Announcement
Contexte
Appel à communications - Colloque international et interdisciplinaire L’inertie dans tous ses états
Université de Poitiers - 23 et 24 novembre 2023
Organisé par la Fédération pour l’étude des civilisations Contemporaines (FE2C), avec le soutien de la Franco-British Lawyers Society
Argumentaire
Les injonctions au changement et à l’innovation se succèdent, tant au sein de nos institutions universitaires que dans le cadre du débat public. Pour autant, cette quête d’une transformation permanente se heurte à bien des forces, à tel point que les anglophones ont emprunté à la langue française l’expression « plus ça change… » pour sous-entendre qu’il existe une forme d’inertie indépassable. Cette force d’inertie est un des principes fondateurs de la physique, dont le résultat dépend du point de référence de l’observateur : c’est une résistance au changement qui permet à un corps de prolonger son mouvement.
Dans l’espace politique, la puissance de l’inertie peut servir à celles et ceux qui souhaitent maintenir un certain statu quo et entretiennent une forme d’immobilisme. Ainsi, en Espagne, la supposée « impossibilité de réformer la constitution » permet de maintenir le statu quo avec les souverainistes basques et catalans. Au Royaume-Uni, la Chambre des Lords incarne l’inertie institutionnelle par excellence, ce que la professeure Monica Charlot décrivait comme « l’impossible réforme de la Chambre des Lords ». A l’échelle des relations internationales, les institutions, les grandes stratégies et alliances varient, en réalité, assez peu.
Cette passivité institutionnelle, par peur du changement ou en raison de l’absence de consensus, n’est cependant pas la seule forme que peut prendre l’inertie. Paradoxalement, l’inflation législative qu’on observe en particulier en Europe résulte bien souvent en une non-application des textes - et des réformes en suspens - faute de moyens et de temps pour les mettre en œuvre. L’État lui-même est tour à tour accusé d’immobilisme ou d’interventionnisme excessif comme ce fut le cas lors de la crise sanitaire provoquée par la Covid-19. C'est l'ensemble du processus de construction de l'action publique qui est concerné par le risque d'inertie, depuis l'inscription sur l'agenda jusqu'à la mise en œuvre, en passant par le moment de la décision.
En outre, l’inertie peut être activement orchestrée et être caractérisée par des phénomènes de résistance, d’opposition, face aux aspirations à davantage de démocratie participative ou aux propositions de réformes électorales (à l’instar de l’échec des propositions d’introduire un mode de scrutin fondé sur la représentation proportionnelle en Royaume-Uni pour l’élection des membres de la Chambre des Communes ou en France pour celle des députés). Aux États-Unis, on peut penser aux phénomènes de paralysie des institutions, notamment lors de l’adoption du budget fédéral en cas de majorité politique hostile au Président en exercice. L’inertie peut être également une technique d’obstruction parlementaire – telle la pratique du « filibustering » aux États-Unis, ou l’introduction d’amendements voués à l’échec afin d’empêcher le vote d’une loi dans les temps impartis par la constitution. Dans d’autres contextes, par exemple extra-européens, certaines permanences politiques peuvent être le résultat d’obstructions qui permettent le maintien de régimes plus ou moins démocratiques.
Parmi les traditionnels reproches – justifiés ou non - adressés à la justice dans de nombreux pays du monde, l’inertie figure en bonne place. En effet, les lenteurs de la justice – ou tout simplement le temps nécessaire à la justice, à la constitution des droits de la défense par exemple - sont assimilées à une forme d’inertie. Ces reproches se sont aggravés avec la crise sanitaire et le report des procès, dont les procès aux assises du fait de l’impossibilité de réunir les jurés en présentiel. Le temps de la justice, celui des individus impliqués dans les affaires jugées et celui du politique, entrent alors en conflit frontal. De même, les juges au Royaume-Uni ont fait l’objet de vives critiques pour leur usage jugé excessif par les politiques du Judicial Review – entendu dans le contexte britannique comme la voie de recours judiciaire à l’encontre d’une décision administrative – en particulier en matière d’immigration. Cet activisme judiciaire, du moins aux yeux des gouvernants, a retardé l’expulsion de demandeurs d’asile en attente d’une décision de justice et a donc favorisé, toujours selon ces derniers, une forme d’immobilisme.
