AccueilOusmane Sembene : Hétérotopie des possibles

AccueilOusmane Sembene : Hétérotopie des possibles

*  *  *

Publié le jeudi 03 novembre 2022

Résumé

Ousmane Sembene aurait eu cent ans le 1er janvier 2023. Écrivain, scénariste et réalisateur sénégalais, il est devenu une figure majeure de l’Afrique contemporaine aussi bien pour son engagement multiforme que les problématiques sociales et politiques dont il s’est saisi. L’élève indiscipliné, souvent exclu ou renvoyé des établissements scolaires, a été tour à tour mécanicien, maçon, docker au port de Marseille, tirailleur sénégalais, militant de la CGT et du parti communiste français. Si les occurrences de l’Histoire du XXe siècle marquent son œuvre littéraire et cinématographique, elle témoigne surtout de vies chaotiques dont l’auteur tente de dénicher le sens en opérant une fragmentation dans l’acte de la narration. Qu’il s’agisse de son premier roman Le Docker noir(1956) ou de son premier film Borom Sarret (1963), le Sénégalais opère une rupture en procédant à une violente critique de l’héroïsme qui laisse en chacun de ses personnages le sentiment d’avoir été trahi. 

Annonce

Colloque du centenaire : Ousmane Sembene : Hétérotopie des possibles - UFR des civilisations, religions, arts et communication - Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal - 18, 19 et 20 mai 2023

Argumentaire

Ousmane Sembene aurait eu cent ans le 1er janvier 2023. Écrivain, scénariste et réalisateur sénégalais, il est devenu une figure majeure de l’Afrique contemporaine aussi bien pour son engagement multiforme que les problématiques sociales et politiques dont il s’est saisi. L’élève indiscipliné, souvent exclu ou renvoyé des établissements scolaires, a été tour à tour mécanicien, maçon, docker au port de Marseille, tirailleur sénégalais, militant de la CGT et du parti communiste français. Si les occurrences de l’Histoire du XXe siècle marquent son œuvre littéraire et cinématographique, elle témoigne surtout de vies chaotiques dont l’auteur tente de dénicher le sens en opérant une fragmentation dans l’acte de la narration. Qu’il s’agisse de son premier roman Le Docker noir(1956) ou de son premier film Borom Sarret (1963), le Sénégalais opère une rupture en procédant à une violente critique de l’héroïsme qui laisse en chacun de ses personnages le sentiment d’avoir été trahi.  

Romancier, nouvelliste et cinéaste, la quinzaine de créations dans chaque catégorie reste un défi de la représentation et la trace d’une expérience collective permettant d’entrevoir les situations d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ces reflets que nous renvoient nos propres miroirs deviennent autant de pistes qui localisent la question du rapport à soi.  

Entre l’affirmation de soi et la recherche de l’universel, Ousmane Sembene situe son œuvre dans un entre deux qui interroge le lien entre réel et imaginaire. Sur des terres souvent mouvantes, les personnages sont amenés à se déplacer sans cesse, mus par l’évidence ou le trouble. Ces territoires où les limites semblent impossibles à tracer deviennent aussi des lieux de desserrement de l’emprise de l’auteur sur les personnages dont la liberté ne tient pourtant qu’à un fil.  

Placés souvent et bien exagérément dans un contexte, les livres et films de Sembene Ousmane n’échappent plus aujourd’hui à une lecture à contre-fil qui dévoile de nouveaux paradigmes. Alors qu’il nous invite à entrer dans un rapport vivant avec les images, les mots et les maux, il nous place aussi au cœur d’un mystère, dans des univers où rien ne se déroule comme d’habitude. Le passage provisoire par une désorientation que l’auteur sénégalais revendique, s’inscrit dans une démarche de création basée sur l’esthétique de l’oral. Elle met en jeu l’organisation sociale, la hiérarchie, les instances de décision et de pouvoir.

Alors que la littérature et le cinéma ne cessent de se renouveler en Afrique(s) depuis les années 2000 grâce au numérique, il convient de faire le point sur la traditionnalité et la modernité de la méthode Sembene, d’en comprendre les articulations et les modalités de déploiement. Dans quels territoires s’inscrit-elle? Quelles pratiques littéraires ou cinématographiques la prolongent ou l’actualisent aujourd’hui? Quels espaces la sous-tendent ? Sont- ils réflexifs, contestataires, singuliers ou créatifs ?  

Il convient aussi de questionner l’art et la manière. Le lien entre ces deux concepts, loin de se faire uniquement par la technique, permet de penser le poétique, l’esthétique et le politique par l’artistique. Ousmane Sembene qui a banni progressivement dans ses films la voix off en français, a entièrement assumé un cinéma ethno-centré dans lequel le wolof a fini par prendre une place prépondérante. De quelle vision une telle démarche est-elle symptomatique ?  Quels échos a-t-elle encore dans les programmes actuels de valorisation et de promotion des langues locales d’Afrique(s) ? Quels défis techniques et astuces de mise en scène l’ont rendue possible à l’époque ?   

