AccueilJournée des bolivianistes 2023

AccueilJournée des bolivianistes 2023

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Publié le mercredi 08 février 2023

Résumé

L’ambition de cette journée est de réunir en Nouvelle Aquitaine les laboratoires et les chercheur·es qui travaillent sur la Bolivie afin de croiser les approches et l’état de la recherche sur le terrain bolivien dans une perspective interdisciplinaire (anthropologie, sociologie, histoire, géographie, sciences politiques, économie, droit, philosophie du droit, littérature, études culturelles et esthétiques, etc). Cette journée permettra notamment aux masterant·e·s et doctorant·e·s qui engagent leurs travaux sur la Bolivie d’échanger avec des chercheur·es spécialistes de cette aire géographique.

Annonce

Argumentaire

Le Centre de Recherche en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA, La Rochelle-Nantes), le CRIMIC (Sorbonne Université), le CREDA (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), l’IDPS (Paris 13) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) organisent une journée des bolivianistes. L’ambition de cette activité est de réunir en Nouvelle Aquitaine les laboratoires et les chercheur·es qui travaillent sur la Bolivie afin de croiser les approches et l’état de la recherche sur le terrain bolivien dans une perspective interdisciplinaire (anthropologie, sociologie, histoire, géographie, sciences politiques, économie, droit, philosophie du droit, littérature, études culturelles et esthétiques, etc). Cette journée permettra notamment aux masterant·e·s et doctorant·e·s qui engagent leurs travaux sur la Bolivie d'échanger avec des chercheur·es spécialistes de cette aire géographique.

Axes thématiques proposés

Axe 1 -  Les humanités environnementales en Bolivie : extractivisme et droits de la nature

Ce premier axe questionnera l’impact du modèle constitutionnel de la plurinationalité et du paradigme du « vivir bien » dans la société bolivienne, en particulier sur les rapports entre l’être humain et son environnement.

Ainsi, depuis la Guerre de l’eau (2000) et le gouvernement d’Evo Morales (2005-2019), les notions autochtones de Pachamama puis le concept du Vivir Bien ont intégré la sphère politique bolivienne (Audubert, 2017; Blanc Ansari, 2019 ; Lacroix et Le Gouill, 2019 ; Poupeau, 2021). Le concept du Vivir Bien, désormais inscrit dans la Constitution bolivienne de 2009, renvoie au principe d’harmonie, d’interconnexion et d’interdépendance entre les humains et les non-humains et porte l’ambition de repenser le développement (Huanacuni, 2010). Cette reconnaissance juridique transforme la nature en un véritable sujet de droit (Landivar et Ramillien, 2013) et amène à repenser l’extraction des ressources naturelles (Acosta, 2014). Or, la réalité locale reste pensée sous la modalité de l’extractivisme (Poupeau, 2011). Quelles conséquences ce paradoxe présente-t-il à la sphère politique comme médiatique, tant à l’échelle nationale que sur le plan de la coopération internationale ou vis-à-vis de l’action des organisations transnationales ? Citons en exemple les projets d’extraction minière (Sérandou, 2020 ; Forget et al., 2021 ; Mariette, 2021) ou encore le projet d’axe routier du TIPNIS (Perrier-Bruslé, 2012 ; Gadea 2011) pour questionner les discordances entre discours politique et programme environnemental.

Les communications se pencheront sur les dynamiques locales relatives à l’exploitation des ressources naturelles au sein d’un État qui a entrepris l’application d’un modèle d’organisation étatique et sociétal plurinational et décolonial (Martinez et Poupeau, 2021). Celui-ci dépasse, par conséquent, le cadre singulier de l’État-nation et apporte un éclairage nouveau pour repenser les ressources.

Alors qu’en octobre 2020 le Mouvement vers le socialisme (MAS) est revenu au pouvoir après la séquence disruptive de 2019 (Urioste, 2020, 2021), quelle politique est menée actuellement par le gouvernement de Luis Arce Catacora vis-à-vis de ces questions ? Quels anciens et nouveaux défis se posent aujourd'hui pour la mise en œuvre du Buen Vivir / Vivir Bien ? Comment la société civile perçoit et s’empare de cette question (Blanc Ansari, 2021) ? Dans quels champs cette thématique mobilise-t-elle les divers mouvements sociaux (indigènes, écologiques, féministes) ?