En dehors des cadres institutionnels, les militants peuvent, eux aussi, utiliser l’inertie comme stratégie, et on peut également évoquer les phénomènes de désobéissance civile. De façon individuelle, la presse s’est émue ces derniers mois d’un phénomène surnommé le quiet quitting, et qui consisterait, pour un.e salarié.e à n’effectuer que les tâches minimales prévues dans son contrat de travail, sans zèle ni heures supplémentaires, à l’opposé d’une logique de dépassement de soi au travail.
Ce que ces formes de résistance montrent, à contre-courant d’une image de l’inertie qui devrait être vaincue par une « conduite du changement » appropriée, c’est peut-être que les injonctions au changement doivent faire l’objet d’une réflexion critique[1]. L’inertie peut être créatrice : les Lords britanniques ont trouvé dans leur réforme inachevée un nouveau rôle constitutionnel, les militants utilisent des techniques de lutte non-violente dans le cadre de leur combat pour l’environnement…
D’un point de vue plus philosophique, l’inertie permet également de s’ancrer, de se fixer dans un environnement rassurant. Plutôt que passivité et léthargie, elle est alors la volonté de s’abstenir volontairement d’agir dans une tentative de retenir le temps. Cela se manifeste culturellement dans la manière qu’ont nos sociétés de recouvrir le passé plutôt que de l’effacer, de muséaliser les objets. L’inertie des musées peut donc être une stratégie active pour dissimuler la menace, l’insécurité de la mort. L’art serait alors une manière de cristalliser un face à face avec l’angoisse du rien.
En chimie, la cristallisation, justement, est une opération lente, quand la précipitation est une réaction plus rapide. Les deux temporalités se retrouvent dans la rhétorique de l’inertie : elle est immobilisme, mais également force inexorable, à laquelle il est impossible de s’opposer et qui impose de réagir vite. Il se crée donc un imaginaire de l’inertie, un sentiment du présent fondé sur une contradiction, une tension, voire un écartèlement entre immobilisme et mouvement, dynamisme et figement.
Après tout, le personnage de Tancrède dans le Guépard le disait bien : « Il faut que tout change pour que rien ne change[2]. »
Ainsi, ce colloque se propose d’aborder les différentes facettes du concept d’inertie par une approche transversale et multidisciplinaire. En valorisant une approche qui croisera les aires géographiques et culturelles, les thèmes suivants pourront par exemple être traités :
- L’inertie politique et institutionnelle
- Les questions environnementales, l’inaction climatique et ses causes diverses
- L’inertie comme stratégie créatrice, dans les arts, la culture et le militantisme
- L’inertie philosophique et artistique (approche de l'être-au-monde, refus du changement, cristallisation, muséalisation...)
- L’analyse du discours et l’inertie comme rhétorique
- Les attitudes critiques, voire militantes, qui utilisent l’inertie
- L’imaginaire social, politique, juridique de l’inertie
- L’inertie en politique étrangère
Modalités de soumission
Les propositions de communication d’environ 300 mots, en anglais, en français ou en espagnol, sont à envoyer, accompagnées d’une brève bio-bibliographie, à :
- Elizabeth Gibson-Morgan : elizabeth.gibson.morgan@univ-poitiers.fr
- Anne Cousson : anne.cousson@univ-poitiers.fr
pour le 23 mai 2023
Comité scientifique
- Anne Cousson, Université de Poitiers, MIMMOC
- Elodie Gallet, Université d’Orléans, REMELICE
- Lucie Genay, Université de Limoges, CECOJI
- Elizabeth Gibson Morgan, Université de Poitiers, MIMMOC
- Genevieve Guetemme, Université d’Orléans, REMELICE
- Celine Lageot, Université de Poitiers, CECOJI
- Nathalie Martin-Papineau, Université de Poitiers, EHIC
- Eric Puisais, Université de Poitiers, RURALITES
- Julien Rault, Université de Poitiers, FoReLLIS
- Ludivine Thouverez, Université de Poitiers, MIMMOC
- Julien Zarifian, Université de Poitiers, MIMMOC
Bibliographie indicative
- Chris BALLINGER, The House of Lords 1911-2011: A Century of Non-Reform, London: Hart Publishing, 2012.
