HomeTéléphone portable, une alternative de production audiovisuelle ?
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Published on Thursday, June 01, 2023

Abstract

L’histoire du cinéma et de l’audiovisuel est – aussi – une histoire de la technique, dont les évolutions successives ont occasionné des mutations économiques, sociologiques et esthétiques dans le champ cinématographique et audiovisuel. La problématique de l’allègement des modes de production a constitué l’un des moteurs guidant les évolutions technologiques propres à la captation des images et des sons. L’arrivée du téléphone portable en tant qu’appareil de prise de vue constitue dans ce cadre une étape qui bouscule et interroge la création au cours des deux dernières décennies, occasionnant une augmentation des pratiques amateures tout en pénétrant les champs professionnels de la prise de vue. Ce sont ces mutations et les enjeux qu’elles soulèvent qu’entend interroger ce colloque, tout en réfléchissant la façon dont ces nouvelles pratiques peuvent être envisagées en tant qu’alternatives dans le champ de la création.  

Announcement

Présentation

L’histoire du cinéma et de l’audiovisuel est – aussi – une histoire de la technique, dont les évolutions successives ont occasionné des mutations économiques, sociologiques et esthétiques dans le champ cinématographique et audiovisuel. La problématique de l’allègement des modes de production a constitué l’un des moteurs guidant les évolutions technologiques propres à la captation des images et des sons. L’arrivée du téléphone portable en tant qu’appareil de prise de vue constitue dans ce cadre une étape qui bouscule et interroge la création au cours des deux dernières décennies, occasionnant une augmentation des pratiques amateures tout en pénétrant les champs professionnels de la prise de vue.  

Ce sont ces mutations et les enjeux qu’elles soulèvent qu’entend interroger ce colloque, tout en réfléchissant la façon dont ces nouvelles pratiques peuvent être envisagées en tant qu’alternatives dans le champ de la création.  

Ce colloque s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche entamé en 2017, portant sur le concept d’alternative appliqué aux environnements propres au cinéma et à l’audiovisuel. Il est développé de façon conjointe par le LIRCES (Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés) et l’ESRA Côte d’Azur (École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle). Il a d’ores-et-déjà donné lieu au développement d’un séminaire intitulé « Alternatives et points de vue », à un colloque sur les « Images Hors-la-loi », et à quatre numéros de la revue Cahiers de Champs Visuels : Les films sans distributeur (n°20/21, dir. C. Taillibert et B. Girard, 2021), Voir les images ailleurs et autrement (n°22, dir. J.P. Aubert, C. Laverger et C. Taillibert, 2021), et les deux volumes Images hors-la-loi (n°23 et n°24, dir. M. Arlotto, B. Cailler, C. Laverger, S. Leoncini, S. Raimond, C. Taillibert, 2023)

Programme

Mardi 6 juin

10h00      Accueil des participants

10h30      Mot d’accueil de l’équipe du LIRCES

  • 10h45      Conférence invitée : Laurence ALLARD (IRCAV, Université de Lille), « Du portable au smartphone, la culture mobile entre automedialité et automedias »

Modération : Bruno Cailler (LIRCES, Université Côte d’Azur)

Cette conférence documentera, suivant une approche diachronique, les usages d'auto-médiation - entre voix intérieure et vox populi - du portable puis du smartphone à travers différents corpus de photos-vidéos mobiles collectés au long cours de la diffusion des terminaux mobiles. Elle en questionnera les dynamiques d'alternatives de production médiatique et documentaire.

