AccueilFlaubert en images

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Publié le lundi 28 novembre 2022

Résumé

Flaubert répète volontiers que le but de la littérature est de représenter, de faire voir et qu’il doit lui-même voir précisément son objectif pour bien d’écrire. Ce colloque explorera plusieurs pistes : la formation esthétique et visuelle de Flaubert ainsi que l’évolution de sa poétique de l’image, le rapport ambivalent de Flaubert aux images, la construction du visuel et de l’expérience visuelle des personnages dans les avant-textes et les textes, la puissance visuelle des textes flaubertiens commentée dans la réception des œuvres à partir de points de vue esthétiques différents au XIXe siècle mais aussi à l’époque contemporaine. Il importera par ailleurs de comprendre comment les différents arts ont entrepris de mettre Flaubert en images, tout en révélant peut-être une part d’imaginaire jusque-là inconnue dans l’œuvre.

Annonce

Colloque du bicentenaire Flaubert à la Fondation Singer-Polignac

Présentation

Flaubert répète volontiers que le but de la littérature est de représenter, de faire voir et qu’il doit lui-même voir précisément son objectif pour bien d’écrire. Pour cela non seulement il enquête sur les lieux de l’action, il mobilise ses souvenirs – en particulier d’Orient pour ses œuvres sur l’Antiquité – et il s’inspire de tableaux ou d’illustrations. On sait par exemple que les sources premières de La Tentation de saint Antoine, de La Légende de saint Julien l’Hospitalier, d’Hérodias sont iconographiques et que certains ouvrages érudits, comme Les Religions de l’Antiquité de Creuzer, ont été abondamment utilisés. Les peintres dont Flaubert commente les œuvres pendant ses voyages en Bretagne et en Italie, les paysages saisis comme des tableaux dans le Voyage en Orient ont eu un rôle formateur à une époque où le jeune écrivain élabore une esthétique et une conception du roman qui se démarqueront à la fois de la littérature des idées de la période classique et des tendances modernes de la littérature « probante » ou de la poésie romantique du sentiment. L’écriture flaubertienne fera toujours une place importante au visuel que ce soit dans la description du réel, dans la reconstruction de l’Antiquité ou dans le récit d’hallucinations. L’image flaubertienne peut être vue, totalement inventée à coup de documentation ou liée à l’expérience personnellement faite des visions au cours de la maladie nerveuse de 1844. La question même de l’image, de sa création esthétique ou inversement de son surgissement involontaire dans l’hallucination, intéresse donc Flaubert et il dialoguera avec Taine sur ce sujet en 1866, au moment où le philosophe prépare son livre De l’intelligence. Dans les œuvres, si le visuel est intrinsèquement lié à l’esthétique et à la poétique flaubertienne du roman, les images vues et admirées par les personnages sont souvent la cible de l’ironie : dès Madame Bovary, elle vise des images stéréotypées créées soit par une mauvaise poésie ou des récits mièvres, soit par les nombreux produits dérivés d’un art qui devient industriel (assiettes illustrées, keepsakes…). Il n’est donc pas étonnant que Flaubert ait refusé avec obstination l’illustration de ses propres œuvres. Mais ses réticences à l’égard de l’image graphique sont surtout révélatrices d’une poétique de l’image écrite qui doit préserver la part du rêve. La puissance visuelle de la lettre supérieure à l’image figée – une femme écrite fait rêver à mille femmes – inspirera bien des artistes, et les réinterprétations en images se multiplieront après la mort de Flaubert : œuvres graphiques (des éditions illustrées jusqu’aux bandes dessinées), cinématographiques et mêmes plastiques surtout dans le cas de Salammbô qui a suscité un engouement chez les peintres et les sculpteurs.

Axes thématiques

Ce colloque explorera plusieurs pistes.

