La gestion des crises au Cameroun dans un contexte de décentralisation
Défis et perspectives pour les Collectivités territoriales décentralisées (CTD)
Published on Tuesday, November 08, 2022
Abstract
La loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code Général des Collectivités territoriales décentralisées leur attribue un nouveau rôle significatif en matière de prévention et gestion des crises au Cameroun. En son article 157, il leur est notamment confié la compétence de « l’élaboration et la mise en œuvre des plans communaux spécifiques de prévention des risques et d’intervention d’urgence en cas de catastrophe ». Une telle disposition qui tend, à davantage élargir et renforcer le spectre d’intervention des Collectivités territoriales décentralisées dans un domaine qui n’était jusque-là que l’apanage exclusif du ministère de l’Administration Territoriale (MINAT), à travers sa Direction de la Protection Civile (DPC), matérialise la volonté exprimée par le Chef de l’Etat d’inscrire la décentralisation et la planification stratégique de l’État au rang des piliers de sa vision 2035.
Announcement
Argumentaire
La réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996 marque un tournant décisif dans l’histoire politique et constitutionnelle du Cameroun, à travers la consécration de la décentralisation territoriale comme forme d’organisation politique de l’Etat (GUIMDO, 2018). Depuis lors et au fil des années, l’Etat du Cameroun s’est doté d’instruments législatif, réglementaire et institutionnel, dans le souci de donner du contenu et d’encadrer le principe constitutionnel de transfert des compétences en matière notamment de développement économique, social, sanitaire, culturel, environnemental, éducatif et sportif. A cet effet, les lois adoptées sur la décentralisation en 2004, ont permis de donner corps à ce nouveau processus de cadrage normatif de l’univers local au Cameroun (ESSAME, 2021). Si les décrets d’application de ces textes de loi matérialisant le transfert des compétences de l’Etat central vers les CTD ont été signés six (06) ans après, il faut souligner le fait que de nombreuses revendications tendant à pousser les pouvoirs publics vers une meilleure ouverture du champ de la conduite de l’action publique à la pluralité des perspectives, et notamment à la participation citoyenne vont émailler le processus (MGBATOU, 2019). Dans un tel contexte, la crise sociopolitique qui a éclaté en 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a eu pour point de réclamation essentiel, une meilleure autonomie des populations de cette partie de l’ancien Cameroun occidental dans la gestion de leurs affaires locales, tout en préservant la spécificité de leurs systèmes judiciaires et éducatifs anglosaxons. Cette crise qui a eu des conséquences lourdes en termes de bilan humain et matériel, a entrainé l’élaboration d’un chronogramme relatif à l’accélération et l’approfondissement du processus de décentralisation en cours.
Ainsi, et dans l’espoir de trouver des solutions pour pacifier les régions en conflit depuis 2016, un Grand dialogue national a été organisé par le gouvernement du 30 septembre au 04 octobre 2019. Les résolutions de ce grand dialogue ont eu des impacts significatifs sur l’approfondissement et l’accélération de la politique de décentralisation au Cameroun. Tout d’abord, un statut spécial a été reconnu aux deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, conformément à l’article 62, alinéa 2 de la Constitution. Une autre retombée majeure du Grand dialogue national a été l’adoption de la loi N° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code général des Collectivités territoriales décentralisées, qui représente aujourd’hui le fondement de la nouvelle décentralisation au Cameroun. En tant que nouvel instrument juridique encadrant la décentralisation, le Code Général des CTD a apporté des nombreuses innovations en ce qui concerne le transfert des compétences et des ressources aux CTD. Parmi ces innovations, les CTD se verront attribuer une nouvelle place significative en matière de prévention et de gestion des crises au Cameroun. Ainsi, l’article 157 du Code Général des CTD leur confie la compétence de « l’élaboration et la mise en œuvre des plans communaux spécifiques de prévention des risques et d’intervention d’urgence en cas de catastrophe ». Une telle disposition tend davantage à élargir et renforcer le spectre d’intervention des Collectivités Locales dans un domaine qui n’était jusque-là que l’apanage exclusif du Ministère de l’Administration Territoriale (MINAT) à travers sa Direction de la Protection Civile (DPC).
Si l’on considère une crise, au sens de Pearson et Clair (1998) comme un événement à faible probabilité d’occurrence et qui présente une menace certaine à la survie d’une organisation, l’option institutionnelle d’associer les CTD à la gestion des crises au Cameroun apparait à tout point de vue en phase, avec la volonté exprimée par le Chef de l’Etat d’inscrire la décentralisation et la planification stratégique de l’Etat au rang des piliers stratégiques de sa vision 2035. D’ailleurs, la problématique de la gestion des crises a été prise en compte au plan institutionnel dès 2002, avec l’adoption du Plan National de Contingence (PNC), qui définit les orientations générales en matière de gestion de crises au Cameroun, ainsi que leurs causes potentielles, leur impact et leur durée dans le temps. Cet instrument de planification établit précisément un répertoire des principaux risques auxquels est exposé le Cameroun. Il les classe en trois (03) catégories qui sont : Les risques naturel, sanitaire, et humain.
