La finition, terme dérivé du verbe finir et du latin, finitio-onis, f. (la limite, le bornage), peut être définie comme la « manière de terminer avec soin un ouvrage, de lui donner un aspect fini ». Dans la pratique, le mot recouvre une diversité d’applications ainsi qu’une variété de techniques, de points et de gestes (les finitions) destinés à achever l’œuvre. Pour leur édition 2022, les journées d’étude de l’Association française pour l’étude du textile (AFET) proposent de s’atteler aux finitions. Sera ainsi examiné l’ensemble des étapes de la finition qui confèrent à un vêtement, un accessoire, un ornement liturgique ou à une pièce d’ameublement son aspect « fini » : ourlets, boutonnière, pose de « propretés » et enjolivement (application de biais, galons, franges et de tout autre article de passementerie).

Présentation

La finition, terme dérivé du verbe finir et du latin, finitio-onis, f. (la limite, le bornage), peut être définie comme la « manière de terminer avec soin un ouvrage, de lui donner un aspect fini »[1]. Dans la pratique, le mot recouvre une diversité d'applications ainsi qu'une variété de techniques, de points et de gestes (les finitions) destinés à achever l'œuvre. Si elles sont bien présentes dans le discours diffusé par la presse de mode depuis le début du XX^e siècle et par l'industrie de la haute couture, en particulier à travers la mise en scène des petites mains, à ce jour et à quelques exceptions près[2], ces opérations ont rarement suscité l'intérêt des chercheuses et des chercheurs. Ce silence peut en partie s'expliquer par une difficulté d'ordre documentaire, mais plus encore par le peu d'attention que l'on porte habituellement au détail, fût-il signifiant.

Pour leur édition 2022, les journées d'étude de l'AFET proposent de s'atteler à cette question. Sera ainsi examiné l'ensemble des étapes de la finition qui confèrent à un vêtement, un accessoire, un ornement liturgique ou à une pièce d'ameublement son aspect « fini » : ourlets, boutonnière, pose de « propretés » et enjolivement (application de biais, galons, franges et de tout autre article de passementerie). Les techniques décoratives et d'ennoblissement, par exemple la broderie, ne seront quant à elles envisagées que sous l'angle de la finition stricto sensu, telle qu'elle vient d'être définie.

Sans aucune restriction d'ordre chronologique ou géographique, les discussions s'articuleront autour des thématiques suivantes :

1. Les finitions : formes, fonctions et usages

Dans ce premier axe, il s'agira de s'interroger sur les formes et les fonctions (souvent cumulatives) associées aux travaux de finition ainsi qu'aux diverses stratégies de leurs mises en forme :

• fonction pratique (empêcher que le tissu ne s'effiloche, que la couture ne se défasse)
• fonction esthétique (embellir l'ouvrage)
• dissimulation (cacher la construction/les coutures/l'assemblage, rendre l'effort et le labeur invisibles)
• ou, au contraire, mise en évidence (souligner/révéler la structure)
• fonction symbolique et rituelle
• fonction sémiologique

Des communications proposant des analyses techniques d'objets, l'étude de manuels techniques ou une réflexion sur le rôle joué par les finitions formant symboles ou signes seront particulièrement bienvenues. Au cours de ces deux journées, on s'attachera à élargir le plus possible l'éventail des contextes d'exécution considérés : de l'autoproduction familiale à la fabrique industrielle, de l'ouvroir du chasublier médiéval aux ateliers contemporains de la haute couture sans oublier les situations observables dans les sociétés extra-européennes.

2. Valeurs et imaginaires associés aux finitions : soin, propreté, luxe, superflu

Le deuxième thème invitera à entrer dans l'univers des représentations. Quelles valeurs ont été, et sont aujourd'hui, associées aux travaux de finition ? Si, de nos jours, le temps passé à achever manuellement un ouvrage indique le degré de qualité et de luxe d'un vêtement (les finitions haute couture), il a longtemps été prôné dans nos sociétés occidentales pour ses vertus éducatives dans le cadre de la formation des jeunes filles. Quelles conséquences eurent l'essor de l'industrie textile et de la confection sur l'appréciation du caractère « fini » d'un objet textile ? La question mérite d'autant plus d'être posée que, si la pratique est ancienne, le mot finition, dans l'acception ici considérée, est absent des encyclopédies et dictionnaires antérieurs au xix^e siècle, et qu'il n'a fait son entrée dans celui de l'Académie française qu'en 2019. Afin d'en avoir une approche globale, ces pratiques doivent être examinées sur la longue durée et au sein de différents espaces culturels et géographiques.

3. Les actrices et acteurs de la finition et leurs fournisseurs

Enfin, sous la forme de portraits, d'enquêtes ethnologiques ou prosopographiques, on s'intéressera aux femmes et aux hommes qui, quels que soient le lieu et le mode de production, exécutent les finitions. Dans la sphère privée, quelle est la nature des opérations de finition et par qui sont-elles réalisées (une mère, une future mariée, une petite fille) ? Dans le cadre professionnel, à qui ces travaux sont-ils confiés ? S’agit-il de professions masculines ou féminines ? Enfin, quel est le statut de ces ouvrières et ouvriers qualifiés ?

