Le but de ce futur numéro de Retraite et société est de réinterroger la notion de ville non seulement en tant que territoire conçu pour et vécu par les retraités, mais aussi à travers ses implications en termes d’habitat, de mobilité, de réseaux sociaux, d’accessibilité, de services mobilisables ou non... Il apparaît également important de traiter du paradoxe existant entre la solitude ressentie (subjective) par certaines personnes âgées vivant dans un milieu urbain et la multiplicité (objective) des services qui y sont disponibles pour elles.

Argumentaire

Malgré les apports considérables des différentes recherches sur le sujet, le vieillissement en ville présente des enjeux trop peu investigués, des dimensions insuffisamment explorées et des problématiques sociétales à travailler davantage. Ce dossier est ouvert à toute contribution qui appréhende le phénomène du vieillissement au coeur des métropoles. Pour ce faire, plusieurs axes thématiques sont proposés ici.

Les axes du dossier

Effets du territoire sur les expériences du vieillissement

Les villes sont des lieux de concentration de services pour les personnes vieillissantes tant pour la vie quotidienne (dont les loisirs et la vie sociale) que pour les soins et l’accompagnement destinés aux personnes les moins autonomes. Pourtant, ce sont aussi les endroits où se déploient plusieurs programmes de lutte contre l’isolement des aînés laissant penser que les personnes âgées sont les plus isolées, loin des réseaux d’entraide interfamiliaux et sociaux (anonymat urbain). Comment s’explique ce paradoxe ? Est-ce que les pratiques de voisinages et les réseaux d’entraide ont évolué ? Quel est l’effet, en l’espèce, du territoire urbain sur les vécus individuels ? Comment les aînés et les différents acteurs font-ils face à ces contradictions et que mettent-ils en œuvre pour y faire face ? Quels sont réellement les services à disposition des aînés ? Sont-ils disponibles pour les personnes âgées et quelles sont les disparités inter et infra territoriale ? Qu'en est-il en contexte post pandémie ?

Évolution des pratiques résidentielles et usages du quartier

À la suite de la pandémie de Covid-19, aux évolutions démographiques ou encore à la crise écologique, les pratiques et le quotidien des aînés urbains ont-t-ils évolué et comment ? Où résident réellement les personnes vieillissantes : dans des maisons, des appartements, des habitats adaptés, des établissements médico-sociaux… ? Comment cela affecte-t-il leurs rapports à la ville, leurs pratiques mais aussi leur sentiment d’appartenance à celle-ci ? À quelle échelle se situe son ancrage résidentiel lorsqu’on vieillit et quelles sont les modifications de ses pratiques et usages quotidiens en matière de mobilité par exemple ? Cela a-t-il une influence sur l’identité personnelle et sociale des habitants âgés ?

Transformation des politiques publiques de la ville

À l’heure où le vieillissement de la population devient un enjeu politique central – les pratiques urbaines peuvent évoluer avec l’exode des familles vers le semi-rural suite aux confinements par exemple, même si le retour en centre-ville ou le fait d’y rester correspond également à une réalité –, quelles sont les politiques publiques destinées aux habitants urbains âgés ? De même, quelles sont-elles au moment où les enjeux écologiques sont de plus en plus présents et se répercutent sur les modes d’habiter en ville ? Comment cela affecte-t-il ou non les modes de vie ? Existe-t-il des pratiques, des innovations locales afin de rendre les villes accueillantes pour les personnes âgées ? Par exemple, la dynamique lancée par le réseau Villes Amies des Aînées et la mise en place d’un label pour les villes ayant développé des actions dédiées aux seniors pourrait être une action intéressante à étudier. Les villes sont-elles dans des démarches d’affichage ou de réelle transformation politique concernant le vieillissement de leur territoire ?

