La laïcité est aujourd’hui utilisée pour justifier des atteintes à la liberté religieuse, des atteintes qui découlent parfois naturellement de ce principe. Mais ces atteintes révèlent de temps à autre une dérive – faute pour l’heure d’un mot plus juste – du principe, habit commode d’une attaque contre la liberté religieuse. Histoire d’une dérive ou conséquences normales du principe de laïcité compte tenu d’un renouvellement de l’exercice de la liberté religieuse ? Est-ce le principe de laïcité qui a évolué dans ses applications ou le sentiment de dérive n’est-il que le produit d’une mutation ou d’une exacerbation des revendications religieuses dans l’espace public au sens d’ipséité ? Est-ce la laïcité qui est devenue mordante ou est-ce la religion qui est (re)devenue offensive, mutation qui ne fait que rappeler ce qui a été oublié ?

Argumentaire

La laïcité est aujourd’hui utilisée pour justifier des atteintes à la liberté religieuse, des atteintes qui découlent parfois naturellement de ce principe (Les agents de l’État doivent être soumis à une obligation de neutralité… avec parfois des problèmes de délimitation les concernant. Les accompagnants des sorties scolaires sont-ils des collaborateurs occasionnels du service public ? Ou encore comme dans l’affaire Baby Loup, la crèche peut-elle être considérée comme un service public ?). Mais ces atteintes révèlent de temps à autre une dérive – faute pour l’heure d’un mot plus juste – du principe, habit commode d’une attaque contre la liberté religieuse (c’est le problème notamment des restrictions imposées aux usagers du service public et plus généralement ce qui touche à la régulation de l’exercice de la liberté religieuse dans l’espace public ou sur les lieux de travail).

Histoire d’une dérive ou conséquences normales du principe de laïcité compte tenu d’un renouvellement de l’exercice de la liberté religieuse ? Est-ce le principe de laïcité qui a évolué dans ses applications ou le sentiment de dérive n’est-il que le produit d’une mutation ou d’une exacerbation des revendications religieuses dans l’espace public au sens d’ipséité ? Est-ce la laïcité qui est devenue mordante ou est-ce la religion qui est (re)devenue offensive, mutation qui ne fait que rappeler ce qui a été oublié ?

La laïcité n’est pas seulement la garantie de la liberté confessionnelle, c’est aussi l’affirmation de la liberté de ne pas croire et le rappel de la primauté du droit séculier sur le droit religieux. Est-ce la laïcité qui est devenue exclusive au lieu d’être inclusive ou est-ce le potentiel d’exclusion et d’expansion des religions qui somment à la laïcité d’être aussi une limite à la liberté de religion, une limite justifiée, pour garantir la neutralité de l’État et le « vivre-ensemble » ?

Pour répondre à ces différentes questions, le colloque envisagé se structurera autour de deux axes : la laïcité en tant que limite à la liberté de religion entend garantir la neutralité de l’État (I) et assurer le « vivre ensemble » (II).

Malgré la date anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, aucun évènement scientifique dédié à une réflexion globale sur la laïcité comprise en tant que limite à la liberté de religion n’a véritablement eu lieu. Il paraît dès lors important d’y remédier.

Informations pratiques

• Inscription oblogatoire (cf bulletin en PJ)
• Tarif : 50 euros / gratuit pour les personnels et étudiants de l'université de Poitiers

Programme

Matin

8h45 – 9h00 : Accueil

• Madame la Présidente de l’Université de Poitiers, Virginie Laval

Sous la présidence de François-Xavier Morisset, Maître de conférences en droit privé, Université de La Rochelle

• 9h00 – 9h20 : Propos introductifs : « Laïcité, le mot sent la poudre » (J. Rivero, 1949), Céline Lageot, Professeur de droit public & Fabien Marchadier, Professeur de droit privé, Université de Poitiers
• 9h20 – 9h40 : Controverses historiques : Jacqueline Lalouette, Professeur émérite d’histoire
• 9h40 – 10h00 : Controverses philosophiques : Guy Haarscher, Professeur émérite de philosophie et de droit, Université Libre de Bruxelles
• 10h00 – 11h00 : Controverses religieuses : Pascal Wintzer, Archevêque du diocèse de Poitiers ; Tareq Oubrou, Imam à Bordeaux, ; Yann Boissière, Rabbin à la synagogue Beaugrenelle ; Daniel Thévenet, Pasteur dans le diocèse de Lyon ; François Reyé, Franc-maçon

11h00 – 11h30 : Échanges avec le public autour d’un café

 1ère partie : La garantie de la neutralité de l’État ?

Perspective générale

 11h30 – 12h30 :Que signifie la neutralité religieuse de l’État ? 

• Gwénaële Calvès, Professeure de droit public, Université de Cergy
• Frédéric Dieu, Rapporteur public au Conseil d’État

Après-midi

Sous la présidence de Christine Baron, Professeur de littérature comparée, Université de Poitiers

Le cas particulier de l’école

14h00 – 15h00 :Comment enseigner dans un État laïc ?

• Xavier Bioy, Professeur de droit public, Université de Toulouse Capitole et Vincent Valentin, Professeur de droit public, I.E.P. de Rennes

15h00 – 15h40 : Échanges avec le public autour d’un café

2^ème partie : La garantie du « vivre ensemble » ?

• 15h40 – 16h00 :Le principe de laïcité comme but légitime d’une restriction à la liberté religieuse ? Jean-Pierre Marguénaud, Professeur émérite, Université de Limoges
• 16h00 – 16h20 :Le « vivre ensemble » dans l’espace public : Camille Dolmaire, Doctorante, Université de Limoges
• 16h20 – 16h40 :Le « vivre ensemble » dans l’espace professionnel : Gérard Gonzales, Professeur de droit public, Université de Montpellier 

3ème partie : La laïcité vue d’ailleurs

• 16h40 – 17h10 : Les points de vue turc, Mehmet Hanifi Bayram, Professeur à l’Université Akedniz, Antalya, et québécois, Louis-Philippe Lampron, Professeur à l’Université Laval, Québec

17h10 – 17h40 : Échanges avec le public

• 17h40 – 18h00 : Propos conclusifs par Stéphanie Hennette-Vauchez, Professeure de droit public, Université Paris-Nanterre