14h00      Panel 1 : « Production documentaire et téléphone portable »

Modération : Sophie RAIMOND (LIRCES, Université Côte d’Azur)

  • Ariane PAPILLON (ESTCA, Université Paris 8) « Le téléphone portable comme caméra circulante et multiplicatrice de points de vue dans le cinéma documentaire contemporain »

À partir de la fin des années 2000, le téléphone portable encourage le développement de ce que Laurence Allard nomme dès 2010 « l’individualisme expressif ». Au sein du champ du cinéma documentaire, les pratiques collaboratives et participatives, qui existaient déjà, trouvent dans cette nouvelle « caméra-stylo » un outil privilégié d’expérimentations (Schleser, 2012). Entre 2009 et 2011, Nagieb Khaja tourne My Afghanistan : Life in the Forbidden Zone, en distribuant une dizaine de téléphones à des villageois·es afghan·es. Entre 2010 et 2020, l’association de défense des droits humains B’tselem lance le « caméra project » en confiant des caméras, puis des téléphones, à des dizaines de Palestiniens et Palestiniennes pour qu’ils et elles documentent l’occupation israélienne. Ehab Tarabieh en fera un film de cinéma, Of Land and Bread. L’artiste Marie Reinert choisit l’iPhone pour réaliser son film Article 15, tourné à Kinshasa. Le téléphone est une caméra qui, tel un objet de troc, passe de main en main, documentant l’économie informelle de la ville. Entre 2015 et 2023, Vadim Dumesh réalise le long métrage documentaire La Base, tourné au téléphone avec et par des chauffeurs de taxis parisiens. À travers ces exemples de films, cette intervention entend montrer comment le cinéma documentaire contemporain s’est emparé du téléphone portable comme outil de mise en circulation de la caméra, des images et des points de vue, permettant d’articuler l’expression de subjectivités et la documentation d’un destin collectif.

  • 14h30 Anthony BLANC (IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle) « Midnight Traveler : la “caméra” obstinée de Hassan Fazili sur les routes de l’exil »

Menacé de mort par les talibans après la diffusion d’un de ses documentaires à la télévision afghane, le réalisateur et metteur en scène Hassan Fazili est forcé en 2015 de quitter l’Afghanistan avec son épouse et leurs deux filles. Entre le Tadjikistan et la Hongrie, Hassan Fazili filme leur périple avec son téléphone portable. En filmant ses proches, le cinéaste afghan raconte une expérience contemporaine de l’exil éprouvée par des milliers d’autres migrants. Néanmoins, Midnight Traveler est singulier : il s’agit d’un film de famille où la caméra circule entre les mains du réalisateur, de la femme (elle aussi réalisatrice) et des enfants. Cette intervention reviendra sur la trajectoire du cinéaste Hassan Fazili pour voir comment, face à l’exil, ce dernier a dû réinventer son art, et interrogera les possibles du téléphone portable sur les routes de l’exil – en même temps que les difficultés éthiques abordées dans le film. Il s’agit de considérer l’importance d’un tel témoignage obstiné, produit à partir des moyens du bord.

15h00      Moment d’échange avec les membres du panel

15h15      Panel 2 : « Téléphone portable, écritures fictionnelles »

Modération : Michaël ARLOTTO (LIRCES, Université Côte d’Azur)

  • David GAILLARD (HAR, Université Paris-Nanterre) « Tár de Todd Field : écrans de smartphones et nouvelles temporalités cinématographiques »

Partant du constat que les téléphones portables occupent une place particulière dans la mise en scène de Tár (Todd Field, 2022) sans jouer de rôle narratif véritable, cette intervention se propose d'explorer par l'analyse filmique la confrontation entre les images cinématographiques et les nouvelles images numériques. En créant dans ce film des images qui s'abstraient des nécessités spatio-temporelles, les téléphones portables viennent perturber l'image cinématographique et produire une ambiguïté. Il s’agira de tenter d'élucider ce que ces images typiquement numériques disent des métamorphoses récentes du cinéma et de son industrie.

