiens et proches de la race « Grise des steppes » d’aujourd’hui, gueule ouverte de baleine à bosse sur la pierre de chevet de la Table des Marchand, images de calamars géants, nourriture favorite des cachalots à demi digérés avec leur plume (dolmen des Pierres Plates), ainsi que des calamars entiers (Crac’h). La hache emmanchée appartient à une divinité masculine qui anime et féconde la Grande Déesse qui n’a pas d’image anthropomorphe, étant la nature elle-même, symbolisée par les nœuds d’un pavage triangulaire.

Les images scutiformes sont celles de cétacés nageant vers l’observateur et non des portraits féminins. Les Néolithiques ont représenté des scènes de pêche coopérative entre humains, oiseaux, cétacés. Des représentations de calamars et de pêche magique se voient loin du Morbihan, dans la vallée de l’Essonne. L’assimilation bovins-cétacés est présente jusqu’au Proche-Orient (enlèvement d’Europe). En regard des Chroniques Gargantuines, les marteaux de Merlin, et plus tard la massue du Dagda, le foudre des dieux de l’orage, sont des métastases ou des hypostases de la hache carnacéenne. Les os de baleine seraient les pierres dures des mégalithes. Les baleines Galemelle et Grandgousier naissent de la poudre minérale d’os de baleine. Factotum proche des humains, il gère transport et pose des pierres.

  • 10 h 25 – Claude MAUMENÉ [1re partie], Saint Gildas, possible substitut du géant de Gargantua-Amirani-Orion

Cette communication nous entraînera sur les traces de saint Gildas, à la rencontre de Gargantua. Les deux vies de saint Gildas le Sage [l’une, bretonne, écrite par Vitalis de Saint-Gildas-de-Rhuys (Xe), et l’autre, galloise, par Caradoc (XIIe), moine de Llancarfan], sa légende et son iconographie comportent en effet de nombreux parallèles avec la mythologie du géant. Saint Gildas apparaît clairement comme un substitut christianisé de Gargantua. En recherchant dans la mythologie grecque un personnage qui ressemble à Gargantua, à sa forme bretonne Hok-Bras ou encore à Amirani, Bernard Sergent a souligné les traits communs du géant avec le personnage d’Orion qu’il qualifie de variante du géant de type Gargantua-Amirani.

Or la légende a porté au ciel le chasseur-guerrier légendaire, et en a fait l’une des constellations les plus reconnaissables. Saint Gildas est décrit dans la vie bretonne, comme un guerrier de la foi, suivant les préceptes de l’apôtre Paul et portant ceinture, cuirasse, chausse, bouclier, casque et glaive pour résister aux esprits gouvernant les astres et par eux tout l’univers (Éph. 6 : 12-13). Ce rapprochement indirect de saint Gildas avec le ciel par Vitalis soutient, entre autres, l’hypothèse d’un lien entre Gargantua et la constellation d’Orion.

11 h – Pause – 15 minutes.

  • 11 h 15 – Chloé PINSON, Yan' Dargent, illustrateur du légendaire lithique breton

Jean-Édouard Dargent dit Yan’ Dargent (1824-1899) est un peintre et illustrateur natif de Saint-Servais en Bretagne. À son époque, on redécouvre l'histoire et le folklore de la France et de ses régions. La Bretagne n'est pas qu'une mode pour Yan’ Dargent. L'artiste s'est inspiré au long de sa carrière artistique des paysages, contes et légendes de sa Bretagne natale. Voyons comment il retranscrit ces récits dans ses œuvres. Ces paysages granitiques et les histoires qu'on lui contait enfant nourrissent son art. On retrouve ce granit quand il dépeint les Avenues de pierres levées de Carnac ou le dolmen de Saint-Servais mais il a aussi représenté la pierre comme élément du légendaire ou du sacré. Par ailleurs Yan’ Dargent utilise les menhirs pour illustrer des mythes celtiques, les œuvres d'Ossian, le conte de Charles Narrey « Les Deux Bossus », d’après une légende bretonne. Dans les peintures et illustrations de Yan' Dargent, comme dans beaucoup de contes et légendes, les menhirs sont des lieux où se déroule la rencontre féerique. Il utilisera donc les mégalithes, notamment ceux des alignements de Carnac, comme moyen de faire venir le merveilleux dans ses œuvres et faire rêver son public.

