Announcement
Argumentaire
Dans ce numéro de Crisol, nous nous proposons d’aborder le concept de fluidité dans la littérature latino-américaine récente écrite en espagnol, en portugais et en langues autochtones. Du fait de son étymologie, le terme est à entendre dans sa matérialité : "fluere : manar, correr, escurrirse (un líquido)", selon Corominas. Sans surprise, écrire la fluidité mène souvent à écrire ce qui flue, ce qui afflue, reflue ou se fluidifie. Les contributeur.ice.s sont invité.e.s à penser les images de l’écoulement, de la liquéfaction, voire de la déformation, marquées précisément par leur inconsistance, leur caractère insaisissable.
Dans la lignée des études de l’éco-critique, en vogue depuis un certain nombre d’années dans les milieux universitaires anglo-saxons, cette approche thématique invite à se pencher sur la mise en avant d’espaces aquatiques, d’éruptions volcaniques ou d’autres phénomènes climatiques qui rendent comptent d’un monde se métamorphosant du fait de la crise environnementale. Le traitement souvent dystopique de la problématique est lié à l’émergence de nouveaux sous-genres comme la cli-fi (Tuhus-Dubrow, 2013). Il s’agira également d’interroger l’applicabilité des paramètres de l’éco-critique à des littératures produites dans le Sud global, pour lequel les enjeux posés par la catastrophe climatique diffèrent sensiblement de ceux primant au Nord.
Parler de fluide(s) renvoie aussi au corps humain et à ses incarnations textuelles ; depuis plusieurs décennies, on note une multiplication des études académiques sur la corporalité, à tel point que T. Eagleton, comme d’autres critiques, parlent d’un "tournant somatique” (Moraña, 2021b). Des humeurs du malade qui débordent du texte comme chez Fernando Vallejo (El desbarrancadero) au liquide amniotique chez Gabriela Wiener (Nueve lunas), en passant par le sang offert chez Marina Yuszczuk (La sed), la présence des fluides corporels ouvre de nouvelles pistes d’analyse. En ce sens, et tandis que la critique littéraire semble faire preuve d’une certaine réserve à l’heure de s’intéresser aux sécrétions et aux excrétions des corps qu’elle étudie, les porn studies constituent un apport sur le sujet (Attwood et Smith, 2014 : 331-333) ; outre la question pornographique, les études cinématographiques et les arts plastiques ont déjà placé les fluides corporels au centre de leur analyse (Falardeau, 2019 ; Alluchon, 2010). La notion de fluidité offre par ailleurs quantité d’implications stylistiques, comme le démontre l’entrée du verbe “fluir” dans le dictionnaire de la RAE : "Dicho de una idea o de una palabra: Brotar con facilidad de la mente o de la boca”. À ce titre on aura à cœur d’étudier la notion de fluidité du style en partant de son usage commun pour en interroger la portée critique (Huglo, 2006). Qu’est-ce qui flue dans un texte, chez un.e auteur.e ? Les analyses autour de notions comme celle du “stream of consciousness” et de sa présence dans la littérature latino-américaine en sont un exemple parmi d’autres. Dans L’eau et les rêves, l’alliance entre un référent matériel et la langue conçue comme fluidité est notoire (“L'eau est la maîtresse du langage fluide”, Bachelard, 1942 : 6-7); la notion de “lecture fluide”, qui représente son corollaire, est aussi digne d’intérêt (Khateb et Bar-Kochva, 2016 ; Pikulski et Chard, 2005).
