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Guerre et paix dans les États de Savoie
Approche institutionnelle - XVe-XIXe siècles
Published on Tuesday, October 11, 2022
Abstract
L’objectif de ce colloque est de parvenir à mieux cerner l’organisation des institutions militaires et diplomatiques au sein des États de Savoie, évaluer leur progressive transformation, les liens qu’elles entretiennent entre elles, et comprendre comment elles ont été utilisées au service de leur politique européenne.
Announcement
Présentation
« Elle a tout d’une grande » : voilà ce qu’on aurait pu dire de manière synthétique au XVIIIe siècle de cette jeune monarchie installée au cœur de l’Europe ; c’est en 1713 en effet que le duc de Savoie a acquis le titre royal en même temps que la souveraineté sur la Sicile, échangée ensuite contre la Sardaigne en 1720.
Or, les ambitions de ce petit royaume ne sont guère dissimulées, et inversement proportionnelles à sa taille modeste et sa récente élévation politique. Le roi Victor Amédée II en trace ainsi les lignes directrices qu’il résume en une formule : « grandir son État dans l’Europe, et son propre pouvoir dans l’État ». Pour cela, il dispose de deux moyens qu’il dévoile dans sa préface des Royales Constitutions de 1723 : « Les armes et les lois ont toujours été les deux pôles immuables sur lesquels est fondé le bon règlement des Empires et des Royaumes ».
Pour ce qui est des lois, la question a déjà été abordée, notamment par des historiens du droit, à l’occasion de plusieurs colloques du PRIDAES. En ce qui concerne les armes en revanche de nombreux champs restent à explorer ; les moyens militaires en particulier, au sens de l’organisation institutionnelle de l’armée demeurent largement inconnus.
Sans doute, l’arme principale de l’État piémontais est-peut-être sa position géographique qui est déjà en soi une « destination politique » (Valsecchi) : situé à cheval sur les Alpes et désormais ouvert sur la mer, placé aussi entre la France et l’Autriche, il en subit la pression mais joue également un rôle d’équilibre entre leurs influences respectives. Ainsi, sa diplomatie habile lui permet de tirer son épingle du jeu européen.
Pour servir les orientations de sa diplomatie, cet État « tiré au cordeau », cet « État militaire » (Bianchi, Merlotti) dont l’organisation est comparée par certains observateurs à celle d’une caserne (Loriga), va s’efforcer de développer une institution militaire lui permettant de tenir son rang dans les relations internationales de l’Europe moderne et contemporaine. La guerre est aussi le moyen d’accroître le territoire de l’État, et toute l’histoire des États de Savoie est celle d’avancées et de reculs territoriaux, de l’acquisition progressive de nouveaux territoires, de la perte de quelques-uns et parfois de leur reconquête.
La vocation militaire devient ainsi l’un des aspects les plus caractéristiques des États de Savoie (Hanlon). Mais il n’y a pas de guerre sans diplomatie et les États des premiers temps modernes perfectionnent leurs relations moyennant le développement de la diplomatie (Bély). En effet, s’inscrivant dans une longue alternance entre guerre et paix, la diplomatie devient un moyen naturel de la politique internationale (Bonanate). Pour autant, le « moment diplomatique » ne se limite pas aux seul « traité de paix » ; il est présent dans un ensemble plus large qui concerne presque toutes les activités humaines : droit, économie, techniques, armements, culture, rapports familiaux, religion.
La diplomatie est au cœur de l’activité des Etats de Savoie et, dès le XVIe siècle, elle joue un rôle fondateur dans le développement des institutions étatiques. En effet, on multiplie d’une part des sièges diplomatiques permanents et les plénipotentiaires savoisiens participent aux plus importants des événements diplomatiques des temps modernes ; d’autre part, à Turin, apparaissent des institutions capables de seconder le souverain dans la construction de sa politique extérieure, des règles qui la régissent, y compris le cérémonial diplomatique.
L’objectif de ce colloque est de parvenir à mieux cerner l’organisation des institution militaires et diplomatiques au sein des États de Savoie, évaluer leur progressive transformation, les liens qu’elles entretiennent entre elles, et comprendre comment elles ont été utilisées au service de leur politique européenne.
Les thèmes abordés par ce colloque pourront être les suivants, avec une attention particulière pour l’aspect institutionnel, mais pouvant s’étendre aussi à la dimension sociale et économique des conflits, de la diplomatie et de leurs conséquences.
La place de la guerre dans l’organisation du gouvernement ducal puis royal : Secrétariat à la guerre (et sous-secrétariats), administration militaire (gouverneurs, auditorat de guerre, uffico del soldo), institutions diplomatiques (Secrétariat aux affaires étrangères) alliances militaires, relations militaires avec les États voisins.