- Yves CITTON, Pour une écologie de l’attention, Paris : Seuil, 2014.
- Jean-Luc GAINETON, "De l'inertie fautive et préjudiciable des ordres », Gaz. Pal, 5 déc. 2017, n° 42, p. 28.
- François HARTOG, Régimes d'historicité. Présentisme et expérience du temps, Paris : Seuil, 2003.
- Bruno LATOUR, Politiques de la nature: Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris : La Découverte, 2016.
- Nathaniel RICH, Losing Earth: The Decade We Could Have Stopped Climate Change, London: Picador, 2019.
- Hartmut ROSA, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris : La Découverte, 2010.
- Hartmut ROSA, Aliénation et accélération, Vers une théorie critique de la modernité tardive, Paris : La Découverte, 2012.
- Augustin SIMARD, « La force d’inertie des formes juridiques : Otto Kirchheimer et la critique du droit », Juspoliticum, n° 23, [http://juspoliticum.com/article/La-force-d-inertie-des-formes-juridiques-Otto-Kirchheimer-et-la-critique-du-droit-1299.html].
- Barbara STIEGLER, "Il faut s'adapter". Sur un nouvel impératif politique, Paris : Gallimard, NRF "essais", 2019.
- Benoît TRANIER-LAGARRIGUE, L’inertie en droit privé, thèse Toulouse 1, 2002.
- Laurent VIDAL, Les hommes lents. Résister à la modernité XVe-XXe siècle, Paris : Flammarion, 2020.
- Paul VIRILIO, Vitesse et Politique : essai de dromologie, Paris : Galilée, 1977.
- Hanna WHITE, Held in Contempt. What’s wrong with the House of Commons?, Manchester: Manchester University Press, 2022.
- Alex WILLIAMS & Nick SRNICEK, "Manifeste accélérationniste", Multitudes, vol. 56, n°2, 2014.
Organisation
Avec les soutiens des laboratoires suivants :
- Mémoires, Identités, Marginalités, dans le Monde occidental contemporain (MIMMOC, UR 17072) – Université de Poitiers
- Centre d’Études et de Coopération Juridique Interdisciplinaire (CECOJI, UR 21665) – Université de Poitiers
- Dynamiques, Interactions, Interculturalité Asiatiques (D2iA, UMRU 24140) – Université Bordeaux Montaigne
- Espaces Humains et Interactions Culturelles (EHIC, UR 13334) – Université de Limoges
- Réception et Médiation de Littératures et de Cultures Étrangères et comparées (Rémélice, EA 4907) – Université d’Orléans
De l’association des juristes franco-britanniques (Franco-British Lawyers Association)
Et du Master de Science Politique de l’Université de Poitiers
Dans le cadre du projet Equilibre des pouvoirs, financé par l’appel à projet de l’Université de Poitiers Impulsions interdisciplinaires. PIA 4 Excellences – projet UP-Squared
Notes
[1] Barbara Stiegler, Il faut bien s’adapter, Gallimard, 2019.
[2] « Se vogliamo che tutto rimanga com’è, bisogna che tutto cambi. »
Context
Call for paper - International and Multidisciplinary Symposium “Inertia” – “plus ça change”
Université de Poitiers - 23 and 24 November 2023
Held by the Fédération pour l’Étude des Civilisations Contemporaines (FE2C), with the support of the Franco-British Lawyers Society
Arguments
Demands to change and innovate are becoming more numerous, in our higher education institutions and in civil society generally, in a large number of countries. However, this quest for permanent transformation faces many forms of opposition, so much so that English-speakers have borrowed the French phrase “plus ça change…” to imply that there is a form of indomitable inertia. Inertia is one of the founding principles of physics and its results depend on the point of view of the observer: it is resistance to change that allows a body to continue its movement.