Pour finir, la fluidité peut être appréhendée comme un concept éminemment post-moderne, dans la mesure où, avec la post-modernité et sa théorisation, elle apparaît elle-même comme un qualificatif privilégié pour exprimer une époque et appréhender les nouvelles réalités qui s’y manifestent – elle semble donc à la fois un produit et une caractéristique de son temps. Dans une approche sociologique, le terme de fluidité évoque la “modernité liquide”, théorisée par Z. Bauman (2000), dont la fortune critique est particulière dans l’aire latino-américaine. En témoigne, par exemple, la parution de Sobre la fluidez social: elementos para una cartografía du sociologue F. García Selgas (2007). L’acception que donne Bauman à l’adjectif “liquide” devient l’origine d’une théorisation de l’identité elle-même fluide, et permet, à l’heure où les théories queer et les études de genre connaissent un important développement qui remet en question la conception binaire des genres au profit de celle d’un “spectre” (Butler, 1990), d’imposer dans le langage courant, tout comme dans le milieu universitaire, la notion de “fluidité du genre” ; le concept s’étend désormais à d’autres thèmes et objets, à l’instar des “Liquid borders” (Moraña, 2021a). Les nouvelles écritures mises en avant dans le contexte des mouvements féministes et LGBTQI invitent à interroger le potentiel de ces outils d'analyse en littérature.
Axes thématiques
- l’éco-critique
- les fluides corporels
- la fluidité du genre
- la/les identité(s) fluide(s)
- la fluidité comme notion stylistique
Modalités de soumission
Les propositions (titre, résumé de 500 mots environ, bibliographie) seront à envoyer
jusqu’au 1er septembre 2023.
Les réponses seront données dans le courant du mois d’octobre 2023. Les articles définitifs seront à envoyer pour février 2024.
Pour l’envoi des propositions et toute question complémentaire : crisolfluidites2023@gmail.com
Comité scientifique
- Françoise Aubès (Université Paris Nanterre, CRIIA)
- Yana Hadatty Mora (Universidad Nacional Autonoma de México, Instituto de Investigaciones Filológicas)
- Sandra Jara (Universidad Nacional de Mar del Plata, CELEHIS)
- Sophie Large (Université de Tours, ICD)
- Caroline Lepage (Université Paris Nanterre, CRIIA)
- Catherine Pelage (Université d'Orléans REMELICE)
- Graciela Villanueva (Université Paris-Est Créteil, IMAGER)
Traduction
Nous remercions Mara Speranza et João Marcos Copertino Pereira pour la traduction (cf. document joint).
Bibliographie
ALLUCHON Marion, “Introduction. Les fluides corporels dans l’art contemporain”, Actes de la journée d'étude "Fluides corporels", Paris, INHA, 2010.
ARAÚJO DA SILVA Maria, CUROPOS Fernanda (dir.), Poétiques et politiques du corps dans les aires lusophones, Paris, Éditions hispaniques, coll. “Littératures lusophones”, 2021.
ATTWOOD Feona, SMITH Clarissa, “Editorial”, Porn Studies, 2014, 1, p. 331-335.
BACHELARD Gaston, L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière, Paris, Corti, 1942.
KHATEB Asaid, BAR-KOCHVA Irit (ed.), Reading Fluency. Literacy Studies: Current Insights from Neurocognitive Research and Intervention Studies, Vol. 12, Bâle, Springer International Publishing, 2016, p. 65–89.
BAUMAN Zygmunt, Liquid Modernity, Cambridge, Polity, 2000.
BUTLER Judith, Gender Trouble. Feminism and the Subversion of Identity, London & New York, Routledge, 1990.
BUTLER Judith, Cuerpos que importan. Sobre los límites materiales y discursivos del texto, Buenos Aires, Paidós, 2002.
BODIOU Lydie, « Les conversions du sang. La petite mécanique des fluides corporels des médecins hippocratiques », L’Antiquité écarlate. Le sang des Anciens, Rennes, PUR, 2017, p. 27-42.
FALARDEAU Eric, Le corps souillé: Gore, pornographie et fluides corporels, Longueil, L’instant même, 2019.
GARCIA SELGAS Fernando, Sobre la fluidez social: elementos para una cartografía, Centro de Investigaciones Sociológicas, 2007.
GLOTFELTY Cheryll (ed.), The Ecocriticism Reader: Landmarks in Literary Ecology, Athens, University of Georgia Press, 1996.
HUGLO Marie-Pascale, “L’art d’enchaîner : la fluidité dans le récit contemporain”, Protée, 34(23), 2006, 127–137.
MORAÑA Mabel, Liquid Borders, Londres, Routledge, 2021.