Sur la base de cette catégorisation des risques, ce Colloque s’inscrit dans la perspective d’étudier la contribution des CTD dans la dynamique de la gestion des crises au Cameroun. La National School of Local Administration (NASLA), à travers son Centre de Recherche et de la Documentation entend offrir un espace scientifique transversal de réflexion, un espèce d’échange, de partage d’expérience et d’expertise devant permettre à terme de renforcer les capacités des CTD dans la préparation et la riposte aux multiples crises auxquelles demeure exposé le Cameroun dans sa dynamique de promotion d’un développement local qui se veut durable et inclusif.
Problématique
Les assises futures dans le cadre de ce Colloque reposent sur une série de questionnements. Comment envisager le rôle et la place des CTD au Cameroun en matière de planification et de gestion opérationnelle des crises dans un contexte d’accélération et d’approfondissement du processus de décentralisation ? Quels sont les défis auxquels ces dernières font face dans la dynamique de gestion des crises ? Comment les préparer à surmonter ces défis et exercer de manière réussie leurs compétences en matière de promotion du développement local inclusif en intégrant davantage de mesures préventives et de planification ?
Ces préoccupations majeures sont au cœur du Colloque envisagé par la NASLA, dont le présent Appel à Communication en donne les articulations.
Axe 1 : Dispositifs et instruments de gestion des crises au Cameroun
- La dynamique de gestion des crises au Cameroun avant la réforme de 2019 : Entre exclusion et infériorisation des CTD ;
- Engagements internationaux du Cameroun en matière de gestion de crises, protection civile et planification d’urgence ;
- Cadre législatif et réglementaire de gestion des crises au Cameroun ;
- Tutelle de l’Etat et gestion décentralisée des crises au Cameroun ;
- Intercommunalité, inter régionalisation et gestion des crises au Cameroun ;
- Statut spécial des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et gestion de crise ;
Axe 2 : CTD et planification stratégique des risques
- Dispositif d’alerte en vigueur au Cameroun en matière de planification d’urgence : CTD et gestion prévisionnelle du risque ;
- CTD et élaboration des plans communaux spécifiques de prévention des risques et d’intervention d’urgence : Défis, enjeux et perspectives ;
- Participation Citoyenne et prévention stratégique des crises : Contribution de la jeunesse en tant qu’acteur et victime des crises ;
- Gestion décentralisée des crises et prévention des conflits : Prévenir les conflits par une gestion locale et efficace des risques de crise ;
- Collaboration CTD, autorités traditionnels et religieuses dans la gestion des crises ;
Axe 3 : Technologies de l’information et de la communication (TIC), digitalisation et dématérialisation des procédures : Les CTD face à l’enjeux de la gestion numérique des crises
- Dispositif institutionnel de promotion des TIC au Cameroun et renforcement des CTD dans la gestion matérielle des crises ;
- Défis et enjeux du nouveau management territorial dans la gestion opérationnelle des crises au Cameroun : Digitalisation et transformation des habitudes de gestion au sein des CTD ;
- Rôle de la communication et des médias dans l’accompagnement des territoires en matière de planification et de gestion opérationnelle des crises : Les CTD face aux défis de la Communication de proximité en période de crise.
Axe 4 : CTD et gestion inclusive des crises
- CTD et organisations de la société civile dans la gestion des crises ;
- CTD et prise en compte des personnes déficientes dans les stratégies locales de gestion des crises ;
- Genre, prévention et gestion opérationnelle des crises par les CTD ;
Axe 5 : Projection internationale des CTD dans la dynamique de gestion des crises au Cameroun
- Gestion des crises et coopération décentralisée : Enjeux, défis et perspectives pour les CTD Camerounaises ;
- Décentralisation, diplomatie préventive et gestion des crises : Défis et enjeux d’une approche multi-acteurs ;
- Exemples de bonnes pratiques internationales, Régionales et Sous-régionales de prévention et de gestion des crises à l’échelon Local ;
- Gestion durable des crises : Les CTD face aux enjeux du développement durable et de l’économie circulaire dans la gestion opérationnelle des crises ;
- Défis et perspectives d’évaluation des politiques publiques locales en matière de gestion des crises.
NB : Les contributions non directement liées à l’un de ces axes de réflexion sont vivement encouragées, à la condition de ne pas être très éloignées de la thématique principale du colloque.
Modalités de soumission
La proposition de résumé doit contenir 300 caractères maximum et 5 mots clés. Elle doit aussi indiquer l'axe principal et le sous axe de réflexion. Ce résumé, accompagné d'une brève biographie de l'auteur doit être envoyé en version électronique et simultanément aux adresses suivantes: crd@nasla.cm; geo19wendy@gmail.com, awiyess@gmail.com,
au plus tard le 3 décembre 2022 à 23h59 (GMT+1).
