HomeLa beauté, métaphysique et ontologie du beau, histoire de l’idée de beauté, le beau et ses autres, les nouvelles formes de beauté
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Published on Monday, June 19, 2023

Abstract

C’est à la faveur du concept de bel art que la théorie de l’art devient une métaphysique du beau (ce dont Panofsky a rendu compte dans Idea). L’opposition entre la production du beau et l’imitation de la nature est surmontée grâce au concept d’idéal. On passe de la Renaissance classique au maniérisme lorsque cette synthèse ne paraît plus convaincante. L’idéal de beauté est alors l’intuition créatrice d’un génie. Il n’a plus d’ancrage dans la réalité naturelle. Désormais libérée de l’art et de l’esthétique, la beauté a suscité un nouvel intérêt théorique. Le congrès 2023 de la Société française d’esthétique abordera entre autres la métaphysique et l’ontologie du beau, l’histoire de l’idée de beau et de l’idée de bel art, la beauté et ses autres, etc.

Announcement

Présentation

L’actuelle discipline philosophique nommée « esthétique » est l’héritière de deux questions : celle sur la nature de l’œuvre imitative (qu’évoquent la République de Platon et la Poétique d’Aristote), dont le centre de gravité est notre relation éthique et cognitive aux œuvres imitatives, et celle sur la beauté (dont traitent le Banquet, le Phèdre, et quelques pages du livre M de la Métaphysique d’Aristote), dont le centre de gravité est plus nettement métaphysique. S’opposent la conception platonicienne, puis néoplatonicienne et médiévale, selon laquelle la beauté est une Idée, voire un transcendantal, et la conception aristotélicienne, puis stoïcienne, selon laquelle la beauté peut être pensée mathématiquement comme une forme de proportion ou d’harmonie.

C’est à la faveur du concept de bel art que la théorie de l’art devient une métaphysique du beau (ce dont Panofsky a rendu compte dans Idea). L’opposition entre la production du beau et l’imitation de la nature est surmontée grâce au concept d’idéal. On passe de la Renaissance classique au maniérisme lorsque cette synthèse ne paraît plus convaincante. L’idéal de beauté est alors l’intuition créatrice d’un génie. Il n’a plus d’ancrage dans la réalité naturelle.

Comme le souligne Jacques Rancière dans le Partage du sensible, le paradigme esthétique naît lorsque la beauté et l’art ne sont pas seulement associés dans la théorie du bel art, mais sont associés à un certain mode du sentir : selon l’abbé Du Bos, le beau est un sentiment, et l’art est identifié grâce à la qualité de ce sentiment. Sur le plan ontologique, la beauté n’est plus une Idée ou la proportion réelle d’un objet, mais une qualité seconde. Sa réalité devient problématique, et il convient de la distinguer d’autres sentiments plaisants. La beauté devient alors une catégorie plus large, incluant l’élégant, le joli, le grâcieux, ou encore le spirituel.

On passe à la Modernité lorsque la beauté devient « bizarre », selon le mot de Baudelaire, ou tout simplement facultative. Sa bizarrerie peut reposer sur son extrême formalisme – on songe à Flaubert, à Mallarmé – ou sur sa parenté avec le fantastique. Dans les deux cas, la beauté n’est plus vraiment plaisante. Sa relation à l’ornement devient problématique : William Morris tente de la défendre, tandis qu’Adolf Loos conçoit la beauté de manière non décorative.

La postmodernité se caractérise quant à elle par une relation ironique à la beauté, aisément rabaissée au rang de kitsch. La philosophie de l’art n’est plus une théorie du bel art. L’esthétique a pour objet un type d’expérience, dont la beauté n’est qu’une possibilité parmi d’autres, et pas nécessairement la plus intéressante. Il est remarquable que Langages de l’art de Goodman soit silencieux sur la beauté.

Désormais libérée de l’art et de l’esthétique, la beauté a suscité un nouvel intérêt théorique. Est-ce une projection subjective, ou une propriété ? Dans ce dernier cas, est-elle intrinsèque ou relationnelle ? Si elle est relationnelle, cela signifie-t-il que le goût pour la beauté a un intérêt adaptatif pour l’espèce humaine, voire pour d’autres espèces ?

Ces grandes césures masquent cependant une histoire plus complexe. Un contemporain de Du Bos comme Crousaz maintient que le beau peut être saisi par la seule raison, et de sang-froid. Diderot propose une synthèse entre l’imitation de la nature et la recherche du beau à la faveur d’un idéal conçu de manière matérialiste. À maints égards, les Cours d’esthétique de Hegel sont moins une esthétique, stricto sensu, qu’une métaphysique phénoménologique du beau. La Modernité n’est pas monolithique : la modernité formelle d’Ingres puise dans l’idéal de la beauté. L’avant-garde spiritualiste incarnée par Kandinsky n’abandonne nullement la beauté. Quant à la postmodernité, elle ne se réduit pas à Jeff Koons, et il serait excessif de ne voir dans l’art postmoderne qu’une dévaluation de la beauté en kitsch.

