HomeLes transformations du travail par l’intelligence artificielle (IA)

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Published on Tuesday, August 01, 2023

Abstract

Dans une perspective sociotechnique, qualifier les effets de l’intelligence artificielle (IA) sur le travail représente un exercice difficile appelant à l’humilité collective tant ces technologies sont évolutives et comme les rétroactions entre l’humain et les outils qu’il façonne sont complexes. Les conséquences des IA sur les organisations, les métiers, les espaces et temps de travail, les besoins en compétences, et plus profondément, les pratiques et relations professionnelles, demeurent peu prévisibles. Peu de travaux portent aujourd’hui sur la dimension micro de ces transformations, à l’échelle des individus, sur les vécus, les pratiques professionnelles et leurs conséquences sociales et organisationnelles. Il est apparu essentiel d’engager une étude de l’expérience travailleur.

Announcement

Argumentaire

Parce qu’elle permet de réaliser des opérations cognitives, de prendre des décisions, de mimer la communication humaine, de manier d’autres outils et objets et surtout d’apprendre par elle-même, l’intelligence artificielle (IA) est vectrice d’interrogations sociétales croissantes. Son développement rapide nourrit des craintes politiques et sociales qui portent tant sur l’évolution des métiers que sur la disparition de certaines fonctions, alimentant des scénarios contrastés (Frey et Osborne, 2017 ; Askenazy & Bach, 2019) et parfois pessimistes sur l’avenir du travail. Loin d’être réductible à sa seule dimension technologique, l’IA porte ainsi en elle de profondes mutations sociales : un tiers des emplois pourraient en être transformés ces vingt prochaines années (OCDE, 2016), ce qui en fait un momentum ethnologique (Ferguson et Pecoste, 2022).

Depuis les années 1990, des chercheurs en sociologie du travail, en psychologie sociale et en sciences de gestion se sont intéressés à ces transformations au fil de leurs apparitions (Dodier, 1995 ; Boltanski et Chiapello, 1999 ; Gilbert, 1998…). Progressivement, ils ont offert des cadres d’analyse pour appréhender l’impact des outils sur les systèmes organisationnels et gestionnaires, les rapports de pouvoir en entreprise, analysant les phénomènes de résistance au changement, l’évolution des approches RH, managériales ou encore les nouvelles logiques de gestion des compétences (Zimmermann, 2000, 2011 ; Boussard, 2008 ; Chiapello et Gilbert, 2013 ; Meda et Vendramin, 2013). Cette armature conceptuelle apparaît toutefois à revisiter aujourd’hui au vu de la profondeur des transformations induites par l’IA dans les organisations : ces outils ne peuvent désormais plus être considérés comme de simples instruments, et les humains comme seuls “acteurs”. Ces “nouveaux actants” (Latour et al., 2006) et ces articulations Homme-Machine inédites peuvent impacter les systèmes organisationnels et humains (Relieu et Velkovska, 2021 ; Zouinar, 2020). Ils déplacent subtilement les équilibres existants en termes de responsabilité, de reconnaissance, d’autonomie, de savoir-faire et de relations sociales au travail (Ferguson et Pecoste, 2022). Dans ce contexte, l’entremêlement des dynamiques pose un défi sociologique nouveau : isoler les impacts spécifiques à l’IA par rapport aux enjeux plus généraux d’appropriation des nouvelles technologies et d’adaptation au changement. D’ores et déjà, un certain nombre de travaux pointe les enjeux et les risques sociaux potentiellement associés à la conception et à l’incorporation dans le travail de ces systèmes fondés sur l’IA (Casilli, 2019 ; Rosa, 2010).

Ces enjeux ont été saisis par de premières instances de réflexion, dont certaines à vocation régulatrice : des démarches multipartites basées sur l’expertise telles que le Partenariat mondial sur l’intelligence artificielle (PMIA) et son groupe de travail Future of work initié en 2020, le groupe d’experts constitué dès 2019 par la Commission européenne qui offre des lignes directrices en matière d’éthique “pour une IA digne de confiance” ou encore les travaux des partenaires sociaux qui ont abouti à un “Accord européen sur la transformation numérique des entreprises” appelant de ses vœux un principe “d’humain aux commandes” en matière d’IA.

Dans une perspective sociotechnique, qualifier les effets de l’IA sur le travail représente toutefois un exercice difficile appelant à l’humilité collective tant ces technologies sont évolutives - les IA génératives telles que ChatGPT l’illustrent bien - et comme les rétroactions entre l’humain et les outils qu’il façonne sont complexes. Les conséquences des IA sur les organisations, les métiers, les espaces et temps de travail, les besoins en compétences, et plus profondément, les pratiques et relations professionnelles, demeurent peu prévisibles.

