AccueilL’État : entre universalisme et variabilité des pratiques

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L’État : entre universalisme et variabilité des pratiques

The State : between universalism and variability of practices

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Publié le lundi 09 janvier 2023

Résumé

De l’Antiquité à nos jours, différents modèles étatiques ont été conceptualisés et mis en pratique à travers le monde. L’objectif de ce colloque consiste à nourrir un échange intellectuel interdisciplinaire qui consistera à observer et à analyser comment les États se créent, fonctionnent, se maintiennent et/ou sont contestés depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.

Annonce

Argumentaire

De l’antiquité à nos jours, différents modèles étatiques ont été conceptualisés et mis en pratique à travers le monde. Malgré la tentation de l’universalisme du modèle occidental, quoique lui-même présentant des nuances selon les pays, on relève davantage de variabilités qui tiennent aux trajectoires des peuples et aux contradictions qui les ont marqués à travers le temps. Des monarchies absolues aux régimes présidentiels en passant par les monarchies corporatives de l’époque médiévale et les monarchies constitutionnelles, différents modèles ont été appliqués et ont sous-tendu les rapports entre gouvernants et gouvernés, administrateurs et administrés avec des convulsions et compromis qui ont rythmé la marche des États.

Pour Nicolas Machiavel, « il n’est pas possible à un Prince […] d’observer dans sa conduite tout ce qui fait que les hommes sont réputés gens de bien. […] Il est souvent obligé, pour maintenir l’État, d’agir contre l’humanité, contre la charité, contre la religion même. Il faut […] que tant qu’il le peut il ne s’écarte pas de la voie du bien, mais qu’au besoin il sache entrer dans celle du mal ». (voir « Comment les princes doivent tenir leur parole », Le Prince [1532], chapitre XVIII, pp. 135-136).

Cette philosophie politique constitue le fondement de la résolution approuvée le 28 août 1572 par le Parlement de Paris pour justifier le massacre de la Saint-Barthélemy. En effet, dans l’intérêt de la France, le Conseil du Roi Charles IX a allégué le salut du royaume et poussé la population catholique à tuer les protestants. « Aus extrêmes dangers […] les remèdes extrêmes », déclare à l’époque l’écrivain François de Chantelouve dans La tragédie de feu Gaspar de Colligni, jadis amiral de France. Il s’agissait de ces résolutions que les disciples de Machiavel considèrent comme des nécessités douloureuses pour sauver une nation. Une situation proche s’est produite en 2018 en Côte d’Ivoire avec le phénomène des microbes. Pour abolir la délinquance juvénile et restaurer la sécurité publique, le gouvernement ivoirien a donné l’assaut contre les jeunes gens qui semaient la terreur dans différents endroits du pays.

La conscience humaine n’admet pas ces mesures violentes. En l’occurrence, au XVIIIe siècle, les Lumières n’admettent pas que le mal soit nécessaire à ce point pour qu’enfin arrive le bien. À la philosophie politique de Machiavel ainsi qu’au long règne monarchique de Louis XIV [1661 à 1715] qui aurait dit : « l’État c’est moi », ces penseurs opposent des formes nouvelles de gouvernements des sociétés qui ont en commun la bienveillance permanente des gouvernants envers les gouvernés. Ces théories ont inspiré bons nombres de constitutions du monde actuel.

D’après Montesquieu, auteur de l’Esprit des lois (1748), si le même homme aidé de quelques conseillers décide de tout dans l’exercice de tous les pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), il finit par en abuser et contraindre ses sujets à la servitude. « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir », et « que le gouvernement soit tel qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen », recommande-t-il alors. Ce rejet de la Monarchie se retrouve chez Denis Diderot qui écrit dans son article intitulé « Autorité politique » et paru en 1751 dans le premier volume de l’Encyclopédie : « Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison ». Afin que tous les citoyens d’un pays jouissent de la liberté, Voltaire pour sa part s’inspire de La Républiquede Platon et propose dans Lettres philosophiques (1733) le Despotisme éclairé, un « gouvernement sage où le Prince, tout-puissant pour faire du bien, a les mains liées pour faire du mal ». Il faut que les rois deviennent philosophes, et les philosophes rois, suggère-t-il.

Avec ces contestations de la philosophie politique de Machiavel et du régime monarchique, les Lumières font concrètement circuler des pensées révolutionnaires qui favorisent à partir du XVIIIe siècle la création des États sur des modèles nouveaux. En Afrique, la plupart des pays devenus indépendants dans les années 1960 adoptent ces modèles d’organisations étatiques : d’abord, l’État maximal, puis sous les contraintes sociopolitiques des années 1970, l’État minimal.

Mais qu’en est-il, de nos jours, dans un contexte de guerre asymétrique contre le terrorisme, de ces États censés garantir à chaque homme ses droits au bien-être, à la protection, à l’éducation, au travail, à la circulation et autres ?

De nombreuses interrogations surgissent et ramènent à la surface le débat de fond, à l’échelle mondiale, sur les grands sujets d’actualité politique que sont l’extrémisme violent, les tensions sectaires, l’immigration, la rencontre du Président de la France, Emmanuel Macron, avec la société civile africaine, les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, etc.

La succession de ces crises et évènements met constamment l’État sous les projecteurs. Aujourd’hui, après la pandémie du COVID-19 qui a fait ressurgir les replis identitaires dans des frontières étatiques avec les nombreux confinements, la guerre russo-ukrainienne replonge le monde dans un contexte de nouvelle guerre froide qui ouvre une ère de reconfiguration de la géopolitique et de la géoéconomie mondiales.  

