AccueilLire et écrire entre les langues

AccueilLire et écrire entre les langues

Lire et écrire entre les langues

Littérature, enseignement, traduction, création

*  *  *

Publié le lundi 12 septembre 2022

Résumé

Comment écrire, comment donner à lire, à entendre mais aussi à dire jusque dans la classe le plurilinguisme inhérent à notre monde urbanisé mondialisé mais aussi celui, moins étudié, des zones rurales ? Que ce soit dans l’exploration des corpus littéraires ou des expériences pédagogiques de création plurilingue, c’est aussi ce « bruissement de la langue » et ce plurilinguisme interne aux langues, que les colloques Lire et écrire entre les langues (LÉEL) cherchent à promouvoir. La première édition (Inalco, 2021) ayant été entravée par la crise sanitaire et n’ayant pu se tenir qu’à distance avec un nombre d’intervenant·e·s réduit, ce deuxième volet prolongera la réflexion autour des axes : littérature, enseignement, traduction et création.

Annonce

Appel à contribution : Colloque international Lire et écrire entre les langues. Littérature, enseignement, traduction, création, les 15-16 juin 2023 à Aix-en-Provence

Argumentaire

Comment écrire, comment donner à lire, à entendre mais aussi à dire jusque dans la classe le plurilinguisme inhérent à notre monde urbanisé mondialisé (Calvet, 1994) mais aussi celui, moins étudié, des zones rurales (Cobbinah et al., 2016) ? C’est le dialogue entre la langue normée à diffusion internationale comme le français, l’anglais, l’arabe, l’espagnol, etc. et des langues qui leur semblent aux antipodes (à l’instar des langues orientales, africaines, océaniennes enseignées à l’Inalco), mais aussi entre les multiples variétés de langue, sociales (Gadet, 2007) et topiques (Likacheva-Philippe, 2010), que nous nous proposons d’explorer dans les colloques LÉEL (Lire et écrire entre les langues), à la fois dans son expression littéraire et dans ses exploitations pédagogiques. Dialogue qui ne va évidemment pas sans heurts, la littérature portant elle aussi le témoignage des rapports de dominations exercés dans la société (Giordan, Ricard & Balibar, 1976) ou d’histoires familiales ou personnelles mouvementées, tant au sein de la francophonie (Spaëth, 2018) où le français se décline sous des formes variées, trop souvent invisibilisées, que dans d’autres sphères géolinguistiques. Que ce soit dans l’exploration des corpus littéraires ou des expériences pédagogiques de création plurilingue, c’est donc aussi ce « bruissement de la langue » (Barthes, 1984) et ce plurilinguisme interne aux langues, que les colloques LÉEL cherchent à promouvoir. Ce plurilinguisme interne concerne certes le français, dont le singulier masque la diversité géolinguistique des variantes régionales comme nationales, autant de manifestations de l’hétérogénéité langagière (Glissant, 1995) propre à l’espace francophone, auquel aucun locuteur n’échappe (Derrida, 1996), mais aussi toutes les autres langues dominantes.

La première édition d’Écrire entre les langues : littérature, enseignement et traduction (Inalco, 2021) ayant été entravée par la crise sanitaire et n’ayant pu se tenir qu’à distance avec un nombre d’intervenant.e.s réduit, l’édition 2023 en constituera le deuxième volet, prolongeant la réflexion autour des axes préalablement définis.

Axes thématiques

Axe 1 : L’hétérolinguisme en littérature : situations, représentations, traductions, création

Mots clefs : hétérolinguisme ; littérature translingue ; francophonies ; approche anthropologique ; sociolinguistique du contact ; traductologie ; numérique.

