Identité(s) disséquée(s)
Composer, recomposer et décomposer les identités en Histoire
Published on Thursday, November 03, 2022
Abstract
Loin d’être un donné fini ou évolutif, l’identité apparaît avant toute chose comme une catégorie d’analyse permettant à l’historien d’affiner son regard sur ses objets d’étude. De plus, si l’identité est souvent brandie au singulier, sa formation même en fait un objet multiple. Il n’y a jamais une seule identité mais des identités, plurielles, qui se conjoignent, parfois fusionnent, parfois s’opposent. Les doctorants de l’école doctorale 188 « Histoire moderne et contemporaine » proposent d’explorer les capacités heuristiques du concept d’identité.
Announcement
Argumentaire
Les doctorants de l’ED 188 « Histoire moderne et contemporaine » proposent d’explorer les capacités heuristiques du concept d’identité le 15 avril 2023 au cours d’une journée d’études pour les jeunes chercheurs. Cet événement répond à l’intérêt pour cette notion au cœur des débats publics et dans les travaux de recherche comme objet d’étude et comme outil d’analyse historique opératoire et ce malgré sa polysémie fondamentale. On dénombre en effet cinq « nuances de sens » pour ce terme : « la similitude, l’unité, l’identité personnelle, l’identité culturelle et la propension à l’identification »[1]. Chacune de ces définitions se construit au travers d’une dialectique complexe entre « catégorisation et auto appréhension » des individus au sein de la société[2] : loin d’être réifiée et immuable, l’identité apparaît comme le résultat de processus simultanés laissant une place aux trajectoires et aux choix individuels, permettant d’analyser les relations entre individus et société.
Le concept d’identité ressurgit chez les philosophes avant de prendre son essor autour des années 1950 dans les études de psychologie, d’anthropologie, de sociologie et de sciences politiques[3]. Se dégagent alors deux types généraux de recherches qui font leurs implants en histoire. Le premier repose sur une analyse structurelle de l’identité comme caractère immuable, en particulier l’identité ethnique[4], et plus généralement de l’identité socio-politique (comme le sentiment national ou les revendications identitaires des minorités). L’identité est alors analysée comme faisant partie d’un tout collectif avant de relever d’un individu et de sa propre expérience. Le second s’intéresse au caractère mouvant de l’identité en fonction de l’espace, du temps et de la situation sociale, notamment à sa dimension construite[5]. Cet axe contribue au succès du terme « identité » comme outil d’analyse des sociétés. D’une part, les connexions entre les travaux d’Erik Erikson, psychanalyste et psychologue germano-américain, et ceux des anthropologues qui l’étudient se concentrent sur les liens entre la construction de la personnalité d’un individu et les interactions sociales. Dès lors, ce terme permet « le réexamen des relations entre l’individu et la société »[6]. D’autre part, le terme d’identité est analysé en lui-même pour comprendre la construction des identités, non seulement individuelles mais également collectives, ayant lieu au cours des interactions sociales. L’identité s’élabore alors comme le résultat entre ce que projette le regard d’autrui sur un individu et ce que cet individu appréhende de sa situation et de la continuité de lui-même à un moment donné de son histoire.
Finalement, le terme d’« identité » s’impose dans les recherches historiques dès les années 1970 en posant un triple problème à l’historien. Le premier est d’identifier et exploiter la documentation disponible pour saisir la construction individuelle et collective de l’identité. L’étude de l’identité en sociologie reposant au départ sur des sources orales, son application en histoire semblerait alors l’apanage de l’histoire contemporaine ; pourtant de nombreuses autres sources permettent sa reconstruction pour des périodes antérieures, depuis la catégorisation officielle et administrative jusqu’aux sources du for privé. Ensuite, il convient de limiter le risque de réduire l’identité aux groupes uniquement sans s’intéresser aux individus et d’essentialiser cette identité comme unique et uniformément partagée au sein de ce groupe, alors que sa perception et sa conception sont souvent bien plus complexes et multiples. En rester, par exemple, à la catégorisation en groupes sociaux (les bourgeois, les ouvriers, les nobles, les femmes etc.) sans descendre au niveau de l’individu et sans tenir compte des multiples trajectoires individuelles, empêcherait, d’une part, de questionner l’identité du groupe. D’autre part, cela aurait pour conséquence d’uniformiser les vécus et les représentations[7]. Enfin, le troisième écueil serait de manier un concept qui s’inscrit de plus en plus au cœur des débats politiques du temps, ce qui est encore valable aujourd’hui, en le détachant de son contexte d’usage et de son éventuelle instrumentalisation.
