Announcement
Argumentaire
Ce colloque a pour objectif de réunir des chercheurs venant d’horizons variés tant du point de vue géographique que du point de vue disciplinaire, afin de renouveler les approches méthodologiques pour mieux appréhender la Protohistoire européenne. Le thème retenu pour cette rencontre, « Production des savoirs et leurs modes de diffusion dans les Sociétés de la Protohistoire : approches comparées et pluridisciplinaires», permet de s’interroger à la fois sur la production du Savoir dans les sociétés protohistoriques et sur l’apport des sciences contemporaines pour mieux cerner ces sociétés sans textes.
La production du Savoir scientifique pour les sociétés protohistoriques est difficile à quantifier et à qualifier car elles n’ont pas laissé de traces textuelles. Cet état de fait invite le chercheur à changer de paradigme pour aborder cette question : les sites ou artefacts peuvent-ils nous renseigner sur cette production immatérielle ? Des recherches récentes sur le comparatisme en archéoastronomie, ethnomathématiques, paléopathologie ou bioarchéologie, montrent que ces sociétés étaient capables de produire du savoir et de le transmettre, de façon symbolique ou non. Nous constatons ainsi que ces sociétés détenaient un savoir astronomique, des connaissances géométriques poussées, ou encore reproduisaient le vivant d'une manière exacte et détaillée dans leurs productions artistiques.
Cela doit nous amener à réfléchir sur la place de ce savoir dans la Société, un changement de polarité en admettant qu’une production scientifique est possible en Europe du Nord, et à nous interroger sur la question des échanges et des transferts de ces savoirs et technologies. Les textes produits par les sociétés contemporaines des Celtes laissent entrevoir une culture complexe et développée, maîtrisant les arts de la forge, pratiquant des cultes religieux et ayant une structure sociale codifiée, que les artefacts retrouvés en fouilles viennent corroborer. C'est pour cela que des champs d'étude mixtes comme la paléoastronomie ou l'ethnomathématique se révèlent être à la croisée des chemins entre démarche scientifique, archéologique et philosophique. Notre regard contemporain doit donc se départir d’un cloisonnement disciplinaire et s'ouvrir vers une transdisciplinarité, englobant différents champs de recherche, afin de pouvoir mieux appréhender les Sciences durant la Protohistoire.
La question des échanges et des transferts devrait permettre de discerner les traits spécifiques des savoirs: intégration, assimilation, recomposition ou exclusion. Il apparaîtrait curieux d’isoler la question de la production des savoirs dans une seule période telle que la Protohistoire, ou une aire géographique comme l'Europe du Nord, alors même que des expérimentations, hypothèses et théories circulaient autour du bassin méditerranéen durant toute l'antiquité par exemple.
L’ambivalence du sujet doit également permettre d’inviter d’autres disciplines à réfléchir sur le sujet. En effet, pour répondre aux limites que posent les sociétés protohistoriques, la transdisciplinarité apparaît être la meilleure alternative. Les recherches récentes mêlant astronomie et archéologie, archéologie et intelligence artificielle, archéologie et mathématiques, apportent des réponses méritant de s’y intéresser. La connaissance d’un savoir astronomique, l'étude de figures animales identifiables, la production de décors relevant de systèmes géométriques complexes, ont ainsi déjà pu être mises en évidence.
Programme
Mercredi 12 octobre 2022
Modérateur : Pr. David Valls-Gabaud (Observatoire de Paris - PSL)
- 14h : Solène Gallerne (S-U, Centre A. Chastel) & Romain Ravignot (Univ. Santiago de Compostela, S-U) Présentation de la thématique du colloque, présentation des partenaires et mot d’introduction.
- 14h30: Marco Garcia Quintela (Univ. Santiago de Compostela, SINCRISIS) Les scientifiques prémodernes.
- 15h : Eric Vandendriessche (CNRS & Université Paris Cité) De l’ethnomathématique à l’archéologie des savoirs mathématiques de la Pré- et Protohistoire
Pause 15h30-16h
- 16h: Michel Blay (CNRS ENS-PSL) En quel sens la « science » des grecs, des médiévaux ou des sociétés protohistoriques a à voir avec ce que nous appelons aujourd’hui la science? Nous nous interrogerons sur ce que le terme de « science » signifie, et sur ce qu’implique son usage plus ou moins indifférencié à travers le temps et l’espace.
- 16h30: César Gonzalez-Garcia (Consejo Superior de Investigaciones Científicas, SINCRISIS) L’astronomie dans la culture
- 17h: Julien D’Huy (Centre d’anthropologie sociale – Collège de France) : Devenir mythique: d'un apport possible de la mythologie comparée à l'étude des traditions orales
- 17h30 : Guillaume Oudaer (CRBC de Rennes 2): L’arbre sacré, le sage antédiluvien et la topographie de l’Irlande : l’apport insulaire médiéval et la reconstitution des conceptions religieuses des Celtes protohistoriques :
Jeudi 13 octobre 2022
Mondes Celtes, ethnomathématiques et iconologie
Modérateur : Pr. David Aubin (Sorbonne Université, IMJ-PRG)
- 9h : Solène Gallerne (S-U) : L’ethnomathématique au service des décors celtes
- 9h30 : Alban Da Silva (SPHERE) : Faire « parler » des traces sur le sol : le cas du dessin sur le sable du Vanuatu
- 10h : Fabien Regnier : (Keltia magazine) Les forêts-frontières, une particularité celtique
- 10h30 : Nathalie Ginoux (Sorbonne Université, OPUS)
Pause 11h-11h30
- 11h30 : Héloïse Schomas, (Arthéis) : Symbolisme et monnaies gauloises
- 12h : Rahlf Hansen (Observatorium Hamburg) et Christine Rink (Universität Hamburg): Un changement de paradigme grâce au disque céleste de Nebra?