  • 15h45 Sophie RAIMOND (LIRCES, Université Côte d’Azur) « Mobilographies godardiennes »

Dans les deux dernières décennies de son œuvre plurielle et étendue (des créations audiovisuelles aux interventions médiatiques en passant par les textes, collages et montages ébauchés), Jean-Luc Godard, avec la collaboration de Fabrice Aragno, a affronté radicalement le tournant numérique de la production audiovisuelle et exploré de manière ponctuelle, mais centrale dans ses enjeux symboliques, esthétiques et critiques, les possibilités techniques du téléphone portable comme appareil de prise de vue et comme outil multifonctionnel de communication, interaction et diffusion, au centre des usages sociaux contemporains. Dans le premier pan de la composition en triptyque de Film Socialisme (2010), les images tournées avec une large typologie de caméras, dont le téléphone portable, se télescopent pour interroger une société spéculaire et ses outils de vision, captation, surveillance. L’IPhone, comme objet diégétique, au centre ou dans les marges critiques de l’espace triangulaire et en relief de la 3D artisanale d’Adieu au langage (2014) permet au cinéaste de reprendre l’une des lignes directrices du court-métrage Puissance de la parole (1988) autour de la communication téléphonique et de ses malentendus, et d’interroger également notre rapport au texte depuis ce nouveau support de lecture. Enfin, le cinéaste utilise le téléphone mobile dans ses interventions-performances sur la scène médiatique et/ou numérique autour du Livre d’image (2018) et dans des échanges privés, visuels et auto-portraitiques, avec ses correspondants. Notre intervention ouvrira quelques pistes de réflexion autour de ces mobilographies godardiennes, écritures en mouvement, discrètes et ironiques, avec et sur le téléphone portable, comme expériences de détournement et de transgression de son usage normatif, participant de ce que Godard nomme « l’exception » contre « la règle » hégémonique.

  • 16h15 Darcy YUILLE (Cinéaste, Université de Melbourne) « L’usage du smartphone et l’improvisation au service de la réalisation de longs métrages envisageant la rapidité d’exécution comme une condition pour une représentation plus vaste »

Dans le monde du journalisme, nous avons déjà constaté l’émergence des caméras de smartphones comme étant un outil viable pour la production audiovisuelle. L’immédiateté de l’outil et sa facilité d’utilisation ont permis de capturer des séquences dans l’instant. Un exemple récent est le crash tragique d’un avion de ligne népalais en janvier 2023 (The Guardian, 16 janvier 2023). La chute de l’avion a été capturée avec un smartphone ainsi que l’audio du crash et l’incendie qui a suivi, et a depuis été vu par plus de 3 millions de personnes.

Cette utilisation du smartphone doit encore trouver sa place dans la production narrative et dramatique, à une échelle similaire. À une époque où le coût d’un long métrage australien est en moyenne de 1 à 5 millions de dollars australiens, l’obstacle pour les producteurs émergents avec des histoires diverses est le coût élevé. Je partagerai mon expérience de l’utilisation des portables pour créer différentes variétés de narration en incluant l’improvisation comme procédé de production et de narration. Je partagerai mes recherches sur la façon dont l’improvisation a un important rôle à jouer dans le développement et la production de drames audiovisuels et comment cela peut aider les diverses productions audiovisuelles et les producteurs.

16h45      Moment d’échange avec les membres du panel

19h45      Projection de J’aimerais partager le printemps avec quelqu’un (Joseph Morder, 2008), en présence de Joseph Morder (Cinémathèque de Nice)

Mercredi 7 juin

8h30        Accueil des participants

  • 9h00       Conférence invitée : Max SCHLESER (Centre for Transformative Media Technologies, Swinburne University of Technology-Melbourne, Australia), « Faire un film avec un portable : une forme et un format alternatifs de production audiovisuelle. »

Modération : Stefano Leoncini (LIRCES, Université Côte d’Azur)

Tout au long de la dernière décennie, la réalisation de films avec un portable est passée d’une forme underground et d’art et d’essai à une façon égalitaire et une pratique audiovisuelle. Dans un contexte international, les portables, smartphones et les films de poche peuvent permettre à une nouvelle génération de réalisateurs d’accéder à des outils et technologies de réalisation et apporter de nouvelles voix aux écrans de portables et de cinéma.