Cet axe porte principalement sur le corpus, texte et œuvre hétérolingue. La dimension plurilingue, hétérolingue (Grutman, 1997) ou translingue (Kellman, 2000) de la création littéraire francophone fait l’objet d’études de plus en plus nourries. On la retrouve du côté de la littérature comparée (Porra 2011), des études d’orientation discursive (Suchet, 2014), traductologiques (Ferraro et Grutman, 2016) ou encore de la génétique textuelle (Anokhina et Sciarrino, 2018). Ces études littéraires du champ contemporain en France (Ausoni, 2018 ; Marchand et Roux, 2019), en Europe (De Balsi, 2019) ou dans l’espace postcolonial (Moura, 1999) font écho ‒ de la glottocritique (Bernabé 1982) à la sociolinguistique critique (Heller, 2002 ; Boutinet 2017 ; Prudent, 2003 ; Faye 2010) en passant par l’analyse du discours (Maingueneau, 2006) ‒ à celles et ceux qui ont cherché et cherchent encore à dévoiler (voire subvertir) la question du pouvoir propre au langage.

Les écrivains, qu’ils aient grandi dans un environnement plurilingue et diglossique, qu’ils aient changé de langue par choix ou de manière subie, dans « l’exil ou l’errance » (Bonnet, 2007), peuvent adopter des postures diverses, écrire en une seule langue, normée ou non, dans leur langue maternelle ou en choisissant l’exophonie, ils peuvent « penser entre les langues » (Wismann, 2012) ou en « plus d’une langue » (Derrida, 1996 ; Cassin, 2012) ou encore créer une langue étrangéisée (Pejoska, 1995). L’espace numérique dessine pour la « littérature numérique » (Bouchardon, 2014) un autre territoire, plurisémiotique et multimodal, où le plurilinguisme est susceptible d’occuper une place de choix (Kuznierz, 2018 ; Bigot et Maillard de la Corte-Gomez, 2020). Pour donner la place qu’elles méritent aux voix singulières de robinsons (Ausoni, 2018) et aux langues minorées, en décentrant le regard vers d’autres aires géolinguistiques, les contributions portant sur des aires géolinguistiques autre que la francophonie seront les bienvenues. Ces textes plurilingues et les créations numériques (Leleu-Merveil, 2005) font résonner et tissent la pluralité des langues de façon diverse (Gauvin, 1999), en fonction de projets esthétiques, poétiques, linguistiques, culturels, politiques, qui sont à contextualiser. Ils témoignent de parcours qui peuvent être exemplaires et formateurs (Godard et Suchet, 2015) tant pour les apprenant.e.s que pour les enseignant.e.s de langue ou encore les participant.e.s à un atelier plurilingue thérapeutique (Greaves & Stefano, 2018).

Découvrir ces auteurs.rices et leurs œuvres, éclairer leurs pratiques de création avec/dans/entre/autour de la/des langue/s, donner des outils d’analyse, de compréhension et de réflexion, mais aussi penser la multiplication des recherches sur un phénomène qui pourtant n’est pas nouveau (Denti, 2017), tels sont les objectifs de ce premier axe.

Comment se manifeste l’hétérolinguisme en littérature dans les espaces francophones ? dans d’autres aires géolinguistiques ? dans l’espace numérique, francophone ou non ? Quels enjeux esthétiques lui sont associés ? Dans quelle mesure l’écrivain.e exprime-t-il dans son œuvre par cet hétérolinguisme des frictions ou tensions entre les langues individuelles ou sociales ? Comment la multimodalité et le plurisémiotisme inhérents au numérique modifient-ils la mise en “écriture” de l’hétérolinguisme ? Comment se mêlent les différentes voix et langues dans les formes littéraires et narratives propres à la littérature numérique ? Quel rôle joue - ou ne joue pas - la traduction dans la création d’œuvres plurilingues ? Comment celles-ci sont-elles traduites ? Quelle place occupe la traduction dans les ateliers plurilingues thérapeutiques ? Dans une dynamique cherchant à associer théorie et pratique artistique, comment la recherche peut-elle alimenter la création, et vice-versa, dans une dynamique propre à la recherche-création (Gosselin et Le Coguiec, 2006) ? Voilà quelques questions, non exhaustives, auxquelles les contributeurs et contributrices seront invité.e.s à répondre dans cet axe.

Axe 2 : Créativité plurilingue en (didactique des) langues : démarches, objectifs, expériences

Mots clefs : recherche-création ; traduction créative ; auto-traduction ; plurilinguisme ; créativité ; atelier d’écriture ; biographie langagière ; interculturel, numérique.