In political space, the power of inertia can be used by those who want to keep the status quo and maintain a form of immobility. Thus, in Spain, the claimed “impossibility to reform the constitution” allows the government to keep the status quo with Basque and Catalan nationalists. In the United Kingdom, the House of Lords embodies institutional inertia par excellence, which Professor Monica Charlot described as the “impossible reform of the House of Lords”. As far as international relations are concerned, institutions, global strategies and alliances have, actually, varied very little.
This institutional passivity, because of a fear of change or because no consensus appears, is, however, not the only form that inertia can take. Paradoxically, legislative inflation in France or in the UK, for instance, is often the result of laws not being applied and of reforms not being taken to their conclusion, because the means or time to implement them are not there. The state itself can be accused either of immobilism or excessive interventionism, which was the case during the health crisis caused by Covid 19. The whole process of building public action is affected by the risk of inertia, from agenda-setting to implementation, to the decision-making process.
Furthermore, inertia can be actively orchestrated and one of its characteristics might be phenomena of resistance and opposition used in the context of aspirations to more participatory democracy or to electoral reforms (such as the failure of the proposals to implement proportional representation to elect Members of Parliament in the UK or députés in France). In the United States, similar mechanisms can be seen in cases of institutional paralysis, for instance in federal budgetary debates when a majority of Congress opposes the President. Inertia can also be a technique to obstruct parliamentary debates, as in the case of filibustering in the United Stated, or when amendments are proposed which goal can only be to prevent a bill being passed in time. In other contexts, for instance outside European democracies, the politically stable nature of some regimes may be the result of carefully orchestrated mechanisms of obstruction.
Among the criticism – valid or not – traditionally levelled at the legal system in many different countries, inertia is foremost. Indeed, the fact that justice can be slow, or that time is needed to provide justice or allow the defendants to exercise their rights, is equated with forms of inertia. This criticism was exacerbated with the health crisis and trials being delayed, including in criminal courts where it became impossible for the jury to meet in person. The pace of justice, that of individuals involved in the cases, and that of political life, then enter a phase of open conflict. Similarly, judges in the UK have been acutely criticized by politicians for using Judicial Review with the result of slowing down some government policies, particularly as far as immigration law is concerned.
Outside institutional frameworks, activists can also use inertia as a strategy, for instance by using civil disobedience. On a more individual level, newspapers have recently waxed lyrical about quiet quitting, a supposed phenomenon which involves doing the bare minimum at work and actively avoiding doing overtime or taking on extra responsibility, which goes against a logic of going above and beyond in a quest for self-definition.
What these forms of resistance show is that inertia is not just a flaw to be suppressed through successfully managing change. Injunctions to change should probably be discussed critically. Inertia can be creative: the British Lords have found in their unfinished reform a new constitutional role, environmental activists are using non-violent techniques in their fight…
On a more philosophical side, inertia also allows one to be anchored, fixed in a reassuring environment. Rather than meaning passivity and lethargy, it becomes the decision not to do something in an attempt to stop the passing of time. This is embodied culturally in the way our societies tend to cover rather than erase the past, to turn objects into museum pieces. The inertia of museums can then be an active strategy to hide the threat and insecurity of death. Art thus becomes a way to manifest the confrontation with the anxiety of nothingness.
Inertia is both immobility and an unstoppable force which requires immediate reaction because no opposition is possible. Therefore, there is a rhetoric of inertia, a feeling of the present built on a contradiction, a tension, or even a feeling of being torn apart between immobility and movement, dynamism and rigidity.
After all, the character of Tancredi in The Leopard put it plainly when he said “If we want everything to stay as it is, everything has to change[1].”
