AccueilStratégies et pratiques missionnaires, esclavages et travailleurs déplacés (début XIXe siècle-milieu XXe siècle)

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Stratégies et pratiques missionnaires, esclavages et travailleurs déplacés (début XIXe siècle-milieu XXe siècle)

Missionary strategies and practices, slavery and forced labour (early 19th-mid 20th century)

Estrategias y prácticas misioneras, esclavitud y trabajadores desplazados (principios del siglo XIX-mediados del XX)

Estratégias e práticas missionárias, escravatura e trabalhadores deslocados (início do século XIX - meados do século XX)

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Publié le mercredi 08 février 2023

Résumé

Les stratégies et pratiques missionnaires face aux traites, à l’esclavage et aux multiples formes de travail forcé sont interrogées à l’échelle globale, en situation coloniale mais aussi de souveraineté. Le colloque s’applique à des études de terrain, souvent délaissées au profit d’un débat très documenté sur les positions institutionnelles des Églises. La période retenue débute avec la concomitance du Réveil protestant et de l’essor des abolitionnismes (début XIXe s.) et se termine à la veille des décolonisations (milieu XXe s.). La circulation des répertoires d’action s’articule à l’extrême variété des situations locales.

Annonce

28-31 août 2023 - Maison Diocésaine et Université d’Artois (CREHS et IEFR)

Argumentaire

Définir les pratiques missionnaires en contexte d’esclavage et d’émancipation

Les pratiques missionnaires seront appréhendées à partir de trois situations possibles :

  • Esclaves des colonies européennes : voir dans quelle mesure les missionnaires, à partir de leur expérience, participent, influencent les controverses ou sont influencés ; modes d’interventions sur les habitations (« missions des Noirs ») ; initiatives d’émancipation progressive (Mana en Guyane française par exemple) ; engagement en vue de l’abolition immédiate et sans condition. On n’apportera rien de très nouveau sur ces aspects mais cela peut permettre une comparaison entre missionnaires catholiques et protestants.
  • Esclaves liés à la traite « arabe » : si la dénonciation est unanime, sous quelle forme les missionnaires participent-ils à la lutte contre les traitants « arabes » ; actions de libération par rachat ou aide aux captifs ; villages dits de liberté. Là encore, vu l’abondante littérature, l’objectif serait surtout de comparer.
  • Esclaves dans les autres territoires non colonisés : face aux pouvoirs locaux, dilemme de la dénonciation (au risque de condamner la mission) / résignation (au prix d’un reniement majeur), situations de malentendu opératoire. Ce champ est moins documenté.

Les choses se compliquent après les abolitions avec de nouvelles formes de déplacements forcés de travailleurs : engagisme, coolie trade, blackbirding. Mais on ne peut pas prétendre aborder toutes les formes de servitude post-abolition. Il paraît raisonnable de choisir parmi :

  • Les esclaves « domestiques » et « indigènes » : sont-ils une cible privilégiée, voire une priorité de la mission, dès lors que l’abolition triomphe, et dans quel but ? Quel est le statut des domestiques dans les missions ?
  • Les engagés sous contrat, pour une durée déterminée. Ils sont censés avoir donné leur consentement, mais relèvent souvent d’une traite déguisée et subissent des conditions de vie qui limitent strictement leur liberté individuelle. Les Indiens sont les plus étudiés mais l’Afrique, Madagascar, le Vietnam, la Chine (surtout vers l’Amérique du sud : Pérou) ont aussi été l’objet de ces trafics, avec pour les Africains le recours très contesté au rachat préalable. Or on sait peu de choses sur l’attitude des missionnaires face à ce commerce pourtant très vite accusé d’être une crypto-traite. On n’en sait guère davantage sur les initiatives des missionnaires pour protéger, aider, émanciper, convertir ces populations au sein des plantations.
  • Les travailleurs déplacés, voire razziés, au service des économies coloniales. Il ne s’agit pas tant de s’arrêter sur le travail forcé (ce serait trop vaste et ambitieux) que sur la manière dont les missions agissent pour faciliter, critiquer ou encadrer des déplacements de population en vue de la mise en valeur d’une région (Office du Niger ou Cambodge ; Tamouls au Sri Lanka). Y sont-ils attentifs ? Que font-ils ?
  • On pourrait aussi inclure les populations transférées dans les métropoles pendant les deux guerres mondiales pour cultiver (riz de Camargue), travailler dans les usines. Des missionnaires semblent avoir joué un rôle pour convaincre des « indigènes » catholiques. Ont-ils participé aux recrutements de travailleurs dans les pays de départ ?

