AccueilHistoire et actualités des armes chimiques : des recherches impossibles ?

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Histoire et actualités des armes chimiques : des recherches impossibles ?

Panel 15 - 6e congrès annuel de l’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES)

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Publié le lundi 21 novembre 2022

Résumé

L’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES) organise la 6e édition de son congrès annuel les 7, 8 et 9 juin 2023 à Bordeaux. Cet événement se veut un espace de socialisation et de discussion scientifiques permettant de rassembler très largement la communauté des chercheur·e·s travaillant sur la guerre et la stratégie, quel que soit leur encrage disciplinaire. Les organisateurs du panel n° 15 lancent un appel à contribution sur « l’histoire et actualités des armes chimiques : des recherches impossibles ? » dans une perspective internationale et pluridisciplinaire.

Annonce

Argumentaire

Ce panel propose de revenir sur l’histoire de l’arme chimique, d’en aborder les usages contemporains et de s’interroger sur les conditions de réalisation de ces recherches en sciences humaines et sociales. Bannies par une convention d’interdiction (1993), ratifiée par la France en 1997, les armes chimiques demeurent toujours employées dans les guerres contemporaines. A la différence des armes nucléaires, les armes chimiques demeurent peu étudiées par la recherche en sciences humaines et sociales. L’emploi de ces armes demeure un tabou à travers les âges. Dans plusieurs régions du monde, il est admis que les attaques par substances toxiques sont proscrites aussi bien par la norme que par la loi. Le premier exemple recensé est mentionné dans les Shastras[1]. Ils stipulent explicitement que le recours au poison n’est pas une pratique honorable[2]. Similairement, le droit romain énonce armis bella non veneris geri : « la guerre se fait avec des armes, pas avec du poison »[3]. Malgré des tentatives de régulation à la fin du XIXe siècle, la Première Guerre mondiale (1914-1918) constitue la première instance durant laquelle les armes chimiques sont employées à une échelle aussi vaste sur le champ de bataille. En 1918, elles constituent le quart des obus tirés par les belligérants pour des résultats sans commune mesure avec la trace laissée dans l’imaginaire des combattants[4].

Durant l’entre-deux guerres, la morale et le droit international sanctionnent l’emploi des armes chimiques. Ils établissent que leur usage transgresse une norme, lorsqu’il s’agit des souffrances infligées en temps de guerre. Le protocole de Genève (1925) tente d’en prohiber l’usage. Malgré tout, les armes chimiques continuent d’être développées au sein de complexes secrets comme le site de B2 Namous pour la France (créé en Algérie en 1935), et employées sur le champ de bataille dans le cadre de conflits coloniaux comme le montrent les exemples des campagnes britanniques en Mésopotamie (1914-1918) ou en Afghanistan (1919), la guerre du Rif (1921-1925) ou la guerre d’Abyssinie (1935-1936). Le spectre des armes chimiques réapparaît durant la guerre civile espagnole (1936) ou la guerre sino-japonaise (1937-1945). Disparues du champ de bataille de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), ces armes continuent de se développer avec l’apparition des neurotoxiques. Les guerres de décolonisation et les conflits de la guerre froide ouvrent de nouvelles perspectives d’emploi, alors que la recherche est toujours plus poussée et rend difficile toute perspective de contrôle (binarisation des armes durant les années quatre-vingt). La guerre d’Algérie (1954-1962) ou la guerre du Vietnam (1962-1975) entre autres, laissent entrevoir un nouvel emploi de ces armes décriées. La guerre Iran-Irak (1980-1988), les attentats du métro de Tokyo au gaz sarin (1995), la guerre civile en Syrie (2013), les empoisonnements au Novitchok (2018 et 2020) et certaines allégations d’emploi en Ukraine (2022), prouvent que les interdits dictés par les traités internationaux ne suffisent pas à se prémunir d’attaques chimiques et à en prohiber l’usage.