  • 11 h 50 – Yves CHETCUTI, Saint Cornély, les bêtes à cornes et les alignements de Carnac (Morbihan)

La relation entre les files de pierres de Kerlescan et la légende de Carnac a été établie par Charrière (1962) à partir d'un décompte luni-solaire. Ce point est confirmé, pour ce qui relève du comput solaire, par le cas particulier de phénomènes biologiques étroitement liés à l'équinoxe d'automne. L’encodage solaire est établi par l'analyse comparative de coutumes, notamment celles d'Abbots Bromley, de Samer, de Locronan et de Landeleau qui, de près ou de loin, se rapportent toutes au cycle de reproduction des bovins et des cervidés.

Pour ce qui relève du comput lunaire, les arguments tirés du double décompte, en lunaisons sidérales et en lunaisons synodiques, de plusieurs récits mythiques (le chant des fils d'Uisnech, la légende de Samer, de la biche de Caude Côte, le mythe des âges du monde) et d'une pratique rituelle indienne effective une fois atteint l'âge de 1000 lunes. Compté en lunaisons sidérales (1000 lunes, soit 74 ans) et en lunaisons synodiques (1000 lunes, soit 81 ans), le rapport de 11/12 donne l’indication stellaire relative à la version actuelle du rite indien. L’auteur suppose que le mythe des âges du monde, et un rite comparable à celui pratiqué en Inde relativement à l'étoile Sathabisha, pouvaient servir à relier symboliquement deux ensembles mégalithiques, celui de Kerlescan et celui du Ménec.

12 h 25 – Déjeuner en commun au centre – 1 h 30.

Après-midi – Sorties

13 h 55 – Départ en car pour la visite du dolmen de Crucuno.

Au passage nous apercevrons les dolmens de Rondossec ainsi que la chapelle et la fontaine Saint-Antoine. Le dolmen de Crucuno est tout ce qui reste d’une allée couverte de plus de 27 mètres dont on retrouve des morceaux gravés dans les maisons aux alentours. La pierre de couverture de la chambre pèse 40 tonnes.

À 350 mètres à l’est du dolmen se tient le quadrilatère de Crucuno, un des derniers quadrilatères encore debout dans la région. À moins d’un kilomètre se trouve le dolmen de Mané Croc’h, jumeau du dolmen de Mané-Bras. 

Au retour, nous jetterons un œil sur les alignements de Sainte-Barbe qui, si on les prolonge, visent le début des alignements du Ménec et le tumulus Saint-Michel.

18 h – Retour au centre, temps libre.

19 h – Dîner en commun au centre.

Soirée

21 h – Assemblée générale ordinaire de l’association.

Mercredi 31 août

8 h 15 – Petit-déjeuner.

9 h – Présentation de la journée.

Matin – Séances

(20 mn de communication, 10 mn de questions-réponses, 5 mn de roulement)

  • 9 h 15 – Claude MAUMENÉ [2e partie], Saint Gildas, Gargantua, la Vieille, le Grand Menhir Brisé et quelques alignements astronomiques remarquables

La file de stèles du Grand Menhir Brisé (Er Grah) et les grands tumulus "carnacéens" ont été érigés au milieu du Ve millénaire (4500 avant notre ère). À cette époque, l’extrémité du bras du géant nocturne Orion, au pied des Gémeaux, coïncide sur le plan astronomique avec le croisement de la Voie lactée et de l’écliptique, mais aussi avec le croisement de l’équateur céleste. Cet endroit du ciel revêt selon Giorgio de Santillana et Hertha von Dechend une importance particulière, puisqu’il correspond au « point de référence » d’où la précession des équinoxes aurait pris son départ. En 4500 avant notre ère, le Soleil se lève en effet à chaque équinoxe de printemps au cœur de la Voie lactée.