Au sein de cet axe, un second volet portera plus particulièrement sur la question des fournisseurs aux savoir-faire spécifiques (dorelotiers, passementiers, rubaniers, etc.), sur l'étude (formelle, technique, lexicographique) de leur production et sur celle des lieux et modes d'acquisition (colportage, marché, boutiques) de l’outillage et des matières premières indispensables à l'exécution de ces techniques.

Notes

[1] Le Gaffiot (1934) ; Le Larousse (2022).

[2] Voir notamment Fr. Cousin, S. Desrosiers, D. Geirnaert et N. Pellegrin (dir.), Lisières et bordures, actes des premières journées de l'Association française pour l'étude du textile, Paris, 13-14 juin 1996, Bonnes, Éditions Les Gorgones, 2000

Programme

Vendredi 5 novembre

9h00   Accueil

9h45   Mot d'ouverture par Claude Coupry, présidente de l'AFET 10h00 Introduction

Session 1. Réflexion sur la notion de finition : études de cas              

• 10h15  Emmanuelle Garcin, Une observation de l'évolution des finitions sur les objets de la collection du musée des Arts Décoratifs de Paris
• 10h35 Corinne Duroselle, Finitions de textiles à quatre lisières au Pérou et en Bolivie

10h55 Pause

• 11h10 Françoise Cousin (avec la participation de Fatima Lévêque), Un type particulier de galonnage : divergence géographique mais convergence technique
• 11h30 Juri-Apollo Drews, L'enjeu des finitions dans le projet de tissage zéro-chute No Cuts No Seams

11h50 Discussion

Présentation du travail d'une artiste

• 12h05 Jeanne Goutelle, Donner une seconde vie aux matériaux délaissés : surcyclage dans la création textile contemporaine

12h25 Discussion

12h35 Déjeuner

Session 2. Diversité, dynamisme et adaptation des savoir-faire de la finition

• 14h00 Marguerite Coppens, La dentelle manuelle ou s’achever luxueusement. Astuces et terminologie
• 14h20 Sylvie Marot, Dentelle : entre clipping et écaille, entre barbe et déchet

14h40 Discussion

14h50 Pause

• 15h05 Xavier Petitcol, Les finitions sur les lits à la duchesse en toile imprimée et leur enseignement
• 15h25 Jean-Pierre Gonidec, Finition en expansion
• 15h45 Aurore Bayle-Loudet et Charlotte Daniel, Hermès, un couturier-maroquinier ? Des techniques de maroquinerie appliquées au vêtement Hermès.

16h05 Discussion

17h00 Visite du musée de Bourgoin-Jallieu – Exposition WAX

17h00 Assemblée générale de l'AFET (réservée aux adhérents) 

Samedi 26 novembre

9h00 Accueil

Session 3 : Finition : des signes à déchiffrer

• 9h30 Aziza Gril-Mariotte, Faire briller la toile, pour une histoire technique et esthétique de la finition dans les toiles imprimées (Indes-France, XVIII^e-XIX^e siècle)
• 9h50 Federica Mancini, La finition dans les uniformes diplomatiques brodés par la maison Picot/Brocard au XIX^e siècle, entre achèvement des motifs et affirmation d’un statut. Perspectives tracées à partir des dessins conservés au musée du Louvre.

10h10 Discussion

10h20 Pause

• 10h35 Martine Aubry et Hélène Russo, Récit historique et réalité textile : l’apport des finitions à la compréhension d’une œuvre
• 10h55 Vincent Cochet, Quand l'accessoire prend le pas
• 11h15 Catherine Legrand, Fi des finitions

11h35 Discussion

12h00 Déjeuner

Session 4 : Rubans, passements et tresses, de la production à la mise en œuvre

• 13h30 Nadège Gauffre Fayolle, Tissus, rubans, lacs ou tresses : la passementerie dans la garde-robe des princes de Savoie à la fin du Moyen Âge
• 13h50 Muriel Barbier, Une « matière première » à finition pour les tapissiers : le fonds de passementerie du Mobilier national

14h10 Discussion

14h20 Pause

• 14h35 Sylvain Besson, Un ruban pour terminer l'ouvrage textile avec soin

Présentation du travail d'une artiste

• 14H55 Sara Revil, Tressages et ornements : la passementerie ou l’art de la finition

15h15 Discussion

15h35 Conclusion des journées

Inscription

Inscription obligatoire. Coupon joint à envoyer à Sandrine Bachelier, 17 rue Roger Salengro, 69009 Lyon

Frais d'inscription

• Je suis membre de l’AFET à jour de ma cotisation 2022 : je règle 26,50 €
• Je suis étudiant·e ou inscrit·e à Pôle Emploi : je règle 26,50 € ; sur justificatif
• Je ne suis pas adhérent·e à l’AFET : je règle 63,50 € ; forfait pour une ou deux journées