L’institution et la représentation diplomatiques : institutions diplomatiques (bureaux), architecture, urbanisme, cérémonial diplomatique, passage du « parfait ambassadeur » au droit des gens, négociation des traités.
Le financement de la guerre : dépenses militaires, finances extraordinaires, fiscalité de guerre, donatifs, trésorier de guerre, rapport avec le budget de l’Etat.
Le recrutement : constitution de l’armée, assise féodale, contribution des villes et des communautés d’habitants, recrutement territorial, régiments territoriaux, milices locales, enrôlement, exemptions et dispenses, mercenaires, religionnaires, conscription.
L’organisation de l’armée : effectifs, logement, casernes, cantonnement, équipement, uniformes, armement (et fabrication d’armes), instruction, entraînement et exercices militaires, étapes, approvisionnement, hiérarchie, grades militaires, solde, discipline militaire, désertion, trahison, justice militaire (auditeurs de guerre).
Les militaires : condottieri, officiers, noblesse d’épée, élites, carrières militaires, métier des armes, professionnalisation, écoles militaires (Regia Accademia militare, Écoles d’artillerie, du génie), officiers étrangers ; sur le plan des idées, fidélité dynastique, vocation guerrière ou esprit militaire des sujets des États de Savoie.
Les corps d’armée : infanterie, cavalerie, artillerie, marine (galères), génie militaire (ingénieurs militaires), gendarmerie (carabiniers), bersagliers.
La défense : fortifications, places-fortes, équipements stratégiques, Azienda d’artillerie et fortifications, routes militaires, surveillance des frontières et des côtes, constructions militaires ou destructions militaires imposées par l’ennemi.
Les effets de la guerre : occupations, tributs, amputations territoriales, conséquences économiques et sociales des occupations militaires, subsides, réquisitions, logement de troupes, violences sur les populations civiles (pillages), mouvements de population, évacuation, exil, hôpitaux militaires, assistance aux victimes militaires et civiles, cimetières militaires, traitement de l’ennemi, sort des prisonniers.
La négociation de la paix : diplomatie, diplomates, intermédiaires étrangers, traités de paix, maintien de la paix, contrôle des frontières.
La mémoire et la symbolique de la guerre : littérature militaire, récits de batailles, iconographie, drapeaux, décorations, distinctions, monuments, commémorations, célébration de la victoire ou de la défaite, défilés, places d’armes, lieux de mémoire.
Programme
Jeudi 27 octobre
Session 1 (matinée) : « Éviter la guerre et faire la paix »
- 10h00 : Louis DE CARBONNIERES (Université de Lille, IHD), Un hommage bien embarrassant : les péripéties juridiques de l’hommage des marquis de Saluces devant le parlement de Paris au XIVe siècle.
- 10h20 : Pierpaolo BONACINI (Université de Modène et Reggio Emilia), Lo spazio politico-militare sabaudo e la sua influenza sugli stati italiani in età moderna. L’esempio del ducato estense.
- 10h40 : Andrea PENNINI (Université de Turin), Anastasio Germonio. Teoria e prassi diplomatica al servizio di Carlo Emanuele I.
11h00 : Discussion
11h20 : Pause-café
- 11h40 : Alexandre RUELLE (Cergy Paris Université, AGORA), Sortir de la guerre et faire la paix grâce aux intermédiaires étrangers. Une diplomatie de la nécessité pour une maison de second rang ?
- 12h00 : Giuseppina DE GIUDICI (Université de Cagliari), Per una libera navigazione nel Mediterraneo : il progetto di una « perpetua e duratura pace » con le reggenze barbaresche nell’ambito della politica sabauda (1771-1786).
- 12h20 : Paola CASANA (Université de Turin), Gouvernement, Parlement et diplomatie pendant la deuxième guerre d'indépendance.
12h40 : Discussion
13h00 : Pause déjeuner (sur place)
Session 2 (après-midi) : « Théories et pratiques de la guerre »
- 14h00 : Roberto BIOLZI (Université de Lausanne), Les armées savoyardes au XVe siècle : entre modernité et retard technologique.
- 14h20 : Julien ALERINI (Université Paris 1 Sorbonne, IHMC), Ce que la guerre fait à l’État : la logistique du portier des Alpes.
- 14h40 : Renaud FAGET, (Université Paris 1 Sorbonne, IHRF/IHMC), La pensée militaire piémontaise de la seconde moitié du XVIIIe siècle : une contribution à la révolution du commandement ?
- 15h00 : Ida FERRERO, Matteo ARROTTA (Université de Turin), Les forts de l’Esseillon, témoins muets des relations entre le Royaume de Sardaigne et la France.
- 15h20 : Olivier VERNIER (Université Côte d’Azur, ERMES), « Servir le Prince et ses États par le glaive » : des ordres chevaleresques aux médailles militaires dans les États de Savoie (XVe -XIXe siècles).