La réalisation avec des portables, smartphones et films de poche élargit la tradition de l’art des images en mouvement, et facilite l’expérimentation. Alors que la réalisation de films sur smartphones s’observe maintenant dans tous les secteurs, des cinéastes professionnels à ceux réalisant leur premier film, du cinéma expérimental aux films narratifs, dans les longs métrages et les très courts métrages, des pratiques distinctives émergent, qui sont spécifiques à la réalisation avec cet outil. Cette présentation entend montrer comment les débuts de l’esthétique des films tournés à l’aide de téléphones portables résonne toujours dans les films et les documentaires contemporains, qui circulent aujourd’hui dans de grands festivals comme la Berlinale ou le Festival de Cannes.

10h00      Pause

10h15      Panel 3 : « Limites technologiques, émergences stylistiques »

Modération : Cyril Laverger (ESRA Côte d’Azur)

  • Michaël ARLOTTO (LIRCES, Université Côte d’Azur) et Bruno CAILLER (LIRCES, Université Côte d’Azur) « Filmer au téléphone portable : une technologie engageante » 

Penser la création audiovisuelle par le téléphone portable nous invite à considérer les avancées technologiques comme de nouveaux jalons de performance et des étapes décisives assurant la pleine expression artistique. Nous souhaitons donc revenir dans notre intervention sur l'histoire technique de la prise de vue, du montage et de la diffusion par téléphone portable. En effet, la constitution d'une industrie technique diversifiée est un marqueur socioéconomique fort, qui permet de mesurer comment un usage passe de la sphère amateure à la sphère professionnelle, et consolide durablement un nouveau secteur d'activité de l'audiovisuel. 

  • 10h45 Jean CHÂTEAUVERT (Université du Québec à Chicoutimi) « Filmer et visionner sur un portable tenu à la verticale : quelques enjeux »

Le portable a pris une place prépondérante comme dispositif pour filmer, partager et visionner un certain regard sur notre quotidien. Filmer et visionner sont devenus des expériences nomades dans nos vies.

Au gré des plateformes et des changements dans la technologie, on peut voir une diversité de ratios dans l’affichage de ces vidéos sur nos portables (9 :16, 2 :3, 1 :1, etc.). L’usager filme, partage et regarde sur le portable des vidéos qui seront recadrées, reformatées en fonction de la plateforme de visionnement et des gestes par lesquels l’usager s’approprie son expérience de visionnement. Les vidéos filmées et vues sur nos portables transforment notre relation avec la création audiovisuelle : la vidéo « devient une approximation à chaque itération ».

Filmer, partager et regarder s’inscrivent dans une interaction médiatisée où les frontières entre médias sociaux et réseaux sociaux finissent par s'estomper. Dans cet entre-deux (in-betweeness), communication et visionnement se confondent dans les usages du portable.

  • 11h15 Tibka FICHOT (IRCAV, Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle) « L'illusion ‘amateur’ dans les œuvres de fiction diffusées sur Instagram »

Le réseau social, espace de communication (re)configurant la production audiovisuelle, est un enjeu essentiel de ma recherche. Plus précisément, nous nous pencherons sur « ces nouvelles écritures numériques » produites et diffusées pour Instagram dont le téléphone portable se révèle être parfois l’outil de filmage et de visionnage. À la lumière d’Eva Stories, de Patience Mon Amour, ou encore de Malaisant, nous tenterons de saisir la manière dont ces contenus « professionnels » de fiction empruntent à l’« esthétique amateur » inhérente aux fragments de vie partagés par les internautes quotidiennement sur Instagram. Nous nous interrogerons alors sur ce que je propose, pour le moment, de désigner comme une « homogénéité esthétique » entre œuvres de fiction et contenus habituels des internautes. La communication s’inscrit dans un travail de thèse en cours. Ainsi, il s'agira moins de présenter une recherche achevée, que de partager les prémices d'une réflexion encore mouvante et ouverte.

  • 11h45 Aloïs DERAS (LIRCES, Université Côte d’Azur) « Le pouvoir rhétorique de l’image non professionnelle dans la publicité : usage du smartphone comme outil de production des contenus publicitaires sur les réseaux sociaux »

L’émergence des réseaux sociaux et l’ouverture en matière de possibilités qu’ils traduisent pour le champ de la publicité a engendré en son sein un ensemble de pratiques singulières liées aux spécificités topologiques de ces espaces médiatiques et aux usages qui en sont fait. Ces évolutions marquent un tournant à la fois dans la production et dans la consommation des images publicitaires, redéfinissant le rapport entre leurs critères et leurs fonctions.

