AccueilUne matrice diasporique à tisser : l’héritage des afrodescendantes aux Amériques

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Une matrice diasporique à tisser : l’héritage des afrodescendantes aux Amériques

Weaving the diasporic Matrix: the legacy of black women in the Americas

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Publié le lundi 10 octobre 2022

Résumé

Après de nombreuses luttes pour une meilleure inclusion des afrodescandantes aux Amériques, les années 2020 ont vu la promotion de femmes telles que Kamala harris, Ketanji Brown Jackson ou encore Karine Jean-Pierre à des postes de « pouvoir ». L’objectif de cette journée d'étude sera de mettre en lumière les efforts consentis par ces femmes pour se hisser à leur position, dans le monde du travail ou des arts, et d’examiner les circonstances qui ont favoriser leur ascension. Enfin, nous nous intérogerons sur la nature et la dynamique du lien qui les unit.

Annonce

Argumentaire

L’accession au pouvoir d’afrodescendantes a été à l’origine de puissants changements dans les Amériques. Pendant plusieurs siècles, ces représentantes de la Diaspora se sont battues pour obtenir leur liberté, le droit de voter, l’équité au travail, puis se sont employées à améliorer la condition socio-économique, culturelle et citoyenne de leurs communautés. En contribuant ainsi à la transformation progressive de la nation, elles ont investi le champ de la représentation et de l’action politique. Malgré l’adversité, cette union a relevé le défi d’un « humanisme révolutionnaire » (Lee, 2015) en tissant une toile inclusive intégrant d’autres femmes à la matrice du pouvoir. De nombreux exemples d’activisme et de solidarité émaillent ainsi l’histoire coloniale et postcoloniale des Amériques et révèlent la puissance de cette chaîne de transmission qui relie l’Afrique à la Grande Caraïbe et à l’Amérique continentale.

Les prémices de l’agentivité afro-diasporique féminine se manifestent d’abord au cours des luttes anti-esclavagistes. Parmi les noms des héroïnes les plus célèbres, on retiendra, à titre non exhaustif, ceux de la reine angolaise Nzinga Mbande, farouche adversaire des négriers portugais, de Victoria « Toya » Montou alliée de Dessalines pendant la révolution haïtienne, de la reine Nanny, symbole national de la résistance marronne en Jamaïque, de Lumina Sophie et la mulâtresse Solitude, très impliquées dans les insurrections déclarées en Martinique et en Guadeloupe, ou encore celui d’Harriet Tubman qui s’est battue toute sa vie pour offrir la liberté aux esclaves fugitifs d’Amérique du Nord, de Sojourner Truth et, plus près de nous, Rosa Parks et Angela Davis. Cette liste, qui pourrait s’allonger à l’envi, met en exergue l’exemplarité du combat pour la liberté et la dignité mené par les afrodescendantes aussi bien sur le sol africain que dans les nations d’Amérique. À défaut d’avoir pu renverser à elles seules le système biopolitique du « Nouveau Monde » (Kamugisha, 2019 : 166-200), toutes ces femmes ont directement, et considérablement, œuvré à la défense des droits et intérêts de leur communauté. Ce faisant, elles ont acquis leurs lettres de noblesse en montrant qu’il est toujours possible de tirer le meilleur parti de l’adversité en tissant avec la Diaspora une matrice de solidarité et de d’auto-détermination.