Cadre chronologique

Il convient de borner cet immense sujet. Le choix de l'Assemblée générale du CREDIC s'est porté sur une périodisation débutant par la concomitance du grand essor de l'abolitionnisme européen et de l'implication missionnaire dans une variété de sociétés esclavagistes non-européennes : missionnaires et sociétés de planteurs (Amériques, Océan Indien, Australie, Fidji), missionnaires et esclavage en Afrique et à Madagascar. La période enchaîne sur l'engagisme et le travail forcé en situation coloniale. Elle s'achève avec la fin de l'indigénat et du travail contraint (cas particulier de l'empire colonial portugais).

Conceptualisation

Nous éviterons résolument un énième débat sur la position institutionnelle des Églises face à l'esclavage. Ce qui sera traité, c'est la confrontation - ou la cohabitation - concrète avec l'esclavage. Que savent les missionnaires de leur environnement esclavagiste ? Comment l'apprennent-ils ? Comment se positionnent-ils ? Comment agissent-ils - ou pas ? Mêmes questionnements à propos de l'engagisme et des formes coloniales du travail forcé. Affrontements, médiations, malentendus ?

Sans ignorer les prises de position des Églises occidentales face à l’esclavage – sujet déjà largement abordé par d’autres colloques – celui du CREDIC entend s’attacher aux études de terrain. Comment se positionnent et pratiquent les congrégations et sociétés missionnaires pour combattre l’esclavage ou s’en accommoder ? Une différence existe-t-elle entre les conceptions et les pratiques catholiques et protestantes, à l’intérieur même des confessions (par ex. l’opposition entre réformés boers et missionnaires anglicans et protestants en Afrique du Sud) et selon les régions du monde ?

Si l’abolition de l’esclavage est l’un des fruits des Lumières, et si la colonisation se présente comme une alternative à l’esclavage, celui-ci se poursuit pendant la période coloniale sous de nouvelles formes : travail forcé, déplacement de personnes, code de l’indigénat, etc. Comment les congrégations et sociétés missionnaires comprennent-elles, s’adaptent-elles à ces évolutions ?

Langues de travail : français et anglais

Modalités de contributions

Les propositions de communication (accompagnées d’une courte notice biographique et d’un résumé) seront envoyées à Didier Galibert (galibertdidier@orange.fr) et Claire Kaczmarek (claire.kaczmarek@univ-artois.fr)

avant le 31 mars 2023.

Directeur·ices scientifiques

  • Didier Galibert (LAM Sciences Po Bordeaux)
  • Claire Kaczmarek (CREHS, IEFR, Université d’Artois)

Éléments de bibliographie

Aucun titre de synthèse sur le sujet. Quelques références sur la diversité des esclavages et du travail forcé. L’(in)action des missionnaires y reçoit quelques éclairages.

ALENCASTRO Luiz Felipe de, « Le versant brésilien de l'Atlantique-Sud : 1550-1850 », Annales, Histoire, Sciences Sociales, 2006/2, p.339-382

–––––––––––, O trato dos viventes: Formação do Brasil no Atlântico Sul, séculos XVI e XVII,  São Paulo, Companhia das Letras, 2000, 544 p. 

Centro de estudos africanos da Universidade do Porto (ed.), Trabalho Forçado Africano. O caminho de ida, Porto, Edições Humus, 2007, 202 p.

ALLINA Eric, Slavery by Any Other Name. African Life under Company Rule in Colonial Mozambique, Charlottesville & London, University of Virginia Press, 2012, xiii+255 p.

BARBIER-MOSIMANN Marie-Claude, Livingstone, 2016, Paris, Ellipses, 336 p.

-------------------------------------, Un Béarnais en Afrique australe ou l’extraordinaire destin d’Eugène Casalis, 2012, Paris, L’Harmattan, 300 p.

CAHEN Michel, « Slavery, Enslaved Labour and Forced Labour in Mozambique », Portuguese Studies Review, 21 (1), 2013, p. 253-265

CLARENCE-SMITH William Gervase, Islam and the Abolition of Slavery, Oxford, Oxford University Press, 2006, 293 p.

COQUERY-VIDROVITCH Catherine et MESNARD Éric, Être esclave. Afrique – Amériques, XVe-XIXe siècle, 2013, Paris, Éditions La Découverte, 329 p.