Le « tournant critique » de la fin du vingtième siècle déplace l’usage du concept d’une utilisation essentiellement ethnique vers une définition et une analyse des phénomènes de civilisation. L’ouvrage de Fernand Braudel L’identité de la France, paru en 1986, en témoigne[8]. Le concept d’identité bénéficie en cela de deux évolutions historiographiques, d’une part, celle des questionnements de l’histoire des représentations et d’autre part, celle de l’essor de la microhistoire[9]. La première interroge le degré de conscience qu’ont les individus de leur appartenance à un groupe social. La notion « d’appartenance » est alors davantage questionnée par les historiens, l’identité relevant plus du psychique que de l’arène publique[10]. La seconde permet d’ancrer la recherche historique dans la même direction. En effet, l’analyse des identités sociales passe par les individus, non plus uniquement par les groupes. Dans les deux cas, la notion d’identité permet d’interroger avec pertinence l’articulation entre la perception de soi et l’inclusion dans un groupe social plus ou moins large, aux contours plus ou moins nets[11].
Dans cette continuité, nous interrogeons aujourd’hui ce terme tout en rendant compte d’une démarche réflexive quant à son analyse : loin d’être un donné fini ou évolutif, l’identité apparaît avant toute chose comme une catégorie d’analyse permettant à l’historien d’affiner son regard sur ses objets d’étude[12]. De plus, si l’identité est souvent brandie au singulier, sa formation même en fait un objet multiple. Il n’y a jamais une seule identité mais des identités, plurielles, qui se conjoignent, parfois fusionnent, parfois s’opposent. Pour Kathleen Wilson, par exemple, l’identité apparaît comme le résultat entre deux positions, l’une assignée, l’autre où on se place soi-même au sein des réseaux sociaux[13]. Andrew Fisher et Matthew O’Hara précisent quant à eux que les recherches historiques doivent centrer l’étude de l’identité en saisissant la simultanéité de deux processus, la catégorisation et l’autoappréhension[14]. L’identité apparaît ainsi comme un formidable outil pour saisir la capacité ou la puissance d’agir (agency) des acteurs sociaux historiques, en particulier dans les rapports de pouvoir dans lesquels ils sont pris [15].
Si depuis le début des années 2000, le concept d’identités est remis en question pour les limites parfois trop globales qu’il impose à l’analyse historique[16], il semble toutefois intéressant et pertinent de réfléchir aux apports en termes d’outils et d’interprétations qu’il fournit à l’historien.
Axes thématiques
1- Identités : construction, représentation, et revendication
L’idée que les individus ou les groupes disposent d’une identité, ou de plusieurs, propres et caractérisables semble souvent aller de soi : ils sont distinguables à un instant T de l’histoire par leurs traces et leurs actions singulières, ils existent de façon identifiable dans la trame historique[17]. Mais ces entités ont-elles cette même conscience d’elles-mêmes à cet instant de l’histoire que l’historien qui les contemple ? Rien n’est moins sûr. La façon dont se perçoivent et se définissent les individus et les sociétés du passé, demeure un angle de réflexion indispensable de la réflexion historique. Il convient alors de se poser précisément la question de la façon spécifique dont les sujets étudiés se perçoivent et se caractérisent eux-mêmes, mais également de la caractérisation qui leur est attribuée. Quels sont les modalités et les objets, les représentations et les argumentaires permettant de tracer les contours d’une identité face aux autres ? Face à ces « autres », la question de l’identité s’épaissit encore. Elle peut passer de la simple conscience de soi, un peu passive et difficile à saisir, à l’affirmation active, voire politique de son existence. Se dessine en arrière-plan la question des relations de pouvoir(s) : les identités sont ce qui permet de se définir, soi et les siens, par rapport aux autres ou de définir les autres par rapport à soi et aux siens, dans un jeu de regards réciproques. D’un point de vue légal mais aussi institutionnel, elles sont aussi ce qui permet de définir un individu, un groupe. Les identités, comprises parfois dans l’intersectionnalité, peuvent alors devenir support et sujet de revendications, qu’elles soient portées par des individus ou par des entités collectives. Les identités peuvent alors se transformer en étendards que l’analyse historique se doit de remettre en perspective.