En cas de sélection finale, tout chapitre soumis doit être compris entre 15 et 25 pages, incluant la qualité de l'auteur (grade et situation académique); interligne 1,5; texte justifié; police Times new roman; taille de police 12. La mise en page: à gauche: 2,5; à droite: 2,5; en haut: 2,5; en bas: 2,5; reliure: 0.
Les notes de bas de page en continu; Times new roman, taille 10; interligne 1 ou simple. Le résumé et l'abstract, 10 à 12 lignes.
Tous les mots d'une langue autre que le français doivent être mis en italique (exemple: Kalara, international conflicts).
A noter que les communications proposées ne doivent pas être publiées auparavant, ou être en cours de publication.
Frais de participation
L'inscription au Colloque couvre les frais de participation à toutes les activités, et donne droit aux pauses-café et pauses-déjeuner pour la participations en présentielles.
- Enseignant (e)s, professeur (e)s, chercheur (e)s, conférenciers/conférencières (XAF/XOF): 55.000*/35.000** ;
- Professionnels, milieux éducatif et entreprises, experts: 55.000*/35.000**;
- Doctorant (e)s et étudiant (e)s: 25.000*/15.000**;
- Autres: 40.000*/20.000**
*Présentiel avec repas;
**Virtuel
Calendrier
- 28 octobre 2022 - Appel à Communication;
-
03 décembre 2022 - Date limite de soumission des résumés
- 14 décembre 2022 - Notification d'acceptation ou du refus de la proposition à l'auteur (e) principal (e);
- 06 janvier 2023 - Envoie du texte de la proposition retenue (format article scientifique) et de l'exposé de Communication;
- 16 janvier 2023 - Notification aux auteurs des Communications retenues sous réserve de corrections finales;
- 27 janvier 2023 - Retour des articles corrigés au Comité pour programmation finale du Colloque;
- 03 février 2023 - Notification aux auteurs des Communications définitivement retenues;
- 01,02 et 03 mars 2023 - Tenue du Colloque.
- Organisation
Supervision générale
- TANYITIKU E. BAYEE, Directeur Général NASLA;
Coordination générale
- ONGOLO NYANGUIDA Lidwine, Directeur Générale Adjoint NASLA;
- CHOFOR CHE Christian-aimé;
- HAIETA HAIETA;
Comité scientifique
- TCHEUWA Jean-Claude, Président;
- GUIMDO DONGMO Bernard-Raymond;
- ABANE ENGOLO Edgard;
- Mathias-Eric OWONA NGUINI;
- LOGMO Aaron;
- ABA'A OYONO Jean-Calvin;
- AMOUGOU MBARGA Alphonse bernard;
- TIMTHUENG Moise;
- VISEMIH William MUFFEE;
- AWASOM Nicodemus FRU;
- NKWENTI Michael;
- Rosemary SHAFACK;
- TAMO ATABONG;
- SAMALANG Irene;
- Emeritus Cornelius MBIFUNG LAMBI;
- SONE patience MUNGE;
- MELLE EKANE Maurice;
- TAMKAM SILATCHOM Guy Armel;
- MESSOMO ELLE Serge;
- AKONO Joël Christian;
- ESSAME Isaac;
- CHOFOR CHE Christian-aimé;
- EBAH Moses METUGE;
- FONTEH AKUM;
- TAMEN TCHAPET Emmanuel;
- ABDOULAI SHAIBOU;
- Magdaline MBONG MAI;
- Hedwig NGWA;
- SIRIH-NAGANG Nancy NYINDEM;
- IGUIGUI Bertrand;
- NCHANG Divine NDIMOFOR;
- MANGA EDIMO Mireille Ruth;
- FOSSUNG Michael FORZEH;
- BINDZI Joseph Fabrice;
- FOUTEM Thierry Martin;
- ABOUEM A. TCHOYI David;
- Barthélémy KOM TCHUENTE.
Subjects
- Political studies (Main category)
- Society > Political studies > Governance and public policies
Places
- Buea, Cameroon (PMB 10.008 Buea)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Saturday, December 03, 2022
Attached files
Keywords
- Cameroun, décentralisation, crise, défi, collectivité, gestion
Contact(s)
- Georges Wendy Dzou Ottou Nguini
courriel : geo19wendy [at] gmail [dot] com - Sharon Awiye
courriel : awiyess [at] gmail [dot] com
Reference Urls
Information source
- Georges Wendy Dzou Ottou Nguini
courriel : geo19wendy [at] gmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« La gestion des crises au Cameroun dans un contexte de décentralisation », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, November 08, 2022, https://doi.org/10.58079/19w1