Cette session thématique répondra à la question de la redéfinition des relations « centre / périphérie (ou Nords / Suds) » pour proposer une nouvelle façon de produire des savoirs et des connaissances sur le monde. La rencontre de savoirs différents se fait telle une rencontre interculturelle. Elle nécessite des traductions de réalités, de l’humilité : reconnaître la coexistence de tels savoirs sans chercher à faire advenir l’un au détriment de l’autre. Les savoirs se rencontrent, se heurtent aux sensibilités en présence, celles des différents porteurs d’épistémologies. Aussi, les savoirs se transforment parfois pour devenir hybrides. Puisque les nombreuses réalités de notre monde peuvent être observées avec plusieurs lunettes, l’adoption et l’intégration du plurivers suppose la reconnaissance des autres formes de savoirs et traditions en dehors de l’universalisme occidental (Piron, 2021).

Argumentaire

L’intérêt suscité par la publication du numéro spécial « Décoloniser la RSE » de la Revue de l’Organisation Responsable à l’automne 2022 et par la session thématique dédiée lors du congrès du RIODD 2022 à Aubervilliers, traduit la nécessité de poursuivre le travail de valorisation des réflexions et des recherches sur les approches critiques et transversales. Cette session thématique ouverte, organisée dans le cadre du congrès du RIODD 2023 est une occasion de dialogue entre différentes perspectives disciplinaires, qui s’articulent autour des approches critiques au sens large, défendant leur pertinence dans l’avancement des connaissances/savoirs, praxis et pédagogies sur les justices (socio-écologiques, épistémique) et les transitions socio-écologiques. S'inscrivant dans l'esprit du congrès du RIODD à Lille en octobre 2023, cette session thématique vise des propositions contribuant aux possibilités et au potentiel de la recherche critique et pluriversale, pour proposer « [une] analyse critique voire « Impertinente » dans le meilleur sens du terme ».

Malgré des acquis et des convictions partagées autour des approches critiques comme possibles pour pe(a)nser des alternatives dans un contexte de capitolocène et d’injustices socio-écologiques et épistémique, nous constatons que la transdisciplinarité et la transversalité inhérentes à ces perspectives ne sont pas suffisamment mobilisées. Cela a pour conséquence le maintien des silos disciplinaires et théoriques sans réel dialogue entre les différents courants adhérant au paradigme critique. Également, bien que la communauté francophone d’enseignant·es-chercheur·es bénéficie d’une forte tradition critique (inspirée de Foucault, Derrida, De Beauvoir, Fanon, Glissant et tant d’autres), on constate que celle-ci a une certaine réserve face à l’intersectionnel, l’interculturel, l’interconnaissance et l’interaction alors que ces derniers imposent la transversalité indispensable à la déconstruction des connaissances et pratiques porteuses d’injustices et à l’imagination d’autres possibles.

Ainsi, les concepts de justice épistémique, de déhiérarchisation et de décolonialité devraient être, selon nous, au cœur des préoccupations d’un collectif comme le RIODD et de la communauté francophone d’enseignant·es-chercheur·es critiques dans son ensemble. « La diversité épistémologique du monde est immense, aussi étendue que sa diversité culturelle » (De Sousa Santos, Arriscado Nunes & Meneses, 2022, p.53). Une telle reconnaissance, à laquelle sont souvent associé·es les épistémologues des Sud et les tenant·es des perspectives décoloniales, s’avère cruciale pour les adhérent·es aux approches critiques. Aujourd’hui, de nombreuses pensées et mouvements dits alternatifs reprennent à leur compte, en les nommant ou non, certains apports propres au courant décolonial. Celui-ci essaime, foisonne, se ramifie, se reconfigure, se déterritorialise et se trouve resémantisé par et dans une pluralité de propositions, de collectifs et de pratiques (Buen Vivir, communalité, féminismes communautaires, activismes de tout poil, mouvements autochtones ou afrodescendants, etc.).

Dès lors, les académiques doivent (re)trouver le souci d’articuler des savoirs ancrés dans des réalités autour des luttes d’émancipation et de justice épistémique afin d’en élargir les imaginaires politiques et les possibilités de coalition.

Cette session thématique répondra à la question de la redéfinition des relations « centre/périphérie (ou Nords/Suds) » pour proposer une nouvelle façon de produire des savoirs et des connaissances sur le monde. La rencontre de savoirs différents se fait telle une rencontre interculturelle. Elle nécessite des traductions de réalités, de l’humilité : reconnaître la coexistence de tels savoirs sans chercher à faire advenir l’un au détriment de l’autre. Les savoirs se rencontrent, se heurtent aux sensibilités en présence, celles des différents porteurs d’épistémologies.

Aussi, les savoirs se transforment parfois pour devenir hybrides. Puisque les nombreuses réalités de notre monde peuvent être observées avec plusieurs lunettes, l’adoption et l’intégration du plurivers suppose la reconnaissance des autres formes de savoirs et traditions en dehors de l’universalisme occidental (Piron, 2021). Comme nous définissons la critique de manière large, incluant à la fois la déconstruction/contestation (critique de la Modernité, critique de l’extractivisme, critique du développement positif, etc.), et résistance/(re)construction d’alternatives (innovations sociales, justices épistémiques, territorialisation, déhiérarchisation, visibilisation des subalternes, valorisation des savoirs endogènes, ancestraux, autochtones, etc.), nous encourageons des propositions de communication provenant de différentes disciplines et perspectives épistémiques.

Les propositions peuvent porter sur les thèmes suivants (cette liste n'est pas exhaustive) :

1) Qualifier le potentiel de déconstruction mais aussi d’innovation et de ré-invention des approches critiques face à la crise écologique et aux injustices socio-écologiques.

2) Décoloniser les savoirs théoriques et pratiques pour les transitions socio-écologiques et les justices socio-écologiques.

3) Décomplexer les chercheur·es et les approches des périphéries (Sud global, autochtones, subalternes, etc.) : déhiérarchiser les rapports centre/périphérie et les rapports de pouvoir.

Nous tenons toutefois à préciser qu’en cohérence avec le principe d’inclusion, les communications qui ne sont pas associées à ces thèmes, mais qui s’inscrivent dans l’ontologie et l’épistémologie caractéristiques du paradigme critique, pourront être considérées. Session spécifique ouverte en hybride, possibilité de communication à distance

Publication

Opportunité de publication dans la revue Organisations et Territoires : modalités à préciser lors du congrès pour les participant·es intéressé·es. Toutefois, la participation à la session thématique n’est ni une condition ni une garantie de publication dans la revue.

Modalités de contribution

Date limite pour les propositions de communication :

Vendredi 12 mai 2023 (minuit)

Votre proposition doit être déposée sur le site : https://riodd2023.sciencesconf.org/  + doit aussi être envoyée par mail à : riodd2023@sciencesconf.org ET mail organisateurices : approches.critiques.RSE@proton.me)

Responsables de la session

• Celine BERRIER -LUCAS ISG, Paris
• Marie FALL Université du Québec à Chicoutimi
• Lovasoa RAMBOARISATA UQAM, Montréal 
• Dimbi RAMONJY Excelia business school, La Rochelle

Bibliographie indicative

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