HomeL’enseignement du français à l’aune de l’intelligence artificielle
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Published on Wednesday, August 09, 2023

Abstract

Dans le sillage de ce débat sur la place de l’innovation dans l’éducation à l’ère de l’intelligence artificielle (IA), l’Association marocaine des enseignants de français (AMEF) organise son colloque d’automne de l’année 2023 sous le thème : « L’enseignement du français à l’aune de l’intelligence artificielle : innovations, enjeux et perspectives ». Ce colloque se veut un lieu de rassemblement de chercheurs, d’enseignants et d’intellectuels de divers horizons pour interagir autour de la thématique. Le partage et la mise en commun des recherches, des expériences et des réflexions autour des pratiques enseignantes et des modalités d’apprentissage sous le règne de l’IA devront permettre d’impulser cette quête intelligente, dans le sens humain, de l’innovation.

Announcement

Les 16, 17 et 18 octobre 2023 à Meknès

Argumentaire

Ces dernières années, le monde vit au rythme d’avancées technologiques qui ne cessent de se surpasser. Depuis la deuxième guerre mondiale, la machine a remarquablement gagné du terrain allant de la simple exécution de tâches monotones à l’incroyable capacité de « penser » et d’« agir » comme une forme d’intelligence indépendante. Des scénarios qui n’étaient soutenables que dans le cadre de la science-fiction ou du conte fantastique ont à présent une existence réelle, grâce à ou à cause de (selon les positionnements éthiques et scientifiques de chacun) l’Intelligence Artificielle. De nouvelles règles de jeu sont désormais imposées, amenant nécessairement à réinterroger nos pratiques, voire même notre manière d’exister.

Les prouesses de l’IA semblent exciter les partisans d’une modernité qui se définit par la quête du confort et du moindre effort. On se prosterne aux pieds de toute possibilité de sous- traitance numérique des pratiques quotidiennes, y compris celles impliquant la création, l’innovation ou même la prise de décision. La machine intelligente qui fait gagner en temps, en effort et en efficacité se perçoit comme une bénédiction, adjuvant de la perfection.

Les modèles du langage fondés sur les IA, ChatGPT et sa famille émerveillent leurs utilisateurs mais suscitent également de sérieuses préoccupations notamment au regard du langage. Cette faculté, foncièrement humaine, se voit clonée par la technologie numérique. A ce propos, N. Chomsky a ouvertement critiqué les « fausses promesses » de ces modèles basés sur des approches statistiques qui génèrent, à partir d’un ensemble de données textuelles, des ensembles phrastiques cohérents. Il a par conséquent mis en garde contre une inévitable dépendance à ces modèles conduisant, selon lui, à affaiblir toute forme de créativité naturelle. Le postulat qui sous-tend ses réticences est que la communication humaine ne se réduit pas à des suites discursives de répliques superficiellement cohérentes. Elle est plutôt la verbalisation d’un engagement humain et d’une pensée critique. La dimension psychologique du langage se trouve en effet en point de mire des modèles langagiers de l’IA. Nous acheminerions vers un appauvrissement lent et continu des capacités intellectuelles.

Toujours dans la veine critique du linguiste et dans le cadre de ce qu’il juge comme « la banalité du mal », une dimension est plus pressante que les autres lorsqu’on entreprend de penser l’IA : il est une question de la morale qu’on ne cesse de poser à ces technologies et à leurs applications. En effet, l’usage que l’on fait de l’intelligence, Histoire humaine à l’appui, est par nature une question morale. Or, dans le cas présent d’une intelligence artificielle, la question étant nouvelle, deux extrêmes sont en train de se dessiner. D’une part une espèce d’euphorie autour de ces nouvelles technologies qui voudrait les placer en dehors de toute morale. Cette dernière étant une question humaine, il serait donc caduc et inopérant d’appliquer une problématique humaine à ce qui n’est pas humain. Autrement dit, l’IA n’est ni morale ni immorale, elle est amorale, dans le sens où elle n’a pas à l’être ou ne pas l’être. A l’autre bout du débat, là on retrouverait Chomsky par exemple, on considère que c’est à cause de l’amoralité même de l’IA qu’elle constitue non seulement une avancée conséquente, mais aussi un danger imminent. Donc, l’IA est aussi et surtout une problématique morale.

