Accueil« Artistes » et « artisans » au travail à l’époque romane

Accueil« Artistes » et « artisans » au travail à l’époque romane

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Publié le mercredi 22 mars 2023

Résumé

Quarante ans après le colloque de Rennes (Xavier Barra i Altet, Artistes, artisans et productions artistiques au Moyen Âge, 1983), le colloque d’Issoire, dédié à la période romane, propose, dans sa trente-et-unième session, de présenter au public les évolutions de la recherche et des points de vue des historiens, historiens de l’art et archéologues sur le thème : artistes et artisans au travail à la période romane (XIe-XIIe siècle). 

Annonce

31e colloque international d’art roman d’Issoire, 13, 14 et-15 Octobre 2023

Organisation

Colloque organisé par l’association « Terres Romanes d’Auvergne », avec le soutien de la ville d’Issoire et de l’Alliance Universitaire d’Auvergne, sous le patronage de la Société Française d’Archéologie et de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand.

Argumentaire

Il y a quarante ans, Xavier Barral i Altet réunissait à Rennes un colloque international dédié au thème Artistes, artisans et production artistique au Moyen Âge, dont les actes furent publiés entre 1986 et 1990 en trois volumes regroupant une centaine contributions. L’entreprise se donnait pour objectif « (d’)élargir le cadre, non seulement sur le plan chronologique, mais aussi géographique ou thématique, abattre les cloisons entre les différentes disciplines (archéologie, histoire de l'art, histoire, littérature) pour mieux comprendre la création artistique ou artisanale (…) par une meilleure connaissance de ceux qui commandent l'œuvre, de ceux qui l'exécutent et des moyens utilisés pour la rendre possible : moyens économiques qui conditionnent le travail, et intellectuels qui en orientent le contenu ». Cependant, l’ouvrage couvrait les dix siècles du Moyen Âge et la période romane n’y était présente que pour moins du quart des communications.

Il pourrait sembler paradoxal d’élever au rang d’objet de recherche de la médiévistique - tout particulièrement pour les XIe et XIIe siècles - les concepts d’« artisan » et d’« artiste » pour lesquels le vocabulaire spécifique ne semble apparaître qu’à partir de l’extrême fin du XIVe siècle (artiste, dans le sens que nous lui donnons ici), voire au XVIe (artisan), même si le médiolatin « artifex » paraît couvrir les deux notions et si l’ancien français voit apparaître timidement le terme « artefieur, artifieur » au milieu du XIIe siècle (FOERSTER, 1876). Mais si l’on veut bien élargir la vision aux langues germaniques, force est de constater que les termes allemands « Handwerk » et « Handwerker » (artisan) sont à la fois plus parlants - insistant sur le caractère manuel du travail accompli - et plus anciennement usités (l’ancien haut allemand « hantwerc, (h)antwercman », l’ancien anglais « handweorc, handgeweorc » sont attestés aux alentours de l’an mil). « Künstler », en revanche, est, comme « artiste », d’époque moderne (DWDS, 1993).

Il a paru judicieux au Comité scientifique du colloque annuel d’Issoire sur la « période romane », en souvenir du colloque novateur de 1983, d’interroger à nouveau, pour la période chronologique et stylistique ici considérée, les apports de la recherche et les évolutions des points de vue depuis quarante ans, en mettant l’accent, au-delà des débats épistémologiques et historiographiques nécessaires, sur l’étude du processus créatif dans sa totalité, de la commande à « la main et l’outil », et en englobant en conséquence les aspects techniques, anthropologiques et sociaux…

Les contenus attendus :

  • La prise en compte du poids des mots, dans une perspective diachronique et comparatiste : réexaminer le destin des mots « artisan » et « artiste » - et autres termes de sens équivalent - en latin, en ancien français, en oc, dans les langues germaniques… ; pousser l’étude de leur emploi, contextualisé, dans les sources écrites, diplomatiques, narratives et épigraphiques, de la fin du Xe au tout début du XIIIe siècle ; approfondir l’histoire des termes (en latin, français ou autres langues) par lesquels les métiers de l’artisanat sont dénommés.
  • La révision de la question des sources disponibles, la recherche ayant permis de beaucoup évoluer depuis la constatation assez pessimiste de Robert-Henri Bautier en 1983 sur la rareté des sources écrites disponibles pour ce thème avant le XIIIe, voire le début du XIVe siècle.
  • La relecture du contexte intellectuel et social du travail de l’artiste/artisan : s’il convient ici d’exclure l’étude des commanditaires pour eux-mêmes, il semble approprié de réexaminer la question de la relation commanditaire - artisan/artiste ; l’étude devrait permettre de progresser dans le débat borné naguère par les positions antagonistes de Xenia Muratova (1983) - illustrant à partir des textes une visibilité de l’artifex plus intense qu’on ne le croyait - et d’Alain Erlande-Brandenburg (1999), défendant, pour la période médiévale jusqu’au seuil du XIVe siècle, l’idée d’un commanditaire seul vrai concepteur de l’œuvre et d’un artiste réduit à la seule l'excellence manuelle dans l'exécution. En cette matière, d’autres études de cas devraient ainsi permette aux historiens de l’art et à ceux des textes d’ajouter aux remarques roboratives de Pierre Alain Mariaux (2003).
  • L’étude concrète de l’art de travailler les différentes sortes de matériaux (métaux précieux, verre, bois, céramique, tissus, cuirs, fourrures, etc.) : on mettra ici l’accent sur les méthodes de travail, plutôt que sur la géohistoire des aires de productions et courants commerciaux, et l’on s’attachera au rôle de la main et de l’outil. L’apport de l’archéologie devrait s’avérer primordial, en particulier quant à l’organisation des lieux de production (monde rural, villes et bourgs, châteaux, monastères) et des chantiers, aux outils employés, aux traductions concrètes des méthodes de production, au cas des complexes artisanaux spécialisées (poteries, tuileries, activités métallurgiques…), à la lente genèse de l’atelier (ovreor, v. 1160 ; astelier, au tournant des XIIe et XIIIe siècles dans Raoul de Vermandois et Garin le Lorrain), à la relation de l’artisan au marché, aux premières mentions d’odonymes fondés sur un métier (par ex. : En chaipeleruwe/rue des Chapeliers, à Metz en 1220).
  • L’attention se portera sur les maçons et tailleurs de pierre, marbriers, sculpteurs, charpentiers, tuiliers, peintres, fileurs et tisserands, drapiers, parementiers, pelletiers, tanneurs, foulons, cordonniers, forgerons, serruriers et couteliers, orfèvres, ivoiriers, lapicides et graveurs, monétaires, tonneliers, vanniers, boulangers et talemeliers, etc., mais aussi sur les ateliers de verrerie, vitrerie et fabrication de plombs, de céramique et poterie, d’enluminure, etc., enfin, sur les premières guildes autres que marchandes (ainsi celle des cervoisiers à Rouen, attestée dans les années 1106-1135, ou les confraternités des parementiers et des cordonniers d’Arras dans le dernier quart du XIIe siècle).