Ce colloque n’a pas pour vocation d’être une tribune politique. Les communications attendues doivent être scientifiques et faire un état des lieux du service d’État à travers les siècles et les pays. L’objectif consiste à nourrir un échange intellectuel interdisciplinaire qui consistera à observer et à analyser comment les États se créent, fonctionnent, se maintiennent et/ou sont contestés depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Le colloque accueillera ainsi des contributions sur les formes, les évolutions, les forces, les difficultés, les stratégies d’adaptation, les convergences et les divergences concernant l’État à travers l’histoire, ainsi que ses représentations et ses contestations dans les littératures, les arts et les cultures. À titre indicatif, les contributions traitant de thématiques en lien avec les axes suivants sont attendues :

  • l’État : définitions, théories, idéologies, fonctions et fonctionnement ;
  • frontières étatiques et relations internationales ;
  • les États en Afrique et dans le monde : naissances, évolutions, choix politiques et contraintes ;
  • l’État : rapports entre les constitutions et les conventions internationales ;
  • État, religions, entreprises, société civile et média ;
  • l’État : imaginaires, représentations et formes de contestation dans les lettres et dans les arts ;
  • l’État et les droits humains à l’ère des réseaux sociaux ;
  • l’État entre le local et le global face au changement climatique.

Modalités de soumission des contributions

Ce colloque est ouvert à tous les chercheurs en lettres, arts et sciences humaines et sociales, prioritairement à ceux qui travaillent dans une perspective faisant dialoguer plusieurs disciplines.

Les langues de travail sont le français, l’anglais et le portugais.

Les propositions de communication sont à transmettre conjointement aux deux adresses électroniques suivantes : sndong@univ-zig.sn et ml.manga@univ-zig.sn

avant le 20 mars 2023.

Elles comporteront :

  • une courte présentation bio-bibliographique du contributeur ;
  • un résumé de communication de cinq-cents (500) mots au plus ;
  • une liste de cinq (5) mots-clés ;
  • un texte de douze (12) pages minimum à quinze (15) pages maximum ;
  • une bibliographie indicative.

Le comité d’organisation répondra le 15 avril 2023.

Le colloque se déroulera en présentiel les 06, 07 et 08 décembre 2023 à l’Université Assane Seck de Ziguinchor du Sénégal.

Les communications seront d’une durée de vingt (20) minutes par participant.

Conditions de participation au colloque

Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des participants.

Les frais d’inscription au colloque s’élèvent à 25 000 FCFA pour les doctorants, et à 50 000 FCFA pour les autres. Ils serviront à couvrir les dépenses relatives aux déjeuners, pauses-café, kits du colloque et souscription à la publication des actes du colloque au cas où la communication serait retenue par le comité scientifique.

Comité scientifique

  • Pr Mamadou Badji, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Saliou Ndiaye, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Ibrahima Thioub, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Mamadou Diouf, Michigan university, États-Unis.
  • Pr Jean-Loup Amselle, ESHSS, Paris, France.
  • Pr Achille Mbembé, Université de Paris, France.
  • Pr Véronique Petit, Université de Paris, France.
  • Pr Ketil Fred Hansen, Universitetet i Stavanger, Norvège.
  • Pr Karin Dokken, Universitetet i Oslo, Norvège.
  • Pr Ousseynou Faye, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Souleymane Bachir Diagne, Columbia University, États-Unis.
  • Pr Alioune Badara Diané, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Jean Francois Bayart, Sciences-Po, Paris, France.
  • Pr Abdoulaye Bathily, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Mariana Fonseca Bracks, Federal University of Segirpe, Brésil.
  • Pr Ibra Sène, College of Wooster, États-Unis.
  • Pr Cheikh M. S. Diop, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Ndiémé Sow, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Eugène Tavares, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Doudou Guèye, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Séverine Awenengo, CNRS / IMAF, Paris, France.
  • Pr Momar Coumba Diop, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Diélya Yaya Wane, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Tidiane Sané, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Paul Diédhiou, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Pr Melyan Mendy, Université Assane Seck de Ziguinchor, Sénégal.
  • Dr Ndiouga Benga, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Mamadou Fall, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Vincent Foucher, Sciences-Po, Bordeaux, France.
  • Pr Gérôme Lombard, CNRS / Paris, France.
  • Pr Jean-Claude Marut, CNRS / Paris, France.
  • Pr Pape Sakho, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Mouhamadou Nissire Sarr, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
  • Pr Alioune Dème, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.

Comité d’organisation

  • Dr Amadou Oury Diallo
  • Pr Daouda Diouf
  • Dr Raphaël Lambal
  • Pr Bocar Aly Pam
  • Dr Djibril Thiam
  • Dr Alpha Oumarou Ba
  • Dr El hadji Camara
  • Dr Cheikhna Wagué
  • Dr Djidéré Baldé
  • Dr Ludovic Njuh Puntougnigni
  • Dr Ibrahima Mamour Ndiaye
  • Dr Baboucar Diouf
  • Dr Moussa Diallo
  • Dr Moussa Coulibaly
  • Dr Babacar Diop
  • Dr Joseph Ahimann Preira
  • Dr Abdou Karim Tandjigora

Responsables du colloque

Lieux

  • UFR LASHU - UFR des Lettres, Arts et Sciences Humaines
    Ziguinchor, République du Sénégal (BP523)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • lundi 20 mars 2023

Mots-clés

  • état, politique, droit humain, guerre, développement, mondialisation, climat

Contacts

  • Sangoul Ndong
    courriel : sndong [at] univ-zig [dot] sn
  • Mohamed Lamine Manga
    courriel : ml [dot] manga [at] univ-zig [dot] sn

Source de l'information

  • Sangoul Ndong
    courriel : sndong [at] univ-zig [dot] sn

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’État : entre universalisme et variabilité des pratiques », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 09 janvier 2023, https://doi.org/10.58079/1aah

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