AccueilLa « Révolution des Œillets », révolution portugaise et mondiale

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La « Révolution des Œillets », révolution portugaise et mondiale

Dossier spécial de la revue Lusotopie sur le Cinquantenaire du 25 avril 1974

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Publié le mercredi 31 mai 2023

Résumé

Le 24 avril 1974 au soir, les désormais célèbres « capitaines d’avril » commencèrent leur coup d’État au nom d’un programme simple, celui des « trois D » : décoloniser, démocratiser, développer. Il s’agissait surtout de mettre fin à près de quatorze ans de guerre coloniale, une guerre qui ne pouvait pas être gagnée militairement, qui isolait le Portugal sur la scène internationale, brûlait près la moitié du budget de l’État et poussait la jeunesse à prendre le chemin de l’exil pour éviter de partir au combat. Cinquante ans après le 25 avril 1974, Lusotopie publie un dossier spécial pour étudier les aspects de cette révolution qui pourraient avoir été sous-étudiés.

Annonce

Argumentaire

Le 24 avril 1974 au soir, les désormais célèbres « capitaines d’avril » commencèrent leur coup d’État au nom d’un programme simple, celui des « trois D » : décoloniser, démocratiser, développer. Il s’agissait surtout de mettre fin à près de quatorze ans de guerre coloniale, une guerre qui ne pouvait pas être gagnée militairement, qui isolait le Portugal sur la scène internationale, brûlait près la moitié du budget de l’État et poussait la jeunesse à prendre le chemin de l’exil pour éviter de partir au combat. L’ancien régime tombait dès le lendemain dans la liesse populaire. Alors que les militaires appelaient au calme et si possible à rester à la maison, les manifestations monstres du 1er mai 1974 montrèrent que le coup d’État était devenu une révolution, d’abord sur des thèmes démocratiques mais rapidement sur des thèmes sociaux, voire socialistes.

Cinquante ans après le 25 avril 1974, Lusotopie publie un dossier spécial pour étudier les aspects de cette révolution qui pourraient avoir été sous-étudiés. La revue est par ailleurs associée au colloque qui se tiendra à l’université de Rennes 2 les 30-31 mai et 1er juin 2024. Lusotopie encourage les auteurs qui auront été présélectionnés pour le dossier à venir présenter leurs articles comme communications à ce colloque, qui sera ainsi une occasion de discuter publiquement de chaque texte.

La révolution des Œillets, une révolution portugaise

« O 25 de Abril » est polysémique questionnant l’histoire politique et l’histoire sociale, aussi bien que l’histoire culturelle, économique et des relations internationales. Pourtant, penser le 25 avril comme un fait national, comme une nation qui se parle à elle-même, est à la fois central et le plus souvent laissé de côté. La nation, largement identifiée au discours salazariste sur la « nation une, du Minho à Timor » et l’exaltation de la « portugalité », avait mauvaise presse au printemps 1974, discréditée par près d’un demi-siècle de dictature et les guerres coloniales.

L’Europe apparut alors rapidement comme un substitut commode, autour du slogan « L’empire est mort, vive l’Europe ! » La conjonction du sentiment national et de l’impératif social aurait pu donner une tout autre tonalité aux Œillets d’avril, à l’image de ces soldats de l’An II, évoqués par Victor Hugo, « qui se battaient en tant que révolutionnaires et patriotes ».

Cinquante après, il s’agit ici de questionner les interactions entre le 25 avril et la nation portugaise, et de le faire notamment sous l’angle politique et idéologique, comme synonyme de la fin « d’une certaine idée du Portugal » séculaire et comme « moment historique où le peuple devient le Peuple », pour reprendre la définition de la nation proposée par Pascal Ory (Qu’est-ce qu’une nation ? Gallimard, 2020). La Révolution des Œillets a-t-elle changé profondément l’image que les Portugais – au moins ceux des nouvelles générations – se font de leur propre nation ? L’Europe a-t-elle effacé une certaine nostalgie de l’Empire ? Quels défis lance-t-elle, de par ses vastes dimensions et population, à un pays redevenu le « petit rectangle métropolitain » ? La modernisation extraordinaire du pays a-t-elle affaibli l’attachement à la patrie ?

Ces questions peuvent en entraîner d’autres, sans que l’objectif soit de faire un bilan : il s’agit plutôt de continuer l’histoire de la nation portugaise, par l’apport de plusieurs communications interrogeant le « fait de conscience » portugais en ce moment crucial.

La révolution des Œillets, une révolution mondiale

Dans sa genèse même, la révolution portugaise a été internationale, puisqu’elle est le produit combiné de la révolution anticoloniale africaine et d’une lassitude croissante des Portugais envers un régime qui ne faisait plus sens auprès des jeunes générations.

