Valoriser les savoirs traditionnels dans les projets locaux et internationaux
Considérations épistémologiques et initiatives pertinentes
Published on Thursday, January 12, 2023
Abstract
Ce colloque s’inscrit dans une perspective critique, décoloniale et pluriverselle et vise à réfléchir aux savoirs, pratiques et expertises des communautés impliquées dans les programmes de développement international. Il s’agit également ici de mettre en avant des perspectives plurielles (sociologique, anthropologique, politique, culturelle, géographique, économique, philosophique) pour permettre une meilleure compréhension des enjeux et des défis liés à la prise en compte des savoirs traditionnels dans les projets de développement international.
Announcement
Contexte
Pour répondre aux enjeux environnementaux et climatiques actuels, les organisations nationales, internationales et non-gouvernementales (ONGs), tentent de mettre en place (ou de renforcer) des modes de gestion et de gouvernance environnementale « plus durables », en lien avec les agendas internationaux. Toutefois, les communautés impliquées dans ces programmes disposent déjà de savoirs en lien avec leurs territoires, avec les ressources qui s’y trouvent, ainsi qu’avec les façons d’entrer en relation avec ceux-ci. Aussi ce constat ne peut-il manquer d’aboutir à une réflexion critique sur les relations entre, d’une part, les programmes des bailleurs de fonds et de leurs organisations partenaires et, d’autre part, les connaissances et les expertises des communautés sur leurs propres réalités territoriales.
Sur le plan politique, de nombreuses conventions reconnaissent que les communautés autochtones et locales dépendent très étroitement de leur environnement naturel et des ressources matérielles et immatérielles qui en sont issues. Elles reconnaissent aussi que plusieurs territoires sont protégés, conservés et gérés durablement grâce aux savoir-faire que ces communautés locales ont su développer. En 1993, la Convention sur la diversité biologique (CDB) a considéré les savoirs traditionnels comme un patrimoine commun de l’humanité et a proposé, avec le protocole de Nagoya qui s’en est suivi, un partage équitable des avantages découlant de la conservation et de l’utilisation durable de la diversité biologique. Dans cette optique, les savoirs traditionnels feraient référence aux « connaissances, pratiques et philosophies développées par des sociétés ayant une longue histoire d’interaction avec leur environnement naturel » (Unesco, 2017, p. 1).
Problématique
Toutefois, il existe un flou conceptuel autour du terme de « savoirs traditionnels », parfois utilisé comme synonyme de savoirs locaux, savoirs endogènes, ou savoirs autochtones. Les savoirs traditionnels suscitent de l’intérêt auprès des chercheurs et des organisations internationales avec une évolution remarquable dans la manière dont ceux-ci sont perçus. Cet « engouement » (Roué, 2012, p. 1) soulève de nombreuses questions et fait l’objet d’un important débat tant sur le plan scientifique que sur le plan politique. Dans le monde académique, en particulier, l’intérêt pour les savoirs traditionnels s’est, depuis les années 1990, considérablement accru. Plusieurs disciplines (anthropologie, géographie, sociologie, sciences politiques, etc.) se sont saisies des savoirs environnementaux traditionnels avec des postures et des perspectives variables.
Ce colloque s’inscrit, pour sa part, dans une perspective critique, décoloniale et pluriverselle et vise à réfléchir aux savoirs, pratiques et expertises des communautés impliquées dans les programmes de développement international. Nous proposons que cette réflexion touche à la fois aux enjeux épistémologiques, théoriques, pratiques et opérationnels autour de la reconnaissance et de la valorisation de tels savoirs. Il s’agit également ici de mettre en avant des perspectives plurielles (sociologique, anthropologique, politique, culturelle, géographique, économique, philosophique, juridique) pour permettre une meilleure compréhension des enjeux et des défis liés à la prise en compte des savoirs traditionnels dans les projets de développement international.