Voici une série d’axes que le colloque souhaite aborder en réunissant les professionnels, les chercheurs, les témoins et amis de l’auteur.

Les intervenants engageront une réflexion autour des thématiques suivantes (non exhaustives) :

  • du littéraire au filmique : comment Sembene Ousmane interroge-t-il du roman au film ses propres pratiques narratives ? Quel système de récit ? comment la narration et la monstration trouvent-elles chacune leur place ? Quelles techniques spécifiques sont employées ?
  • la fabrique d’une vision du social : comment et de quelle manière le social imprègne-t-il l’œuvre d’Ousmane Sembene ? Atteste-t-elle des lieux où la société entre en conflit avec elle-même ? Oscille-t-elle essentiellement entre désespoir politico-social et pessimisme ? Quelles brèches d’espoir ouvre-t-elle ?
  • de l’imaginaire linguistique à l’imaginaire culturel : le choix des langues locales n’est-il idéologique qu’en apparence ? Les gestes remplacent-ils les mots pour créer des métaphores vives ? A quelle langue le masque de La noire de… la femme fouettée dans Moolaadé et la main de Guelwar font-ils référence ?
  • les années de mégotage : comment les premiers films d’Ousmane Sembene ont-ils été produits, tournés et distribués ? De quels appuis institutionnels et non institutionnels a-t-il pu bénéficier ? Quels types de contrats d’auteur et quelle solidarité a prévalu entre cinéastes de la première vague ?
  • le cinéma, une école du soir : comment les films deviennent-ils des outils d’une éducation sociale et politique ? Qu’enseignent-ils et quels en sont les acquis pour les spectateurs ? Quels moyens sont mobilisés par l’auteur pour cette activité éducative ?
  • espaces et contre-espaces : de quels espaces l’œuvre d’Ousmane Sembene est-elle faite ? Sont-ils propices à la contestation et à la révolte ? S’inscrivent-ils dans un système d’ouverture et de fermeture ? Que nous apprennent-ils dans leur juxtaposition ou leur superposition ?
  • le monstre sacré : quelles incarnations de Sembene Ousmane ? Quels combats pour la mise en place de la FEPACI et la création du FESPACO ? En quoi est-il l’aîné des anciens ? Pourquoi reste-t-il une des figures de la résistance ? Quelle influence a-t-il eu sur différentes générations de militants et d’auteurs ?
  • une œuvre en devenir : quelles nouvelles configurations à l’œuvre ? Faut-il envisager l’œuvre d’Ousmane Sembene comme un trajet ? Où en est-elle ? Quelles manœuvres de sens s’opèrent en son sein ? Comment se prolonge-t-elle et vers où peut-elle tendre ?

Modalités de soumission

Les propositions de communication en français, en anglais ou en espagnol sont à envoyer  à l’adresse suivante : grecirea@ugb.edu.sn

avant le 30 novembre 2022

Les propositions doivent comporter :

  • les noms, prénoms et affiliation du ou des auteurs ;
  • le titre de la communication ;
  • le résumé de 3000 signes maximum ;
  • une bibliographie incluant les dernières publications.

La publication d’un ouvrage collectif est prévue en fin 2024

Comité scientifique

  • Sada Niang, Professeur à l’université Victoria
  • Alexis Tcheuyap, Professeur à l’université de Toronto
  • Justin Ouoro, Professeur à l’université de Ouagadougou
  • Ute Fendler, Professeure à l’université de Bayreuth
  • Françoise Naudillon, Professeure à l’université Concordia
  • Samba Gadjigo, Professeur à Mount Holyoke college
  • Kalidou Sy, Professeur à l’université Gaston Berger
  • Joseph Tonda, Professeur à l’université Omar Bongo
  • Felwine Sarr, Professeur à l’université de Duke
  • Maxime Scheinfeigel, Professeure à l’université Montpellier 3  

Comité d’organisation  

  • Delphe  Kifouani, Grecirea/Hescale, université Gaston Berger
  • Sellou Diallo, Grecirea/Hescale, université Gaston Berger
  • Frédérique Louveau, Centre d’Étude des Religions,
  • Laspad, université Gaston Berger

Catégories

Lieux

  • UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication - 1 Route de Khor
    Saint-Louis, République du Sénégal (234)

Dates

  • mercredi 30 novembre 2022

Mots-clés

  • cinéma, religion, hétérotopie, création

Contacts

  • Kifouani Delphe
    courriel : delphe [dot] kifouani [at] ugb [dot] edu [dot] sn

URLS de référence

Source de l'information

  • Delphe Kifouani
    courriel : delphe [dot] kifouani [at] ugb [dot] edu [dot] sn

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Ousmane Sembene : Hétérotopie des possibles », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 03 novembre 2022, https://doi.org/10.58079/19v1

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search