La publicité semble à ce jour accorder une place singulière à l’image amateure, bien qu’elle semble circonscrite à certaines pratiques bien spécifiques. L’observation sur ces nouveaux médias des formats, des critères esthétiques et éditoriaux de ces contenus publicitaires interroge en profondeur l’intention et les effets de ces démarches, et semble esquisser une redéfinition plus générale du rapport professionnel/amateur par et dans ce champ non plus si circonscrit qu’est la publicité.

Il s’agira dans cette conférence, en prenant à l’appui certains exemples, de dégager les fondements et le potentiel rhétorique parfois insoupçonné de l’image produite par smartphone dans la publicité, et de dégager les fondements rhétoriques de cette « illusion amateure » dans un champ qui ne l’est pas. Nous interrogerons également le statut médiologique du smartphone, double outil à la fois de réception et de production de ces images, et sa fonction prise dans une perspective de prescription marchande.

12h15      Moment d’échange avec les membres du panel

14h30      Panel 4 : « Le téléphone portable : éducation et créativité »

Modération : Christel Taillibert (LIRCES, Université Côte d’Azur)

  • Stéphanie POURQUIER-JACQUIN (INSEAC, CNAM) « Prolonger le regard : l’utilisation du téléphone portable dans les dispositifs d’éducation à l'image »

Cette communication abordera l’utilisation des téléphones portables dans les ateliers d'éducation à l'image. Ces derniers offrent un cadre de découverte du secteur audiovisuel, à la fois à travers la connaissance et la pratique. L’objectif de ces ateliers, animés par des professionnels du secteur cinématographique, est de permettre à un public jeune de développer sa créativité mais également sa sensibilité artistique. Aujourd’hui, les avancées technologiques permettent de réaliser des productions audiovisuelles avec un téléphone portable, depuis la production d'images jusqu'à la diffusion en passant par le montage ; s’appuyer sur cette maîtrise préalable permet ainsi de donner à voir un autre regard sur le monde contemporain. Au travers des exemples d’ateliers récents, cette communication permettra de revenir sur les applications concrètes et les possibilités qui s'inscrivent dans un parcours d'apprentissage en éducation à l'image et plus largement en éducation artistique et culturelle.

  • 15h00 Frédérique LAMBERT (LIRCES, Lycée Bristol-Cannes) « Pratiques des arts visuels sur les téléphones portables chez les 15-20 ans »

L’utilisation des téléphones portables pour la catégorie des 15-20 ans a remplacé les pratiques culturelles et collectives comme les ateliers (cinéma, théâtre, écriture, etc.) à la suite de la propagation, via la télé réalité relayée par les réseaux sociaux, d’un modèle culturel provenant des États-Unis. Celui-ci érige le corps érotisé et l’autofiction comme modèle dominant d’expression.

À la fois alternative à une situation sanitaire et à une culture considérée comme majoritaire et inaccessible à un certain public, la « culture téléphonique » est devenue le moyen privilégié d’expression de soi qu’il s’agit d’interroger.

Dans une modeste enquête sur un échantillon de jeunes entre 15 et 20 ans, lycéens et étudiants, ayant fait le choix d’une option cinéma dans la ville de Cannes, nous essaierons de photographier l’usage des applications permettant la lecture, la production et la diffusion de ces formes. L’enquête consiste en évaluations quantitatives et en entretiens qualitatifs sur les usages des applications permettant des formes d’expression.

15h30      Moment d’échange avec les membres du panel

15h45      Pause

16h00     Rencontres autour des écritures à la première personne

L’histoire des films écrits à la première personne est marquée par une série de ruptures technico-sociales fortes, qui ont permis l’émergence, au fil du temps, de nouvelles écritures et de nouvelles esthétiques. Quel rôle joue le téléphone portable dans l’évolution des grandes typologies représentatives des écritures à la première personne ?