Les signes figurant sur les mégalithes du complexe mégalithique de Locmariaquer semblent entretenir un rapport particulier avec l’équinoxe et pour certains figurer une succession de constellations voisines de l’écliptique. Leurs hypothétiques contreparties célestes se lèvent dans le ciel d’hiver au-dessus de Gavrinis, très précisément à l’est de la Table des Marchand, et cèdent la place au soleil levant chaque printemps marquant ainsi le retour à la vie.

Quatre alignements astronomiques remarquables depuis le grand menhir brisé, vers des sites mégalithiques ou des lieux remarquables en rapport avec un géant, une vieille, saint Gildas ou sa légende, suggèrent que le lever d’Orion, le soleil à l’équinoxe et les levers extrêmes de la lune sur l’horizon sud-est ont pu revêtir une importance particulière à cette période du Néolithique.

  • 9 h 50 – Monique BOLLON-MOURIER, Les pierres silencieuses…

Elles peuplent de leur présence énigmatique des lieux discrets en Provence, en Languedoc, en Corse et aussi en Bretagne. Plus discrètes que les menhirs, moins spectaculaires que les alignements, peu ostentatoires par leur poids (moins d’une tonne) et leur taille (moins de 2 m), ces pierres dressées captent le regard et titillent l’imagination, telle l’étrange Dame de Saint-Sernin. Sous leur apparente modestie, ce sont des témoins tout droit issus de la protohistoire. Certaines de ces pierres sont aniconiques, anépigraphiques ; d’autres comportent des motifs ornementaux : ces dernières, parfois appelées Statues-menhirs, s’inscrivent aujourd’hui dans le registre des stèles anthropomorphes.

Il se peut que l’on croise ces stèles sur le haut d’un ancien oppidum, en bord de source, à la confluence de rivières ou parfois en forêt.

Mais la plupart du temps, nous ne pouvons les remarquer, englouties dans le paysage ou bien remployées en matériaux secondaires. L’archéologie a commencé à s’intéresser à ces stèles dans les années 1980 sans doute comme une incidente à l’étude du mégalithisme. Elle nous livre quelques clés de compréhension et beaucoup d’hypothèses sur leurs fonctions possibles au sein de populations encore mal connues. Mon propos est une réflexion en creux sur les stèles anthropomorphes du Sud de la France (Provence et Languedoc). Travailler en creux, travailler sur l’empreinte d’un objet, permet de faire émerger des éléments dont on peut penser qu’ils pourraient pénétrer le mythe et donc entrer dans sa narration et sa transmission. Mais s’il existe des cas contraires, comment alors penser l’absence de récits ?

10 h 25 – Pause – 15 minutes.

  • 10 h 40 – Dominique PAUVERT, La pierre, la source et la vache

Sur la commune de Belvès (Dordogne), le sanctuaire de Notre-Dame de Capelou est aujourd’hui le sanctuaire marial le plus important du Périgord. La découverte de la statue miraculeuse de la Vierge fait intervenir, comme souvent, une vache et une source. La traduction du nom du lieu « Capelou » par « petite chapelle » est totalement erronée et l’origine du toponyme renvoie bien davantage à « Caput Luci », c’est-à-dire « l’entrée du bois sacré ». Or, sur la colline d’en face, à l’entrée de la forêt de la Bessède, un dolmen porte le nom de « lo pè de la vaca », « le pied de la vache », au lieu-dit « Bonarme » (la « bonne âme » en occitan). Ce mégalithe est par ailleurs l’un des rares en Périgord à posséder des gravures. Son entourage montre une occupation assez importante, du Néolithique à l’époque gauloise.

Cette association d’une vache avec un mégalithe et une source sacrée n’est pas sans rappeler le mythe irlandais de la déesse Boand, la « vache blanche », à l’origine de la rivière Boyne, où se situe le fameux tertre mégalithique de New Grange, appelé Bru Na Boyne, « le château de la Boyne ».