Pause 12h30-14h
Études pluridisplinaires des sociétés anépigraphiques
Modérateur : Dominique Hollard (Bibliothèque Nationale de France)
- 14h : Romain Ravignot (Univ. Santiago de Compostela, S-U)> étude des orientations des sanctuaires en Gaule
- 14h30: Georg Zotti (Ludwig Boltzmann Institut, LBI ArchPro, Vienne) : Vers le Soleil ou simplement en bas de la colline ?
- 15h: Efthymios Nicolaïdis (Institut de Recherches Historiques, FNRS, Grèce): Le vrai emplacement de l’héliotrope de Méton. Une tentative d’interprétation in situ
- 15h30: Bruno Wirtz, (Université de Bretagne Occidentale, Tellus Environnement): L'exemple de la prospection archéologique de Rosporden « La grande Boissière »
Pause 16h-16h30
- 16H30: Rolande Simon-Millot (Artehis – MAN) Technologie âge du Bronze - Groupe pluridisciplinaire de recherche – A propos du cône d’Avanton, histoire d’une découverte ancienne
- 17h : Claudine Abegg (Laboratoire d'Archéologie Préhistorique et Anthropologie, Université de Genève) : Le concept of care appliqué au Néolithique Suisse : exemples et réflexions
- 17h30 : Dominique Proust (Observatoire de Paris - PSL – CNRS) et Clotilde Proust (ArcheoCR - Laboratoire Trajectoires UMR 8215) : L’astronomie à Rapa-Nui
Vendredi 14 octobre 2022
Méthodes appliquées sur les artefacts
Modérateur Pr. David Aubin (Sorbonne Université, IMJ-PRG)
- 9h : Accueil au musée de Saint-Germain par Laurent Olivier
- 9h30 : Laurent Olivier (Conservateur du patrimoine, Musée Antiquités Nationales UMR 7324 CITERES) Le Pilier des Nautes. Nouveaux regards sur l’espace et le temps celtiques.
- 10h : Atelier « Archéoastronomie » par Rahlf Hansen (Obs. Hamburg) et Christine Rink (Universität Hamburg): Reconstruction de l'astronomie de l'âge du bronze en tant que projet scientifique en Europe
Pause 11h-11h30
Modérateur : Dominique Hollard (Bibliothèque Nationale de France)
- 11h30 : Atelier « Double lecture » par Solène Gallerne (S-U) : Etude de perception de décors celtes
Pause 12h-14h
- 14h : Atelier « Le numérique et l’IA : à la recherche des savoirs antiques – l’exemple du monnayage à la croix du MAN » par Cédric Lopez (Univ. Montpellier, EMVISTA)
- 15h : Atelier « Les soins durant la Protohistoire » par Valérie Delattre (INRAP)
Pause 16h-16h30
- 16h30 : Sandrine Riquier (INRAP - UMR 7324 CITERES Laboratoire Archéologie et Territoires ) et Nicolas Garnier (Laboratoire Nicolas Garnier, AOROC CNRS UMR 8536 ENS Paris Ulm) : Analyses chimiques des préparations de type pharmacopées :
17h : Visite du Musée
18h30: Conclusion et perspectives
Argument
The aim of this workshop is to bring together researchers from various backgrounds both from a geographical and a disciplinary point of view, in order to renew methodological approaches in a purpose to better understand European protohistory. The theme chosen for this meeting, "Knowledge productions and their diffusion in Protohistoric societies: comparative and multidisciplinary approaches ", allows us to question both the production of Knowledge in protohistoric societies and the contribution of contemporary sciences, with the aim to give a better insight on these societies without texts.
The production of scientific knowledge for protohistoric societies is difficult to quantify and qualify because they have not left any textual traces. This situation thus invites the researcher to change the paradigm to tackle this question: can sites or artefacts inform us about this intangible production? Recent researches on comparaticism in archaeoastronomy, ethnomathematics, paleopathology, show that these societies could produce knowledge and transmit it, whether it be symbolically or not. Therefore, we notice that these societies possessed an astronomical expertise, an extensive geometrical knowledge, and knew how to exactly reproduce the living in their artistic productions.