Le présent appel est destiné aux historiens d’art, archéologues, historiens, linguistes et littéraires… Les contributions pourront revêtir la forme d’exposés thématiques ou de monographie. Tant en matière de statut social des artisans/artistes qu’en ce qui regarde l’organisation et les méthodes de leur travail ou encore le choix des matériaux, la confrontation des situations occidentales avec leurs équivalents dans d’autres cultures (Byzance, Islam, …) sera bienvenue.

Modalités de soumission

Le 31e Colloque international d’art roman se tiendra à Issoire (Puy-de-Dôme) les 13, 14 et 15 octobre 2023

Date limite d’envoi des propositions de communication : 03 juillet 2023.

Vos propositions de communication sont à retourner par mail à j-luc.fray@uca.fr

avant le 30 juin 2023.

Merci de bien vouloir y préciser vos nom et prénom ; profession et/ou structures de rattachement ; adresses postale et email ; titre de la communication et résumé de 15 lignes maximum en français ou en anglais.

Réunion du comité scientifique du colloque et élaboration du programme : mi-juillet 2023. Vous recevrez dans les jours qui suivront un courrier vous avisant de la décision dudit comité.

Comité scientifique

  • Dominique Allios, Maître de conférences en Histoire de l’Art et Archéologie médiévales, HDR à l’Université de Rennes 2, LAHM, CreAAH  (UMR 6566)
  • Alphonse Bellonte, maire de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme), président de Terres romanes d’Auvergne.
  • Pascale Chevalier, Maîtresse de conférences en histoire de l’art et archéologie médiévale HDR à l'Université Clermont Auvergne (Clermont-Ferrand), ARTeHIS - UMR 6298 (CNRS et Université de Bourgogne)
  • Barbara Delamarre, Docteure en Histoire de l’Art, Chercheuse associée au CReAAH - UMR 6566 (CNRS et Université de Rennes II)
  • Martine Jullian, Maîtresse de conférences honoraire en histoire de l’art médiéval à l'Université Pierre Mendès-France de Grenoble.
  • Jean-Paul Fanget, Docteur en Histoire, Président de l’Alliance universitaire d’Auvergne. Directeur de la Revue d’Auvergne
  • Jean-Luc Fray, Professeur émérite d'histoire médiévale à l’Université Clermont Auvergne - Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC - EA 1001), MSH de Clermont-Ferrand
  • Sébastien Fray, Maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, LEM-CERCOR (UMR 8584)
  • Christian Gensbeitel, Maître de conférences en histoire de l’art médiéval à l’Université Bordeaux-Montaigne, Directeur-adjoint du laboratoire Archéosciences-Bordeaux (UMR 6034)
  • Nathalie Monio, DEA d’Archéologie. Adjointe au maire de Chauriat (Puy-de-Dôme), en charge du patrimoine et des affaires culturelles
  • Annie Regond, Maîtresse de conférences honoraire en histoire de l’art moderne à l'Université Clermont Auvergne. Présidente de l’association Archiclassique
  • Éric Sparhubert, Maître de conférences en histoire de l’art médiéval à l’Université de Limoges, CRIHAM (EA 4270)
  • Alessia Trivellone, Maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’Université Paul Valéry - Montpellier 3 - Centre d’Études médiévales de Montpellier (EA 4583)

Lieux

  • Issoire, France (63500)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • lundi 03 juillet 2023

Mots-clés

  • artiste, artisan, travail, représentation, époque romane

Source de l'information

  • Jean-Luc Fray
    courriel : j-luc [dot] fray [at] uca [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« « Artistes » et « artisans » au travail à l’époque romane », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 22 mars 2023, https://doi.org/10.58079/1arg

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