Ce colloque a pour objectif général de faire le point sur les recherches en innovation pédagogique, notamment en innovation pédagogique numérique en examinant, en particulier, les tendances de recherches en termes de questions de recherches, de cadres conceptuels, postures adoptées, etc. Il vise principalement à comprendre les enjeux (didactique, pédagogiques, économiques,sociaux, etc.) de l’intégration du numérique dans le champ éducatif.

Contexte général du colloque

Les transformations et les évolutions récentes qu’a connues le monde, notamment pendant (après) la pandémie du COVID 19, mais pas seulement, ont poussé les chercheurs et praticiens de l’éducation à réinterroger les métiers de l’éducation sous l’angle de l’innovation pédagogique, des pratiques enseignantes, du profil des apprenants,  entre autres.

Terme polysémique (Lison C. et al.,2014), repris ici et là, « l’innovation pédagogique » est devenue une sorte d’«injonction massive », pour reprendre les termes de Denis Lemaître (2018,  portant aussi bien sur « les politiques éducatives institutionnelles, les objectifs de formation, que les pratiques pédagogiques des enseignants ».

Très souvent, d’ailleurs, elle est envisagée du côté des dispositifs technologiques alors qu’elle est à explorer d’abord (mais pas exclusivement) du côté des parties prenantes, en l’occurrence l’apprenant, que les réformes récentes placent au cœur du processus d’enseignement-apprentissage (Charte Nationale de l’Education et de la Formation, 1999, la loi cadre 51-17, la vision stratégique, 2015-2030, dont le levier 14 porte sur la « Promotion de la recherche scientifique et technique et de l’innovation », et plus récemment le PACTE ESRI[1], 2030), et l’enseignant, appelé à s’insérer dans cette culture numérique.

En effet, aux yeux de Tricot, D (2016), l’innovation pédagogique doit reposer sur trois impératifs essentiels, consistant à améliorer la relation de l’apprenant à l’enseignement formel, à mettre  en place un enseignement  à vocation « émancipatrice et démocratique » et à rendre cet enseignement « plus efficace et plus efficient ».

Il faut rappeler ici les efforts déployés au niveau institutionnel (Ministères, Universités, Académies régionales, etc.) et au niveau des initiatives personnelles (enseignants, étudiants) durant le confinement de 2020, afin de gérer la situation délicate et même paradoxale consistant à rester chez soi (pour se maintenir en vie) et à se connecter à des plateformes numériques (afin de poursuivre ses études).

Les enseignants et les apprenants ont usé parfois de tactiques de « bricolage », De Certeau, M. 1981) ayant permis de concilier les exigences du nouvel apprenant (appelé apprenant 2.0) hyper connecté et la nécessité de renouveler sa pratique pédagogique.

De ce fait, les uns et les autres innovent au niveau de leurs pratiques si l’on partage l’idée selon laquelle «Innover, c’est oser réaliser quelque chose de différent, faire autrement, prendre le risque de déranger les habitudes existantes avec une certaine naïveté » Lietart, A. (2015).

Meirieu, Ph.(2005) voit qu’innover c’est «inventer des modèles et des outils pour résoudre des problèmes qui émergent dans une ambition éducative ".       