MORAÑA Mabel, Pensar el cuerpo. Historia, materialidad y símbolo, Barcelone, Herder Editora, 2021.
NEIMANIS Astrida, “Thinking with water: an aqueous imaginary and an epistemology of unknowability”, Entanglements of New Materialisms, Linkoping, Sweden, 25 et 26 mai, 2012.
URL
https://www.academia.edu/1932447/Thinking_with_Water_An_Aqueous_Imaginary_and_An_
Epistemology_of_Unknowability
PIKULSKI John, CHARD David, “Fluency: Bridge between decoding and reading comprehension”, The Reading Teacher, 58 (6), 2005, p. 510–519.
PORTER Roy, « History of Body », in BURKE, Peter (dir.), New Perspectives on Historical Writing, Cambridge, Polity Press, 1991, p. 206-232.
SALGADO Maria Teresa (ed.), Escritas do corpo femenino. Perspectivas, debates, testemunhos, Rio de Janeiro, Oficina Raquel, 2018.
TUHUS-DUBROW Rebecca. "Cli-Fi: Birth of a Genre." Dissent, vol. 60 no. 3, 2013, p. 58-61.
Project MUSE, doi:10.1353/dss.2013.0069.
VALLEJO, El desbarrancadero, Madrid, Alfaguara, 2001.
VIGARELLO Georges, « Le laboratoire des sciences humaines », Esprit, 2, 1982, p. 90-106.
WIENER Gabriela, Nueve lunas, Barcelona, Mondadori, 2009.
YUSZCZUK Marina, La sed, Buenos Aires, Blatt & Rios, 2020.
Argumentos
En este número de Crisol nos proponemos abordar el concepto de fluidez en la literatura latinoamericana reciente escrita en español, portugués y lenguas indígenas. Por su etimología, el término debe entenderse en su materialidad: "fluere: manar, correr, escurrirse (un líquido)", según Corominas. No es de extrañar que escribir la fluidez lleve a menudo a escribir lo que fluye, lo que afluye, refluye, o se fluidifica. Las imágenes del derrame, la licuefacción e incluso la deformación, marcadas precisamente por su inconsistencia, su elusividad se proponen a los participantes como puntapié inicial para la reflexión.
En la línea de los estudios de ecocrítica, en boga desde hace algunos años en los medios académicos anglosajones, este enfoque temático invita a examinar la presentación de espacios acuáticos, erupciones volcánicas u otros fenómenos climáticos que reflejan un mundo en metamorfosis a causa de la crisis medioambiental. El tratamiento a menudo distópico de la cuestión está vinculado a la aparición de nuevos subgéneros como el cli-fi (Tuhus Dubrow, 2013). En está dirección, es posible cuestionar la aplicabilidad de los parámetros de la ecocrítica a las literaturas producidas en el Sur global, para el cual los retos que plantea la catástrofe climática difieren significativamente de los que prevalecen en el Norte.
Hablar de fluido(s) remite también al cuerpo humano y sus encarnaciones textuales; desde hace varias décadas se constata una proliferación de estudios académicos sobre la corporalidad, al punto que T. Eagleton, como otros críticos, habla de un "giro somático" (Moraña, 2021b). Desde los humores del enfermo que desbordan el texto, como en El desbarrancadero de Fernando Vallejo, pasando por el líquido amniótico de Nueve lunas de Gabriela Wiener, hasta la sangre como ofrenda en La sed de Marina Yuszczuk, la presencia de fluidos corporales abre nuevas vías de análisis. En este sentido, y mientras que la crítica literaria parece mostrarse algo reservada a la hora de interesarse por las secreciones y excreciones de los cuerpos que estudia, los estudios pornográficos constituyen un aporte sobre el tema (Attwood y Smith, 2014: 331333); por su parte, los estudios cinematográficos y las artes visuales ya han situado los fluidos corporales en el centro de sus análisis (Falardeau, 2019; Alluchon, 2010).