Peu de travaux portent aujourd’hui sur la dimension micro de ces transformations, à l’échelle des individus, sur les vécus, les pratiques professionnelles et leurs conséquences sociales et organisationnelles. Il est apparu essentiel d’engager une étude de l’expérience travailleur (Anact, 2018). Faisant le constat du faible nombre de travaux empiriques sur ce thème, une vaste démarche de recherche-action a été impulsée en 2020 par le Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’insertion et par l’INRIA : LaborIA. A la fois un laboratoire de sciences humaines appliquées et espace d’anticipation et de réflexion pour l’action, LaborIA étudie au concret les transformations alors que se déploient les systèmes d’IA dans les organisations (LaborIA, 2022 ; 2023). Mobilisant plusieurs équipes de recherche, elle s’appuie sur un grand nombre d’études de cas.

Dans le cadre du LaborIA, le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Inria, et Matrice ont le plaisir de vous inviter au colloque LaborIA "Les transformations du travail par l'IA", qui aura lieu le mardi 26 septembre 2023 de 8h30 à 16h30 (en présentiel, Paris 15e).

Après une matinée de colloque scientifique, l’après-midi offrira une scène de réflexion et de dialogue sur les “futurs possibles” du monde du travail à l’ère de l’IA, avec un regard posé sur les IA génératives. Elle croisera les regards de terrain et les expertises d’acteurs qui conçoivent, mettent en œuvre, financent et pensent l'intégration professionnelle des IA d’aujourd’hui et de demain. 

Programme

  • 8h30 - 9h00 : Accueil
  • 9h00 - 9h15 : Mot d’ouverture par les partenaires (Ministère du Travail, du Plein emploi et de  l’Insertion, Inria, Matrice)
  • 9h15 - 9h45 : Introduction par le Keynote speaker, Pascal Picq, Paléoanthropologue, maître de conférence au Collège de France
  • 9h45 - 10h30 : Présentation des travaux du LaborIA Explorer, première zone d’expérimentation du LaborIA
  • 10h30 - 10h45 : Pitch de chercheurs travaillant sur différentes problématiques autour des impacts de l’IA sur le travail (chercheurs qui seront présents toute la journée sur leurs “stands” pour échanger informellement, dans un espace dédié)

10h45 - 11h00 : Pause

11h00 - 12h00 : 2 tables rondes pluridisciplinaires

Les transformations du travail au niveau de l’individu

  • Gérald Gaglio, Sociologue des organisations, Université Côte d'Azur
  • Clément Le Ludec, Doctorant chercheur en sociologie du travail, Institut Polytechnique de Paris
  • Claire Marzo, Maître de conférence en Droit Public, Université Paris-Est Créteil

Les transformations du travail au niveau du collectif, de l’organisation

  • Joffrey Becker, Anthropologue social et ethnologue, EHESS
  • Anca Boboc, Sociologue du travail, Orange Labs
  • Emmanuelle Mazuyer, Directrice de recherche en droit, CNRS, coordinatrice du projet TraPlaNum

12h00 - 13h30 : Déjeuner (buffet) et café

13h30 - 15h30 : Atelier de prospective participatif

Nous penserons les transformations du travail liées à l’IA, à horizon 2035, sous l’angle de 3 thématiques déterminantes pour les transformations potentielles. Chaque thématique sera contextualisée par un expert qui partagera les différents éléments essentiels pour pouvoir construire des scénarios (rétrospective, tendances, signaux faibles). Dans un second temps, 2 à 3 scénarios seront présentés au public, qui sera invité à se positionner (par vote) sur le scénario le plus probable ou souhaitable.

Conférence introductive : conférence “Les IA génératives” (30 min)

  • Atelier - Thématique 1 : Droit du travail (30 min)
  • Atelier - Thématique 2 : Géopolitique (30 min)
  • Atelier - Thématique 3 : Climat (30 min)

15h30 - 16h00  : Table-ronde de clôture

  • Pascal Picq, Paléoanthropologue, maître de conférence au Collège de France
  • Yann Ferguson, Sociologue et Responsable scientifique du LaborIA
  • François-Xavier Petit, Historien et Directeur général de Matrice,

16h00 - 16h30 : Conclusion et perspective socio-historique par François-Xavier Petit, Historien et Directeur général de Matrice

Clôture du colloque à 16h30

Inscription

Pour s'inscrire : suivre ce lien

Places

  • Atelier Barillet - 15 square Vergennes
    Paris, France (75015)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Tuesday, September 26, 2023

Keywords

  • intelligence artificielle, travail, laboria

Information source

  • Lucie Poulet
    courriel : lpoulet [at] matrice [dot] io

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Les transformations du travail par l’intelligence artificielle (IA) », Conference, symposium, Calenda, Published on Tuesday, August 01, 2023, https://doi.org/10.58079/1bnp

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