AccueilHumanités numériques, quantification et histoire maritime

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Publié le vendredi 24 mars 2023

Résumé

À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du projet de base de données consacré aux gens de mer CIMARCONET, le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) organise une journée d’étude sur le thème de l’usage de la quantification et des humanités numériques en histoire maritime, de l’Antiquité à nos jours. Il s’agit d’interroger le rapport des chercheurs de ce champ à ces outils, notamment après le tournant épistémologique et méthodologique dont ils ont bénéficié au cours des années 1980 et 1990, et d’envisager des projets passés ou en cours à travers la constitution des corpus de données et de leur exploitation.

Annonce

Journée d’étude du CTHS organisée par les sections Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolution et Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle en partenariat avec le Service Historique de la Défense à Cherbourg

Cherbourg – Service Historique de la Défense – 19-20 octobre 2023

Organisation

Éric Saunier (Université du Havre), David Plouviez (Université de Nantes)

Argumentaire

Au cours des années 1960-1970, la quantification et les premiers usages de l’informatique profitent à la discipline historique pour traiter de très grandes séries de données dans le cadre d’équipes souvent pluridisciplinaires, associant des représentants des sciences humaines et sociales, des cartographes et des informaticiens. De nombreux historiens appellent alors à un changement de méthode pour accéder à la « dignité statistique[1] » dans le traitement de corpus de données importants et répondre à une ambition « d’explication systématique et globale du monde[2] ». Dans un premier temps, le succès de cette nouvelle approche est évident et de nombreux travaux mettent à l’honneur ces outils dans le cadre d’analyses de longue durée, notamment au sein de la sixième section de l’École Pratique des Hautes Études ou à l’université, à la Sorbonne avec Ernest Labrousse ou à Caen avec la fondation du Centre de Recherche d’Histoire Quantitative (CRHQ) par Pierre Chaunu en 1966. Toutefois, et en dépit de la prédiction d’Emmanuel Le Roy Ladurie pour lequel « l’historien de demain sera programmeur ou ne sera plus[3] », l’histoire quantitative reflue nettement à la fin des années 1970 et avec elle l’usage de l’informatique. Cette crise était nourrie autant par une remise en question épistémologique (débats sur la construction des corpus de données et des méthodes d’analyse) que par l’insuffisance de formation des historiens aux outils numériques complexes de l’époque, des facteurs qui n’ont pas permis à cette méthodologie de s’enraciner, allant même jusqu’à entrainer un rejet pour cette « religion du chiffre ».

Le bilan de cette phase demeure cependant très positif pour l’histoire maritime, notamment lorsqu’il s’agit de faire un dénombrement des travaux consacrés à la circulation maritime marchande, qui a pleinement tiré parti de « la vague du quantitatif et du sériel[4] » en mettant au premier plan mondial la recherche française dans ce domaine avec des figures importantes comme François Crouzet, Pierre Chaunu, Pierre Jeannin, Jean Meyer, Paul Butel et plusieurs autres. En outre, si l’approche quantitative marque un recul pour les travaux historiques au cours des années 1980, celui-ci semble moins évident pour l’histoire maritime qui poursuit son usage de la quantification avec un progressif déplacement de l’intérêt des chercheurs vers l’étude des gens de mer et les flottes de guerre par exemple. Les sources qui permettent d’approcher le fait maritime, notamment en France, sont le produit d’administrations qui ont généré au fil du temps des volumes d’archives considérables dont la conservation est souvent de qualité. Dans ce contexte, de nombreuses thèses de doctorat ont fait de la quantification le cœur de leur méthodologie dans un contexte technique en pleine révolution avec la percée des micro-ordinateurs individuels. Depuis la fin des années 1990, l’amélioration constante des outils numériques et le financement de la recherche par projet ont favorisé la mise en œuvre de programmes mobilisant de nombreux chercheurs, notamment pour la construction d’importantes bases de données (CIMARCONET, NAVIGOCORPUS, etc.). On soulignera également que ces bases de données, tout en répondant à leur vocation de servir à une approche quantitative de l’histoire, qui fut un temps menacée, peuvent constituer également de précieux instruments de travail pour des approches qualitatives en raison de la précision et de la densité des données individuelles que l’on peut y trouver. 