La noción de fluidez también tiene una serie de implicaciones estilísticas, como demuestra la entrada del verbo 'fluir' en el diccionario de la RAE: "Dicho de una idea o de una palabra: Brotar con facilidad de la mente o de la boca". En este sentido, se revelará fructuoso el estudio de la noción de fluidez del estilo, partiendo de su uso común y cuestionando su alcance crítico (Huglo, 2006). ¿Qué fluye en un texto, en un autor? El análisis en torno a nociones como el "stream of consciousness" (comúnmente traducido como "flujo de conciencia" en español) y su presencia en la literatura latinoamericana es un ejemplo entre otros. En El agua y los sueños destaca la alianza entre un referente material y el lenguaje concebido como fluidez ("El agua es la dueña del lenguaje fluido", Bachelard, 1942: 6-7); también la noción de "lectura fluida", que representa su corolario, resulta interesante (Khateb y Bar-Kochva, 2016; Pikulski y Chard, 2005).
Por último, la fluidez puede entenderse como un concepto eminentemente posmoderno, en la medida en que, con la posmodernidad y su teorización, aparece como un calificativo privilegiado para dar cuenta de una época y aprehender las nuevas realidades que en ella se manifiestan -la fluidez parece así ser a la vez un producto y una característica de su tiempo. En un enfoque sociológico, el término fluidez evoca la "modernidad líquida", teorizada por Z. Bauman (2000), cuyo éxito crítico ha sido particular en el área latinoamericana. Así lo ilustra, por ejemplo, la publicación de Sobre la fluidez social: elementos para una cartografía del sociólogo F. García Selgas (2007). La comprensión de Bauman del adjetivo "líquido" se convierte en el origen de una teorización de la identidad que es en sí misma fluida, y permite, en un momento en que las teorías queer y los estudios de género están experimentando un importante desarrollo que cuestiona la concepción binaria del género en favor de la de un "espectro" (Butler, 1990), que la noción de "fluidez de género" se imponga en el lenguaje cotidiano, así como en el mundo académico; el concepto se extiende ahora a otros temas y objetos, como las "fronteras líquidas" (Moraña, 2021a). Las nuevas narrativas surgidas en el contexto de los movimientos feministas y LGBTQI invitan a preguntarse por el potencial de estas herramientas de análisis en literatura.
Serán particularmente bienvenidas las contribuciones en relación con:
- la ecocrítica
- los fluidos corporales
- la fluidez de género
- la/las identidad(es) fluida(s)
- la fluidez como noción estilística
Modalidades de proposiciones de ponencias
Las propuestas (título, resumen de 500 palabras, bibliografía) deberán ser enviadas
hasta el 1ro de septiembre de 2023.
Las respuestas serán dadas durante el mes de octubre de 2023. Los artículos definitivos deberán ser entregados en febrero de 2024.
Para el envío de propuestas y cualquier pregunta complementaria: crisolfluidites2023@gmail.com
Comité científico
- Françoise Aubès (Université Paris Nanterre, CRIIA)
- Yanna Hadatty Mora (Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Filológicas)
- Sandra Jara (Universidad Nacional de Mar del Plata, CELEHIS)
- Sophie Large (Université de Tours, ICD)
- Caroline Lepage (Université Paris Nanterre, CRIIA)
- Catherine Pelage (Université d'Orléans REMELICE)
- Graciela Villanueva (Université Paris-Est Créteil, IMAGER)
Bibliografía
ALLUCHON Marion, “Introduction. Les fluides corporels dans l’art contemporain”, Actes de la journée d'étude "Fluides corporels", Paris, INHA, 2010.
ARAÚJO DA SILVA Maria, CUROPOS Fernanda (dir.), Poétiques et politiques du corps dans les aires lusophones, Paris, Éditions hispaniques, coll. “Littératures lusophones”, 2021.
ATTWOOD Feona, SMITH Clarissa, “Editorial”, Porn Studies, 2014, 1, p. 331-335.
BACHELARD Gaston, L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière, Paris, Corti, 1942.
KHATEB Asaid, BAR-KOCHVA Irit (ed.), Reading Fluency. Literacy Studies: Current Insights from Neurocognitive Research and Intervention Studies, Vol. 12, Bâle, Springer International Publishing, 2016, p. 65–89.
