Les histoires conjugales des plus de 50 ans ont été bien plus diverses que celles de leurs parents. Les fonctionnements des couples à ces âges se modifient également en profondeur. La forte croissance des divorces gris (en référence aux cheveux gris des individus) en est un exemple marquant. Au-delà de la description de ces nouveaux comportements, il est important de comprendre leurs déterminants et les implications en termes économiques, de bien-être, de santé, de transferts, monétaires ou en temps, de recompositions familiales, de corésidence ou de relations entre générations. En effet, ils vont façonner les configurations familiales après 50 ans dans les années à venir et posent également des questions diverses telles que l’inégalité et les défis des politiques publiques. Ce dossier est ouvert à toute contribution qui s’intéresse aux déterminants ou aux conséquences des évolutions des histoires et des comportements conjugaux des cinquantenaires et plus.

Présentation

Les comportements conjugaux se modifient sous l’effet de deux phénomènes. Tout d’abord, l’allongement de l’espérance de vie accroît potentiellement le nombre de configurations familiales dont un individu peut faire l’expérience au cours de sa vie. Par ailleurs, l’arrivée des cohortes des baby-boomers aux âges de la retraite, outre un effet de taille, contribue à ces modifications par leurs trajectoires familiales différentes de leurs aînées, avec davantage de divorces, de cohabitations ou de recompositions familiales (Agree, 2018; Bonvalet et al., 2015). L’exemple du divorce est marquant. En 1996, en France, les divorces impliquant un homme de plus de 50 ans représentaient 17 % de l’ensemble des divorces, en 2016, ils en représentent 38 %. Pour les femmes, ces divorces représentaient 11 % du total des divorces en 1996 et 29 % vingt ans plus tard (Solaz 2021). Ces évolutions ont conduit à l’apparition de l’expression de « révolution des divorce gris », il y a quelques années dans la littérature académique américaine (Brown & Lin, 2012).

Mais l’évolution des comportements conjugaux après 50 ans ne se limite pas au le divorce ou à la séparation. Les remises en couple, remariage ou cohabitation (Caradec, 1996; Delbès & Gaymu, 1997), la hausse de la part des couples de même sexe, le fait de vivre en couple sans corésider dans le même logement (Living Apart Together), sont également des phénomènes peu courants au sein de la population âgée mais qui connaissent aujourd’hui ou connaîtront une forte croissance.

Au-delà de la description de nouveaux comportements conjugaux après 50 ans, ce numéro de Retraite et société s’intéresse à leurs déterminants et à leurs implications.

Les axes du dossier

• Quels sont les déterminants de ces nouveaux comportements conjugaux après 50 ans ?

Est-ce que leurs déterminants sont les mêmes qu’aux âges plus jeunes ? Ont-ils des spécificités ? Observe-t-on par exemple des liens entre le passage à la retraite, le départ des enfants du domicile parental, la grand-parentalité et les ruptures d’union ? Qui sont les individus qui se remettent en couple à des âges avancés ? Choisissent-ils alors une union contractuelle (mariage ou Pacs) ou non (union libre) ? Peut-on identifier les raisons de ces choix ? De quelle manière ces comportements et leurs déterminants diffèrent-t-ils selon le sexe, le niveau d’éducation, la catégorie socio-professionnelle ou encore le niveau de vie ?

• Quelles sont les implications de ces nouveaux comportements conjugaux ?

Vivre seul ou à deux après 50 ans, avoir un nouveau conjoint différent du premier, en termes d’âge, de niveau d’éducation ou de revenu, se remarier ou rester en cohabitation… L’ensemble de ces dimensions peut avoir des implications dans de nombreux domaines. Quelles sont les conséquences économiques des divorces ou des remises en couple après 50 ans ? Sont-elles différentes de celles aux âges plus jeunes ? Quels effets des nouvelles configurations familiales sur le bien-être des individus ou leur santé ? Les transferts, monétaires ou en temps, l’aide informelle apportée au sein des familles, la corésidence ou les relations entre générations vont-ils se modifier sous l’effet des recompositions familiales ?

De manière transversale aux travaux sur les déterminants et les implications des nouveaux comportements conjugaux après 50 ans, ce numéro de Retraite et société est intéressé par les réflexions sur la manière dont ils s’articulent avec les dispositifs légaux et de protection sociale. Est-ce que les dispositifs tenant compte, par exemple, du type d’union (mariée, pacsée ou cohabitante) dans les systèmes de retraite, les prestations sociales ou la fiscalité évoluent, ou non, au regard de ces transformations, modifiant les équilibres entre solidarité familiale et solidarité publique. En retour, quelle est l’influence de ces dispositifs publics sur les comportements conjugaux après 50 ans ?

À noter

Si la problématique de ce dossier s’appuie sur le cas français, les articles attendus ne sont en revanche pas limités à ce seul pays. Les travaux centrés sur d’autres pays, ou comparatifs, feront l’objet d’une égale attention.

La revue Retraite et société étant ouverte à la pluridisciplinarité, les textes retenus pourront s’inscrire dans le champ de la sociologie, de l’économie, de la démographie et autres, ou encore au carrefour de ces disciplines.

Les articles peuvent relever d’une approche quantitative et/ou approche qualitative.

Conditions de soumission

Les propositions (titre et résumé de 350 mots) sont à envoyer avant le 1er septembre 2023.

Devront y figurer la problématique, la méthodologie et les données utilisées, ainsi que les principaux résultats. Après examen, la revue retournera son avis aux auteurs au plus tard le 15 septembre 2023.

Une fois leur proposition retenue, les auteurs devront envoyer une première version complète de leur article (40 000 à 70 000 signes) avant le 2 janvier 2024. Tout projet d’article est soumis à un processus de relecture externe conformément aux règles de la revue. L’acceptation de la proposition d’article ne présume donc pas de celle de l’article.

Politique éditoriale de la revue : https://www.statistiques-recherches.cnav.fr/decouvrir-la-revue-et-publier.html

Soumettre une proposition

Les propositions sont à envoyer à retraiteetsociete@cnav.fr

Coordination scientifique

• Carole Bonnet (Ined)
• Anne Solaz (Ined)

Autres informations

Liste des numéros de la revue Retraite et société : https://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe.htm