Aussi ce questionnement ne peut-il faire l’économie de l’analyse de notions en jeu, souvent galvaudées ou, parfois à tort, présentées comme interchangeables, comme celle de « conservation » et de « préservation ». Nous retiendrons à ces fins l’apport de Martine Chalvet (2022, p. 1, n. 2), qui nous rappelle l’importante distinction entre ces deux concepts : « Le courant de la conservation (G. Pinchot) prône le maintien et la protection de la nature dans le sens d’une gestion utilitariste des ressources. Les [humains] peuvent donc intervenir, prélever et réguler. Le courant de la préservation (J. Muir) prône le maintien et la protection de la nature non pour en pérenniser l’usage, mais en raison de la valeur intrinsèque de la nature. La démarche de préservation est donc plus radicale et plus stricte prônant la non-intervention [humaine]. » L’analyse du rapport entre ces termes et la question de la patrimonialisation peut donc ici s’avérer essentielle (Ayangma, 2016).
Car nous trouvons, d’une part, le concept d’environnement tel qu’il est perçu par les États, les gouvernements locaux ou territoriaux et les ONGs émanant de ces différents pouvoirs et, d’autre part, une conception endogène de l’environnement provenant des populations autochtones et/ou traditionnelles. Notre colloque vise à analyser les rapports de pouvoir entre ces différentes visions du monde (Weltanschauungen).
Axes de réflexion
- Enjeux épistémologiques de la catégorisation des savoirs dits “traditionnels”.
- Apports et défis des différentes approches et disciplines en sciences humaines et sociales sur la valorisation des savoirs traditionnels.
- Changements opérés depuis la Convention de Rio et le Protocole de Nagoya sur les populations locales dans les projets environnementaux.
- Initiatives pertinentes sur la (re)connaissance et la valorisation et des savoirs traditionnels dans le développement durable des territoires.
- Mise en perspective, sur le terrain, des rapports de pouvoir entre les différentes conceptions de l’environnement (ex. : notion du ‟bien-vivre”, « buen vivir »).
Modalités de soumission des propositions de communication
Les chercheurs, les étudiants et les praticiens sont invités à soumettre une proposition de communication.
Format attendu des propositions de communications :
- Titre de la communication.
- Nom, prénom, fonction, affiliation et courrier électronique des auteurs.e.s.
- Résumé détaillé de la communication de 1500 caractères et espaces maximum, en français, au format Word, qui présente la problématique, la méthodologie et les principaux résultats.
- Trois à cinq mots-clés.
Critères à respecter :
- Être en lien avec la thématique du colloque.
- Contribuer à l’avancement des connaissances.
- Être écrites en français, la langue officielle du Congrès de l’Acfas.
Les propositions doivent être soumises aux adresses suivantes :
- Montserrat Fitó : mtfito@yahoo.com
- Marie Fall : marie_fall@uqac.ca
avant le 13 février 2023.
Important : Selon les politiques de l’Acfas, l'inscription au congrès est obligatoire pour toute personne désirant participer ou assister au congrès
Comité scientifique et d’arbitrage du colloque
Les membres du comité organisateur du colloque en collaboration avec des collègues provenant d’autres disciplines agiront comme membres du comité scientifique et d’arbitrage.
À ce titre, nous remercions Benoît Baltus, docteur en philosophie et chargé d’enseignement à l’Université de Guyane, pour sa participation à l’élaboration de cet appel à communications.
Possibilités de publication des textes
Les conférenciers qui le désirent pourront soumettre un texte issu de leur présentation, au cours de l’été 2023, en vue d’une publication sous forme d’ouvrage collectif ou de numéro spécial de revue. Des informations supplémentaires seront fournies dans les prochains mois. Toutefois, prenez note qu’une participation au colloque ne constitue pas un engagement de publication de la part des organisatrices, car les articles soumis seront évalués par un comité de lecture.