Avec la participation de :

  • Christel TAILLIBERT (LIRCES, Université Côte d’Azur)
  • Toufik Kaddour et Élodie Perron-Glennie, étudiants du Master EMIC (Événementiel, Médiation et Ingénierie Culturelle) d’Université Côte d’Azur
  •  Joseph MORDER, cinéaste, réalisateur de J’aimerais partager le printemps avec quelqu’un (2008)

Présentation des participants

  • Laurence Allard (IRCAV, Université de Lille) est maître de conférences à l’Université de Lille 3 et membre de l’IRCAV. Elle a développé de nombreuses études des pratiques et de corpus numériques placées sous les problématiques de "l'individualisme expressif", de la "remix culture", du "tech-philanthropisme", et s’est spécialisée dans les usages des téléphones mobiles et des appareillages avec lesquels ils sont désormais associés (capteurs, objets connectés, applications de réalité virtuelle etc.). Sa double formation sociologique et sémiologique dans le domaine de la communication lui a permis de développer une approche originale qualitative mixte associant une approche de sociologie compréhensive des usages, une démarche d'ethnographie des pratiques et une analyse sémio-pragmatique des corpus de contenus mobiles. 
  • Michaël Arlotto (LIRCES, Université Côte d’Azur) est doctorant en cinéma sous la direction de Christel Taillibert au sein du département des Sciences de l'information et de la communication de l'université Côte d'Azur. Il dispense aussi des cours de mise en scène et montage en licence 2 en Sciences de l'information et de la communication.
  • Anthony BLANC (IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle) est doctorant depuis 2020 à l’IRCAV (Sorbonne Nouvelle). Il rédige une thèse intitulée « Filmer son exil vers l’Europe. Investigation documentaire et subjectivation » sous la direction de Guillaume Soulez. Ses travaux de recherche et publications portent généralement sur les discours et images produits dans le contexte migratoire méditerranéen autour de 2013 jusqu’en 2020. Spécialisé dans le cinéma documentaire, il est chargé d’enseignement à l’Université Sorbonne Nouvelle, à l’Université Paris Nanterre et à l’Université Paris 8.
  • Bruno Cailler (LIRCES, Université Côte d’Azur) est Maître de conférences à l'EUR CREATES de l’Université Côte d’Azur. Il est socio-économiste des médias et des industries de contenus.
  • Jean Châteauvert (Université du Québec à Chicoutimi) enseigne la création audiovisuelle à l’Université du Québec à Chicoutimi. Il s’intéresse aux périodes d’intermédialité et des changements de technologies. Ses recherches se concentrent sur l’audiovisuel produit pour le web et les nouvelles pratiques induites avec les portables. (« Pourquoi commenter ? La dynamique des échanges en marge des youtubeurs » Les publics à l’ère de la culture numérique (à paraitre) ; « Récit sériel sur le web : le temps du “tu” », Télévision, 2020 ; « Youtubeurs : l’expérience de l’internaute », Études Digitales (2019) ; « Youtubeurs et webséries : un temps pour commenter », Communiquer. Revue de communication sociale et publique, 2019 ; « Les séries Web : Les frontières de la fiction », Réseaux, 2016). 
  • Aloïs DERAS (LIRCES, Université Côte d’Azur). Actuellement doctorant en Sciences de l’information et de la communication auprès du laboratoire LIRCES à l’Université Nice Côte d’Azur, Aloïs Déras prépare une thèse sous la direction de Christel Taillibert et Bruno Cailler. Ses travaux interrogent les processus de renouvellements contemporains de la rhétorique publicitaire à l'œuvre sur les nouveaux médias sociaux numériques.
  • David Gaillard (HAR, Université Paris-Nanterre) est doctorant contractuel de l'EUR ArTeC à l'université Paris-Nanterre (UR HAR) où il mène une recherche sur le rôle réflexif de la mise en scène des écrans numériques au cinéma sous la direction de Barbara Le Maître (ED 138). Il enseigne depuis 2022 à l’université Paris-Nanterre en études cinématographiques.
  • Tibka Fichot (IRCAV, Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle) est doctorante contractuelle en première année à l’Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel (IRCAV). Sous la direction d’Emmanuel Siety, sa thèse porte sur la compréhension des conditions immersives des images produites par « les nouvelles écritures audiovisuelles » utilisant le dispositif du téléphone portable et qui sont produites et diffusées pour les réseaux sociaux. À la croisée de plusieurs champs disciplinaires, la recherche s'ancre davantage dans une approche esthétique. Autre communication : « De la micro-histoire aux élections présidentielles 2022, redoublement de l’événement dans Jour de gloire ». Colloque international « Médias et Événements » de l'UFR Arts & Médias (Sorbonne Nouvelle)
  • Frédérique Lambert (LIRCES, Lycée Bristol-Cannes) est chercheuse associée au laboratoire LIRCES. Elle a soutenu un doctorat en études cinématographiques dirigé par Antoine de Baecque et Alain Kleinberger (Université Paris Nanterre) en 2020 après un master en réalisation et production documentaire.