Ce rapprochement nous permettra d’éclairer un paysage mythologique et de montrer comment un lieu sacré a pu, à Belvès, le rester jusqu’à aujourd’hui et comment les motifs mythiques s’y sont succédé du Néolithique à la fin du Moyen Âge.

  • 11 h 15 – Ella VALLECALLE & Don-Mathieu SANTINI, Au gré des médiasphères : les récits sur les pierres levées en Corse

Les pierres levées, coffres, menhirs, dolmens et structures circulaires ont en Corse comme ailleurs sacralisé un espace que d’autres religions ont souvent intégré dans leur propre rapport au divin, par contiguïté symbolique, lorsqu’elles n’ont pas cherché à les détruire.

L’objet de cette communication est de faire l’inventaire insulaire de ces récits recueillis entre oralité et littérature et d’en extraire les rapports qu’ils tissent avec trois cosmologies antagonistes. Ces cosmologies pourraient se caractériser par le médium qui les anime : la voix, le livre et l’écran. Quels rapports au monde entretiennent ces récits mythiques ? Celui accordé à la musique des astres sur un rythme ternaire (vie, mort, renaissance) ; celui eschatologique d’un catholicisme se voulant conquérant mais se trouvant confronté aux scories rituelles couvrant encore bois et sommets ; ou encore celui de la restructuration des sites archéologiques entre mise en valeur et valorisation ?

Du mythe cosmologique à la légende chrétienne jusqu’à la reconstitution muséale in situ, par déplacement dans un espace dédié ou sur un dispositif numérique, les récits concernant ces pierres levées fascinent encore et toujours un public intrigué par les civilisations qui ont érigé ces pierres. Ils se posent moins la question de la mise en récit les concernant. Des rites de fertilité aux malédictions en passant par la vaine quête de trésors enfouis et la créativité fictionnelle, les récits mythiques concernant les pierres levées jalonnent la mémoire insulaire comme ils jalonnent celles jouxtant des espaces mégalithiques.

11 h 50 – Rangement des hébergements et restitution des clés.

12 h 25 – Déjeuner en commun au centre – 1 h 30.

Après-midi – Visite libre

13 h 55 – Départ en voitures pour visiter les alignements de Carnac. On passe devant le dolmen de Kergarat à la sortie de Plouharnel.

Site emblématique de l’ensemble mégalithique du Morbihan sud, les alignements de Carnac ont été érigés vers 4500 avant notre ère. Il reste plus de 4000 pierres levées qui se déploient sur 4 km. Les alignements sont découpés en secteurs, d’ouest en est : Le Ménec, Kermario, Kerlescan et Le Petit Ménec. Chaque alignement est précédé d’un cromlech et les menhirs décroissent d’ouest en est. L’ensemble sert de décor aux légendes sur l’origine des menhirs : soldats romains pétrifiés en poursuivant saint Cornély.

18 h – Fin du congrès.

Informations pratiques

Le bulletin d'inscription est à renvoyer avant le 31 mai 2022.

Tarifs

  • 65 € par personne hébergée au Centre Grand Larg'
  • 72 € par personne non hébergée au centre
  • 35 € par personne pour une seule journée

Places

  • Centre Grand Larg' - 12 rue du Fort-de-Penthièvre - Kerhostin
    Saint-Pierre-Quiberon, France (56)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Sunday, August 28, 2022
  • Monday, August 29, 2022
  • Tuesday, August 30, 2022
  • Wednesday, August 31, 2022

Attached files

Keywords

  • mythologie française, légende, conte, fable, tradition, rite, culte, folklore, religion, piété populaire, mégalithe, menhir, dolmen, cairn

Contact(s)

  • Guillaume Kauss
    courriel : secretariatsmf [at] orange [dot] fr

Information source

  • Guillaume Kauss
    courriel : secretariatsmf [at] orange [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Le légendaire des pierres levées », Conference, symposium, Calenda, Published on Monday, August 22, 2022, https://doi.org/10.58079/19dt

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