Dans le cadre de cette journée d’études organisée par le CTHS à l’occasion du 25ème anniversaire du projet CIMARCONET lancé par André Zysberg au sein du CRHQ devenue l’unité de recherche HisTemé en 1998, nous souhaitons réinterroger le rapport des chercheurs en histoire maritime à la quantification et aux humanités numériques à travers des communications de synthèse sur des notions ou des projets passés ou dans le cadre de la présentation de programmes en cours. Plusieurs axes pourront être explorés :

L’histoire maritime et la quantification, quelle histoire ?

Il s’agit de revenir ici sur les rapports entretenus par l’histoire maritime avec la quantification et les usages des outils numériques, notamment après le tournant critique des années 1980-1990. Dans quelle mesure la communauté des chercheurs en histoire maritime a-t-elle été influencée par les débats épistémologiques et méthodologiques de cette période ?

La quantification et la variété des objets interrogés en histoire maritime :

de prime abord, si les flux maritimes et les gens de mer ont été privilégiés par la quantification et les usages numériques, il s’agira tout à la fois de montrer l’évolution des questionnements concernant ces champs et envisager la diversité des objets qui sont concernés aujourd’hui par les approches quantitatives ;

Des sources à la constitution des corpus de données :

cet axe invite à envisager la variété et la complexité des sources disponibles – sérielles ou non –, à recontextualiser leurs conditions de production avant la construction de catégories et la constitution du corpus de données. Il s’agira notamment de mettre en rapport le questionnement initial de la recherche avec les sources et de montrer la manière dont celles-ci ont permis d’y répondre dans le cadre de la mise en œuvre de la base de données ;

La variété des outils de traitement :

la base de données constitue souvent un dénominateur commun des recherches quantitatives et sa construction est au cœur de cette journée d’études. Toutefois, nous souhaitons envisager d’autres outils numériques, que ceux-ci représentent un prolongement dans le traitement des données – SIG par exemple – ou qu’il s’agisse de nouveaux usages, avec la reconstitution virtuelle par exemple ;

Corpus de données en histoire maritime et science ouverte :

  • Alors que la plupart des bases de données sont issues de financements publics, comment rendre « accessible autant que possible et fermé autant que nécessaire » les résultats de la recherche en histoire maritime ?

Modalités de contribution

La journée d’études se tiendra au Service historique de la Défense à Cherbourg entre le 19 et le 20 octobre 2023. L’hébergement et le transport seront pris en charge par les organisateurs.

Les propositions de communication (titre + un résumé d’environ 300 mots) seront à envoyer avec un court CV de présentation par voie électronique aux adresses suivantes :  eric.saunier@wanadoo.fr ; david.plouviez@univ-nantes.fr

avant le 1er juin 2023.

Notes

[1] Adeline Daumard, François Furet, « Méthodes de l’Histoire sociale : les Archives notariales et la Mécanographie », Annales, Économies, Sociétés, Civilisations, 14-4, 1959, p. 676-693 (ici p. 693).

[2] Pierre-Cyrille Hautcoeur, « Entre Micro et Macro, quelle place pour le quantitatif en histoire économique ? », Historiens et Géographes, 2002.

[3] Emmanuel Le Roy Ladurie, « La fin des érudits. L’historien de demain sera programmeur ou ne sera pas », Le Nouvel Observateur, 8 mai 1968.

[4] Silvia Marzagalli, « Les échanges maritimes à l’époque moderne : bilan et perspectives de la recherche française », Le recherche internationale en histoire maritime : essai d’évaluation, Revue d’histoire maritime, n° 10-11, 2010, p. 33.

Lieux

  • Service Historique de la Défense, 57 rue de l'abbaye
    Cherbourg-Octeville, France (50)

Dates

  • jeudi 01 juin 2023

Mots-clés

  • histoire maritime, quantification, base de données, humanités numériques

Contacts

  • Eric Saunier
    courriel : eric [dot] saunier [at] wanadoo [dot] fr
  • David Plouviez
    courriel : david [dot] plouviez [at] univ-nantes [dot] fr

Source de l'information

  • David Plouviez
    courriel : david [dot] plouviez [at] univ-nantes [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Humanités numériques, quantification et histoire maritime », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 24 mars 2023, https://doi.org/10.58079/1asg

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