Si les innovations pédagogiques ne sont certes pas toutes numériques, Dulbecco, Ph.(2019) a décrit la notion de l’innovation pédagogique numérique (IPN) comme étant un levier pour repenser et rénover la pédagogie. En d’autres termes, l’innovation pédagogique numérique consiste en la mise en place des dispositifs numériques (plateformes, logiciels, ressources numériques, etc.) pour renforcer le processus d’enseignement/apprentissage en mettant le numérique au service de la pédagogie. Dans ce sens,  Fluckiger, C.(2017) considère que l’innovation numérique est  le moteur de l’innovation pédagogique tout en présentant de multiples avantages à savoir la personnalisation des apprentissages (adaptive learning), la motivation des apprenants par le biais des dispositifs de type “classe inversée”, “MOOC”, “Formation comodale”, etc. Notons que le numérique, comme le soulignent Loisy, C. & Lameul, G. (2014)  « s'entend au sens large, des services  aux supports et outils de communication, de gestion et de formation de l'usage d'un vidéoprojecteur ou du tableau blanc interactif à celui d'une plateforme de formation, etc. ». En outre, dans l’enseignement supérieur, le recours au numérique est intervenu comme une des solutions à la gestion des groupes pléthoriques et des sureffectifs des étudiants. Ainsi, cette massification de l’enseignement supérieur qui rend la qualité des apprentissages faible a amené des universités marocaines à exprimer leur préoccupation devant aussi bien le manque des ressources humaines que les conditions de l’enseignement basé sur des cours dispensés dans des amphithéâtres. Ce mode d’organisation d’enseignement-apprentissage a prouvé son insuffisance. En effet, on observe un encadrement faible des apprenants, une pédagogie non adaptée au rythme de l’apprenant, une formation non adaptée au marché d’emploi (faible employabilité), etc. Pour pallier à ces difficultés, plusieurs institutions (Ministères, Universités, Académies régionales, etc.) se sont déjà impliquées dans la conception et la mise en œuvre des dispositifs numériques (cours en ligne, MOOC, SPOOC, etc.) (Babori, A. (2019)). Cependant, l’idée qui a suscité de grandes attentes de la part des institutions de formations est le potentiel d’innovation pédagogique (portant en particulier sur les choix didactiques et pédagogiques) rendu possible par le développement du numérique. Néanmoins, peu à peu,  l’intégration du numérique dans l’éducation a évolué, mais sans réussir à s’imposer réellement dans les pratiques enseignantes.    

On a dû attendre 2020, plus précisément la période du confinement décrété par les autorités sanitaires, au Maroc et dans le monde, pour que le recours au numérique devienne une solution permettant la continuité pédagogique.

Cette introduction, quelque peu malheureuse, du numérique dans la vie universitaire a créé un hiatus entre deux catégories d’enseignants : ceux qui voulaient limiter, sinon éviter le recours aux plateformes numériques, et ceux qui considéraient le numérique comme une opportunité pour améliorer leurs pratiques enseignantes. Elle a aussi révélé d’autres freins liés à la fracture numérique et à la fracture sociale au niveau des différents  utilisateurs : enseignants, étudiants, etc.

Ainsi, compte tenu des profondes transformations que connaît l'Université marocaine dans son environnement national et international et des efforts considérables déployés pour renforcer la culture  de l'innovation, tant dans la recherche scientifique qu’en pédagogie, ce colloque ambitionne d’amorcer la réflexion sur la pédagogie et la formation des enseignants, dits de nouvelle génération. Il s’agit en fait d’interroger les pratiques enseignantes sous le prisme du numérique et de l’innovation.

Enfin, comme le souligne Dulbecco, Ph.(2019), la difficulté n’est pas de choisir telle ou telle innovation technologique, mais de permettre une adhésion des parties prenantes, à savoir les enseignants, les apprenants (étudiants, élèves, stagiaires, etc.), services de formation initiale et continue, service de scolarité, etc. afin qu’elles perçoivent de l’intérêt des transformations rendues possibles par le numérique.

C’est pour répondre à ces soucis que l'Ecole Supérieure de l’Education et de la Formation de l'Université IBNOU Zohr d'Agadir, en partenariat avec l’Institut des Sciences de l’Education, Université Mohammed VI Polytechnique et le Centre régional des Métiers de l’Education et de la Formation (CRMEF) Souss Massa, organise le premier colloque sous le thème :

« Innovation pédagogique et pédagogie de l'innovation à l’ère du numérique : Enjeux,  défis et contraintes dans les pratiques enseignantes, les 29 et 30 novembre 2023, à Agadir.    

Objectifs du colloque    

Ce premier colloque a pour objectif général de faire le point sur les recherches en innovation pédagogique et en innovation pédagogique numérique en examinant, en particulier, les tendances de recherche en termes de questions de recherche, cadres conceptuels mobilisés, méthodologies de recherche adoptées et prise en compte ou non de l’innovation pédagogique et l’innovation pédagogique numérique comme objets de recherche. Il vise, en particulier, à comprendre les enjeux (didactiques, pédagogiques, économiques, sociaux, culturels, etc.) de l’intégration du numérique dans les pratiques innovantes relatives aux processus d’enseignement-apprentissage.