Mais outre le fait qu’elle eut un retentissement immense dans de nombreux pays – comme en France, où elle sembla d’une certaine manière compenser le drame du coup d’État de Pinochet au Chili juste sept mois auparavant (11 septembre 1973) –, outre le fait que se développa un « tourisme révolutionnaire » de jeunes occidentaux partant à Lisbonne pour « voir la révolution », elle eut aussi un retentissement auprès de communautés et d’États d’une manière ou d’une autre liés à l’histoire portugaise. On peut poser les questions suivantes :

  • quel fut le retentissement, quels furent les effets de la Révolution des Œillets dans les communautés portugaises émigrées en Europe occidentale (France, Angleterre, Allemagne de l’Ouest, Suisse, etc.), au Canada, aux États-Unis, au Brésil, au Venezuela, etc. ?
  • comment les « Pays de l’Est » ont-ils réagi au début du processus ?
  • comment des pays qui s’étaient affrontés au Portugal (comme l’Inde en 1961 lors de la prise de Goa), ou qui soutenaient la résistance antifasciste et anticolonialiste portugaise (comme le Maroc et l’Algérie) ont-ils vécu le déclenchement et le développement de cette révolution ?
  • comment des pays qui soutenaient l’effort colonial portugais ont-ils réagi au coup d’État (Afrique du Sud de l’Apartheid, Rhodésie du Sud, ou, d’une manière plus complexe, le Brésil des militaires, ou encore l’Espagne du franquisme finissant) ? Et ont réagi ceux qui poussaient aux négociations (comme le Sénégal de Senghor) ?

Modalités de contribution

Le numéro spécial de Lusotopie incluant le dossier du Cinquantenaire du 25 avril 1974 paraîtra en décembre 2024. Les résumés de propositions d’articles devront être soumis avant la fin septembre 2023. Les auteurs seront informés de l’acceptation ou non de leurs propositions au plus tard en novembre 2023. Ensuite, les articles devront être reçus au plus tard fin janvier 2024, pour être soumis à évaluation en double aveugle. Les auteurs dont les articles auront été acceptés (sans modification ou avec de légères modifications) ou acceptés sous condition (avec modifications substantielles) devront donner la version « pré-définitive » fin avril 2024. Ils seront encouragés à s’inscrire au Colloque du Cinquantenaire à l’Université de Rennes 2 (30-31 mai et 1er juin 2024) pour présenter leur travail et le discuter en ateliers. De ces discussions pourront aboutir encore quelques modifications aux articles. La version définitive des textes devra être reçue par Lusotopie fin juillet au plus tard. Les articles peuvent être rédigés en français, portugais ou anglais (pour d’autres langues, nous consulter).

La revue Lusotopie paraît depuis 1994, longtemps hébergée par Sciences Po Bordeaux et son Centre d’étude d’Afrique noire (1994-2009). Elle est aujourd’hui une revue électronique semestrielle en accès libre, publiée par l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec, UMR n° 7307 Aix-Marseille Université et CNRS). Lusotopie se consacre à l’analyse du politique dans les espaces contemporains issus de l’histoire et de la colonisation portugaises. Son originalité est de travailler au sein d’un espace postcolonial et composite, présent sur quatre continents et dans de nombreuses diasporas.

Dates de préparation :

  • publication de l’appel à communications : mars 2023
  • date limite d’envoi des résumés : fin septembre 2023

  • sélection des résumés : au plus tard fin novembre 2023
  • date limite d’envois des articles : fin janvier 2024
  • publication des résultats de l’évaluation en double-aveugle : fin avril 2024
  • dates du colloque à l’université de Rennes 2 : 30-31 mai-1er juin 2024
  • date-limite de réception de la version définitive des articles : fin juillet 2024
  • publication du numéro spécial de Lusotopie : décembre 2024

Les correspondances, envois des résumés et des articles devront être envoyés simultanément aux adresses des coordinateurs du numéro : yves.leonard@sciencespo.fr et m.cahen@sciencespobordeaux.fr, ainsi qu’à l’adresse de la rédaction lusotopie@gmail.com.

Plus d’informations sur la revue Lusotopie. Pour le Colloque de Rennes, écrire à André Belo : andre.belo@univ-rennes2.fr

Coordination scientifique

Le dossier de Lusotopie sur le Cinquantenaire de la Révoluton des Œillets est coordonné par Yves Léonard (Centre d’Histoire de Sciences Po Paris) et Michel Cahen (Laboratoire « Les Afriques dans le monde », Sciences Po Bordeaux/CNRS).


Dates

  • samedi 30 septembre 2023

Fichiers attachés

Mots-clés

  • 25 avril 1974, Portugal, révolution des Œillets, relations internationales

Contacts

  • Michel Cahen
    courriel : m [dot] cahen [at] sciencespobordeaux [dot] fr
  • Yves Léonard
    courriel : yves [dot] leonard [at] sciencespo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Michel Cahen
    courriel : m [dot] cahen [at] sciencespobordeaux [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La « Révolution des Œillets », révolution portugaise et mondiale », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 31 mai 2023, https://doi.org/10.58079/1b9i

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