  • La formation esthétique et visuelle de Flaubert ainsi que l’évolution de sa poétique de l’image. Balzac nommait littérature des Images (par opposition à la littérature des Idées qui domina l’âge classique) la littérature romantique qui se tourne vers « les vastes spectacles de la nature » et y puise l’intuition du divin. Une telle littérature est présente dans les œuvres de jeunesse (dans Novembre ou dans Par les champs et par les grèves) : le sujet tombe en extase devant un paysage. Ces expériences contemplatives se raréfient ensuite, sans disparaître (qu’on songe à saint Antoine et à ses tableaux d’halluciné ou à Salammbô où les personnages vivent dans la terreur sacrée des symboles) mais le spectacle s’étrécit (ou le regard devient myope), se réduit à de petites sensations éparses, ou se psychologise (« le paysage-état d’âme » devient l’image d’une intériorité). Il pourra ainsi être intéressant d’étudier la présence et l’évolution (l’évidement ?) de cette littérature romantique des Images dans l’œuvre de Flaubert, de faire résonner celle-ci avec les théories du symbole qui se formulent dans l’histoire des religions ou la philosophie (Creuzer et Hegel, lus attentivement par Flaubert, par exemple). On pourra aussi aborder le visuel dans la Correspondance et les Voyages, lorsque Flaubert évoque des moments de contemplation libérée de la pensée, une sorte de visualité pure, ou lorsque le pittoresque glisse vers ce que Flaubert appelle emphatiquement le « tâbleau ».
  • Le rapport ambivalent de Flaubert aux images. Les Voyages et la Correspondance montrent l’importance de l’expérience visuelle de Flaubert dans la formation d’une esthétique qui valorise le regard. Pourtant on observe aussi sa méfiance à l’égard de certaines images ou de certaines façons de voir. L’image peinte ou imprimée est perçue soit comme une source, soit comme une pétrification de l’activité imaginative, et le culte des images peut être dangereux pour les personnages comme Antoine ou Emma. L’image mentale, entre génie et pathologie (comme le montre le dialogue avec Taine sur l’hallucination), peut provenir d’une « déclivité involontaire d’idées, d’images » (mise en scène dans La Tentation de saint Antoine) dont l’écrivain veut se prémunir par le travail.
  • La construction du visuel et de l’expérience visuelle des personnages dans les avant-textes (sources iconographiques, notes documentaires et brouillons) et les textes (que voient et comment voient les personnages ?) ainsi que les images stylistiques que Flaubert choisit tantôt de bannir (lorsqu’il passe son temps à « écraser » ses comparaisons, telles des « poux ») ou au contraire de cultiver (par exemple dans la féérie Le Château des cœurs en incarnant les tropes sur scène). L’image littéraire (comparaison, métaphore, symbole) est une composante importante du style de Flaubert, presque paradoxalement puisque c’est une entorse au principe d’impersonnalité, le lieu d’une intrusion.
  • La puissance visuelle des textes flaubertiens commentée dans la réception des œuvres à partir de points de vue esthétiques différents au XIXe siècle (on peut penser à Barbey d’Aurevilly qui condamne la myopie descriptive de Flaubert ou aux réalistes qui déplorent l’excès antiréaliste des descriptions flaubertiennes) mais aussi à l’époque contemporaine. 
  • Il importera par ailleurs de comprendre comment les différents arts ont entrepris de mettre Flaubert en images, tout en révélant peut-être une part d’imaginaire jusque-là inconnue dans l’œuvre. Cela nous amènera donc à questionner la relation de différents arts visuels à l’œuvre flaubertienne, que ce soit la peinture, la sculpture, le cinéma, la bande dessinée et même la photographie (par exemple lorsqu’un Walker Evans se réclame de la « méthode » de Flaubert).

Programme

Lundi 12 décembre 2022

Accueil – 13h30

14h - Ouverture du colloque

Poétique de l’image

(Présidence de séance : Gilles Philippe)

  • 14h-14h30- Jacques Dürrenmatt (université de Paris IV) : « Le mot /image/ sous la plume de Flaubert »
  • 14h30-15h- Christophe Ippolito (Georgia Institute of Technology, Atlanta), « Images en série dans la fiction flaubertienne »

15h-15h15 - Pause

  • 15h15-15h45- Éric Le Calvez (Georgia State University, Atlanta), « Génétique d’une image : le chaudron fêlé »
  • 15h45-16h15- Florence Pellegrini (université de Bordeaux-Montaigne), « Itinéraire d’un saint Pierre en plâtre ou l’allégorie “flanquée par la fenêtre” »

16h15 -16h45 Discussion

16h45 Fin de la première journée

Mardi 13 décembre 2022

9h30 Accueil des participants

9h45 Début de la deuxième journée

Image et subjectivité

(Présidence de séance : Pierre-Louis Rey)

  • 9h45-10h15- Jeanne Bem (Université de la Sarre), « Le trouble dans la perception : un parcours sensoriel à travers Madame Bovaryet L’Éducation sentimentale »
  • 10h15-10h45- Kazuhiro Matsuzawa (Université de Nagoya), « La présence et l’image d’un mort aimé dans Madame Bovaryet Un cœur simple ».