Les enjeux de la transition énergétique seront analysés au prisme des problématiques sociétales, telles que les identités (Gadea, 2022) ou le droit de l’environnement. Il s’agira également d’aborder les phénomènes de représentations et de perceptions des ensembles communs.

Mots clés : extractivisme, peuples autochtones, matières premières, « vivir bien », lithium, plurinationalité, décolonisation, géopolitique, sécurité alimentaire, mouvements sociaux, humanités environnementales.

Axe 2 - Les arts vivants en Bolivie : patrimonialisation, revendications et politiques festives et culturelles

Le calendrier bolivien est scandé par de nombreuses fêtes mêlant aux danses, musiques et pratiques rituelles les arts et artisanats dits autochtones ou indigènes, souvent fruits du syncrétisme et de divers procédés de valorisation et de réinvention (Galinier et Molinié, 2006 ; Maenhout, 2012). D’une part les célébrations civiques, les défilés et les commémorations officielles régulièrement organisées par le pouvoir en place proposent diverses « mises en scène nationales » qui réaffirment son unité et son identité (Martinez, 2017). D’autre part la fête du Gran Poder, las Alasitas, las Ñatitas, le Carnaval de Oruro, ou encore le nouvel an aymara sont des festivités que mettent aussi en avant les acteurs politiques, notamment dans l’optique de s’inscrire dans une filiation indigène et populaire (Lazar, 2013 ; Quisbert et Nicolas, 2014 ; Postero, 2020). Ces pratiques culturelles sont également valorisées par les instances internationales qui cherchent à les inscrire dans des programmes de préservation patrimoniale (Lavat, 2019). Ces phénomènes participent non seulement à les institutionnaliser mais aussi à les transformer en intégrant notamment le facteur économique et de nouveaux impacts reliés au tourisme.

Dans ce contexte où sont désormais et diversement mises en avant les valeurs de la “diversité”, de la “plurinationalité” ou de “l’interculturalité”, sont apparues ou se sont affirmées des pratiques artistiques et des événements culturels mêlant théâtre (Mongis, 2021a), cinéma, musique et danses populaires, art mural, ferias du livre ou de l’artisanat, rencontres entre conteurs indigènes ou encore festivités à dimension rituelle ; phénomènes à partir desquels acteurs et actrices maintiennent ou réinventent un rapport à la “tradition” et à la “modernité” (Guaygua et als, 2000 ; Poupeau, 2010 ; Fléty, 2015). Dans ce cadre se sont aussi structurés diverses organisations, mouvements et mobilisations d’actrices et d’acteurs culturels visant à défendre leurs intérêts et à influer sur les politiques publiques (Mongis, 2021b ; Gorr et Mongis, 2022).

Cet axe interroge les interactions entre les fêtes, l’art, ou la culture, et le monde social dans le contexte bolivien. Comment ont-elles été pensées et comment se sont-elles transformées dans le long terme ? Quelles sont les dimensions symboliques, sacrées, voire religieuses de ces pratiques culturelles ? Que révèlent-elles des enjeux de classe, de race ou de genre dans la société bolivienne ? Peuvent-elles servir de support aux revendications sociales et politiques, et quelles incidences ont-elles sur le plan des politiques publiques ?

Il s’agit ainsi d’interroger les formes de réappropriation des pratiques festives dites traditionnelles, les performances artistiques et culturelles, les phénomènes de patrimonialisation ainsi que les formes de revendications identitaires (Alvizuri, 2012), territoriales et/ou sociales (Fléty, 2015). Ceci dans le but d’analyser comment ces pratiques artistiques et ces festivités se sont institutionnalisées et continuent à se transformer pour répondre aux défis politiques contemporains.

Mots clés : arts vivants, festivités, célébrations, rituels, performance, revendications sociales, action collective, patrimonialisation, tourisme, politiques festives et culturelles.

Modalités de proposition et de sélection

Les projets de communication, en français, anglais ou espagnol, devront contenir entre 4 000 et 8 000 signes espaces non compris, bibliographie incluse. Ils seront accompagnés d’une brève présentation de l'auteur·e. Les propositions de communication sont à déposer en un seul fichier PDF nommé de la façon suivante : 2023_NOM (ex : 2023_DUPONT.pdf) à l’adresse email suivante : journeedesbolivianistes@gmail.com

La date limite d’envoi est fixée au 27 mars 2023.

