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Ar(t)chitectures oppositionnelles

Des expériences à leur(s) mise(s) en récit

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Publié le mardi 27 septembre 2022

Résumé

Jardins partagées, barricades, occupations de ronds-points, lieux de monstration et de création temporaires engagés sur des terrains sociaux et/ou se revendiquant un lien avec leur territoire… Tous ces exemples constituent, au-delà de leur hétérogénéité, autant de « lieux » qui questionnent nos rapports à l’espace public et aux modèles politiques qu’ils incarnent. Comment donner corps à l’intensité des expériences et à l’immatériel qui fondent ces lieux ? Comment les analyser et plus simplement les rendre lisibles ? Vouloir transcrire et traduire la rencontre entre pratiques sociales, espaces et objets constitutifs de ces architectures oppositionnelles imposent en effet de penser les formes : comment faire exposition et publication ? Quelles registres d’écriture (textuelles et plastiques) utiliser ? Autant de questions qui touchent autant l’artiste que la/le curateur·ice et l’éditeur·ice.

Annonce

Argumentaire

Jardins partagées, barricades, occupations de ronds-points, lieux de monstration et de création temporaires engagés sur des terrains sociaux et/ou se revendiquant un lien avec leur territoire… Tous ces exemples constituent, au-delà de leur hétérogénéité, autant de « lieux » qui questionnent nos rapports à l’espace public et aux modèles politiques qu’ils incarnent.

Par la documentation et la mise en récit de ces expériences collectives, par leur propre implication dans des projets dont elles et ils peuvent aussi être initiatrice.teurs, des artistes travaillent et mettent au travail ces « hyperlieux » (Lussault), plus ou moins politisés mais toujours politiques, et les « architectures » qui les composent.

D’autres artistes explorent la production de « situations autres » au sein même ou en périphérie des espaces institués de l’art (depuis les lieux de travail et production à ceux de monstration). Par le biais d’installations et de dispositifs performatifs multiples, de greffes architecturales ou d’objets praticables, elles et ils produisent ce qui constitue des formes de « contre-lieux ». En « habitant » les galeries, musées ou biennales, elles et ils interrogent symboliquement et concrètement les organisations sociales et spatiales qui régissent ces « institutions » codifiées, traditionnelles du monde de l’art.

Au-delà du registre souvent symbolique qui se joue dans cette seconde typologie, des artistes, souvent organisés en collectif, inventent de nouvelles « institutions » : galeries auto-gérées, Artist Run Space, tiers-lieux, lieux festifs et sociaux à caractère temporaires… En élargissant leur champ d’action, en multipliant les registres d’actions et de travail, allant au-delà de la forme plastique, elles et ils réinventent et font exister là encore des lieux autres où s’élaborent d’autres pratiques et d’autres pensées de l’art. Depuis les cabarets de Montmartre aux hangars désaffectés… ces collectif.ves interrogent plus largement les représentations et modèles politiques et culturels qu'ils incarnent.

Par architecture(s), il s’agit de parler ici de compositions performatives assemblant des objets à des gestes et des protocoles. La forme architecturale n’est plus l’objet bâti dans un contexte mais une « configuration » articulant, architecturant, une communauté, des objets et un ou des événements[1]. Pris dans le temps — celui de l’habiter, du rassemblement, de l’occupation — ces architectures font lieu(x). Plus ou moins éphémères, ceux-ci relèvent plus de l’espace public oppositionnel tel qu’Oskar Negt l’a formulé que de l’espace public au sens habermassien[2]. En effet, l’espace public oppositionnel ouvre à une lecture autre des phénomènes sociaux et des élaborations politiques qu’ils engagent. Il n’y a pas un espace public mais des espaces publics comme autant de situations composées et organisées, « architecturées » par le biais de gestes que les normes et lois contraignent et codifient. Les espaces publics oppositionnels prennent corps dans les espaces publics aménagés et formalisés. Les architectures oppositionnelles s’insèrent et prennent corps dans les interstices de la ville, ces latences, ces délaissés ou dans des moments culturels et sociaux intenses de tentatives destituantes (Pascal Nicolas Le Strat).

Ainsi, le concept d’espace public oppositionnel s’élabore avec et à travers l’expérience vivante avant que celle-ci ne se fige en des représentations abstraites. Faisant droit aux sensibles et à l’engagement (du) collectif, l’espace public oppositionnel pousse à une observation et à un travail engagé depuis les situations elles-mêmes, non dans une distance analytique impliquant des grilles préétablies. Il fait en premier lieu droit à l’expérience sensible, à l’expérience qui déroge aux répertoires convenus.

Les chercheur.euses et artistes qui appréhendent et travaillent dans et avec ce type d’expériences doivent inventer de nouveaux outils, modes de retranscriptions et peut-être d’autres manières d’en faire le récit et l’analyse.

Comment donner corps à l’intensité des expériences et à l’immatériel qui fondent ces lieux ? Comment les analyser et plus simplement les rendre lisibles ? Vouloir transcrire et traduire la rencontre entre pratiques sociales, espaces et objets constitutifs de ces architectures oppositionnelles imposent en effet de penser les formes : comment faire exposition et publication ? Quelles registres d’écriture (textuelles et plastiques) utiliser ? Autant de questions qui touchent autant l’artiste que la/le curateur.ice et l’éditeur.ice.