15h40 : Discussion
16h10 : Pause- café
- 16h30 : Bénédicte DECOURT-HOLLENDER (Université Côte d’Azur, ERMES), Les communautés du Comté de Nice dans la guerre (XVIIe-XVIIIe siècles).
- 16h50 : Pierre-Olivier CHAUMET (Université Paris VIII, CRJP8), La prise du château de Nice sous la guerre de succession d’Espagne : enjeu de souveraineté entre les Maisons de France et de Savoie.
- 17h10 : Gilles-Renaud CANDELA (Aix-Marseille Université, TELEMME), Les conséquences de l’occupation du Comté de Nice par l’armée d’Italie (1792-1796).
17h30 Discussion
17h50 - Clôture de la première journée
Vendredi 28 octobre
9h00 : Accueil des participants
Session 3 (matinée) : « Guerre et institutions militaires »
- 9h20 : Florentin BRIFFAZ (Université Lumière Lyon II, CIHAM), Noblesse et service en armes dans les États de Savoie. Enquête sur les baillis au temps d’Amédée VIII de Savoie (années 1390-1430).
- 9h40 : Pierre BRUGNON (Université d’Avignon, CIHAM), Sylvain MACHERAT (Archives municipales d’Annecy), Le duc de Savoie, sa noblesse et ses officiers en guerre. Baillis, maréchaux ou lieutenant général : quels rôles ? (1430-1450).
- 10h00 : Alessandro CELI (Université de la Vallée d'Aoste), Créer une armée pour défendre une fidélité : l’organisation des bataillons du Duché d’Aoste en 1536.
- 10h20 : Laurent PERRILLAT (Université Grenoble, LLSETI-USMB), Messieurs les officiers des guerres : l’administration des armées en Savoie aux XVIe-XVIIe siècles.
10h40 : Discussion
11h00 : Pause-café
- 11h20 : Marc ORTOLANI (Université Côte d’Azur, ERMES), L’institution des milices pour la défense du comté de Nice (1792-1794).
- 11h40 : Anastasia TSAGKARAKI (Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes), Militaires du Royaume de Sardaigne luttant pour l’indépendance de la Grèce en 1821 : des romantiques de la liberté ou des expatriés persécutés ?
- 12h00 : Alessandro CROSETTI (Université de Turin), Profili evolutivi dell’organizzazione amministrativa militare negli Stati sabaudi (sec. XV-XIX).
12h20 : Discussion
12h40 : Pause déjeuner (sur place)
Session 4 (après-midi) : « Les guerres et leurs conséquences »
- 14h00 : Valentin GRANDCLAUDE (Universités du Québec et Rennes 2, TEMPORA), De la concertation négociée à la coopération imposée : discipline militaire et dialogue politique dans la Savoie des guerres d’Italie (v. 1500-1559).
- 14h20 : Mario RIBERI (Université de Turin), Une justice d'exception dans le Piémont napoléonien. La Commission militaire et le Tribunal criminel et spécial de Turin.
- 14h40 : Ferruccio MARADEI (Université de Catanzaro), Dal Regno di Sardegna al Regno d’Italia : i codici penali militari fra continuità e discontinuità (XIX sec.).
- 15h00 : Matteo TRAVERSO (Université de Turin), Le procès du général Ramorino et la justice militaire entre les deux premières guerres d’indépendance italiennes.
15h20 : Discussion
15h40 : Pause- café
- 16h10 : Francesco AIMERITO (Université du Piémont Oriental), La guerre et ses conséquences en droit dans les États de Savoie au temps des guerres d’Italie.
- 16h30 : Henri-Louis BOTTIN (Université Côte d’Azur, ERMES), Conséquences de la guerre et nécessités de défense : les institutions municipales niçoises au service de la protection de la ville et de la Provence orientale au milieu du XVe siècle.
- 16h50 : Karine DEHARBE (Université Côte d’Azur, ERMES), Un surprenant effet de la guerre sous la Révolution française : la révélation de la multiplicité de la notion de Patrimoine.
- 17h10 : Julien CONTES (Université Côte d’Azur, CMMC), Une lutte pour l’information : bulletins officiels et travail journalistique dans les États sardes lors de la première guerre d’indépendance italienne (1848-1849).
17h30 : Discussion
17h50 : Clôture du colloque
Subjects
- History (Main category)
- Society > Law > Legal history
Places
- MSHS-25 Av. François Mitterrand
Nice, France (06)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Thursday, October 27, 2022
- Friday, October 28, 2022
Attached files
Keywords
- institution militaire, États de Savoie
Contact(s)
- Amale Ziad
courriel : ermes [at] univ-cotedazur [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Amale Ziad
courriel : ermes [at] univ-cotedazur [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Guerre et paix dans les États de Savoie », Conference, symposium, Calenda, Published on Tuesday, October 11, 2022, https://doi.org/10.58079/19nu