2- Jouer avec ses identités
En effet, se contenter de considérer l’identité comme ayant une voix seule pour l’individu ou le groupe étudié, c’est risquer de faire disparaître sa dimension à la fois plurielle et sélective. Loin d’être unilatérale, l’identité se révèle à la lumière des trajectoires historiques comme autant de stratifications, de facettes différentes ajustées les unes avec les autres au cours d’un temps plus ou moins long, avec lesquelles les individus et les groupes sociaux jouent au gré des circonstances pour assurer leur reconnaissance symbolique ou matérielle. Véritable outil du quotidien, qu’il soit légal, institutionnel ou perçu par soi et les autres, l’identité apparaît alors comme une représentation complexe et protéiforme du soi, dont on choisit de mettre en avant un aspect plutôt qu’un autre en fonction des circonstances, des besoins et des stratégies. L’identité doit alors être entendue comme un objet et un support de négociations placés au cœur de stratégies d’acteurs diverses et complexes. Le choix de mettre en avant ou, au contraire, de dissimuler une ou plusieurs des facettes de son identité est souvent révélateur des relations entre acteurs. Il traduit la capacité de ceux-ci d’influer sur les rapports de pouvoir dans lesquels ils sont pris et la façon dont la notion d’identité se joue et se rejoue tant pour soi que face aux autres, tout au long de l’existence.
3- Trajectoires d’identités
Car si l’identité prise à un moment choisi du déroulement historique semble parfois un donné figé dans le temps, une forme de certitude sociale individuelle ou collective, toute la complexité du concept et de sa perception repose sur sa malléabilité[18]. Fluctuante dans le temps et en fonction des rapports sociaux, les identités individuelles comme collectives s’inscrivent au sein des trajectoires de vie comme autant de processus[19] dont la construction est sans cesse renouvelée au gré des expériences et des conjectures. Les identités changent et varient, se renforcent, se modifient, se dissolvent parfois, façonnées par les individus. Tout l’enjeu pour l’historien est de parvenir à saisir ces processus évolutifs afin d’en rendre compte, d’en montrer les ressorts et les temps forts, les perceptions et les représentations afin de mettre en valeur leur caractère perpétuellement dynamique.
4- Reconstruire l’identité : enjeux de méthode et de mémoire
Si les identités se reconstruisent tout au long des trajectoires de vie des individus et des collectivités, leurs recompositions ne s’arrêtent pas nécessairement avec la disparition de leurs porteurs. Au contraire, leurs représentations et les événements qui les ont marquées peuvent devenir autant de lieux de mémoire et d’héritages autour desquels elles vont se perpétuer ou alors entraîner la construction et la fédération de nouvelles identités. Souvenirs, devoir de mémoire, réinterprétations individuelles et collectives perpétuent l’image de ces identités, parfois les recréer, prolongeant ainsi leurs influences et leurs évolutions. La relecture de ces identités est un processus essentiel, bien connu des chercheurs de l’histoire politique, familiale ou culturelle, au cours duquel le passé se trouve réinterprété dans le présent pour lui donner de la légitimité, du poids et de l’épaisseur. Pourtant, loin de s’arrêter seulement à des perspectives sociales ou politiques, la reconstruction de l’identité fait surtout partie de la méthodologie essentielle de l’historien. L’identité, singulière ou plurielle, n’est alors qu’un outil de catégorisation, mais un outil fondamental, pour appréhender de façon cohérente des événements et des trajectoires, individuelles comme collectives, appartenant au passé. Il est donc possible d’élargir cette dimension recomposée de l’identité en proposant un retour réflexif sur le travail même de l’historien, qui en retraçant les trajectoires individuelles et collectives de ses objets d’études, en procédant à leur catégorisation et à leur analyse détaillée, en enquêtant sur leurs actions, leurs discours, leurs représentations, participe à cette dynamique de définition et de redéfinition de l’identité, espérant par son regard objectif et scientifique se rapprocher au plus près de la réalité des perceptions et du vécu de ces identités plurielles.
Modalités de soumission
Les propositions (rédigées en français, éventuellement en anglais, de 2.000 caractères maximum, espaces compris) et une notice autobiographique sont à envoyer par courriel à l’adresse suivante : doctorants.ed2@gmail.com
avant le 05/12/2022
Les auteurs des propositions retenues seront informés avant le 15/01/2023. Rapidement après la journée d’étude, les communications feront l’objet d’une publication dans un numéro spécial de la revue électronique Enquêtes.
Comité scientifique (Sorbonne-Université)
- Arnaud Houte (professeur d’histoire contemporaine, Centre d’Histoire du xixe siècle)
- François – Joseph Ruggiu (professeur d’histoire moderne, Centre Roland Mousnier)
- Alain Tallon (professeur d’histoire moderne, Centre Roland Mousnier)
- Laurent Warlouzet (professeur d’histoire contemporaine, SIRICE)
Comité d’organisation
- Adeline AFONSO
- Sylvain ARRAMON
- Ségolène BOUTINOT
- Agathe COUDERC
- Antoinette FERRAND
- Aurélien HERMELLIN
- Auriane HERNANDEZ
- Gauthier PUECH
- Pierre SAUX-ESCOUBET
- Dorien VARENNE
Notes
[1] « Identité », dans J. Rey-Debove et A. Rey (ed.), Le nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, cité par Baudry, Robinson, et Jean-Philippe Juchs. « Définir l’identité », Hypothèses, vol. 10, no. 1, 2007, p. 155-167.