Ce sujet est relativement peu étudié dans le cadre des études de la guerre et connait de fortes tensions. En France, les ouvrages d’Olivier Lepick[5], de Claude Meyer[6] mais aussi de l’équipe de pharmaciens Régis Maucolot, Arnaud Lejaille et Pierre Labrude[7] constituent des références dans une historiographie contrainte par les obstacles réglementaires d’accès aux archives[8]. Comment les recours de l’arme chimique sont-ils abordés par la recherche en sciences humaines et sociales dans une perspective internationale ? Quelle place ces formes de combats occupent-elles au sein des productions scientifiques ? À quels obstacles les chercheurs qui souhaitent traiter de ces questions se heurtent-ils ? Ce panel propose de revenir sur l’histoire de l’arme chimique, d’en aborder les usages contemporains et de s’interroger sur les conditions de réalisation de ces recherches en sciences humaines et sociales.

Le panel propose de s’articuler autour de deux axes :

1. L’histoire et l’actualité des armes chimiques aux XXe et XXIesiècles

Cet axe vise à dresser un portrait de l’utilisation des armes chimiques lors des conflits symétriques et asymétriques (par exemple en contexte colonial) des XXe et XXIe siècles, sur leur histoire technique, dans une perspective pluridisciplinaire. Une attention particulière sera portée sur le contexte d’emploi de ces « armes maudites »[9] dans un contexte asymétrique. Ils présentent quelques caractéristiques communes : les adversaires ne sont pas » équipés » pour répondre à l’attaque, ce qui permet à l’assaillant de profiter de cette situation asymétrique. Les attaques se font aussi « dans le secret », dans des zones reculées. Enfin, l’emploi de gaz se fait face à un ennemi qui se défend mieux que prévu. Quelle place ces évènements occupent-ils dans les archives ? Comment sont-ils relatés ? Quelle mémoire ces conflits laissent-ils ? 

2. La recherche sur les armes chimiques : sources, méthodes et obstacles.

Mener des recherches sur l’emploi ou la mise au point technique des armes chimiques suppose de s’interroger sur la méthodologie développée en sciences humaines et sociales et aux sources accessibles. La lutte contre la prolifération des armes de destruction massives ou leur utilisation par des groupes terroristes, tendent à produire un arsenal juridique pouvant constituer un obstacle à la recherche. Le caractère tabou de ces armements et le risque d’accusation de crimes de guerres, n’incitent guère certains états à laisser les chercheurs se pencher sur ces questions. En France, le code du patrimoine de 2008 prévoit une catégorie d’archives incommunicables qui limite l’accès aux données de la recherche. L’article 25 de la loi du 30 juillet 2021 sur la prévention des actes terroristes, complexifie encore le travail du chercheur avec la création d’une catégorie d’archives sans délai de communication. Quelles sources et quelles méthodes les chercheurs peuvent-ils mobiliser dans une perspective pluridisciplinaire et internationale pour traiter des armes chimiques ? Quels sont les obstacles rencontrés et comment les contourner ? Est-il encore possible de mener des recherches en sciences humaines et sociales sur les armes chimiques ?

Modalités de soumission

  • Chaque proposition de communication devra inclure les éléments suivants
  • Nom, prénom, institution d’appartenance, statut et adresse email du / des auteur·e·s
  • Intitulé de la proposition de communication
  • Présentation scientifique du projet de communication (4 000 signes espaces compris)
  • Courte notice bio-bibliographique

Les propositions pour le panel n° 15 devront être soumises  aux adresses suivantes : aurore.kamichetty@umontreal.ca et christophe.lafaye@u-bourgogne.fr

avant le vendredi 23 décembre 2022

Format des panels

Chaque panel disposera d’un ou deux créneaux horaires de 2 heures. Chaque créneau pourra accueillir entre 3 et 4 communications. Les communications ne devront pas dépasser 20 minutes, afin de conserver un temps suffisant pour la discussion des papiers et les échanges avec le public.