DIREITO Bárbara, Terra e Colonialismo em Moçambique, 1892-1942, Lisbonne, Imprensa de Ciências Sociais, 2020, 306 p.

DORIGNY Marcel et GAINOT Bernard, Atlas des esclavages. De l’Antiquité à nos jours, 2013, Paris, Éditions Autrement, 96 p.

FLORY Céline , De l'esclavage à la liberté forcée. Histoire des travailleurs africains engagés dans la Caraïbe française au XIXe siècle, 2015, Paris, Karthala, 456 p.

ISMARD Paulin (dir.), ROSSI Benedetta et VIDAL Cécile (coord.), Les mondes de l’esclavage. Une histoire comparée, 2021, Paris, Éditions du Seuil, 1153 p.

MAESTRI Edmond (éd.), Esclavage et abolitions dans l'océan Indien (1723–1860), 2002, Paris, L’Harmattan-Université de La Réunion, 458 p.

MASTERTON WADDELL Hope, Twenty-Nine Years in the West Indies and Central Africa: A Review of Missionary Work and Adventure, 1829–1858, 2010, Cambridge, Cambridge University Press (Cambridge Library Collection - Slavery and Abolition) Reissue Edition, 708 p.

MAXWELL David, Freed Slaves, Missionaries, and Respectability: the Expansion of the Christian Frontier

from Angola to Belgian Congo, 2013, The Journal of African History, 54(1), Cambridge University Press, p.

79-102.

MONTEIRO José Pedro Pinto, Portugal e a Questão do Trabalho Forçado. Um Império Sob Escrutínio

(1944-1962), Lisbonne, Edições 70, 2018, 404 p.            

MORIER-GENOUD Eric, Catholicism and the Makingof Politics in Central Mozambique, 1940-1986, Rochester/Woodbridge, University of Rochester Press/Boydell & Brewer, 2019, 264 p.

PETRE-GRENOUILLEAU Olivier, Qu’est-ce que l’esclavage ? Une histoire globale, 2014, Paris, Gallimard, 501 p.

------------------------------------------- (dir.), Dictionnaire des esclavages, 2010, Paris, Larousse, 575 p.

-------------------------------------------, Les traites négrières. Essai d’histoire globale, 2004, Paris, Gallimard, 468 p.

RAFIDINARIVO Christiane, Empreintes de la servitude dans les sociétés de l’océan Indien. Métamorphoses et permanences, 2009, Paris, Karthala, 237 p.

RAISON-JOURDE Françoise, Bible et pouvoir à Madagascar. Invention d’une identité chrétienne et construction de l’État, 1991, Paris, Karthala, 848 p.

RENAULT François, Libération d’esclaves et nouvelle servitude, 1977, Abidjan, Les nouvelles éditions africaines, 237 p.

TINKER H, A New System of Slavery: The Export of Indian Labour Overseas 1830–1920, 1974, London, Oxford University Press, 432 p.

TURNER Mary, Slaves and Missionaries: The Disintegration of Jamaican Slave Society, 1787-1834, 1998, Kington, University Press of the West Indies, 236 p.

ZORN Jean-François, Le grand siècle d’une mission protestante. La Mission de Paris de 1822 à 1914, 2012, Paris, Karthala, 791 p.

-------------------------- « L'étrange destin de l'abolition de l'esclavage », Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. 1989, n° 22, p. 54-63.

Note

[1] Josiah Wedgewood reprend le dessin du sceau de la Society for Effecting the Abolition od the Slave Trade. Ce camée est porté durant la campagne en faveur de l’abolition de la traite et de l’esclavage en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord. 

Lieux

  • Arras, France (62000)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • vendredi 31 mars 2023

Mots-clés

  • mission chrétienne, esclavage, travailleur déplacé, circulation impériale, réseau, abolition, (dé)colonisation

Contacts

  • Claire Kaczmarek
    courriel : claire [dot] kaczmarek [at] univ-artois [dot] fr
  • DIDIER GALIBERT
    courriel : galibertdidier [at] orange [dot] fr

Source de l'information

  • DIDIER GALIBERT
    courriel : galibertdidier [at] orange [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Stratégies et pratiques missionnaires, esclavages et travailleurs déplacés (début XIXe siècle-milieu XXe siècle) », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 08 février 2023, https://doi.org/10.58079/1aid

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