Alors que notre entrée dans l’Anthropocène fait débat au sein de la communauté scientifique, les appels à « atterrir » (Latour, 2017) pour habiter la Terre depuis le sol se multiplient. Nous souhaitons donc proposer dans ce panel de European conference on african studies (ECAS) 2023 de réfléchir aux futurs africains en nous enfonçant dans les sous-sols du continent. Pour ce faire, nous aimerions faire dialoguer anthropologie et littérature. Ouvert aux contributrices et contributeurs des deux disciplines, ce panel vise à confronter le questionnement anthropologique sur l’avenir des profondeurs africaines à une analyse selon une perspective écocritique de leur représentation dans le corpus littéraire africain.

Présentation du panel

En nous accaparant par un extractivisme toujours plus agressif les ressources consommées par notre société, nous construisons un futur voué à s’enraciner dans un sol évidé qui menace de s’effondrer sous nos pas. Pour enrayer ce processus, scientifiques et philosophes incitent à développer de nouveaux modes de réflexion inspirés par le monde minéral, en particulier par sa temporalité (Bjornerud, 2018) et par certains phénomènes géologiques comme la sédimentation (Duperrex, 2022).

Dans ce panel, nous proposons donc d’adopter ce point de vue du minéral en imaginant les futurs de l’Afrique depuis ses sous-sols. Notre approche se veut à la fois anthropologique et littéraire.  

De fait, l’évidement des sous-sols n’affecte pas seulement l’équilibre futur des espaces naturels africains, mais aussi celui des groupes humains qui vivent en interdépendance avec eux. Cela invite donc à étudier les stratégies que ceux-ci développent pour habiter un sol instable, et la façon dont l’attention portée au quotidien à des espaces souterrains menacés peut réorganiser les relations au sein des communautés qui y sont liées.

La production romanesque africaine récente, imprégnée par l’imaginaire des profondeurs, relaie justement ces interrogations environnementales et anthropologiques. Ville aux fondations rongées par les mines de cuivre artisanales chez Sinzo Aanza (2015), delta dévasté par l’exploitation pétrolière chez Helon Habila (2010): les espaces souterrains vulnérables et le devenir des individus qui en dépendent deviennent sources d’intrigue littéraire. En cherchant à rendre sensibles les écosystèmes souterrains par l’écriture, les auteurs révèlent leur esthétique singulière et le rôle essentiel qu’ils jouent dans la construction des futurs africains.

Modalités de soumission des propositions

Le panel se tiendra en anglais.

Les propositions peuvent être déposées directement sur la plateforme d'ECAS au lien suivant

avant le 23 janvier 2023.

Vous trouverez à cet effet un icône "Propose" à la fin de la présentation du panel. 

Au vu de la proximité de la date butoir, si vous êtes intéressé.e, n'hésitez pas à nous faire parvenir même une ébauche de proposition, nous serions ravies de vous lire.

Le colloque des ECAS se tiendra par la suite du 31 mai au 3 juin 2023 à Cologne.

Comité scientifique

• Sophie Moulard, Chercheuse associée au LAM (UMR 5115), Science Po Bordeaux
• Marie Pernice, doctorante Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 ED 120, UMR 7172 THALIM (Théorie des arts des littératures de la modernité)