Ce colloque part de l’hypothèse que la proposition d’architectures oppositionnelles peut aider à lire et penser certaines de ces situations et lieux évoqués précédemment. Elle engage l’exigence de croiser les registres disciplinaires, épistémologiques et plastiques, ce pour donner corps et récits à ces lieux où se réinvente d’autres manières de faire (en-)commun. Dès lors, se sont d’autres pratiques artistiques, sociales et d’écriture qui se retrouvent et se cumulent pour faire exister une autre culture des précédents, ancrées et situées, assumant l’engagement des corps qui font avec de l’espace.

Cette notion d’architectures oppositionnelles, dans son assemblage conceptuel et sa polysémie, permet de mettre au travail les enjeux artistiques, épistémologiques et politiques qui se jouent au travers de ces lieux, pratiques et expériences qui reconfigurent temporairement l’institué avant d’y laisser traces matérielles et/ ou immatérielles.

Cette notion engage, en ce sens, des questionnements théoriques et méthodologiques qui doivent nous amener à reconsidérer certaines formes artistiques et modalités de recherche, chose que se propose de faire ce colloque. En effet, s’impose avec elle des approches situées qui ne peuvent faire fi du réel, appuyant l’émergence et le développement d’une épistémologie du point de vue et d’activités de création en prise avec les pratiques sociales et politiques contemporaines.

Par leur forme et modes d'existence, elles appellent à penser leurs modalités de documentation et de mise en récit. Au-delà, elles exigent aussi à penser comment donner corps et forme aux imaginaires qu’elles permettent de générer.

Le colloque se proposera d’adopter cette approche située en se concentrant sur :

  • Des propositions théoriques complétant, élargissant, déplaçant ou dépassant l’univers théorique interpellé.
  • Les enjeux esthétiques, éthiques et artistiques qu’ouvrent ces postures et travaux artistiques (art (en-)commun…) : place et engagements des publics et usagers, statut de la production, articulation entre des processus instituants et les formes…
  • Le rapport aux publics qu’elles instaurent et au-delà qu’elles permettent de faire émerger
  • Une exploration généalogique et critique des mouvements artistiques qui ont nourri les approches discutées : art in situ, art contextuel, architecture radicale, art-actions…
  • Le partage de certaines expériences politiques et artistiques récentes par le biais des interactions entre corps, objets, espaces.
  • Des propositions d’outils analytique d'œuvres et d’actions.
  • Une exploration critique de travaux et des œuvres d’artistes contemporains au prisme de leur interaction avec l’architecture, de l’espace public et des Communs.
  • Une réflexion sur la documentation et la mise en récit de ces expériences qui articulent configuration spatiale et plastiques, activités/ processus et enjeux éthico-politiques.
  • Une mise au travail des questions associées : rôle des autrices et auteurs, le statut de la signature (statut et reconnaissance), la place accordée dans les dispositifs à la réception (coopération et participation), forme de(s) reconstitution(s) à partir d'un matériau visible (document et "monument").

Notes

[1] « Les architectures sont le produit d’interactions […] elles sont aussi performatives en tant qu’ensemble de structures dans la mesure où elles configurent, identifient et exposent sujets, objets et événements [1] ». Ludger Schwarte, Philosophie de l’architecture, Zones, Paris,  2019, 404.

[2] Jürgen Habermas, L’espace public: archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Critique de la politique Payot (Paris: Payot, 1988).

Modalités de soumission

Les propositions de communications sont ouvertes à tou.te.s, aux chercheur.euse.s praticien.ne.s et acteur.ices de la société civile.

Certains frais de transports pourront être financés. Merci de le préciser dans le formulaire ci-joint si vous souhaitez bénéficier de cette aide en précisant sur quel trajet.

Pour participer, merci de fournir un dossier comprenant :

  • Le formulaire de participation (joint à ce PDF)
  • Une proposition de communication de 300 mots maximum, précisant en ouverture une approche et un axe thématique.
  • Une courte bibliographie.
  • Un CV de 2 pages maximum

Votre dossier de candidature complet sous forme d’un unique PDF (Formulaire + proposition de communication + CV associé) doit être envoyé avant

le mardi 1er novembre 2022

à l’adresse etienne.delprat@univ-rennes2.fr avec en objet : “Communication colloque AO, NOM prénom”

La sélection du programme se fera le jeudi 1er décembre 2022.

Le colloque aura lieu les 9 et 10 février à l'université Rennes 2.

Informations complétementaires

Pour toutes questions merci de contacter :

Responsable scientifique

  • Etienne Delprat

Comité scientifique

  • Abir Belaid
  • Etienne Delprat
  • Brice Giacalone
  • Marion Hohlfeldt
  • Benjamin Roux

Lieux

  • Campus Rennes 2, Place Recteur le Moal
    Rennes, France (35)

Dates

  • mardi 01 novembre 2022

Fichiers attachés

Mots-clés

  • arts plastiques, architectures, espaces publics, communs, design, représentations

Contacts

  • Etienne Delprat
    courriel : etienne [dot] delprat [at] univ-rennes2 [dot] fr

Source de l'information

  • Etienne Delprat
    courriel : etienne [dot] delprat [at] univ-rennes2 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Ar(t)chitectures oppositionnelles », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 27 septembre 2022, https://doi.org/10.58079/19ko

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