HomeLes temps de transition
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Published on Wednesday, October 05, 2022

Abstract

Le deuxième volet des rencontres sur l’histoire de la gestion des ressources naturelles doit s’intéresser plus largement à la place qu’ont les ressources naturelles dans les rythmes de développement et d’évolution que l’on qualifie commodément de transition, mais qui recoupe des phénomènes complexes et très différents, au point d’en galvauder l’usage. Nous avons choisi d’ouvrir largement cette thématique dans le temps, sur l’holocène, incluant la protohistoire et les périodes historiques ; toutes les civilisations pourront être observées, même si l’Europe occidentale et les nords attireront davantage l’attention du comité scientifique.

Announcement

16-17 novembre 2023

Argumentaire

C’est un thème qui connait ces toutes dernières années un regain d’attention à l’échelle planétaire. Le Dictionnaire de la pensée écologique présente deux définitions de la « transition », reflet des débats actuels autour de ce terme. Le premier affirme la dimension téléologique de la transition écologique, comme avenir inéluctable si l’humanité veut échapper au chaos des dérèglements qu’elle a déclenchés. Le second replace la transition dans le champ des sciences humaines, comme outil d’analyse de mécanismes de tous ordres (démographie, politique, économie...) avec des étapes et des champs d’application. La transition est une modification structurelle profonde des modes de production et de consommation des ressources naturelles. Elle est considérée aujourd’hui essentiellement à travers la consommation des énergies, comme les débats nationaux décentralisés à la suite du Grenelle de l’environnement l’ont montré dans les années 2010. En cela, elle ne constitue qu’un des volets de la transition écologique, concept élaboré par Rob Hopkins. L’idée de « transition énergétique » est apparue au milieu des années 1970 pour atténuer l’impact psychologique de la « crise énergétique » de la fin annoncée des énergies fossiles et proposer une alternative pour préserver la croissance économique. Dire « transition » plutôt que « crise » rend le futur moins anxiogène tout en donnant l’impression d’une gestion maîtrisée des changements qui s’imposent. Jean-Baptiste Fressoz rappelle toutefois qu’« il n’y a en fait jamais eu de transition énergétique... L’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais celle d’additions successives de nouvelles sources d’énergie primaire. L’erreur de perspective tient à la confusion entre relatif et absolu, entre local et global». Pour se libérer de l’idée de transition, l’histoire de l’énergie doit abandonner ses terrains classiques et étudier les situations historiques passées, où des sociétés ont été contraintes de modifier leur consommation de ressources. Car c’est aussi les préoccupations liées à l’accès à l’eau potable et, dans les industries de hautes technologies, aux métaux rares, ce qui d’ailleurs hypothèque déjà les nouvelles économies et les sociétés d’avenir. La transition se fait crise de civilisation suscitant deux réactions opposées, la quête du monde d’avant ou la fuite en avant sans se préoccuper de ce que sera l’existence des générations futures.

Ce deuxième volet des rencontres « Sociétés-Environnement » doit s’intéresser plus largement à la place qu’ont les ressources naturelles dans ces rythmes de développement et d’évolution. Nous avons choisi d’ouvrir largement cette thématique dans le temps, sur l’holocène, incluant donc la protohistoire et les périodes historiques ; toutes les civilisations pourront être observées, même si l’Europe occidentale et les nords attireront davantage l’attention du comité scientifique.

Trois grands axes encadrent les réflexions qui peuvent être proposées :

  1. Il y a indéniablement un problème de définition de l’objet dont le sens moderne ne convient certainement pas aux situations passées. À travers les sources historiques, mais aussi la perception du phénomène que peut nous donner à voir les analyses archéologiques de l’emprise sur les ressources, il est nécessaire de définir pour chaque période, les limites d’usage de la notion. Doivent être questionnés également les sens compris par différentes sciences qui investissent ce champ d’étude. Qu’est-ce que la transition ? Y a-t-il une définition légitime des historiens, des géographes, des économistes, des écologistes ?

  2. La temporalité des transitions se discute aussi. Les transitions sont à l’échelle de civilisations, mais aussi durant leurs histoires. Elles accompagnent leur émergence ou provoquent leur disparition. Il y a toute une typologie de transitions caractérisée par la durée et l’emprise du phénomène : trends/ruptures majeures, événement/mouvement lent. En économie, la transition est une « substance philosophique » qui fait toujours appel à la notion de temps long. C’est un phénomène doux, sinon on parle de crise. Quels sont les rythmes ? À quelle vitesse ? Est-ce toujours une situation irréversible ? La transition dans l’exploitation des ressources naturelles se pense souvent en termes d’érosion, d’épuisement de la ressource jusqu’à sa disparition. C’est en tout cas un phénomène non-naturel, lié à la forte anthropisation du milieu. C’est également un phénomène dynamique défini par un état initial et un état final. Que se passe-t-il entre les deux ? Il faut chercher un état de référence, ce qui est presque impossible tant les synergies sont multiples (mono-exploitation ou, plus souvent, corpus de ressources naturelles), emboîtent les temporalités, dans un système co-évolutif.