Dates importantes à retenir
- 10 janvier 2023 Ouverture de l’inscription en ligne sur acfas.ca
- 13 février 2023 Date limite d’envoi de votre proposition de communication (résumé)
- 26 février 2023 Communication de la décision d’acceptation ou du refus de la proposition aux auteur.e.s
- 31 mars 2023 Date limite pour bénéficier du tarif préférentiel d’inscription au congrès
- 10 et 11 mai 2023 Tenue du colloque dans le cadre du 90e Congrès de l’Acfas - Université de Montréal, HEC Montréal et Polytechnique Montréal, ainsi qu’en ligne (format hybride)
- 31 juillet 2023 Date limite d’envoi des articles complets
Informations
Pour toute question :
- Concernant le programme et les communications : Montserrat Fitó, mtfito@yahoo.com
- Concernant la logistique : Mathilde Gouin-Bonenfant, mg975@cam.ac.uk
Pour plus d’informations sur le 90e Congrès de l’Acfas, veuillez consulter le site du congrès
Bibliographie et filmographie indicatives
AYANGMA S., (2016), L'aménagement territorial et ses effets sur le patrimoine des communautés autochtones de la Guyane française, Matoury, Éditions Ibis rouge.
BONFIL BATALLA, G. (1991), Pensar nuestra cultura, México, Alianza Editorial, cap. 2 : “Lo propio y lo ajeno. Una aproximación al problema del control cultural”.
CHALVET, M. (2021), ”Conservation/préservation de la nature « sauvage » : une histoire des savoirs, des imaginaires et des idéologies (XIXe siècle et première partie du XXe siècle)”. In Revue forestière française, vol. 73 n° 2-3 : ‘Des forêts en libre évolution’, pp. 227-251.
DIAKITÉ, S. (2014), ‟De la crise du savoir en Afrique : du soupçon au dévoilement”, Les Cahiers de l’IRDA n° 001, pp. 1-20.
FALL, M. ; GOUIN-BONENFANT, M. (2022), ‟De la théorie à la pratique : penser et valoriser les savoirs endogènes dans une perspective décoloniale”, communication au 89ème Congrès de l’Acfas, colloque 632 - Démocratisation des savoirs propres et impropres : qui décide ?
FITó, M. (2001), La brousse de La Havane (El monte de La Habana ; Série ''Cuba en blanc''), 42 mn, film anthropologique n° 0381/C, Paris,
Centre de documentation audiovisuelle “Santé, Maladie, Malheur”, UMR 7206 Éco-anthropologie (EA), CNRS-MNHN.
FOUCAULT, M. (1969), Archéologie du savoir, Paris, Gallimard.
GRAEBER, D. (2022) [2001] La fausse monnaie de nos rêves. Vers une théorie anthropologique de la valeur, Paris, Éditions ‘Les liens qui libèrent’.
GUILLAUMIN, C. (1992) Sexe, race et pratique du pouvoir : l'idée de nature, Paris, Éditions iXe.
HÉRITIER, F. (1996), Masculin, Féminin. La pensée de la différence. Paris, Éditions Odile Jacob.
ROUÉ, Marie, ‟Histoire et épistémologie des savoirs locaux et autochtones. De la tradition à la mode.” Revue d’ethnoécologie [En ligne]1-2012.
SCOTT, James C. (2009) [1990], La domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne, Paris, Éditions Amsterdam.
Subjects
- Sociology (Main category)
- Society > Ethnology, anthropology
- Society > Sociology > Sociology of culture
Places
- Pavillon Roger-Gaudry - Université de Montréal - 2900, boulevard Édouard-Montpetit
Montreal, Canada (H3T 1J4)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Monday, February 13, 2023
Keywords
- savoir traditionnel, valorisation, décolonialité, pluriversalité, coopération nationale, coopération internationale, conservation, préservation, patrimoine
Contact(s)
- Montserrat Fitó
courriel : mtfito [at] yahoo [dot] com - Marie FALL
courriel : mfall [at] uqac [dot] ca
Reference Urls
Information source
- Montserrat Fitó
courriel : mtfito [at] yahoo [dot] com
License
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To cite this announcement
« Valoriser les savoirs traditionnels dans les projets locaux et internationaux », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, January 12, 2023, https://doi.org/10.58079/1abl