Plus spécifiquement, ce colloque vise à :    

• Mettre en évidence le concept d'innovation et son importance dans l'éducation, la formation et la recherche scientifique ;
• Contribuer à la consolidation d'une culture de l'innovation et de la reconnaissance des efforts entrepris sur le terrain ;
• Encourager la recherche scientifique dans le domaine de l’éducation ;
• Contribuer au rayonnement de la recherche éducative, au Maroc    

Le colloque  offre un terrain pertinent aux échanges constructifs et fructueux autour des trois axes ci-après:

Axe 1: Innovation pédagogique: cadrage théorique et modèles

 Le concept d'innovation pédagogique ;

• Les cadres conceptuels, théoriques et méthodologiques de l’innovation pédagogique ;
• Les modèles d'innovation pédagogique ;
• Revue de littérature systématique ou état de l’art sur l’innovation pédagogique ;
• Problématique de recherche sur l’innovation pédagogique ;

Axe 2: Innovation pédagogique dans les pratiques éducatives

• Innovation pédagogique et accompagnement des réformes éducatives ;
• L’innovation dans les pratiques d’évaluation des apprentissages ;
• L’innovation pédagogique et employabilité ;
• L’innovation pédagogique et formation des enseignants « nouvelle génération » ;
• Les moyens pratiques d’amélioration des apprentissages (pédagogie active, TIC, etc.) ;
• Innovation pédagogique et réforme pédagogique à l’université (PACTE ESRI 2030) ;
• Modes d’appropriation, formes d’accompagnement  et relations pédagogiques ;
• Pratiques enseignantes et innovation pédagogique.

Axe 3: Innovation pédagogique numérique

•  Revue de littérature systématique ou état de l’art sur l’innovation pédagogique numérique ;
• La place du numérique dans l’innovation pédagogique ;
• Approches didactiques, numérique et innovation ;
• Numérique, innovation pédagogique entre représentations et appropriation ;
• Approches innovantes et développement des compétences numériques ;
• Leadership pédagonumérique, usage du numérique en gestion scolaire et gestion du virage numérique
• Innovation pédagogique, numérique et massification dans l’enseignement supérieur ;
• Les approches, méthodes, techniques et outils pédagogiques (pédagogie active, TIC, MOOC, classe inversée, formation comodale, formation hybride, formation à distante, formation ouverte et distante, etc.) ;
• Innovation, numérique et formation continue des enseignants au Maroc ;
• Innovation pédagogique et environnements informatiques pour l’apprentissage humain (EIAH) ;
• Learning analytics et innovation pédagogique ;
• Adaptive learning basé sur l’intelligence artificielle (internet des objets, machine learning, etc.).

Chaque session contiendra une conférence thématique, des communications orales ou Poster scientifiques et des discussions entre chercheurs et participants.

Il est entendu que d’autres thèmes, s’inscrivant dans la même optique, peuvent être proposés.

Calendrier et modalités de contribution

• Date limite de soumission des propositions : 15 juin 2023

• Date de notification de ladécision du comité scientifique: 20 juillet 2023
• Date de retour des versions corrigées:30 septembre 2023 
• Tenue du colloque: 29 et 30 novembre 2023 à l'ESEF d'Agadir.

Les propositions seront évaluées en double aveugle. Elles doivent être envoyées aux adresses suivantes : l.bammou@uiz.ac.ma, innovationpedagogique23@gmail.com.

Elles seront comprises entre 30 000 et 50 000 signes (notes, bibliographie et espacescompris) et respecteront la norme bibliographique APA. Les propositions comporteront : Un titre, un résumé (3000 à 5 000 signes, espaces compris),les Prénom et nom de l’auteur-e ou des auteur-e-s (avec l’indication de son/leur rattachementinstitutionnel ainsi que l’E-mail, Mots-clés et un résumé en anglais.