Ce deuxième axe s’oriente essentiellement vers les pratiques artistiques, pédagogiques ou thérapeutiques. L’expérience plurilingue, considérée comme un ferment de créativité dans le domaine littéraire et artistique (Anokhina, 2012) se trouve, en didactique des langues et du plurilinguisme (Candelier, 2008), nourrir de nombreux projets qui visent à développer les compétences langagières à travers un usage sensible et créatif des langues (Aden, 2012). À distance des approches fonctionnelles et communicatives qui envisageaient la langue comme système ou comme outil, ou de manière complémentaire avec elles, les ateliers créatifs qui puisent dans les ressources linguistiques et plurilingues des apprenants se multiplient (écriture créative, improvisation, théâtre, poésie, slam, kamishibaï, vidéo ou chanson…). Ils s’appuient sur une didactique qui privilégie les dimensions esthétique, expérientielle, émotionnelle, du langage (Eschenauer, 2014) ou qui vise une épistémologie de la relation à travers l’expérience vécue (Castellotti, 2017). De même la recherche-création (ou en anglais art-based approaches, practice as research, etc.) ouvre la recherche sur d’autres pratiques (Paquin et Noury, 2018), notamment dans le cadre de la littérature numérique (Saemmer, 2015), dont la pédagogie de la créativité pourrait utilement se nourrir.

Ces démarches entrent en résonance avec les corpus littéraires plurilingues, soit parce qu’elles s’en inspirent directement, dans un mouvement de lecture-écriture, soit qu’elles en rejoignent les présupposés, les enjeux ou les effets. Selon les cas, il s’agira de développer une relation sensible à une langue nouvelle ou de jouer avec les contraintes linguistiques et les passages de langue, articulant conscience linguistique et expérience langagière (Aboab, Allaneau-Rajaud, Godard & Woerly, 2020). Ou bien encore il s’agira d’insérer les ateliers d’écriture plurilingue dans les démarches biographiques (Mathis, 2016 ; Dompmartin-Normand, 2016), pour inaugurer une forme de réflexivité sur le parcours langagier ou migratoire, et redonner dans le système éducatif toute sa place à l’identité de l’apprenant (Cummins et al., 2005). Les contributions de ce deuxième axe consacré à la créativité plurilingue en didactique des langues permettront d’en explorer le fonctionnement à travers des analyses de dispositifs et de productions aussi bien que des restitutions de projets ou la participation à des ateliers. Un format « performance » est aussi proposé, pour se saisir de la réflexion scientifique du colloque à des fins créatives, comme cela a été fait lors du premier colloque Écrire entre les langues, slamé lors de la clôture (Dangers et Diop, à paraître).

Suivant quelles modalités mener des ateliers d’écriture créative et traductive plurilingues et à quelles fins ? Quels ateliers proposer aux migrants, aux primo-arrivants ou à l’hôpital (Greaves, 2017) ? Comment ouvrir ces ateliers à l’écriture numérique ? À partir de quel cadre épistémologique aborder en didactique des langues ces ateliers de pratiques artistiques ? Comment faire émerger par ces pratiques une œuvre artistique, individuelle ou collaborative, notamment en littérature numérique ? Quel positionnement pour l’enseignant.e/animateur.rice ? En quoi et comment ce matériau littéraire pourrait-il être un levier d’enseignement-apprentissage en didactique du français et des langues ? Quelle formation dispensée aux enseignant.e.s pour qu’ils.elles se saisissent de ces œuvres ? Quelle place pour la littérature numérique plurilingue en classe ? Comment créer en faisant de la recherche sur l’hétérolinguisme ou faire de la recherche en créant ? Comment faire œuvre autour des questions abordées par le colloque, dans une démarche de recherche-création ? Autant de questions parmi d’autres pouvant être abordées dans l’axe 2.

Formats possibles

Remarque : bien que le colloque puisse être suivi en visio, les interventions devront se faire uniquement en présentiel. 

