HomeDes productions marchandes et non-marchandes à la création de la valeur sociale et communautaire au Sahel
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Published on Wednesday, April 12, 2023

Abstract

La journée d’étude en perspective se veut un cadre d’analyse, mais surtout de réflexivité autour des activités à caractère social, sociétal, environnemental et économique, pendant les décennies qui ont marqué la mise en œuvre de ces initiatives sociales, solidaires et communautaires au Cameroun et en Afrique. Afin d’orienter, de réorienter ou tout simplement de consolider les initiatives en cours, tout en intégrant les nouveaux enjeux et les défis auxquels les communautés doivent faire face dans un contexte de risques accrus et de vulnérabilités multidimensionnelle, la journée d’étude explorera des opportunités actuelles et futures dans le champ de l’entrepreneuriat.

Announcement

Journée d’étude sur l’Entrepreneuriat Social et Communautaire

Date et lieu

Date: 10/05/2023

Lieu: Université de Maroua (Campus de Ouro-Tchédé)

Argumentaire

La pauvreté grandissante dans la quasi-totalité des pays du Nord comme au Sud est un indicateur de l’incapacité des États à continuer avec le modèle de l’État providence, afin de répondre aux besoins des citoyens. En Afrique comme dans les autres continents, l’entrepreneuriat social et solidaire gagne considérablement les territoires et les communautés (Espin-Andersen, 1990). Ces dernières années, il s’est toujours révélé comme un moyen d’améliorer les conditions de vie des populations (Laville, 2016) qui se trouvent continuellement en dégradation, du fait des externalités négatives que dégage l’économie libérale, principale cause des inégalités sociales et économiques.

Si l’entrepreneuriat social émerge et se développe de plus en plus dans les communautés en contexte africain, il faut reconnaître que le phénomène fait suite à la crise économique du début des années 90. L’introduction de cette approche de lutte contre la pauvreté à la base et les inégalités économiques est un puissant moyen de susciter un effort collectif des communautés « d’en-bas » (Ela, 1998) inspirée de la théorie des « capabilités réexaminées » chez Sen (1992). Or, les États africains ont dû attendre de nombreuses années pour donner un cadre légal aux entreprises sociales et coopératives qui portent des initiatives communautaires ; mettant l’Homme au centre de son processus de développement. Au Cameroun, la Loi Cadre régissant les activités de l’économie sociale voit le jour en avril 2019. Cette Loi définit l’entrepreneuriat social comme « toute forme d’entreprise regroupant plusieurs personnes, basée sur les principes de solidarité, de démocratie participative, de mutualisation des moyens de production, de distribution équitable des revenus et dont la conception de l’activité allie rentabilité et changement social ». Cette Loi énonce la primauté de l’Homme et de la finalité sociale sur le Capital. En 2020, un décret du Chef de Gouvernement Camerounais, portant structuration des Unités de l’Économie Sociale (UES), telles que consacrées dans la Loi Cadre, a été promulgué afin de faciliter le fonctionnement et la promotion de l’entrepreneuriat social et solidaire. Ainsi, on est en droit de se poser la question de savoir, quel est le contenu de l’entrepreneuriat social ?

L’entrepreneuriat social est un phénomène social total et initialement de culture anglo-saxonne, avant de s’élargir au reste des pays développés. Très récemment, ce fait social a commencé à gagner les économies émergentes de l’Amérique Latine et de l’Asie du Sud-Est. Dans ces parties du monde, le phénomène est connu sous le vocable Social entrepreneurship. Cette innovation sociale a vu le jour dans la seconde moitié du XIXième siècle en Angleterre, dans le but de répondre aux dérives de l’économie classique libérale. Sa naissance et son développement ont été conçus dans les milieux socialistes[1], afin de trouver une alternative à la conception de l’économie libérale, basée sur l’accumulation et le profit. Le but étant de financer des nouvelles opportunités de création d’emplois, une génération d’emplois qui place l’Homme et son milieu au centre de sa préoccupation. En matière de gouvernance, cette alternative économique propose des outils et approches plus démocratiques, inclusives et participatives.