Langues du colloque : Anglais, arabe, français

Comité d’organisation

• Lahcen BAMMOU ESEF, Agadir
• EL Houssaine OUACHA ESEF
• Khadija YOUSSOUFI ESEF, Agadir
• Yasmine FERTAHI ESEF, Agadir
• Tilila MOUNATSSIR ESEF, Agadir
• Isam MOUHTI ESEF, Agadir
• Redouane KAAYA Ecole Normale Supérieure de Marrakech
• Hicham El KHALIFI ESEF, Agadir
• Abdellah ELHAMDAOUI ESEF, Agadir
• Fouad KHAYRI Centre Régional des Métiers de l'Education et de la Formation,   Souss Massa Inezgane    
• M’Hamed BELKHAOUDA Centre Régional des Métiers de l'Education et de la Formation, Souss Massa Inezgane    
• Diaa NOUALI ESEF, Agadir
• Mohamed ASSENDAL ESEF, Agadir
• Lahcen EZZAKI ESEF, Agadir
• Hasna ABIOUI ESEF, Agadir
• Ahmed Mhamdi ESEF, Agadir
• Asma AZEROUAL ESEF, Agadir
• Aicha AMRHAR ESEF, Agadir
• Etayib EL BOUHALI  ESEF, Agadir 
• Redouan RAZZOUK ESEF, Agadir
• Issam MOUHTI ESEF, Agadir   
• Abdelghani BABORI ESEF, Agadir 
• Hassan AIT BOUZID ESEF, Agadir
• Asmaa WAKRIM Université IBNOU Zohr, Agadir  

Comité scientifique

ABLALI Driss, Université de Lorraine, France, ALLADATIN Judicaël, Institut des Sciences del’Éducation, Université Mohammed VI Polytechnique, AMSIDDER Abderrahmane, Université IbnouZohr, Maroc, ANAFLOUS Mohamed, Crmef, Souss Massa, ASSENDAL Mohamed, Université Ibnou Zohr, Maroc, AZEROUAL Asma, Université Ibnou Zohr, Agadir, Maroc, BAMMOU Lahcen, Université Ibnou Zohr, Agadir, Maroc, BELKHAOUDA M’Hamed, CRMF, Souss Massa, Inezgane Maroc, BEN ABID-ZAROUK Sandoss, Université Haute Alsace, France, BENALI Mourad, CRMEF, Oujda, BONFILS Philippe, Université de Toulon, France, BOUTEGLAI Lahcen, Université Ibnou Zohr, Maroc, BOUAADI Abdellah, Université Ibnou Zohr,Agadir, Maroc, BOUABID ALI, Institut des Sciences de l’Éducation, Université Mohammed VI Polytechnique, CERISIER Jean François, Université de Poitiers, France, CHAKOUK Said, Université Med V, Rabat, DRISSI My Mhammed, Centre de Formation des Inspecteurs, Maroc, DUMAS Philippe, Université de Toulon, France, EL BOUHALI Etayib, Université Ibnou Zohr, Agadir, Maroc, EL HARMASSI Soumiya, Université Med V,Rabat, EL KHALIFI Hicham, Université Ibnou Zohr, Maroc, EZZAKI Lahcen, Université Ibnou Zohr, Maroc, HILALI, El Mokhtar, Université Ibnou Zohr, Maroc, IDRISSI AZAMI Hafida, Université Ibnou Zohr, Maroc, KAAYA Redouane, Enseignant Chercheur àl’École Normale Supérieure de Marrakech, KAHERAOUI Malika, Université de Poitiers,France, KANE Oumar, Université de Montréal, Canada, LACHKAR Abdenbi, Université de Montpellier,France, LEBRUN, Marlène, Université de Montpellier,LIRDEF, France, MABROUR Abdelouahed, Université Chouaib Doukkali, Maroc, MBENGUE Moustapha, Université Cheikh Anta Diop, Dakar Sénégal, MHAMDI Ahmed, Université Ibnou Zohr, Maroc, MIMIS Mohamed, CRMEF Souss Massa, Maroc, MOUHTI Issam, Université Ibnou Zohr, Maroc, PERRIN-DOUCEY, Agnès, Faculté d’Education,Montpellier, RIDOUANE Abdelmajid, Université Ibnou Zohr,Maroc, ROUISSI Soufiane, Université Bordeaux Montaigne, France, SANI Ahmed, Université Ibnou Zohr Agadir,Maroc, SIDIR Mohamed, Université de Picardie, France, YAAKOUBI Amina, Université Ibnou Zohr, YOUSSOUFI Khadija, Université Ibnou Zohr,Maroc.

Note

^[1] Le Plan national d’Accélération de la Transformation de l’Ecosystème de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, lancé par le ministère de tutelle.