10h45-11h15 - Pause

  • 11h15-11h45- Stéphanie Dord-Crouslé (CNRS, IRHIM), « L’expérience visuelle des personnages dans Un cœur simple »
  • 11h45-12h15- Didier Philippot (Sorbonne Université), « Rien que du sentiment et des images. Croyance, images, imagination chez Flaubert. Autour d’Un cœur simple »
  • 12h15-12h45- Jacques-David Ebguy (Université de Paris), « Par-delà l’humain : images saillantes chez Flaubert »

12h45 Discussion

13h-14h - Déjeuner

Voir et savoir

(Présidence de séance : Didier Philippot)

  • 14h-14h30- Sarga Moussa (CNRS, Thalim), « “Ô coloristes, où êtes-vous donc ?”. L’épisode de la léproserie de Damas dans les notes et la correspondance d’Orient de Flaubert »
  • 14h30-15h- Takashi Kinouchi (Université des études étrangères de Nagoya), « La fantasmagorie textuelle : les keepsakes dans Madame Bovary »

15h-15h15 - Pause

  • 15h15-15h45- Florence Vatan (Université du Wisconsin, Madison), « Images du ciel »
  • 15h45-16h15- Anne Herschberg Pierrot (Université Paris 8-Vincennes), « La consistance des images (Bouvard et PécuchetLa Tentation) »

16h15 Discussion

16h45 Fin de la deuxième journée

Mercredi 14 décembre 2022

9h30 Accueil des participants 

9h45 Début de la deuxième journée

Flaubert et les arts graphiques

(Présidence de séance : Bernard Vouilloux)

  • 9h45-10h15- Ségolène Le Men (Paris Nanterre), « Flaubert et les métamorphoses de l’image : Langlois, Rochegrosse, Burgsthal » 
  • 10h15-10h45- Norioki Sugaya (Université Rikkyo, Tokyo), « Flaubert, Hegel et la peinture hollandaise »

10h45-11h - Pause

  • 11h-11h30- Kayoko Kashiwagi(Kyoto City University of Arts) : « Japon : tout y est en porcelaine. Flaubert, le Japon et le japonisme »
  • 11h30-12h- Michael F. Zimmermann (Université catholique d’Eichstätt-Ingolstadt), « Flaubert et Odilon Redon » 
  • 12h-12h30- Bruna Donatelli (Université Roma Tre), « Biographie par images : La dernière ligne » 

12h30 Discussion

13h-14h - déjeuner

Spectaculaire Flaubert

(Présidence de séance Jeanne Bem)

  • 14h-14h30- Jacques Neefs (Université de Paris VIII et Johns Hopkins University), « La prose pour voir » 
  • 14h30-15h- Atsushi Yamazaki (Université Chukyo, Nagoya), « Le pittoresque dans Bouvard et Pécuchet»

15h-15h15 Pause

  • 15h15-15h45- Olivier Bara (Université Lumière-Lyon 2) – « Images, montage : de la (dé)liaison dans l’œuvre dramatique de Flaubert, de la première Tentation de saint Antoineau Château des cœurs »
  • 15h45-16h15- Roxane Martin (université de Lorraine) : « Flaubert à l’épreuve de l’image scénique : les décors du Château des cœurs»
  • 16h15-16h45- Marc Cerisuelo (Université Gustave Eiffel) : « L’écrivain en personne ? Flaubert et Minnelli (Madame Bovary, 1949) »

16h45 Discussion

17h15 Clôture du colloque

Organisateurs

  • Juliette Azoulai (Université Gustave Eiffel-LISAA),
  • Philippe Dufour (Université de Tours),
  • Gisèle Séginger (Université Gustave Eiffel-LISAA)

Comité scientifique

  • Jeanne Bem (Université de Sarrebrück),
  • José-Luis Diaz (Université Paris Diderot. Vice-président de la SERD),
  • Ségolène Le Men (Université Paris Nanterre),
  • Jacques Neefs (Université Paris Sorbonne et Johns Hopkins university),
  • Gilles Philippe (Université de Lausanne),
  • Pierre-Louis Rey (Université Sorbonne Nouvelle),
  • Jean-Claude Yon (École Pratique des Hautes Études-SAPRAT, Président de la SERD),
  • Bernard Vouilloux (Université Paris Sorbonne)

Informations complémentaires

Publications, activités :

Inscription gratuite sur le site : https://www.singer-polignac.org/fr/missions/lettres-et-arts/colloques-arts-lettres/flaubert-en-images

Lieux

  • Fondation Singer-Polignac - 43 avenue Georges Mandel
    Paris, France (75)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • lundi 12 décembre 2022
  • mardi 13 décembre 2022
  • mercredi 14 décembre 2022

Mots-clés

  • Flaubert, image, histoire de l'art, peinture, études visuelles, littérature

Contacts

  • Gisèle Séginger
    courriel : gisele [dot] seginger [at] univ-eiffel [dot] fr

Source de l'information

  • Gisèle Séginger
    courriel : gisele [dot] seginger [at] univ-eiffel [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Flaubert en images », Colloque, Calenda, Publié le lundi 28 novembre 2022, https://doi.org/10.58079/1a1r

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