Les propositions reçues seront évaluées par les membres du comité scientifique.

Calendrier

  • 13 mars : date limite d’envoi des propositions de communications
  • 24 avril : réponses aux communicants
  • 23 juin : journée d’étude

Comité d’organisation

  • Jordie Ansari (CREDA)
  • Baptiste Mongis (CREDA)
  • Sebastian Urioste (CRHIA)

Comité scientifique

  • Jordie Ansari (CREDA)
  • Victor Audubert (IDPS)
  • Elise Gadea (IFEA)
  • Jean-René Garcia (IDPS)
  • Claude Le Gouill (IRD)
  • Françoise Martinez (CRIMIC)
  • Baptiste Mongis (CREDA)
  • Franck Poupeau (CREDA)
  • Sebastian Urioste (CRHIA)

Bibliographie

Axe 1                                    

ACOSTA Alberto, Le Buen Vivir. Pour imaginer d'autres mondes. Amérique Latine, Paris, UTOPIA, 2014, pp 186.

AUDUBERT, Victor. « La notion de Vivir Bien en Bolivie et en Equateur, réelle alternative au paradigme de la modernité ? » Cahiers des Amériques Latines, 2017, n° 85, pp 91-108.

BLANC ANSARI Jordie, « La philosophie du Vivir Bien confrontée aux inégalités socioenvironnementales en Bolivie. Le cas du lac Titicaca », L’Ordinaire des Amériques, n°225, « Inégalités environnementales dans les Amériques », 2019.                                              

BLANC ANSARI Jordie, « Perceptions populaires et urbaines de la Nature chez les jeunes à El Alto (Bolivie) » Cahiers des Amériques latines, n° 97, 2021-2022, pp 207-226.

FORGET Marie, BOS Vincent, CARRIZO Silvina Cecila, « De nouveaux territoires énergétiques dans les Andes et Alpes. Sur les sentiers des transitions », Espaces et sociétés, 2021/1 (n° 182), p. 15-32.  

GADEA Elise, « Retour sur les effets de la marche du Tipnis en Bolivie: retrait de la route et maintien des tensions », Observatoire Politique de l’Amérique Latine et des Caraïbes –OPALC, 2012.

GADEA Elise, « La Plurinationalité en Bolivie: vers une nouvelle conception de l’indianité ? », Cahiers des Amériques latines, n° 97, 2021-2022, pp 85-103.

HUANACUNI MAMANI Fernando, Buen vivir y vivir bien: Filosofía, políticas, estrategias y experiencias regionales andinas. Lima, Coordination andine des organisations autochtones, 2010, pp 6.

LACROIX, Laurent et LE GOUILL, Claude, Le processus de changement en Bolivie, La politique du gouvernement d'Evo Morales (2005 – 2018), Paris, éditions de l'IHEAL, 2019.              

LANDIVAR, Diego et RAMILLIEN, Emilie, L’économie politique des humains et non humains : nouvelles constitutions politiques en Amérique Latine et reconfigurations ontologiques, 2013, pp 24.

MARIETTE Maëlle, « Maîtriser ses resssources. Les enjeux de l’industrialisation du lithium bolivien » Cahiers des Amériques latines, (96), 2021, pp 7-20.           

MARTINEZ, Françoise, et POUPEAU, Franck, « Introduction « La Bolivie d’Evo Morales » : éléments pour une socio-histoire immédiate » Cahiers des Amériques latines, (96), 2021, pp 23-46.

PERRIER-BRUSLE, Laetitia, « Le conflit du Tipnis et la Bolivie d’Evo Morales face à ses contradictions : analyse d’un conflit socio-environnemental  », EchoGéo [En ligne], Sur le Vif, 2012.

POUPEAU Franck, « L'eau de la Pachamama : commentaire sur l'idée d'indigénisation de la modernité. » L'Homme. Revue française d’anthropologie, (198-199), 2011, pp 247-276.       

