HomeLuttes alimentaires et groupes marginalisés
Published on Thursday, December 01, 2022
Abstract
À rebours d’une perspective contemporaine qui tend à construire les luttes alimentaires comme principalement menées par les classes moyennes blanches dans les pays industrialisés, cette journée d’étude veut explorer la façon dont des groupes ou communautés marginalisées politisent la question de l’alimentation pour en faire un outil de mobilisation, que l’on conçoive ces mouvements en termes de reconnaissance, d’agentivité ou de domination. L’interdisciplinarité étant inhérente à l’étude de cet objet, nous encourageons les contributions issues de divers champs, disciplines (histoire, anthropologie, ethnologie, sociologie, science politique, études culturelles…) et aires culturelles, portant sur les XXe et XIXe siècles.
Announcement
Journée d’études – Sciences Po Lille – 8 juin 2023
Argumentaire
Les récentes crises globales que sont la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique ont fait ressurgir dans de nombreuses régions du monde le spectre de la faim : désorganisation des circuits d’approvisionnement, inflation, creusement des inégalités ont rendu à nouveau visibles des réalités longtemps obscurcies, dans les pays industrialisés, par le rêve de l’abondance et le mythe d’une croissance éternelle. Là où certaines et certains ont redécouvert les joies de la cuisine faite maison dans des intérieurs bourgeois et postent leurs trouvailles culinaires sur les réseaux sociaux, d’autres luttent pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, dont celui de se nourrir.
L’alimentation est cependant davantage qu’un besoin biologique ; elle charrie avec elle des héritages culturels, religieux, familiaux, des normes de genre, des politiques de santé, des luttes de pouvoir. Le développement de la sociologie de l’alimentation depuis les travaux de Maurice Halbwachs et Pierre Bourdieu sur le lien entre alimentation et classes sociales[1] , le développement des food studies dans le sillage des études culturelles, ont fait ces dernières années de l’alimentation un terrain de recherche fécond pour les sciences humaines et sociales et ont largement contribué à faire du fait alimentaire un fait politique, inscrit dans des luttes de pouvoir et des logiques de domination. Pour des groupes marginalisés en raison de leur race, de leur genre, de leur statut social ou de leur religion, l’alimentation peut être une manière de s’affirmer dans un champ politique dont elles et ils sont exclus : des femmes aux foyer manifestant contre le prix de la nourriture[2] aux nations autochtones revendiquant leur souveraineté alimentaire par l'utilisation de semences indigènes[3] en passant par le symbolisme de la soul food dans le mouvement des droits civiques[4], l’alimentation et la cuisine peuvent être source de mobilisation pour des groupes n’ayant pas accès aux cercles de sociabilité politique traditionnels que sont les partis, les syndicats ou l’appareil d’État.
À rebours d’une perspective contemporaine qui tend à construire les luttes alimentaires comme principalement menées par les classes moyennes blanches dans les pays industrialisés, cette journée d’études veut explorer la façon dont des groupes ou communautés marginalisées politisent la question de l’alimentation pour en faire un outil de mobilisation, que l’on conçoive ces mouvements en termes de reconnaissance, d’agentivité ou de domination. L’interdisciplinarité étant inhérente à l’étude de cet objet, nous encourageons les contributions issues de divers champs, disciplines (histoire, anthropologie, ethnologie, sociologie, science politique, études culturelles…) et aires culturelles, portant sur les XXè et XIXè siècles.
Modalités de contribution
Les propositions de communication (500 mots) accompagnées d’une courte biographie, sont à envoyer à Alice Béja (alice.beja@sciencespo-lille.eu) et Benoît Lengaigne (benoit.lengaigne@sciencespo-lille.eu)
pour le lundi 23 janvier 2023.
Comité scientifique
- Alice Béja, Sciences Po Lille
- Benoît Lengaigne, Sciences Po Lille
Notes
[1] Maurice Halbwachs, La classe ouvrière et les niveaux de vie. Recherches sur la hiérarchie des besoins dans les sociétés industrielles contemporaines, Paris/Londres, Gordon & Breach, 1970 [1912] ; Pierre Bourdieu, La Distinction, Paris, Les Editions de Minuit, 1979. Pour une synthèse sur les perspectives théoriques, voir Antoine Bernard de Raymond et Sylvain Parasie, « Les sciences sociales au prisme de l’alimentation », Terrains & Travaux, vol. 2, n°9, 2005, p.3-11.
[2] Voir par exemple Emily Twarog, Politics of the Pantry. Housewives, Food and Consumer Protest in Twentieth Century America, Oxford, Oxford University Press, 2017.
[3] Charlotte J. Frisbie, Food Sovereignty the Navajo Way. Cooking with Tall Woman, University of New Mexico Press, 2018.
[4] Frederick Douglass Opie, Southern Food and Civil Rights. Feeding the Revolution, The History Press, 2017.
Subjects
- Political studies (Main category)
- Society > Sociology
- Mind and language > Representation > Cultural history
- Society > Ethnology, anthropology > Cultural anthropology
- Society > Sociology > Sociology of consumption
- Society > Political studies > Political and social movements
- Society > History > Social history
Places
- 9 rue Auguste Angellier
Lille, France (59)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Monday, January 23, 2023
Keywords
- food studies, mouvement social
Contact(s)
- Alice Béja
courriel : alice [dot] beja [at] sciencespo-lille [dot] eu
Information source
- Alice Béja
courriel : alice [dot] beja [at] sciencespo-lille [dot] eu
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Luttes alimentaires et groupes marginalisés », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, December 01, 2022, https://doi.org/10.58079/1a3u