BAUMAN Zygmunt, Liquid Modernity, Cambridge, Polity, 2000.
BUTLER Judith, Gender Trouble. Feminism and the Subversion of Identity, London & New York, Routledge, 1990.
BUTLER Judith, Cuerpos que importan. Sobre los límites materiales y discursivos del texto, Buenos Aires, Paidós, 2002.
BODIOU Lydie, « Les conversions du sang. La petite mécanique des fluides corporels des médecins hippocratiques », L’Antiquité écarlate. Le sang des Anciens, Rennes, PUR, 2017, p. 27-42.
FALARDEAU Eric, Le corps souillé: Gore, pornographie et fluides corporels, Longueil, L’instant même, 2019.
GARCIA SELGAS Fernando, Sobre la fluidez social: elementos para una cartografía, Centro de Investigaciones Sociológicas, 2007.
GLOTFELTY Cheryll (ed.), The Ecocriticism Reader: Landmarks in Literary Ecology, Athens, University of Georgia Press, 1996.
HUGLO Marie-Pascale, “L’art d’enchaîner : la fluidité dans le récit contemporain”, Protée, 34(23), 2006, 127–137.
MORAÑA Mabel, Liquid Borders, Londres, Routledge, 2021.
MORAÑA Mabel, Pensar el cuerpo. Historia, materialidad y símbolo, Barcelone, Herder Editora, 2021.
NEIMANIS Astrida, “Thinking with water: an aqueous imaginary and an epistemology of unknowability”, Entanglements of New Materialisms, Linkoping, Sweden, 25 et 26 mai, 2012.
URL
https://www.academia.edu/1932447/Thinking_with_Water_An_Aqueous_Imaginary_and_An_
Epistemology_of_Unknowability
PIKULSKI John, CHARD David, “Fluency: Bridge between decoding and reading comprehension”, The Reading Teacher, 58 (6), 2005, p. 510–519.
PORTER Roy, « History of Body », in BURKE, Peter (dir.), New Perspectives on Historical Writing, Cambridge, Polity Press, 1991, p. 206-232.
SALGADO Maria Teresa (ed.), Escritas do corpo femenino. Perspectivas, debates, testemunhos, Rio de Janeiro, Oficina Raquel, 2018.
TUHUS-DUBROW Rebecca. "Cli-Fi: Birth of a Genre." Dissent, vol. 60 no. 3, 2013, p. 58-61.
Project MUSE, doi:10.1353/dss.2013.0069.
VALLEJO, El desbarrancadero, Madrid, Alfaguara, 2001.
VIGARELLO Georges, « Le laboratoire des sciences humaines », Esprit, 2, 1982, p. 90-106.
WIENER Gabriela, Nueve lunas, Barcelona, Mondadori, 2009.
YUSZCZUK Marina, La sed, Buenos Aires, Blatt & Rios, 2020.
Apresentação
Nesta edição da Crisol, propomos abordar o conceito de fluidez nas literaturas latinoamericanas contemporâneas, escritas em espanhol, português e outras línguas autóctones. Devido à sua etimologia, o termo deve ser compreendido em sua materialidade. De acordo com Corominas: "fluere: fluir, correr, drenar (um líquido)". Não surpreendentemente, escrever sobre a fluidez leve à escrita daquilo que flui, alui, reflui ou se fluidifica. Contribuidores são convidados a refletir sobre imagens de derramamento, liquefação e mesmo deformação, marcadas precisamente pela sua inconsistência e carácter indefinido..
Em consonância com o eco criticismo, há já alguns anos em voga na academia anglosaxónica, esta abordagem temática nos convida a examinar a representação de espaços aquáticos, erupções vulcânicas ou outros fenómenos climáticos que refletem sobre um mundo em metamorfose como resultado da crise ambiental. O elemento distópico do tema ampara a emergência de novos subgêneros literários, como o cli-fi (Tuhus Dubrow, 2013).Também se deve questionar quão próprio é o uso de parâmetros teóricos do eco criticismo à análise das literaturas produzidas no Sul global, onde os desafios colocados pela catástrofe climática diferem significativamente dos que prevalecem no Norte.