Les axes du congrès 2023 de la SFE seront les suivants :

  • La métaphysique et l’ontologie du beau.
  • L’histoire de l’idée de beau et de l’idée de bel art.
  • La beauté et ses autres : on s’intéressera tout autant aux modalités du beau (le grâcieux, le joli, le mignon, etc.) qu’aux contraires du beau (le laid, l’horrible, etc.).
  • Les nouvelles formes de beauté : quelles formes prend l’éventuelle recherche de la beauté chez les artistes contemporains ?
  • Les nouvelles approches philosophiques et théoriques du beau : esthétique évolutionniste, neuroesthétique, sciences cognitives, etc.

Programme

Samedi 24 juin 2023

8h30 Accueil

8h45 Ouverture du colloque

  • 9h - Valérie Bettelheim, Docteure en philosophie, chercheuse associée à l’Université de Poitiers, Sur la trace de la beauté, l’unité face à la déconstruction chez Plotin
  • 9h30 - Anne-Gaelle Cuif, Docteur en Lettres et Histoire des Universités de Turin et de Tours, EC à l’Université de Lorraine, Via pulchritudinis. La phénoménologie spirituelle du plaisir esthétique dans la pensée mystique chrétienne du XIIIe siècle
  • 10h - Maxime Webanck, Agrégé et doctorant en philosophie et en histoire de l’art à l’ENS de Lyon et à l’Université de Genève, Le beau, le prosaïque et l’idéal : la peinture néerlandaise selon Hegel

10h30 Discussion et pause

  • 11h - Charles Bobant, Maître de conférences à la Faculté de Philosophie de l’Institut Catholique de Paris, Directeur de programme au Collège international de philosophie. L’absentement phénoménologique de la beauté
  • 11h30 - Antoine Dumaine Martet, Certifié de philosophie et doctorant en philosophie à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Bel-art et belle-technique : la valeur esthétique de l’agrément dans Les Réflexions critiques sur la poésie et la peinture de l’abbé Dubos
  • 12h - Adnen jdey, Docteur en philosophie, Chargé de recherches FNRS à l’Université Catholique de Louvain. Le style plutôt que la beauté ? Le jeune Maldiney historien de l’esthétique (1949-1951)

12h30 Discussion et pause déjeuner

  • 14h30 - Guillaume Dreidemie, Doctorant à l’Université Jean Moulin Lyon III, La beauté de Virgile. Méditation sur la force et la grâce des Géorgiques et des Bucoliques
  • 15h - Arianna Fabbricatore, agrégée et docteur en philosophie des Universités de Florence, Bonn et Paris IV, Que pouvons-nous apprendre sur la beauté à partir de l’admiration ?
  • 15h30 - Marie Schiele, Agrégée et Docteure en philosophie de Sorbonne Université, Mignon, Spécieux, Splendide. Beauté incarnée et écriture de la suavité chez Burke

16h Discussion et pause

  • 16h30 - Carola Borys, doctorante en littérature comparée à l’Université de Sienne et à l’Université Sorbonne Nouvelle. ATER en littérature comparée à l’Université de Poitiers. Jeff Koons produit-il du kitsch ?
  • 17h - Renato Boccali est professeur associé l’Esthétique et la Philosophie de l’art à l’Université IULM de Milan, La beauté à l'heure du capitalisme esthétique
  • 17h30 - Alice Dupas, Agrégée et docteure en philosophie, ATER en philosophie de l’art et esthétique à Sorbonne Université. Les limites de la neuro-esthétique de la beauté. L’exemple de la peinture moderne de K. Malevitch

18h Discussion

18h30 : Fin du congrès

Informations pratiques

Paris, La Sorbonne, Salle des Actes (Galerie Gerson). Entrée par la rue de la Sorbonne, n°17

Entrée gratuite. Inscription obligatoire pour toutes les personnes ne possédant pas une carte autorisant l’entrée dans le bâtiment de la Sorbonne (Carole.Talon-Hugon@paris-sorbonne.fr).

Places

  • Salle des Actes (Galerie Gerson) - 17 rue de la Sorbonne
    Paris, France (75)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Saturday, June 24, 2023

Keywords

  • beau, beauté, art, philosophie, esthétique

Contact(s)

  • Carole TALON-HUGON
    courriel : c [dot] talonhugon [at] gmail [dot] com

Information source

  • LAETITIA MARCUCCI
    courriel : laetitia [dot] marcucci [at] univ-rennes [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« La beauté, métaphysique et ontologie du beau, histoire de l’idée de beauté, le beau et ses autres, les nouvelles formes de beauté », Study days, Calenda, Published on Monday, June 19, 2023, https://doi.org/10.58079/1bgu

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