Aujourd’hui, l’entrepreneuriat social s’est muté en économie sociale et solidaire (du fait des emplois et de la plus-value que ce secteur d’activité crée) et aborde des sujets d’intérêt général dans la société. En plus des soucis d’employabilité, de la pauvreté et de la réduction des inégalités, les questions environnementales et l’intégration des plus pauvres dans le tissu économique suscite un intérêt grandissant. A cela s’ajoute des problématiques actuelles, relatives aux questions d’urbanité comme la gestion des déchets, l'accès à l'eau et à l'énergie d’une manière respectueuse de l’environnement, le consumérisme... Bref, l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures non-marchandes, sont des problématiques également très prisées, tout comme le développement économique des communautés. Les questions liées à l’inclusion financière et aux services de micro-finance sur le plan local, tiennent particulièrement les acteurs de l’économie sociale dans les pays en développement comme le Cameroun. À l’analyse des activités dans ce secteur de production qui concilient le marchand et le non-marchand, il ressort que, seules l’Afrique du Nord et de l’Ouest ont véritablement à date, développé des entreprises de l’économie sociale et solidaire en Afrique. Dans l’ensemble, les activités de l’entrepreneuriat social sont portées par une diversité d’acteurs locaux, parmi lesquels les Associations, les Mutuelles, les Fondations et les Entreprises Coopératives (Scoop)[2]. Ces acteurs produisent des micro-entrepreneurs et des auto-practiciens développant la gig-economy[3]autour des start-up et des nouvelles formes entrepreneuriales.

La journée d’étude en perspective se veut un cadre d’analyse, mais surtout de réflexivité autour des activités à caractère social, sociétal, environnemental et économique, pendant les décennies qui ont marqué la mise en œuvre de ces initiatives sociales, solidaires et communautaires au Cameroun et en Afrique. Afin d’orienter, de réorienter ou tout simplement de consolider les initiatives en cours, tout en intégrant les nouveaux enjeux et les défis auxquels les communautés doivent faire face dans un contexte de risques accrus et de vulnérabilités multidimensionnelle, la journée d’étude explorera des opportunités actuelles et futures dans le champ de l’entrepreneuriat.

Par ailleurs, l’objet d’études en question (les UES) doit inspirer et nourrir l’esprit entrepreneurial qui commence à s’imposer dans notre écosystème ; tout en donnant la possibilité aux jeunes porteurs d’ambitions entrepreneuriales, d’y trouver un cadre propice pouvant leur permettre d’examiner les hypothèses d’études de marché, en lien avec leurs ambitions entrepreneuriales futures, ou tout simplement, de pouvoir se faire incuber les idées qu’ils/elles ont à l’esprit dans le champ entrepreneurial qu’ils/elles souhaitent explorer. De même, l’objet d’études vient matérialiser les ambitions gouvernementales et particulièrement celles du MINESUP et des autorités de l’Université de Maroua, incitant les étudiants á concilier la formation académique et l’entrepreneuriat pour une meilleure insertion socio-professionnelle au sortir de l’Université.

Quelques axes prioritaires induiront des ateliers pratiques et théoriques au courant de cette journée. Il s’agira de :

  • Le premier axe: fondements théoriques, empiriques et méthodologiques des initiatives entrepreneuriales. Il devra surtout intéresser les chercheurs qui veulent produire des connaissances initiales et fondamentales, afin de s’inscrire dans une perspective entrepreneuriale liée à leurs backgrounds académiques.
  • Le deuxième axe: les formes, la fonctionnalité et le style de Management des entreprises sociales et solidaires. Il s’intéresse à l’écosystème des entreprises sociales et solidaires au Cameroun et en Afrique. Il s’agira surtout de ressortir le fonctionnement de la structure et les formes de management mise en œuvre par les leaders au sein de ces organisations.
  • Le troisième axe: secteur informel et formel des activités solidaires et communautaires en milieu urbain/rural. Il s’agira ici d’explorer toutes les activités de production économique du secteur solidaire et coopératif. Le but étant d’amener à produire des idées d’accompagnement à la structuration d’un phénomène qui prend de l’ampleur et pourvoyeur de nombreux emplois aux jeunes talentueux ainsi qu’aux femmes « atterrées ». Il s’agit aussi d’investiguer les expériences et les cas des mouvements féminins qui contribuent à « libérer » les femmes du joug du patriarcat par le travail productif et solidaire.
  • Le quatrième et dernier axe: les entreprises sociales et solidaires dans l’agropastoralisme. Il s’intéresse aux transformations endogènes de groupe dans l’agro-pastoralisme. C’est le premier secteur d’activité pourvoyeur d’emplois et des revenus dans les familles et communautés.