  3. C’est enfin la prise de conscience du changement par les sociétés qu’il faut questionner. On a trop vite fait de parler de crise, voire de résilience, en plaquant des concepts développés assez récemment dans l’histoire humaine et dans la pensée économique. Mais comment sont perçues (ou pas du tout) des modifications dans l’exploitation des ressources et leur épuisement ? Les sociétés sont-elles actrices de ces changements ou bien tout est laissé à l’initiative du pouvoir ? Les réponses politiques et les réponses sociales sont-elles consécutives ou simultanées ? La première lecture des temps de transitions est péjorative. Elle est nourrie par un affect intimement lié à la culture qui la subit. Car l’exploitation d’une ressource naturelle comporte bien sûr une valeur économique (hiérarchie de richesse), mais aussi une valeur politique (capacité de contraindre et de discriminer dans les communautés) et sociale (représentation, prestige, distinction sociale, interdit religieux...)

    Paradoxalement, l’épuisement des ressources ne signifie pas affaiblissement d’une économie ; et un développement économique peut être lié à l’extinction d’une ressource. Car les innovations techniques permettent un accès aux ressources, en accélère l’exploitation, mais l’épuise rapidement...

Une grande transition ne peut pas être analysée de la même manière selon les échelles de temps considérées (préhistoire, protohistoire et histoire) et le degré de précision des données et des datations. Lorsque nous comparons les différentes périodes, non seulement la temporalité interroge les terminologies attachées à la « grande transition », mais elle questionne aussi les différentes méthodologies que nous mettons en œuvre.

Les discussions doivent permettre d’ouvrir le dialogue interdisciplinaire entre historiens, archéologues, géographes, mais également écologues, économistes et juristes échangeant les approches et la sémantique, les protocoles de recherche et les questions.

Modalités de soumission

Les propositions de communications et de posters devront comporter un titre court et suggestif, 5 mots- clés et un argumentaire (3000 signes espaces comprises présentés en une page sous fichier word de préférence, ou pdf), jalonné éventuellement par quelques intertitres courts et explicites. L'auteur doit indiquer ses coordonnées (courriel, téléphone, coordonnées postales) et son établissement ou laboratoire de rattachement.

Ces propositions sont à adresser à fabrice.guizard@uphf.fr en précisant l’objet Temps de Transition 

au plus tard le 31 mars 2023.

Les auteurs seront avisés du résultat des délibérations à la fin du mois de février 2023. Des précisions seront alors données sur l'organisation matérielle du colloque. Les rencontres ne prennent en charge que l’hébergement et la restauration des communicants (si plusieurs auteurs, un seul par communication). 

Les communications d’une durée de 20 mn maximum et les posters présentés en session seront publiés, après avis du comité scientifique, au premier semestre 2024. Il conviendra donc de respecter scrupuleusement les normes éditoriales et la date ultime de remise des manuscrits. Il est demandé aux auteurs de proposer une première version de l’article avant les rencontres (30000 signes environ) ; la date limite de remise de la version finale est fixée au 31 décembre 2023. 

Comité scientifique

  • Adrien Bayard (Université d’Artois)
  • Corinne Beck (UPHF)
  • Jérome Buridant (Université de Picardie Jules Verne)
  • Fulgence Delleaux (Université de Namur)
  • Anne Fournier (Université Gustave Eiffel Marne-la-Vallée)
  • Marc Galochet (UPHF)
  • Fabrice Guizard (UPHF)
  • Patrice Herbin (Service Archéologie et Patrimoine du Département du Nord)
  • Pierre-Gil Salvador (Université de Lille)

Places

  • Campus Les tertiales - Rue des cent têtes
    Valenciennes, France (59)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Friday, March 31, 2023

Keywords

  • transition, énergie, ressource naturelle, histoire, monde

Contact(s)

  • Fabrice Guizard
    courriel : fabrice [dot] guizard [at] uphf [dot] fr

Information source

  • Fabrice Guizard
    courriel : fabrice [dot] guizard [at] uphf [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Les temps de transition », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, October 05, 2022, https://doi.org/10.58079/19n4

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