This conference will tackle the different facets of the concept of inertia through a transversal and pluridisciplinary approach. Emphasizing a cross-geographical and cross-cultural approach, the following themes could be addressed:
- Political and institutional inertia
- Environmental issues, climate inaction and its multiple causes
- Inertia as a creative strategy in the arts, in culture and activism
- Philosophical and artistic inertia (refusing change, crystallization, the dynamics of museums…)
- Discourse analysis and the rhetoric of inertia
- Critical or activist positions using inertia
- The social, political and legal images of inertia
- Inertia and foreign policies
- Historical inertia
Abstract submission
Abstracts (about 300 words) in English, French or Spanish should be sent, along with a short biographical notice, to :
- Elizabeth Gibson-Morgan elizabeth.gibson.morgan@univ-poitiers.fr
- Anne Cousson anne.cousson@univ-poitiers.fr
before June 15th 2023
Scientific committee
- Anne Cousson, Université de Poitiers, MIMMOC
- Elodie Gallet, Université d’Orléans, REMELICE
- Lucie Genay, Université de Limoges, CECOJI
- Elizabeth Gibson Morgan, Université de Poitiers, MIMMOC
- Genevieve Guetemme, Université d’Orléans, REMELICE
- Celine Lageot, Université de Poitiers, CECOJI
- Nathalie Martin-Papineau, Université de Poitiers, EHIC
- Eric Puisais, Université de Poitiers, RURALITES
- Julien Rault, Université de Poitiers, FoReLLIS
- Ludivine Thouverez, Université de Poitiers, MIMMOC
- Julien Zarifian, Université de Poitiers, MIMMOC
Suggested bibliography
- Chris BALLINGER, The House of Lords 1911-2011: A Century of Non-Reform, London: Hart Publishing, 2012.
- Yves CITTON, Pour une écologie de l’attention, Paris : Seuil, 2014.
- Jean-Luc GAINETON, "De l'inertie fautive et préjudiciable des ordres », Gaz. Pal, 5 déc. 2017, n° 42, p. 28.
- François HARTOG, Régimes d'historicité. Présentisme et expérience du temps, Paris : Seuil, 2003.
- Bruno LATOUR, Politiques de la nature: Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris : La Découverte, 2016.
- Nathaniel RICH, Losing Earth: The Decade We Could Have Stopped Climate Change, London: Picador, 2019.
- Hartmut ROSA, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris : La Découverte, 2010.
- Hartmut ROSA, Aliénation et accélération, Vers une théorie critique de la modernité tardive, Paris : La Découverte, 2012.
- Augustin SIMARD, « La force d’inertie des formes juridiques : Otto Kirchheimer et la critique du droit », Juspoliticum, n° 23, [http://juspoliticum.com/article/La-force-d-inertie-des-formes-juridiques-Otto-Kirchheimer-et-la-critique-du-droit-1299.html].
- Barbara STIEGLER, "Il faut s'adapter". Sur un nouvel impératif politique, Paris : Gallimard, NRF "essais", 2019.
- Benoît TRANIER-LAGARRIGUE, L’inertie en droit privé, thèse Toulouse 1, 2002.
- Laurent VIDAL, Les hommes lents. Résister à la modernité XVe-XXe siècle, Paris : Flammarion, 2020.
- Paul VIRILIO, Vitesse et Politique : essai de dromologie, Paris : Galilée, 1977.
- Hanna WHITE, Held in Contempt. What’s wrong with the House of Commons?, Manchester: Manchester University Press, 2022.
- Alex WILLIAMS & Nick SRNICEK, "Manifeste accélérationniste", Multitudes, vol. 56, n°2, 2014.
Organisation
With the support of the following research teams :
- Mémoires, Identités, Marginalités, dans le Monde occidental contemporain (MIMMOC, UR 17072) – Université de Poitiers
- Centre d’Études et de Coopération Juridique Interdisciplinaire (CECOJI, UR 21665) – Université de Poitiers
- Dynamiques, Interactions, Interculturalité Asiatiques (D2iA, UMRU 24140) – Université Bordeaux Montaigne
- Espaces Humains et Interactions Culturelles (EHIC, UR 13334) – Université de Limoges
- Réception et Médiation de Littératures et de Cultures Étrangères et comparées (Rémélice, EA 4907) – Université d’Orléans
The Franco-British Lawyers Association
And the Political Science Master’s programme of the Université de Poitiers.
Funded as part of the “Equilibre des pouvoirs” Project of the Université de Poitiers, Impulsions interdisciplinaires. PIA 4 Excellences – projet UP-Squared.