Inclusion, participation sociale et citoyenneté

Parce que la ville renvoie « à une certaine manière locale de vivre institutionnellement ensemble » (Paquot et al., 2000) et incarne une scène où se jouent des enjeux politiques, sociaux et économiques ou encore résidentiels, urbanistiques et architecturaux, comment ne pas interroger la place des aînés dans les territoires urbains. Du fait de leur proximité géographique avec les lieux de décision (mairies, conseils de quartier, conseils départementaux ou régionaux…), est-ce que les personnes âgées résidant en ville se saisissent et s’approprient davantage les espaces de mobilisation citoyenne ? La proximité géographique avec les centres de décision permet-elle de garantir un meilleur exercice de la citoyenneté des publics âgés ? Ces derniers s’approprient-ils davantage les espaces de mobilisation citoyenne ? Sont-ils réellement plus inclus dans la cité et dans leur quartier ? Bien qu’étant une thématique sociétale transverse, l’inclusion des personnes âgées reste une préoccupation de nombreux acteurs du secteur du vieillissement.

Mobilité quotidienne et mobilité résidentielle

Vivre en ville implique d’avoir certaines pratiques de mobilité quotidienne. Est-ce qu’en vieillissant ces pratiques évoluent (usages des transports en commun, recours aux parcours urbains, utilisations du mobilier urbain…) ? L’espace urbain est-il adapté à l’avancée en âge ? Est-ce que cela peut avoir des effets sur la sociabilité et l’inclusion des habitants âgés ? La mobilité peut aussi être résidentielle et certaines personnes peuvent décider de quitter la ville au moment de la retraite ou au contraire y emménager lorsque des difficultés fonctionnelles surviennent. Ainsi, est-ce que les retraités restent dans leur logement en ville pour continuer de bénéficier des services disponibles et de leurs réseaux sociaux antérieurs à la retraite ? Ou souhaitent-elles au contraire s’extraire de la ville pour se rapprocher des enfants ou d’un lieu de villégiature ?

À noter

Ces axes thématiques ne sont pas exhaustifs et peuvent être complémentaires. Mais il est attendu que les contributions articulent bien la dimension territoriale et ses spécificités éventuelles (géographiques, culturelles, sociales, etc.) et la façon dont les personnes ou/et les populations vieillissent.

Les articles attendus peuvent traiter du cas français mais aussi apporter des éclairages internationaux. Les articles tirés de retours d’expérience et d’analyses empiriques sont également bienvenus.

Conditions de soumission

Si vous souhaitez contribuer à ce dossier, merci de nous adresser votre proposition (titre, liste des auteurs, mots clés et résumé de 350 mots) à : retraiteetsociete@cnav.fr

avant le 16 octobre 2023.

Les articles peuvent relever de différents champs disciplinaires et peuvent combiner approche quantitative et approche qualitative. Devront y figurer la problématique, la méthodologie et les données utilisées, ainsi que les principaux résultats. Après examen, la revue retournera son avis aux auteurs au plus tard le 30 octobre 2023.

Une fois leur proposition retenue, les auteurs devront envoyer une première version complète de leur article (40 000 à 70 000 signes) avant le 1^er mars 2024. Tout projet d’article est soumis à une relecture en double aveugle conformément aux règles de la revue. L’acceptation de la proposition d’article ne présume donc pas de celle de l’article. 

Les auteurs dont les articles auront été acceptés seront invités à fournir une version définitive, amendée si besoin des révisions demandées par les relecteurs, selon un calendrier fixé par la rédaction.

Calibrage des articles : 40 000 à 70 000 signes (espaces comprises, en incluant résumé, notes et bibliographie).

Politique éditoriale de la revue : https://www.statistiques-recherches.cnav.fr/decouvrir-la-revue-et-publier.html

Coordination scientifique

• Anne-Bérénice Simzac (responsable pôle recherche chez Generacio ; Université de Rennes I)
• Manon Labarchède (chargée de recherche et d’études, Atelier AA -Architecture humaine)