Les intervenant·e·s devront transmettre une version rédigée de leur communication en amont du congrès, au plus tard le 19 mai 2023. Cela permettra aux membres du panel et au discutant·e·d’en prendre connaissance à l’avance, favorisant ainsi la discussion.

Calendrier prévisionnel

  • Lundi 14 novembre 2022 : lancement de l’appel à communications
  • Vendredi 23 décembre 2022 : date limite de soumission des propositions de communication
  • Début janvier 2023 : sélection des propositions par chaque responsable de panels
  • Vendredi 19 mai 2023 : date limite pour l’envoi des communications
  • 7-8-9 juin 2023 : congrès de l’AEGES à Bordeaux

Informations pratiques

Le congrès se tiendra sur deux journées et demie : du mercredi 7 juin à 14h jusqu’au vendredi9 juin à 16h.

La participation au congrès sera soumise à des frais d’inscription sur la base des tarifs ci-dessous :

  • Titulaires / membres de l’AEGES : 40 euros
  • Titulaires / non-membres de l’AEGES : 75 euros
  • Non-titulaires / membres de l’AEGES : 0 euro
  • Non-titulaires / non-membres de l’AEGES : 15 euros.

L’AEGES lancera, en début d’année prochaine, un système de bourses, permettant la prise en charge des frais de déplacement et d’hébergement de certains participants (cela s’adressera en priorité aux jeunes chercheur·e·s, et à celles et ceux ne bénéficiant pas d’un soutien de leur laboratoire).

Toutes les informations liées à l’organisation du congrès peuvent également être retrouvées sur la page dédiée du site internet de l’AEGES : https://www.aeges.fr/congres-2023-bordeaux

Pour toute question, vous pouvez nous joindre à l’adresse : contact@aeges.fr 

Comité d’organisation

  • Mme Aurore Kamichetty, Université de Montréal-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Doctorante en histoire
  • M. Christophe Lafaye, Docteur en histoire contemporaine de l’université d’Aix-Marseille et archiviste, chercheur associé au laboratoire LIR3S de l’université de Bourgogne.

Notes

[1]. Textes hindous.

[2]. Richard J. Krickus, « On the Morality of Chemical/ Biological War », Journal of Conflict Resolution 9, 2, (juin 1965), 120.

[3]. Ricardo Frailé, La guerre biologique et chimique : le sort d’une interdiction, (Paris : Economica, 1982), I.

[4]. Olivier Lepick, La grande guerre chimique (1914-1918), (Paris : Presses universitaires de France, 1998).

[5]. Olivier Lepick, Les armes chimiques, (Paris : Presses universitaires de France, Que-sais-je ?, 1999).

[6]. Claude Meyer (colonel), L’arme chimique, (Paris : Ellipses, fondation pour la recherche stratégique, 2001).

[7]. Régis Maucolot, Pierre Labrude, Arnaud Lejaille, La guerre des gaz (1914-1918). Les pharmaciens français dans l’action, (Paris : éditions du Brevail, 2021).

[8]. En France, l’article L213-2 de la loi de 2008 sur les archives incommunicables.

[9]. Olivier Lion (colonel), « Des armes maudites pour les sales guerres ? L’emploi des armes chimiques dans les conflits asymétriques », Stratégiques, 2009/1-2-3-4, 491-531.

Lieux

  • Bordeaux, France (33000)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • vendredi 23 décembre 2022

Fichiers attachés

Mots-clés

  • armes chimique, arme de destruction massive, arme spéciale, conflit asymétrique, méthodologie

Contacts

  • Christophe Lafaye
    courriel : christophe [dot] lafaye [at] u-bourgogne [dot] fr
  • Aurore Kamichetty
    courriel : aurore [dot] kamichetty [at] umontreal [dot] ca

Source de l'information

  • Christophe Lafaye
    courriel : christophe [dot] lafaye [at] u-bourgogne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Histoire et actualités des armes chimiques : des recherches impossibles ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 21 novembre 2022, https://doi.org/10.58079/19zg

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