  • Communication orale (20 minutes + 10 minutes d’échanges) : exposition des résultats d’une recherche
  • Retour d’atelier (20 minutes + 10 minutes d’échanges) : présentation d’un dispositif d’atelier d’écriture/traduction hétérolingue
  • Poster : présentation en format affiche d’une recherche
  • Atelier (1h30 ou 3h) : animation d’un atelier d’écriture/traduction hétérolingue
  • Performance (durée à voir en fonction de la proposition) : « carte blanche » à partir des thématiques du colloque. Bien préciser les conditions de réalisation de la performance.

Modalités de soumission

Les propositions de d’intervention seront rédigées en français ou en anglais et comprendront environ 500 mots (hors titre et bibliographie). Elles mentionneront clairement l’axe choisi, la thématique principale abordée et le type de format choisi (communication orale, poster, atelier, retour d’atelier, performance) ainsi que 5 mots-clés.

Elles sont à déposer sur Sciencesconf pour une évaluation en double aveugle

le 24 octobre 2022 au plus tard.

Comité d’organisation

  • Anselmo Marielle, Plidam, INALCO (Paris)
  • Bonnefoy Brigitte, SUL, AMU (Aix-Marseille)
  • Cayet Anne-Sophie SUFLE, AMU (Aix-Marseille)
  • Combe Christelle LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Cros Isabelle, LPL et Inspé, AMU (Aix-Marseille)
  • David Catherine, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Dufeu, Pierre-Yves, SUL, AMU (Aix-Marseille)
  • Eschenauer Sandrine, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Feussi Valentin, CIRPALL, Université d’Angers (Angers),
  • Godard Anne, DILTEC, USN (Paris)
  • Gouaich Karima, ADEF, AMU (Aix-Marseille)
  • Greaves Sara LERMA, AMU (Aix-Marseille)
  • Leconte Amélie, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Maillard-De la Corte Gomez Nadja, CIRPALL, Université d’Angers (Angers)
  • Marchand Aline, THALIM, USN (Paris)
  • Mathis Noëlle, LERMA, AMU (Aix-Marseille)
  • Rossignol, Marie-Anne, SUL, AMU (Aix-Marseille)
  • Woerly Donatienne, DILTEC, USN (Paris)

Comité scientifique (en constitution)

  • Anselmo Marielle, Plidam, INALCO (Paris)
  • Ausoni Alain, UNIL (Lausanne)
  • Barbier Marie-Laure, PsyClé, AMU (Aix-Marseille)
  • Baroni Raphaël, UNIL (Lausanne),
  • Bemporad Chiara, HEP-Vaud (Lausanne)
  • Cayet Anne-Sophie SUFLE, AMU (Aix-Marseille)
  • Combe Christelle, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Cros Isabelle, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • David Catherine, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Eschenauer Sandrine, LPL, AMU (Aix-Marseille)
  • Feussi Valentin, CIRPALL, UA (Angers)
  • Godard Anne, DILTEC, USN (Paris)
  • Gouaich Karima, ADEF, AMU (Aix-Marseille)
  • Greaves Sara, LERMA, AMU (Aix-Marseille)
  • Leconte Amélie, LPL, AMU (Aix-Marseille),
  • Maillard-De la Corte Gomez Nadja, CIRPALL, UA (Angers)
  • Marchand Aline, THALIM, USN (Paris),
  • Molinié Muriel, DILTEC, USN (Paris),
  • Murphy Amanda, PRISMES, USN (Paris)
  • Quaranta Jean-Marc, CIELAM, AMU (Aix-Marseille Université)
  • Roux Pascale, UGA (Grenoble)
  • Woerly Donatienne, DILTEC, USN (Paris)

Lieux

  • Faculté de lettres 29 avenue de Schuman Aix-en-Provence - Aix-Marseille Université
    Aix-en-Provence, France (13)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • lundi 24 octobre 2022

Fichiers attachés

Mots-clés

  • plurilinguisme, littérature plurilingue, écriture créative, traduction, français langue étrangère,

Contacts

  • Isabelle Cros
    courriel : isabelle [dot] cros [at] univ-amu [dot] fr

Source de l'information

  • Anne Godard
    courriel : anne [dot] godard [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Lire et écrire entre les langues », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 12 septembre 2022, https://doi.org/10.58079/19gm

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search