AccueilDire / écrire le vivant

AccueilDire / écrire le vivant

Dire / écrire le vivant

Renouveler l’enseignement des lettres par les humanités environnementales

*  *  *

Publié le jeudi 30 mars 2023

Résumé

Les discours alarmants sur l’anthropocène et le dérèglement climatique structurent dorénavant notre rapport au monde. Cette journée d’étude / cet ouvrage collectif vise ainsi à : diffuser l’écopoétique, la géopoétique, l’écoféminisme et la zoopoétique auprès des enseignants de littératures française et francophone (Inspé, collèges / lycées) ; mettre en lumière de nouvelles lectures des classiques et/ou de nouvelles œuvres à même d’être étudiées en classe ; identifier de nouvelles pratiques de classe en France et dans la francophonie. Il s’agit de repenser les classiques sous un angle propre à répondre aux problématiques de notre monde, aux questions que se posent les élèves, mais aussi de renouveler le vivier des œuvres étudiées.

Annonce

Argumentaire

Les discours alarmants sur l’anthropocène et le dérèglement climatique structurent dorénavant notre rapport au monde. Nombreux sont les travaux de recherche à analyser ces eschatologies contemporaines[1]. Toutefois, selon le principe naturel qui veut que de la décomposition se repaît la vie, que des ténèbres surgit la lumière, la menace environnementale - qui se couple d’une profonde schize sociétale – laisse espérer l’éclosion d’un nouveau regard sur le vivant.

Muée par sa mission première de former les citoyennes et citoyens de demain, aptes à relever les défis de ce qui n’est aujourd’hui qu’en germes, l’Éducation Nationale s’empare à son tour de la question environnementale de plus en plus solidement, la diffuse de plus en plus largement au point d’en faire un axe structurant et transdisciplinaire de la politique éducative. Il ne s’agit donc plus seulement de prendre acte de l’échouage du bateau-monde, ce qui serait stérile, mais d’imaginer une nouvelle embarcation pour un voyage que l’on espère plus serein, une nouvelle arche de reliance, une nouvelle arche d’alliance.

C’est là que la littérature et son enseignement peuvent retrouver tout leur sens et tous leurs sens, dans un profond ancrage dans le monde du sensible ; c’est là que l’imaginaire peut retrouver toute sa force d’évocation, de création. Comme le soulignent des chercheurs tels qu’Anne Simon, Jean-Christope Cavallin ou encore le fondateur des éditions Wilproject, Baptiste Lanaspeze, le texte peut tisser, retisser les liens déchirés entre les vivants, dont l’homme n’est qu’une partie ; le monde a besoin de ces textes qui relatent, de ces récits qui relient, de ces épopées qui refondent l’identité mais non pas – non plus - dans la séparation. Observer le vivant, apprendre à le comprendre, à vivre avec, avec nos ressemblances, nos différences, nos complémentarités, nos irréductibles singularités annule toute discrimination excluante, toute verticalité écrasante, toute hiérarchie mortifère. L’écologie apprend à l’être humain à se décentrer dans l’espace de la nature, comme le relativisme culturel cher à l’Occident enseignait à se décentrer dans l’espace de la culture. La littérature, objet par excellence de cette dernière, pourrait donc participer à l’avènement de cette « communauté polyphonique des vivants »[2]. Peut-on alors gager que l’écopoétique, l’écoféminisme, la zoopoétique pourront, en retour, revivifier l’enseignement littéraire de « l’Oxydent », pour reprendre la formule d’Anne Simon ? Qu’ils pourront le resémantiser aux yeux des élèves et de leur « la littérature, ça sert à quoi »[3] ?.

C’est manifestement le pari pris par l’Éducation Nationale qui, le 3 février 2022, a lancé un partenariat avec la Maison des Écrivains et de la Littérature et la Fondation Jan Michalsk une action pour allier écologie et littérature[4].

Finalités

Cette journée d’étude/cet ouvrage collectif vise ainsi à :

  • diffuser l’écopoétique, la géopoétique, l’écoféminisme et la zoopoétique auprès des enseignants de littératures française et francophone (Inspé, collèges/lycées) ;
  • mettre en lumière de nouvelles lectures des classiques et/ou de nouvelles œuvres à même d’être étudiées en classe ;
  • identifier de nouvelles pratiques de classe en France et dans la francophonie.