This should lead us to reflect on the place of this knowledge in Society, a change of polarity by admitting that scientific production is possible in Northern Europe, and to ask ourselves on the question of exchanges and transfers of knowledge and technologies. The ancient texts produced by other societies at the same time as the Celts give us a glimpse of a complex and well developed society, mastering smithing, devoted to their cults, and having a codified social structure. This is why mix fields of studies such as paleoastronomy or ethnomathematics appears to be a crossroad between a scientifical, archaeological and philosophical approach. Our contemporary perspective must therefore move away from a disciplinary compartmentalization to a transdisciplinarity approach, including various fields of research, in order to better understand the Sciences during Protohistory.
The question of exchanges and transfers should therefore give us the possibility to discern the specific features of knowledge: integration, assimilation, recomposition or exclusion. As a matter of fact, it would be curious to isolate the question of knowledge production from only a given period such as Protohistory, or a geographical area such as Northern Europe, while for example experiments, hypotheses and theories were circulating all around the Mediterranean basin in the antiquity.
The ambivalence of the subject should also make it possible to invite other disciplines to reflect on the subject. Indeed, to respond to the limits posed by protohistoric societies, transdisciplinarity appears to be the best alternative. Recent research combining astronomy and archaeology, archaeology and artificial intelligence, archaeology and mathematics, provide answers that deserve to be examined. In this way, the production of astronomical knowledge, the study of recognizable artistic animal figure, or the production of complexes geometrical systems as ornaments, have already been demonstrated.
Präsentation
Dieser Workshop zielt darauf ab, Forscher mit unterschiedlichen Hintergründen sowohl aus verschiedenen nationalen Forschungstraditionen als auchDisziplinen zusammenzubringen, um methodologische Ansätze für ein besseres Verständnis der europäischen Frühgeschichte zu erhalten. Das für dieses Treffen gewählte Thema
„Wissenschaft und Frühgeschichte“ ermöglicht es, sowohl die Wissensproduktion in frühgeschichtlichen Gesellschaften als auch den Beitrag der zeitgenössischen Wissenschaften zum besseren Verständnis dieser Gesellschaften ohne Schrift zuüberdenken.
Die Produktion wissenschaftlicher Erkenntnisse der protohistorischen Gesellschaften ist schwer zu quantifizieren und zu qualifizieren, da sie keine textlichen Spuren hinterlassenhaben. Dieser Sachverhalt lädt den Forscher ein, die Perspektive zu ändern, um diese Frage zu beantworten: Können uns Fundstellen oder Artefakte etwas über die Wissensproduktion erzählen? Neuere Forschungen zu Komparativismus, Archäoastronomie, Ethnomathematik, Paläopathologie oder Bioarchäologie zeigen, dass diese Gesellschaften in der Lage waren, Wissen zu produzieren und es symbolisch oder nicht symbolisch weiterzugeben. Wir stellen also fest, dass diese Gesellschaften über astronomisches Wissen, fortgeschrit tenes geometrisches Wissen verfügten und teilweise in künstlerischen Werken auf exakte und detaillierte Weise reproduzieren konnten.
Dies sollte uns dazu bringen, über den Stellenwert dieses Wissens in jenen Gesellschaften nachzudenken.Wir müssen einen Perspektivwechsel vollziehen und erkennen, dass wissenschaftliche Produktion in Nordeuropa möglichwar, und darüber hinaus,die Möglichkeit des Austauschs und Transfers dieses Wissensin Betracht ziehen.
Die von den zeitgenössischen Gesellschaften der Kelten produzierten Texte deuten auf eine komplexe und entwickelte Kultur hin, die die Kunst des Schmiedens beherrscht, religiöse Kulte praktiziert und eine kodifizierte soziale Struktur hat, was die bei Ausgrabungen gefundenen Artefakte bestätigen. Deshalb erweisen sich gemischte Studienrichtungen wie Paläoastronomie oder Ethnomathematik als Schnittpunkte zwischen naturwissenschaftlichen, archäologischen und philosophischen Ansätzen. Unser heutiger Blick muss sich daher von der disziplinären Abschottung lösen und sich einer Transdisziplinarität öffnen, die verschiedene Forschungsfelder umfasst, um die Wissenschaften der Frühgeschichte besser verstehen zu können.
Die Frage des Austauschs und Transfers sollte es ermöglichen, die spezifischen Merkmale des Wissens zu erkennen: Integration, Assimilation, Neuzusammensetzung oder Ausschluss. Es erscheint seltsam, die Frage der Wissensproduktion in einer einzigen Periode wie der Frühgeschichte oder einem geografischen Gebiet wie Nordeuropa zu isolieren, obwohl zum Beispiel Experimente, Hypothesen und Theorien im Mittelmeerraum in ganz Europa kursierten.
Die Ambivalenz des Themas muss es auch ermöglichen, andere Disziplinen zur Reflexion über das Thema einzuladen. Tatsächlich scheint Transdisziplinarität die beste Alternative zu sein, umder Komplexität frühgeschichtlicher Gesellschaftengerecht zu werden. Jüngste Forschungen, die Astronomie und Archäologie, Archäologie und künstliche Intelligenz, Archäologie und Mathematik kombinieren, liefern Antworten, die Aufmerksamkeit verdienen. Das Wissen um astronomisches Wissen, das Studium identifizierbarer Tierfiguren, die Herstellung von Dekorationen in Bezug auf komplexe geometrische Systeme wurden bereits nachgewiesen.