Ce n’est pas un hasard si un siècle après l’abolition de l’esclavage par la Grande-Bretagne, en 1933, Mary Mc Leod Bethune a créé le « Black cabinet », ancien « Conseil fédéral des Affaires Noires », dont l’un des accomplissements majeurs était de créer des opportunités d’emploi pour les Afro-Américains à une époque où ils y avaient difficilement accès. Plus récemment, en 2005, Condoleeza Rice, secrétaire d’Etat sous le gouvernement Bush, ou encore Loretta Lynch, procureur général sous le gouvernement Obama, ont fait la fierté des membres de leur communauté ethnique. On ne pourrait passer sous silence l’influence de Michelle Obama, première dame des Etats- Unis, tant sa carrière a été un modèle de solidité et de compétence sur le plan professionnel, dont elle a renforcé la crédibilité aux côtés de son époux, Barack. L’élection de Joe Biden comme Président des Etats-Unis semble aussi avoir joué un rôle de catalyseur dans la succession des nominations de femmes noires à des postes de pouvoir. Nous pensons en premier lieu à la vice-Présidente des États-Unis, Kamala Harris, de mère indienne et de père jamaïcain, à qui l’artiste cubaine-américaine Maria-Magdalena Campos-Pons a dédié sa performance When we gather, mais aussi à la martiniquaise Karine Jean-Pierre, porte-parole à la Maison Blanche, ou encore à Ketanji Onyika Brown Jackson, première femme noire nommée juge assesseur à la Cour Suprême en 2022.

Dans le champ des identités diasporiques, culture et politique sont intimement liées (Hall, 1990). De telles affinités font souvent écho aux problématiques d’artistes et écrivains engagés à la cause de l’agentivité féminine noire, comme le démontrent la plasticienne nord-américaine Kara Walker et la photographe-performeuse jamaïcaine Renée Cox, à travers leurs explorations radicales de la race, du genre et de la sexualité, ou encore d’illustres romancières comme, parmi tant d’autres, Jamaica Kincaid, Edwige Danticat, Maryse Condé et Simone Schwartz-Bart,  toutes issues de la diaspora caribéenne/américaine.

Le champ des arts et littératures semble particulièrement propice à générer de telles connexions, comme en témoigne le foisonnement de publications parues au cours des deux dernières décennies (Francis, 2016 ; Altamini et alii ; 2018, Célestine, 2020 ; etc.) dans lesquelles on retrouve de nombreux exemples de solidarité, voire de partenariat, entre les auteures de nationalités différentes. Si de telles avancées ont surtout vu le jour à partir des années 1950, on soulignera, toutefois, l’antériorité de traditions sororales telles que l’héritage tangible du patchwork, grâce auquel des solidarités de tous genres ont pu se tisser dès le 19ème siècle en Amérique du Nord, en vue de conserver la mémoire du lien décolonial et des luttes émancipatrices menées aux Amériques.

Une attention particulière envers les signes de solidarité diasporique assemblés au fil des âges constituera pourra donc être accordée à de telles jonctions. Elle formera, sans doute, la pierre de touche d’un édifice intellectuel à venir dont les fondations théoriques et pragmatiques entrent dans une dynamique projective. Les panélistes pourront, à cette intention, s’inspirer des pistes problématiques suivantes pour élaborer leur questionnement :

  • Comment ces femmes noires se sont- elles hissées à de telles positions ?
  • Quels sacrifices ont-elles consenti à faire pour y parvenir ?
  • Quelles sont la nature et la dynamique du lien qui les unit ?

Dans leur prolongement, notre conférence se propose d’analyser le parcours fascinant de ces femmes noires, afin de comprendre comment elles ont réussi à gravir les échelons d’une société souvent hostile à leur ascension, mais dont elles ont su maîtriser les codes pour mieux la conquérir.

Modalités de contribution

Les propositions de contributions, d’une vingtaine de minutes, devront parvenir sous forme d’abstract (400 mots maximum), à Dr. Nathalie Bouchaut et M. Yannick André

d’ici le 10 novembre 2022.

Une notification d’acceptation parviendra aux contributeurs le 25 novembre 2022. La conférence se tiendra à l’Université des Antilles, Pôle Guadeloupe le mardi 14 février 2023, en hommage au Black History Month. Pour tout renseignement complémentaire, merci d’adresser vos demandes à :

  • Dr. Nathalie Bouchaut, MCF : nathalie.bouchaut@univ-antilles.fr,
  • Yannick André, MCF-A : yannick.andre@univ-antilles.fr

Comité scientifique

  • Dr. Gladys Francis, Professeur en études Africaines, françaises et francophone, Howard University, USA.
  • Dr. Cheikh Nguirane, MCF en études Anglophones l’Université des Antilles.
  • Dr. Nathalie Bouchaut, MCF en études Anglophones à l’Université des Antilles.
  • M. Yannick andré, MCF-Associé, Etudes Anglophones à l’université des Antilles.
  • Mme Violeta Nigro- Giunta, ATER, Etudes Anglophones à l’Université des Antilles.