Notes
[1] « Se vogliamo che tutto rimanga com’è, bisogna che tutto cambi. »
Contexto
Llamamiento - Congreso internacional e interdisciplinar La inercia en todos sus estados
Universidad de Poitiers - 23 y 24 de noviembre de 2023
Argumentos
En las instituciones académicas o en el debate público, se multiplican los llamamientos al cambio y a la innovación. No obstante, esta búsqueda de transformación permanente se ve obstaculizada por muchas fuerzas, hasta el punto de que los anglosajones han tomado prestada del francés la expresión "plus ça change..." para sugerir que existe una forma de inercia imposible de superar. Esta fuerza de inercia es uno de los principios fundadores de la física, cuyo resultado depende del punto de vista del observador: es una resistencia al cambio que permite a un cuerpo seguir en movimiento.
En el ámbito político, el poder de la inercia puede ser utilizado por quienes desean mantener un determinado statu quo y una forma de inmovilismo. En España, por ejemplo, la supuesta "imposibilidad de reformar la Constitución" permite mantener el statu quo con los soberanistas vascos y catalanes. En el Reino Unido, la Cámara de los Lores encarna la inercia institucional por excelencia, lo que la profesora Monica Charlot describió como "la imposible reforma de la Cámara de los Lores". Y a escala internacional, se puede observar que las instituciones, alianzas y grandes estrategias varían poco, en realidad.
Esta pasividad institucional, atribuible al miedo ante el cambio o a la falta de consenso, no es la única forma que puede adoptar la inercia. Paradójicamente, la inflación legislativa, tanto en Francia como en el Reino Unido, suele traducirse en la no aplicación de los textos y de las reformas pendientes, por falta de recursos o de tiempo para aplicarlos. De la misma manera, se acusa al Estado de inmovilismo o de intervencionismo excesivo, tal como ocurrió durante la crisis sanitaria del Covid-19. El riesgo de inercia afecta a todo el proceso de construcción de la acción pública, desde su inclusión en el orden del día hasta su aplicación, pasando por el momento de la decisión.
Además, la inercia puede orquestarse activamente y caracterizarse por fenómenos de resistencia y de oposición a las aspiraciones de una democracia más participativa o a las propuestas de reforma electoral (como en el fracaso de las propuestas para introducir un sistema de voto basado en la representación proporcional en el Reino Unido para la elección de los miembros de la Cámara de los Comunes; o en Francia para la de los diputados). En Estados Unidos, cabe pensar en los fenómenos de parálisis institucional, particularmente durante la aprobación del presupuesto federal cuando la mayoría política es hostil al Presidente de turno. La inercia también puede ser una técnica de obstrucción parlamentaria, como la práctica del "filibusterismo" en Estados Unidos, o la introducción de enmiendas condenadas al fracaso para impedir que una ley se apruebe en el plazo previsto por la Constitución.
Entre las críticas tradicionales -justificadas o no- dirigidas a la justicia en Francia, pero también en el Reino Unido, Estados Unidos y otras partes del mundo, destaca muchas veces la inercia. En efecto, la lentitud de la justicia - o simplemente el tiempo necesario para la justicia o para la constitución de los derechos de la defensa - se considera a veces una forma de "inercia". Estas críticas se han visto agravadas durante la crisis sanitaria por el aplazamiento de los juicios, incluso criminales, como consecuencia de no poder reunir a los jurados.
El tiempo de la justicia, el tiempo de las personas implicadas en los casos y el tiempo de la política están en conflicto directo. Del mismo modo, los jueces del Reino Unido fueron muy criticados por el uso excesivo que hacen los políticos de la Judicial Review -recurso judicial contra una decisión administrativa-, especialmente en materia de inmigración. Según el Gobierno, este activismo judicial ha retrasado la deportación de los solicitantes de asilo en espera de una decisión judicial y ha fomentado una supuesta forma de inmovilismo.
Fuera del ámbito institucional, los activistas también pueden utilizar la inercia como estrategia. Podemos mencionar los fenómenos de desobediencia civil. Y en el ámbito individual, la prensa se ha recientemente alarmado ante un fenómeno conocido como quiet quitting, que consiste, para un empleado, en limitarse a realizar las tareas enumeradas en su contrato laboral y a evitar el celo y las horas extraordinarias, rechazando así la lógica de superarse en el trabajo.