Falar de fluido(s) também se refere ao corpo humano e às suas encarnações textuais; há várias décadas que se verifica uma proliferação de estudos acadêmicos sobre corporeidade, aquilo que T. Eagleton, dentre outros críticos, chama ser uma "volta somática" (Moraña, 2021b). Desde os humores dos doentes que transbordam do texto, como no El desbarrancadero de Fernando Vallejo, ao líquido amniótico em Nuev Lunas de Gabriela Wiener, passando pela sangue como oferta em La Sed de Marina Yuszczuk, a presença de fluidos corporais abre novas possibilidades de análise. Neste sentido, e enquanto a crítica literária ter reservas quando se trata de seus interesses por as secreções e excreções dos corpos, os porn studies constituem uma contribuição sobre o assunto (Attwood e Smith, 2014: 331-333). Os estudos cinematográficos e as artes visuais também já colocaram os fluidos corporais no centro das suas análises (Falardeau, 2019; Alluchon, 2010).
A noção de fluidez também oferece uma série de implicações estilísticas, como demonstrado pelo verbete do verbo "fluir" no dicionário RAE: "Dito de uma ideia ou de uma palavra: fluir facilmente da mente ou da boca". Destarte, teremos em mente estudar a noção de fluência de estilo, partindo do seu uso comum e questionando o seu alcance crítico (Huglo, 2006). O que flui num texto, num autor? A análise de noções como a "fluxo de consciência" ("stream of consciousness") na literatura latino-americana serão algum de nossos exemplos. Em L’eau et les rêves, a aliança entre um referencial material e a língua compõem como a fluidez é notório (“a água é mestra da língua flúida”, Bachelard, 1942: 6-7); a noção de "leitura fluida", que representa o seu corolário, é também digna de interesse (Khateb e Barkochva, 2016; Pikulski e Chard, 2005).
Finalmente, a fluidez pode ser entendida como um conceito eminentemente pós-moderno, na medida em que, com a pós-modernidade e a sua teorização, aparece como um qualificador privilegiado para dar conta de uma época e para apreender as novas realidades que nela se manifestam - a fluidez parece assim ser tanto um produto como uma característica do seu tempo. Numa abordagem sociológica, o termo fluidez evoca a "modernidade líquida", teorizada por Z.
Bauman (2000), que tem encontrado particular fortuna crítica na América Latina. Testemunho disso é a publicação de Sobre la fluidez social: elementos para una cartografía do sociólogo F. García Selgas (2007). A acepção de Bauman do adjetivo "líquido" torna-se a origem de uma teorização da identidade que é ela própria fluida, e numa altura em que teorias queer e estudos de género estão a sofrer um importante desenvolvimento que questiona a concepção binária do género em favor de a de um "espectro" (Butler, 1990), permite que a noção de "fluidez de género" se imponha tanto na linguagem cotidiana como no mundo académico; o conceito estende-se agora a outras disciplinas e objetos, tais como "fronteiras líquidas" (Moraña, 2021a). As novas narrativas que surgiram no contexto dos movimentos feministas e LGBTQI convidam a questionar sobre o potencial destes instrumentos de análise na literatura.
As contribuições são particularmente bem-vindas em relação a:
- eco-crítica
- fluidez corporal
- fluidez de gênero
- identidade(s) fluida(s)
- fluidez como uma noção de estilo
Submissão de propostas
As propostas (título, resumo de 500 palavras, bibliografia) devem ser submetidas
até 1 de Setembro de 2023.
As respostas serão dadas durante o mês de Outubro de 2023. Os artigos finais deverão ser entregues até Fevereiro de 2024.
