Dans les disputes contemporaines autour des mots qui fâchent, la querelle de l’universalisme occupe une place décisive. En effet, chacun revendique, à travers tribunes et officines, séminaires et colloques, le bon usage du terme, et renvoie l’adversaire à ses présupposés. Faudrait-il, parce qu’il a été dévoyé, renoncer à l’universalisme ? Ou, au moins, le relativiser, c’est-à-dire à refuser de prendre en compte ce qui transcende nos singularités ? Car, il faut le reconnaître, les promesses non tenues de l’universalisme sont à l’origine de la crise que celui-ci traverse. Et le dossier de l’accusation est lourd :  le recours incantatoire aux valeurs universelles s’est accommodé de la persistance des discriminations, qu’elles soient entre pays riches et pays pauvres ou, à l’intérieur de ces pays, entre populations favorisées et populations marginalisées.

Argumentaire

Dans les disputes contemporaines autour des mots qui fâchent, la querelle de l’universalisme occupe une place décisive. En effet, chacun revendique, à travers tribunes et officines, séminaires et colloques, le bon usage du terme, et renvoie l’adversaire à ses présupposés. Faudrait-il, parce qu’il a été dévoyé, renoncer à l’universalisme ? Ou, au moins, le relativiser, c’est-à-dire à refuser de prendre en compte ce qui transcende nos singularités ? Car, il faut le reconnaître, les promesses non tenues de l’universalisme sont à l’origine de la crise que celui-ci traverse. Et le dossier de l’accusation est lourd : le recours incantatoire aux valeurs universelles s’est accommodé de la persistance des discriminations, qu’elles soient entre pays riches et pays pauvres ou, à l’intérieur de ces pays, entre populations favorisées et populations marginalisées. La pente assimilationniste du modèle républicain à la française, au-delà de son catéchisme d’indifférence à la différence, a accompagné, chemin faisant, le dévoiement de la valeur d’égalité jusqu’à l’infériorisation de l’Autre. Mais, ne serait-ce pas, en réduisant l’universalisme à ses mésusages, jeter le bébé avec l’eau du bain  ?

Le colloque se propose d’interroger les conditions et les modalités de son renouvellement afin qu’il puisse redevenir un horizon émancipateur.

Programme

Mercredi 19 octobre 2022

Université Paris-Nanterre

Session 1, 9h-12h15 : Relativiser l'universel ?

Présidence Stéphane Dufoix

• Etienne Balibar (Paris-Nanterre, Sophiapol), Des universalismes situés : relativité ou conflit ? 
• François Héran (Collège de France), Et si l’Un était multiple ? Une réflexion sur l’universalisme républicain 
• Patrice Maniglier (Paris-Nanterre, IREPH), De l'universel au global : refonder le cosmopolitisme
• Réjane Sénac (Sciences Po, CEVIPOF), Les mobilisations contemporaines contre les injustices : vers un commun émancipé

Session 2, 14h-18h : Universalisme et postcolonialisme

Présidence Réjane Sénac

• Magali Bessone (Paris 1, ISJPS), Les Lumières noires : pour un autre universel
• Seloua Luste Boulbina (Collège international de philosophie), Un universel en sursis, un universel à venir ?
• Cécile Canut (Université Paris-Cité, CERLIS), Le français face aux « dialectes » des « sauvages » ou le fantasme d’une langue universelle
• Sonia Dayan-Herzbrun (Université Paris-Cité, LCSP), La colonialité du genre : une mise en question de l’universalité de la domination masculine
• Frédéric Fruteau de Laclos (Université Paris 1, Centre d’histoire des systèmes de pensée moderne), Relativité culturelle et universel de terrain. Pour une théorie empiriste de la connaissance

Journée 20 octobre 2022

Paris (Sciences Po)

Session 3 9h-13h : Universalisme et anthropologie

Présidence Janie Pélabay

• Nassim El Kabli (Université de Lille), L’universalisme à l’épreuve des frontières
• Alexandre Escudier (Sciences Po, CEVIPOF), Par-delà le relativisme historiciste moderne : la possibilité d'une anthropologie générale
• Jean-Pierre Olivier de Sardan (EHESS Marseille), Comment l’anthropologie peut-elle concilier généralisation et analyse contextuelle ?
• Alain Policar (Sciences Po, CEVIPOF), L’universalisme a-t-il besoin de fondements anthropologiques ?
• Myriam Revault d'Allonnes (Ecole pratique des hautes études), L’universel de la condition humaine

Session 4 14h30-18h30 Quel universalisme pour notre temps ?

Présidence Alain Policar

• Stéphane Dufoix, Pluriversalisme et universalisme : une réelle incompatibilité ?
• Sophie Guérard de Latour (ENS-Lyon), Universalisme politique, respect de la différence et éthique néo-républicaine
• Mame-Fatou Niang (Université Carnegie-Mellon), Le grand dérangement, ou le difficile enfantement de l’universel en France
• Janie Pélabay (Sciences Po, CEVIPOF), De quel universalisme les « valeurs de la République » sont-elles le nom ?
• Jean-Yves Pranchère (Université libre de Bruxelles, CTP), Les droits humains : un universel historique ?