Lo que demuestran estas formas de resistencia, contrariamente a una imagen de la inercia que debería superarse mediante una "gestión del cambio" adecuada, es quizás que los mandatos de cambio deberían ser objeto de una reflexión crítica. La inercia puede ser creativa: los Lores británicos han encontrado un nuevo papel constitucional en su reforma inacabada, los activistas utilizan técnicas de lucha no violenta en su defensa del medio ambiente...
Desde un punto de vista más filosófico, la inercia también nos permite arroparnos en un entorno tranquilizador. Más que pasividad y letargo, se trata de la voluntad de no actuar, para intentar retener el tiempo. Esto se manifiesta culturalmente en la forma en que nuestras sociedades encubren el pasado en lugar de borrarlo, en la forma en que se musealizan los objetos. La inercia de los museos puede ser, por tanto, una estrategia activa para ocultar la amenaza o la inseguridad de la muerte. El arte sería entonces una forma de cristalizar el encuentro cara a cara con la angustia de la nada.
En química, la cristalización es una operación lenta, mientras que la precipitación es una reacción más rápida. Las dos temporalidades se encuentran en la retórica de la inercia: es inmovilidad, pero también una fuerza inexorable, a la que es imposible oponerse y que impone una reacción rápida. Se crea así un imaginario de la inercia, un sentimiento del presente basado en una contradicción, una tensión, incluso una escisión entre inmovilidad y movimiento, dinamismo e inmovilidad.
Al fin y al cabo, como bien decía el personaje de Tancredi en El gatopardo: "Todo debe cambiar para que nada cambie".
Estas diferentes dimensiones harán que esta conferencia aborde el concepto de inercia a través de un enfoque transversal y multidisciplinar. La FE2C valorará un enfoque que estudie y compare áreas geográficas y culturales, por lo que acogerá con interés propuestas que se centren en diferentes territorios. Sin que esta lista sea exhaustiva, abordaremos los siguientes temas:
- Cuestiones medioambientales, inacción climática y sus diversas causas
- Inercia política e institucional
- La inercia como estrategia creativa
- Inercia filosófica y artística (enfoque del estar-en-el-mundo, negación al cambio, cristalización, musealización...)
- Análisis del discurso y la inercia como retórica
- Actitudes críticas e incluso militantes que utilizan la inercia
- El imaginario social, político y jurídico de la inercia
Propuestas de comunicación
Las propuestas de comunicación de unas 300 palabras deberán enviarse a :
- Elizabeth Gibson-Moragn elizabeth.gibson.morgan@univ-poitiers.fr
- Anne Cousson anne.cousson@univ-poitiers.fr
antes del 15 de junio de 2023
Se aceptarán propuestas en inglés, francés o español.
Comité cientifico
- Anne Cousson, Université de Poitiers, MIMMOC
- Elodie Gallet, Université d’Orléans, REMELICE
- Lucie Genay, Université de Limoges, CECOJI
- Elizabeth Gibson Morgan, Université de Poitiers, MIMMOC
- Genevieve Guetemme, Université d’Orléans, REMELICE
- Celine Lageot, Université de Poitiers, CECOJI
- Nathalie Martin-Papineau, Université de Poitiers, EHIC
- Eric Puisais, Université de Poitiers, RURALITES
- Julien Rault, Université de Poitiers, FoReLLIS
- Ludivine Thouverez, Université de Poitiers, MIMMOC
- Julien Zarifian, Université de Poitiers, MIMMOC
Organización
Congreso organizado con el apoyo de los laboratorios siguientes :
- Mémoires, Identités, Marginalités, dans le Monde occidental contemporain (MIMMOC, UR 17072) – Université de Poitiers
- Centre d’Études et de Coopération Juridique Interdisciplinaire (CECOJI, UR 21665) – Université de Poitiers
- Dynamiques, Interactions, Interculturalité Asiatiques (D2iA, UMRU 24140) – Université Bordeaux Montaigne
- Espaces Humains et Interactions Culturelles (EHIC, UR 13334) – Université de Limoges
- Réception et Médiation de Littératures et de Cultures Étrangères et comparées (Rémélice, EA 4907) – Université d’Orléans
Y con la Franco-British Lawyers Association, el Master Sciences Politiques – Université de Poitiers