[2] Andrew B. Fisher et Matthew D. O’Hara (ed.), Imperial Subjects: Race and Identity in Colonial Latin America, Durham, Duke University Press, 2009.
[3] L’idée n’est pas ici d’établir un compte-rendu sur la genèse et les développements de ce concept dans toutes les disciplines en sciences humaines et sociales. Ceci a été fait plus spécifiquement dans Alex Mucchielli, L’identité, Paris, Presses Universitaires de France, 2013. Voir également R. Baudry, et J.-P. Juchs, « Définir l’identité », dans Hypothèses, 10/1, 2007, p. 155-167.
[4] Au cœur des subaltern studies, comme dans les travaux de Sanjay Subrahmanyam ou de Ranajit Guha.
[5] Martina Avanza et Gilles Laferté, « Dépasser la “construction des identités” ? identification, image sociale, appartenance », dans Genèses, 61, 2005, p. 134-152.
[6] R. Baudry et J.-P. Juchs, « Définir... art. cit. p. 158.
[7] Maurizio Gribaudi, « Échelles, pertinence, configuration », dans Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles. La microanalyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1996.
[8] Voir en particulier Bernard Lepetit, « Histoire des pratiques, pratique de l’histoire », dans B. Lepetit (dir.), Les Formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris, A. Michel, 1995.
[9] Particulièrement pour les études de micro-histoire centrées sur l’individu mais aussi sur l’événement, comme Carlo Ginzburg, Le Fromage et les vers. L’univers d’un meunier du xvie siècle, Paris, Aubier, 1980.
[10] François-Joseph Ruggiu, « L’utilisation de la notion d’identité en histoire sociale », dans Marc
Belissa, et al. (ed.), Identité, appartenances, revendications identitaires, xvie-XVIIIe siècles, Paris, Nolin, 2005, p. 395-406.
[11] Dorit Raines, L’invention d’un mythe aristocratique. L’image de soi du patriciat vénitien au temps de la Sérénissime, Venise, Istituto Veneto di Scienza, Lettere ed Arte, 2006. Voir également Raphaël Carrasco, Annie Molinié et Béatrice Perez (dir.), La pureté de sang en Espagne. Du lignage à la « race », Paris PUPS, 2011 ; Irene Fosi, « A proposito di Nationes A Roma in età moderna : provenienza, appartenenza culturale, integrazione sociale », dans Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken, 97, 2017, p. 383-393.
[12] « l’identité préexiste et servirait donc à exprimer ce qui chez soi ou les autres ne bougerait pas ». Avanza et G. Laferté, « Dépasser la « construction… » art. cit. p. 135.
[13] K. Wilson, The island race. Englishness, Empire and Gender in the Eighteen Century, Londres, Routledge, 2002, p. 1-28., cité dans Cécile Vidal, « Francité et situation coloniale. Nation, empire et race en Louisiane française (1699-1769) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2009/5 (64e année), p. 1019-1050.
[14] A. B. Fisher et M. D. O’Hara (ed.), op. cit. note 2.
[15] Sur l’agency, Jacques Guilhaumou, « Autour du concept d’agentivité », Rives méditerranéennes, n° 41, 2012, p. 25-34, Caroline Mackenzie, « Agency : un mot, un engagement », Rives méditerranéennes, n° 41, 2012, p. 35-37 voir aussi Chantal Jacquet, « L’apparition de l’amour de soi dans l’Éthique », Les Expressions de la puissance d’agir chez Spinoza [en ligne], Paris, Éditions de la Sorbonne, 2005 (généré le 01 juillet 2022).
[16] M. Avanza et G. Laferté, art cit. p. 134.
[17] Ibid. p. 135.
[18] S. Subrahmanyam, Faut-il universaliser l’histoire ? Entre dérives nationalistes et identitaires, Paris, CNRS éditions, 2020.
[19] Ibid.
Subjects
- History (Main category)
- Periods > Early modern
- Periods > Modern
- Society > Political studies
Places
- 1 rue Victor Cousin
Paris, France (75000)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Monday, December 05, 2022
Keywords
- Identité, représentations mémoire, trajectoire
Contact(s)
- Représentants des doctorants de l'Ecole doctorale
courriel : doctorants [dot] ed2 [at] gmail [dot] com
Information source
- Pierre Saux-Escoubet
courriel : pierresaux-escoubet [at] hotmail [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Identité(s) disséquée(s) », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, November 03, 2022, https://doi.org/10.58079/19uj