Il s’agit de repenser les classiques sous un angle propre à répondre aux problématiques de notre monde, aux questions que se posent les élèves, mais aussi de renouveler le vivier des œuvres étudiées : de même que le féminisme conduit l’institution à insérer davantage de femmes autrices/artistes/scientifiques dans les supports étudiés en classe – occasion de redécouvrir de grandes oubliées de l’histoire culturelle, de même la crise environnementale invite à redonner à la littérature son pouvoir de création et de reliance avec le vivant en donnant une seconde vie à des œuvres parfois minorées. Enfin, parce que la littérature est intrinsèquement prise dans le tissu du monde, traversée des fils multicolores des différents domaines du savoir, cet ouvrage collectif laisse à ses participants l’opportunité de proposer des regards croisés, interdisciplinaires.

La finalité de cet ouvrage est en somme de créer une zone d’échanges entre l’écosystème universitaire et celui de l’école, où regards de spécialistes et expériences de terrain renouvellent la pratique scolaire de la littérature, afin de revivifier le lien entre le texte et le monde, entre « la cité et la planète »[5].

Perspectives d’étude

Axe 1 : redécouvrir les classiques à l’aune des humanités environnementales :

  • Relire les classiques de l’Antiquité au XXe siècle à la lumière de l’écopoétique, de la zoopoétique et de l’écoféminisme ;
  • Lectures nouvelles des œuvres au programme de l’agrégation/CAPES de Lettres ;

Axe 2 : renouveler le panel des œuvres/écrivain(e)s à étudier en classe :

  • Actualisation des oublié(e)s/mal-aimé(e)s de l’histoire littéraire ;
  • Lectures cursives et pistes d’exploitation en classe ;

Axe 3 : pratiques interdisciplinaires (liste non exhaustive) :

  • Lettres/géographie : géographie des émotions, géopoétique (Michel Collot, Bertrand Westphal, Kenneth White…) ;
  • Lettres/histoire : les animaux et la guerre, approches de la nature dé/postcolonialistes ;
  • Lettres/arts : les bestiaires, l’imaginaire pastoral…
  • Lettres/sciences : regards croisés littérature/éthologie-botanique, etc.
  • Lettres/langues étrangères : approches comparatistes
  • Lettres/philosophie : le droit du vivant, etc.

Programme

Journée du 14 avril 2023

Lien Zoom (ID de réunion : 848 6568 1520 - Code secret : 658900)

  • 8H30-9H15 Rachel Bouvet, PR littérature (Montréal), Entretien pré-enregistré- Littérature et botanique
  • 9H15-10H Anne Simon, directrice de recherche au CNRS, Entretien - Zoopoétique
  • 10H-10H45 Baptiste Lanaspèze, éditeur Wildproject (Marseille), Entretien – Littérature et écologie

10H45-11H Pause

  • 11H-11H30 Renaud Hétier, PR sciences de l’éducation (Université Catholique de l’Ouest, Angers), Des livres pour se lier au vivant
  • 11H30-12H00 Kathy Similowski, MCF (Inspé de Versailles), Lire et écrire pour dire le vivant : des exemples d’exploitation d’œuvres littéraires à l’école primaire
  • 12H-12H30 Magali Tritto, doctorante en littérature comparée (Université de Toulouse), Poésie et langue minoritaire : l’ancrage dans le lieu

12H30-13H30 pause déjeuner

  • 13H30-14H Aude Jeannerod, MCF en langue et littérature françaises du XIXe siècle (Université Catholique de Lyon), Humanité, animalité et bestialité : perspective épistémocritique dans le roman du XIXe siècle
  • 14H-14H30 Zuhal Emirosmanoğlu, Professeur assistante en traductologie (Istanbul), Écotraduction dans la « zone critique » : réinterprétation écopoétique de L’Oiseau et de L’Insecte avec « les Michelet »
  • 14H30-15H Alexandre Martin, chargé de cours en philosophie (Université de Bordeaux), L’enjeu zoopolitique de l’enseignement des humanités : anima et l’expérimentation de rencontres affectives inédites