  • Cyril Laverger (ESRA Côte d’Azur). Docteur en Arts et Sciences de l’Art (Paris I Panthéon-Sorbonne), il enseigne à l’ESRA Côte d’Azur la mise en scène, l’histoire du cinéma, l’esthétique de l’image. Il collabore régulièrement avec le LIRCES pour des publications et colloques.
  • Stefano Leoncini (LIRCES, Université Côte d’Azur) est Maître de conférences en Langues et civilisations romanes à l’UER CREATES de l’Université Côte d’Azur, où il dirige depuis plus de vingt ans une formation de second cycle intitulée « Tradaptation : sous-titrage et doublage des productions cinématographiques et audiovisuelles ». Membre du LIRCES, ses intérêts scientifiques se tournent principalement vers la culture italienne contemporaine, en particulier le cinéma. Ses travaux privilégient une approche tantôt sémio-narratologique, tantôt sociolinguistique, réservant une attention particulière aux problématiques du transfert culturel et de la traduction.
  • Ariane Papillon (ESTCA, Université Paris 8) est doctorante en Études cinématographiques à l’Université Paris VIII, sous la direction de Dork Zabunyan. Elle prépare une thèse de recherche-création intitulée « Partages de la mise-en-scène entre documentaristes et personnages-filmeurs ». Réalisatrice, elle travaille sur plusieurs projets, en particulier À nos amies, qui met en place une correspondance filmée entre des jeunes Françaises et Tunisiennes et Dream City, une série qui plonge à l'intérieur du smartphone de Leechi, un jeune étudiant chinois gay vivant à Grenoble. Elle a récemment publié « Déléguer la caméra aux amateurs à l’ère de la démocratie internet » dans l’ouvrage collectif Captures d’écran aux Éditions Yellow Now.
  • Stéphanie Pourquier-Jacquin (INSEAC, CNAM) est maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Institut National Supérieur de l’Éducation Artistique et Culturelle (INSEAC) du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) Membre du laboratoire DICEN-Idf, ses recherches portent sur l’éducation artistique et culturelle à travers le cinéma et l’éducation à l’image et aux médias. Elle aborde les pratiques cinématographiques et la relation au septième art à travers le temps et les pratiques, depuis la sortie en salle à la pratique domestique et mobile, ainsi que les usages sociaux du numérique dans la construction de l’identité culturelle des publics jeunes.
  • Sophie Raimond (LIRCES, Université Côte d’Azur) est professeure agrégée de Lettres modernes, qualifiée aux fonctions de maître de conférences en Études visuelles et cinématographiques, à l’Université Côte d’Azur. Docteure en Sciences de l’information et de la communication, elle est membre du Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés (LIRCES) où elle mène des recherches sur la création visuelle, la pratique artistique du remploi et les relations image/texte.
  • Max SCHLESER (Centre for Transformative Media Technologies, Swinburne University of Technology-Melbourne, Australia) est Maître de Conférences en Cinéma et Télévision, et chercheur au Centre for Transformative Media Technologies (CTMT) à la Swinburne University of Technology (Melbourne, Australie), dirigeant de l’Adobe Education, fondateur du Mobile Innovation Network & Association (www.mina.pro), et directeur de la projection de l’International Mobile Innovation Screening & Festival. Il est un cinéaste primé, ayant de l’expérience dans les media immersifs, les films documentaires et les arts créatifs 4.0, plus spécialement la réalisation de films en réalité virtuelle et en interaction. Ses recherches explorent la production sur écrans, les media émergents et la réalisation de films sur smartphones pour l’engagement communautaire, la transformation créative et la narration transmédia. Ses films expérimentaux, ses projets de réalité virtuelle cinématographique et d’images en mouvement sont projetés dans des festivals de cinéma, des galeries et des musées, tels que le Festival du Film de Poche et Vidéoscope (tous les deux localisés en France). Son long métrage sur portable Max with a Keitai (2007) se trouve dans les archives cinématographiques publiques du Forum des Images à Paris (France), et le long métrage documentaire Frankenstorm (2014) est diffusé à la télévision : CTV, Canterbury Television (Aotearoa/Nouvelle Zélande). 
  • Christel Taillibert (LIRCES, Université Côte d’Azur) est Professeure en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Côte d’Azur. Elle est membre du LIRCES (Laboratoire interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés). Ses travaux s’intéressent aux dispositifs sociotechniques propres aux médiations cinéma/éducation (cinématographie éducative, ciné-clubs, éducation à l’image, festivals de film, plateformes numériques...), ainsi qu’aux conséquences de la numérisation des contenus audiovisuels sur les acteurs des Services de médias audiovisuels à la demande.
  • Darcy YUILLE (Cinéaste, Université de Melbourne) est un scénariste et metteur en scène australien. Il est l’auteur du court métrage Fractions (2020) et du long métrage One Punch (2021), réalisé avec un téléphone portable. Il s’est parallèlement engagé dans une démarche réflexive, entamant à l’Université de Melbourne une thèse portant sur les usages du téléphone portable à des fins de création filmique.