Ainsi, ces axes qui ne sont pas exhaustifs devront intéresser les chercheurs de diverses disciplines des Sciences Humaines et Sociales conviés à décrire, analyser, mesurer et rendre compte de l’opérationnalisation des entreprises sociales en activité en Afrique et particulièrement au Sahel, afin de faire des propositions de communication sur les aspects suivants :

  • La production non-marchande des biens et services communautaires au Sahel ;
  • L’entreprise capitaliste et l’entreprise coopérative au Nord-Cameroun ;
  • La mesure de la valeur ajoutée et la mesure de la valeur sociale en contexte subsaharienne ;
  • La responsabilité sociétale de l’entreprise capitaliste ;
  • Sociétés coopératives et développement des territoires précaires dans les pays sahéliens ;
  • Commerce équitable et développement local ;
  • La viabilité économique de l’entreprise coopérative et solidaire ;
  • L’efficacité économique au service de l’intérêt général et du développement humain ;
  • L’agir collectif et les innovations sociales en contexte de pauvreté dans les communautés sahéliennes ;
  • L’expérience du financement participatif dans l’entrepreneuriat social au Nord-Cameroun ;
  • L’impact-investing sous le prisme des entreprises capitalistes ;
  • La micro-finance solidaire et la lutte contre la pauvreté dans les territoires fragiles ;
  • L’inclusion financière des catégories sexo-spécifiques au Sahel ;
  • La résilience économique post-covid dans les familles et communautés sahéliennes.

Modalités de contribution

Toute proposition de communication devra s’inscrire dans l’un des axes ci-dessus présentés et épouser forcement, une des thématiques plus haut. Les propositions de communications doivent absolument contenir un résumé d’au plus 500 mots et les grandes lignes que l’auteur devra aborder dans son article. Les articles finalisés et soumissionnés pour une éventuelle publication feront l’objet d’une évaluation par les paires.

  • Date limite de réception des propositions de résumés de communication : 23/04/2023 ;

  • Email de soumission des propositions de communication : dsassduma@gmail.com;
  • Format de communication : 10min d’exposé et 10 min d’échanges avec les participants.

Coordination

  • Gustave GAYE, Chargé de Cours, Département de Sociologie, Anthropologie et des Sciences Sociales pour le Développement, FALSH, Université de Maroua ;
  • François GUEBOU TADJUIDJE, Chargé de Cours, Département de Sociologie, Anthropologie et des Sciences Sociales pour le Développement, FALSH, Université de Maroua ;
  • Bienvenue Ibrahim MOULIOM, Maître de Conférences, Département de Sociologie, Anthropologie et des Sciences Sociales pour le Développement, FALSH, Université de Maroua.

Sources

  1. Armand, Leka Essomba. (2008), « Hommage à Jean-Marc Ela », Mutations, Yaoundé, Université de Yaoundé I.
  2. Esping-Andersen, Gøsta (1990).The three worlds of welfare capitalism. Princeton, New Jersey : Princeton UniversityPress.
  3. Jean-Louis, Laville (2016). L'économie sociale et solidaire. Pratiques, théories, débats, Seuil, Paris.
  4. Jean-Marc, Ela. (1998). Innovations sociales et renaissance de l’Afrique noire. Les défis du « monde d’en bas », L’Harmattan, Montréal/Paris.
  5. Jean-Marc, Ela. (2006). Travail et entreprise en Afrique ; les fondements sociaux de la réussite économique, Khartala, Paris.
  6. Sen, Amartya Kumar (1992). Inequality reexamined, Oxford, Clarendon Press.

Notes

[1] Les Universités brésiliennes en sont une figure de proue, car les laboratoires et les centres de recherche de ces Universités y accompagnent les étudiants et les organisations paysannes à apporter des réponses qui concilient efficacité économique et finalité sociale et environnementale dans les territoires précaires.

[2] Scoop est régulièrement utilisée pour Société Coopérative ou Entreprise Coopérative.

[3] Il s’agit des activités économiques à la tâche tant du secteur de la production marchande ou non-marchande.

Subjects

Places

  • Maroua, Cameroon (237)

Date(s)

  • Sunday, April 23, 2023

Keywords

  • entrepreneuriat social, communautaire, production marchande, production non-marchande, valeur sociale, sociologie, Sahel

Contact(s)

  • François GUEBOU TADJUIDJE
    courriel : gueboutf [at] yahoo [dot] com
  • Bienvenue Ibrahim MOULIOM
    courriel : ibrahimmouliom [at] gmail [dot] com

Information source

  • Gustave GAYE
    courriel : gaye [dot] gustave [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Des productions marchandes et non-marchandes à la création de la valeur sociale et communautaire au Sahel », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, April 12, 2023, https://doi.org/10.58079/1axv

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