15H-15H20 Pause

  • 15H20-15H50 Roméo WOUMLACK, doctorant à l’Université de Dschang (Cameroun), Les émotions dans le discours littéraire : une analyse linguistique du thème de la catastrophe naturelle dans le roman Hugo le terrible de Maryse Condé
  • 15H50-16H20 Choueib Madoui, doctorant à Stellenbosch University (Afrique du sud), Poétique de l’espace zibanais dans les carnets de voyage coloniaux français : entre perception et idéologie, mysticisme et matérialisme
  • 16H20-16H50 Guilherme Tropia, post-doctorant (Université de Créteil), Lecture et production littéraire dans la pratique et la formation d’enseignants de sciences naturelles au Brésil : quelles voies cultivons-nous ?
  • 16H50-17h20 Hubert Deplus, psychopédagogue formateur éducation à l’environnement (Université Libre de Bruxelles), Interdisciplinarité et sensibilisation au vivant

Journée du 26 mai 2023

Lien Zoom (ID de réunion : 833 0910 8912 - Code secret : 316622)

  • 8H30-9H15 Nathalie Blanc, directrice de recherche CNRS, Entretien – littérature, écocritique et géopoétique
  • 9H15-10H Isabelle Cambourakis, éditrice éd. Cambourakis (Paris), Entretien pré-enregistré – littérature et écoféminisme
  • 10H-10H45 Allain Bougrain-Dubourg, Entretien pré-enregistré – science, littérature et politique

10H45-11H Pause

  • 11H-11H30 Cécile Dreyfus, enseignante, « Le sentier dans la montagne » : expérience esthétique et poétique pour sensibiliser à l’urgence climatique
  • 11H30-12H00 Evelyne Roux, Master Ecopoétique (AMU), enseignante, Trouver de nouveaux habitats narratifs : faire lire au lycée à la voix active
  • 12H00-12H30 Florence Gille, Docteur ès Lettres, Conseillère Pédagogique Départementale, L’esprit géographique dans les romans de Xavier-Laurent Petit : l’appel du dehors

12H30-13H30 pause déjeuner

  • 13H30-14H Olivier Halévy, MCF langue et littérature françaises de la Renaissance (Sorbonne Nouvelle), Imitation créatrice et sentiment de la nature dans la poésie française de la seconde moitié du XVIe siècle
  • 14H-14H30 Ferdinand Breffi, docteur en langue et littérature françaises du XIXe siècle (Sorbonne), enseignant, La forêt stendhalienne : une tentative de lecture écopoétique de L’Abbesse de Castro
  • 14H30-15H Adrien Peuple, doctorant en langue et littérature françaises du XIXe siècle (Sorbonne Nouvelle), Mauprat de George Sand, un conte écologique ? Pour une lecture écopoétique de Mauprat

15H-15H20 Pause

  • 15H20-15H50 Apolline Pernet, doctorante en littérature comparée (Princeton-EU), Le roman d’apprentissage écologique au féminin des deux côtés de la Manche
  • 15H50-16H20 Aude Volpilhac, MCF en langue et littérature françaises du XVIIe siècle (UCLy), Par-delà le classicisme du « Grand Siècle » : Histoire de deux caméléons de Madeleine de Scudéry : un texte écoféministe en 1688
  • 16H20-16H50 Gina Stamm, Professeur assistante (Alabama University), L’écologie queer de Jean Giono
  • 16H50-17h20, Louis-Patrick Bergot, PR junior (Université de Strasbourg), Une nature pittoresque : peut-on faire une lecture écopoétique des Fables de La Fontaine ?

Lieux

  • Avignon, France (84)

Format de l'événement

Événement uniquement en ligne


Dates

  • vendredi 14 avril 2023
  • vendredi 26 mai 2023

Fichiers attachés

Mots-clés

  • humanité environnementale, humanité écologique, nature, représentation, littérature, didactique

Contacts

  • Morgane Leray
    courriel : morgane [dot] leray [at] univ-amu [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Morgane Leray
    courriel : morgane [dot] leray [at] univ-amu [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Dire / écrire le vivant », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 30 mars 2023, https://doi.org/10.58079/1avb

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search