Comité organisateur

  • Michaël Arlotto (LIRCES, Université Côte d’Azur)
  • Bruno Cailler (LIRCES, Université Côte d’Azur)
  • Frédérique Lambert (LIRCES, Lycée Bristol-Cannes)
  • Cyril Laverger (ESRA Côte d’Azur)
  • Stefano Leoncini (LIRCES, Université Côte d’Azur)
  • Sophie Raimond (LIRCES, Université Côte d’Azur)
  • Christel Taillibert (LIRCES, Université Côte d’Azur)

Colloque organisé par :

  • Le LIRCES (Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés)
  • L’ESRA Côte d’Azur (École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle)

Informations pratiques

Lieu :

Le colloque a lieu à la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société Sud-Est, Salle 031

Pôle universitaire St Jean d’Angély – Bâtiment SJA 3

24 avenue des Diables Bleus 06357 Nice Cedex 4

Liens Zoom :

Jour 1

ID de réunion : 821 0975 8712 Code secret : 136020

Jour 2

ID de réunion : 823 2089 6469 Code secret : 087150

Places

  • Salle 031 - MSH - Pôle universitaire St Jean d’Angély – Bâtiment SJA 3 24 avenue des Diables Bleus
    Nice, France (06)

Event attendance modalities

Hybrid event (on site and online)


Date(s)

  • Tuesday, June 06, 2023
  • Wednesday, June 07, 2023

Keywords

  • cinéma, audiovisuel, création, téléphone portable

Contact(s)

  • Christel Taillibert
    courriel : christel [dot] taillibert [at] univ-cotedazur [dot] fr

Reference Urls

Information source

  • Christel Taillibert
    courriel : christel [dot] taillibert [at] univ-cotedazur [dot] fr

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« Téléphone portable, une alternative de production audiovisuelle ? », Conference, symposium, Calenda, Published on Thursday, June 01, 2023, https://doi.org/10.58079/1b9w

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