Bibliographie indicative 

Altamini, Manal, Tal Dor & Nacira Guénif-Souilamas, Rencontres radicales. Pour des dialogues féministes décoloniaux, Éditions Cambourakis, 2018.

Archer, Mélanie & Mariel Brown (dirs.), See Me Here. A Survey of Contemporary Self-portraits from the Caribbean,

Berry Ian (dir.), Narratives of a Negress, catalogue d’exposition, The Frances Young Tang Teaching Museum and Art Gallery at Skidmore College, Saratoga Springs, (18 janvier – 1 juin 2003), Boston, M.I.T. Press, 2003

Célestine, Audrey, Vies de combat : femmes, noires et libres, Paris, Editions de l’Iconoclaste, 2020.

Cooper Brittney, Eloquent Rage: A Black Feminist Discovers Her Superpower, St. Martin’s Press, 2018.

Dance, Daryl, Honey, Hush! An Anthology of African American Women's Humor, New York: W. W. Norton, 1998.

Davis, Angela, Women, Race and Class, 1981.

Davis, Angela, Blues et féminisme noir – Gertrude « Ma » Rainey, Bessy Smith et Billie Holliday, traduit de l’anglais (États-Unis) par Julien Bordier, Paris, Éditions Libertalia, 2017.

Elder, Charity C., Power. The rise of black women in America: how black women embody the American dream, defy and win, Skyhorse, 2022.

Fanon, Frantz, Peau noire, masques blancs, Paris Seuil, 1952.

Francis, Gladys M. (dir.), Amour, sexe, genre et trauma dans la Caraïbe francophone, Paris, L’Harmattan, 2016.

Hall, Stuart, « Cultural identity and diaspora », in Jonathan Rutherford (ed.), Identity, Community, Culture and Difference, Londres, Lawrence and Wishart, 1990, p. 222-237.

Hall, Stuart, « Diaspora or the logic of cultural translation », Matrizes, 10, 2016 [2000], n° 3, p. 47-58.

Hooks, Bell,

Jones, Martha S., How black women broke barriers, won the vote, and insisted on equality for all, basic books, 2020

Kamugisha, Aaron, Beyond Coloniality: Citizenship and Freedom in the Caribbean Intellectual Tradition, Indiana University Press, 2019.

Langer, Cassandra L., A Feminist Critique, New York, 1996.

Lee, Christopher J., Frantz Fanon: Toward a Revolutionary Humanism, Ohio University Press, 2015.

Vergne Philippe (dir.), Kara Walker: My Complement, My Enemy, My Oppressor, My Love, cat. expo, Walker Art Center, Minneapolis, (11 octobre 2007 – 3 février 2008), Minneapolis, Walker Art Center, 2007.

Lieux

  • Université des Antilles - Faculté Roger Toumson, Camp Jacob
    Saint-Claude, Guadeloupe (97120)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • jeudi 10 novembre 2022

Mots-clés

  • diaspora, black women, America, Gender studies, decolonial studies

Contacts

  • Nathalie Bouchaut
    courriel : nathalie [dot] bouchaut [at] univ-antilles [dot] fr
  • Yannick André
    courriel : yannick [dot] andre [at] univ-antilles [dot] fr

Source de l'information

  • Nathalie Bouchaut
    courriel : nathalie [dot] bouchaut [at] univ-antilles [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Une matrice diasporique à tisser : l’héritage des afrodescendantes aux Amériques », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 10 octobre 2022, https://doi.org/10.58079/19m4

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