POUPEAU Franck, Altiplano. Fragments d’une révolution (Bolivie, 1999-2019), Raisons d'agir, col. « Cours et travaux », 2021, pp.701.

SERANDOUR Audrey, « Le « triangle du lithium » existe-t-il ? Géographie politique d’une régionalisation andine (Argentine, Bolivie, Chili) », Belgeo [En ligne], 4, 2020.

URIOSTE Sebastian, Bolivie, fin de cycle. Les études du CERI, 2020, 245-246, pp. 73-77.

https://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/Etude_245-246.pdf

URIOSTE Sebastian, Bolivie: le retour du Mouvement vers le socialisme. Les études du CERI, 2021, 252-253, pp.64-68 : https://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/etude_252-253.pdf

Axe 2

ALVIZURI, Verushka, Le Savant, le militant et l'Aymara. Histoire d'une construction identitaire en Bolivie (1952 – 2006), Paris, Armand Colin, 2012.

FLETY Laura, Les cortèges de la fortune : dynamiques sociales et corporelles chez les danseurs de morenada, thèse en anthropologie de l’université Paris Nanterre, 2015.

GALINIER, Jacques, et MOLINIÉ, Antoinette, Les Néo-Indiens. Une religion du IIIème millénaire, Paris, Odile Jacob, 2006.

GORR, Alejandro et MONGIS, Baptiste, « Legislar la cultura : Derroteros y derrotas de los proyectos de “Ley de Culturas” en Argentina y Bolivia », Revista de Estudios Sociales Contemporáneos, nº 26, IMESC- IDEHESI – CONICET, 2022 [en ligne] : https://revistas.uncu.edu.ar/ojs3/index.php/estudiosocontemp/article/view/4633.

GUAYGUA Germán, RIVEROS Ángela, y QUISBERT Máximo, Ser joven en El Alto: rupturas y continuidades en la tradición cultural, La Paz, Fundación PIEB; 2000.

LAVAT Baptiste, Le Carnaval d’Oruro : enjeux, interactions, conflits (1920-2015), Thèse, Université de Montpellier, 2016.

LAZAR Sian, El Alto, ciudad rebelde, La Paz, Plural Editores, 2013.

MAENHOUT Kévin, « De l'ethnicité en Bolivie ? Paradoxe d'une catégorie indigène, le folklorista », Critique internationale, vol. 57, no. 4, 2012, pp. 53-69.

MARTINEZ Françoise, Fêter la nation. Mexique et Bolivie pendant leur premier siècle de vie indépendante (1810-1925), Nanterre, Presses Universitaires, 2017.

MONGIS Baptiste, « Le Teatro Trono d'El Alto (Bolivie) : un théâtre populaire et Communautaire », Amerika, n°21, 2021a : https://doi.org/10.4000/amerika.12611

MONGIS Baptiste, « Entre activistes et fonctionnaires : le mouvement Cultura Viva Comunitaria et les politiques culturelles à La Paz et El Alto », IdeAs, Idées d'Amériques, n°17, 2021b : https://doi.org/10.4000/ideas.10291

POSTERO Nancy, ¿Estado indígena? Raza, política y performance en el Estado Plurinacional de Bolivia, La Paz, Plural Editores, 2020.

POUPEAU Franck, « El Alto. Una ficción política », Bulletin de l’Institut français d’études andines, n°39 (2), La Paz, 2010.

QUISBERT, Pablo et NICOLAS, Vincent, Pachakuti : El retorno de la nación. Estudio comparativo del imaginario de nación de la Revolución Nacional y del Estado Plurinacional, Sucre, Pieb, 2014.

Lieux

  • 1, Parvis Fernand Braudel
    La Rochelle, France (17000)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • lundi 27 mars 2023

Mots-clés

  • Bolivie, art vivant, festivité, célébration, rituel, performance, revendication sociale, action collective, patrimonialisation, tourisme, politique festive et culturelle, extractivisme, peuple autochtone, matière première, vivir bien

Contacts

  • Sebastian Urioste
    courriel : sebastian [dot] urioste [at] univ-lr [dot] fr

Source de l'information

  • Sebastian Urioste
    courriel : sebastian [dot] urioste [at] univ-lr [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Journée des bolivianistes 2023 », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 08 février 2023, https://doi.org/10.58079/1aig

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