Para submissão de propostas e quaisquer questões adicionais: crisolfluidites2023@gmail.com
Comité científico
- Françoise Aubès (Université Paris Nanterre, CRIIA)
- Yanna Hadatty Mora (Universidad Nacional Autonoma de México, Instituto de Investigaciones Filológicas)
- Sandra Jara (Universidad Nacional de Mar del Plata, CELEHIS)
- Sophie Large (Université de Tours, ICD)
- Caroline Lepage (Université Paris Nanterre, CRIIA)
- Catherine Pelage (Université d'Orléans REMELICE)
- Graciela Villanueva (Université Paris-Est Créteil, IMAGER)
Bibliografia
ALLUCHON Marion, “Introduction. Les fluides corporels dans l’art contemporain”, Actes de la journée d'étude "Fluides corporels", Paris, INHA, 2010.
ARAÚJO DA SILVA Maria, CUROPOS Fernanda (dir.), Poétiques et politiques du corps dans les aires lusophones, Paris, Éditions hispaniques, coll. “Littératures lusophones”, 2021.
ATTWOOD Feona, SMITH Clarissa, “Editorial”, Porn Studies, 2014, 1, p. 331-335.
BACHELARD Gaston, L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière, Paris, Corti, 1942.
KHATEB Asaid, BAR-KOCHVA Irit (ed.), Reading Fluency. Literacy Studies: Current Insights from Neurocognitive Research and Intervention Studies, Vol. 12, Bâle, Springer International Publishing, 2016, p. 65–89.
BAUMAN Zygmunt, Liquid Modernity, Cambridge, Polity, 2000.
BUTLER Judith, Gender Trouble. Feminism and the Subversion of Identity, London & New York, Routledge, 1990.
BUTLER Judith, Cuerpos que importan. Sobre los límites materiales y discursivos del texto, Buenos Aires, Paidós, 2002.
BODIOU Lydie, « Les conversions du sang. La petite mécanique des fluides corporels des médecins hippocratiques », L’Antiquité écarlate. Le sang des Anciens, Rennes, PUR, 2017, p. 27-42.
FALARDEAU Eric, Le corps souillé: Gore, pornographie et fluides corporels, Longueil, L’instant même, 2019.
GARCIA SELGAS Fernando, Sobre la fluidez social: elementos para una cartografía, Centro de Investigaciones Sociológicas, 2007.
GLOTFELTY Cheryll (ed.), The Ecocriticism Reader: Landmarks in Literary Ecology, Athens, University of Georgia Press, 1996.
HUGLO Marie-Pascale, “L’art d’enchaîner : la fluidité dans le récit contemporain”, Protée, 34(23), 2006, 127–137.
MORAÑA Mabel, Liquid Borders, Londres, Routledge, 2021.
MORAÑA Mabel, Pensar el cuerpo. Historia, materialidad y símbolo, Barcelone, Herder Editora, 2021.
NEIMANIS Astrida, “Thinking with water: an aqueous imaginary and an epistemology of unknowability”, Entanglements of New Materialisms, Linkoping, Sweden, 25 et 26 mai, 2012. URL
https://www.academia.edu/1932447/Thinking_with_Water_An_Aqueous_Imaginary_and_An_
Epistemology_of_Unknowability
PIKULSKI John, CHARD David, “Fluency: Bridge between decoding and reading comprehension”, The Reading Teacher, 58 (6), 2005, p. 510–519.
PORTER Roy, « History of Body », in BURKE, Peter (dir.), New Perspectives on Historical Writing, Cambridge, Polity Press, 1991, p. 206-232.
SALGADO Maria Teresa (ed.), Escritas do corpo femenino. Perspectivas, debates, testemunhos, Rio de Janeiro, Oficina Raquel, 2018.
TUHUS-DUBROW Rebecca. "Cli-Fi: Birth of a Genre." Dissent, vol. 60 no. 3, 2013, p. 58-61.
Project MUSE, doi:10.1353/dss.2013.0069.
VALLEJO, El desbarrancadero, Madrid, Alfaguara, 2001.
VIGARELLO Georges, « Le laboratoire des sciences humaines », Esprit, 2, 1982, p. 90-106.
WIENER Gabriela, Nueve lunas, Barcelona, Mondadori, 2009.
YUSZCZUK Marina, La sed, Buenos Aires, Blatt & Rios, 2020.