Le domaine de l’éducation et de l’enseignement des langues est au cœur de ce débat. Les différentes technologies de l’intelligence artificielle (IA) et de la réalité virtuelle sont en train de transfigurer les modes d’éducation et d’enseignement au point d’arriver à mettre en question l’utilité de l’enseignant et de faire des humanités numériques une nouvelle modalité de socialisation. Elles s’invitent dans les universités comme outil et objet d’éducation. Le débat amorcé autour de la question tantôt met en garde contre les méfaits de l’usage de ces modèles de l’IA dans les pratiques d’apprentissage et d’enseignement, tantôt exalte ses performances et dénombre les avantages et les opportunités à saisir. L’UNESCO souligne que « L’intelligence artificielle remet en question à bien des égards le rôle de l’éducation dans la société. D’abord, l’IA oblige à repenser le rôle sociétal de l’éducation. Le déplacement de la main d’œuvre causé par certaines formes d’IA impose, entre autres mesures, le recyclage professionnel des employés, ainsi qu’une nouvelle approche de formulation des qualifications visées par les programmes éducatifs. » (UNESCO, 26 février 2019)

Le Maroc, naturellement soucieux de la qualité de l’enseignement-apprentissage qu’il propose, ne peut rester à la traine de ce qui se passe dans le monde de la technologie. De nombreux et sérieux débats sont convoqués sur la question de l’enseignement et de l’éducation à l’ère de l’intelligence artificielle, que ce soit dans les universités (colloques et conférences) ou dans le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique1 ou dans les associations.

Le maître mot y est innovation pour dompter l’élan de l’IA au profit de l’Intelligence Humaine. Le paradigme de l’innovation n’est plus considéré comme un luxe, il devient une nécessité. Innover et ne pas rester dans le déni de l’existant. Toutefois, l’innovation n’est-elle pas en train de s’instaurer comme une dictature moderne. Le fait est que tout ce qui est nouveau, innovant, est en train d’être dispensé d’examen critique. On a tendance à le recevoir, à l’accepter et à en faire usage sans avoir le droit de se poser des questions. De façon globale, ceci interroge l’esprit humain et sa capacité à penser son monde et sa destinée : tout accepter c’est prendre le risque de s’autodétruire. Mais de façon particulière, en matière d’éducation et d’enseignement, l’innovation ne peut se faire sans clauses de précaution, sans gardes fous et sans un examen critique de son efficience. Le Nouveau ? Oui, absolument, complètement, mais pas à n’importe quel prix, pas de n’importe quelle manière et si, et seulement si, il y a une efficience claire et mesurable ; comme dirait A. Compagnon, s’il y a un réel « gain de productivité ».

Dans le sillage de ce débat sur la place de l’innovation dans l’éducation à l’ère de l’IA, l’Association Marocaine des Enseignants de Français (AMEF) organise son colloque d’automne de l’année 2023 sous le thème : "L'enseignement du français à l'aune de l'intelligence artificielle : innovations, enjeux et perspectives". Ce colloque se veut un lieu de rassemblement de chercheurs, d’enseignants et d’intellectuels de divers horizons pour interagir autour de la thématique. Le partage et la mise en commun des recherches, des expériences et des réflexions autour des pratiques enseignantes et des modalités d’apprentissage sous le règne de l’IA devront permettre d’impulser cette quête intelligente, dans le sens humain, de l’innovation.

Les communications s’articuleront autour des axes suivants :

  • Axe I : Apports et limites de l’IA dans l’enseignement apprentissage du français ;
  • Axe II : L’IA à l’épreuve de l’inclusion et de l’équité dans l’enseignement apprentissage du français ;
  • Axe III : Éthique et enseignement apprentissage des langues assisté par l’IA ; Axe IV : Approches innovantes et exploitation de l’IA ;
  • Axe V : La compétence scripturale défiée par l’IA.

Les communications peuvent être sous forme de présentations orales et d’ateliers de formation. Les contributions peuvent être théoriques, empiriques, des expériences de terrain, des projets de recherche, des analyses critiques ou des réflexions.

Modalités de soumission

Les propositions seront en français et la priorité sera donnée à celles accompagnées d’un atelier qui constitue le volet pratique.

L’envoi d’une proposition est un engagement à envoyer l’article avant la tenue du colloque.

La date butoir de soumission des propositions est fixée au 07 septembre 2023, incluse.

Veuillez soumettre vos propositions à AMEFMAROC2023@gmail.com

Les résumés sélectionnés seront notifiés le 15 septembre 2023

Les actes du colloque seront publiés dans la revue de l’AMEF (Recherches pédagogiques).

Comité d’organisation

Association Marocaine des Enseignants du Français (AMEF)

Comité scientifique

  • AMEUR Cherqui, Enseignant Formateur, CRMEF-DT, Errachidia
  • AZOUINE Abdelmajid, Enseignant-Chercheur, Université Mohammed 5, Rabat
  • BENLAKHDAR Mohyedine, Enseignant-Chercheur, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès
  • BENZINA Ouafae, Enseignante-Chercheure, Université Moulay Ismaïl, Meknès
  • BOURRAY Mounir, Enseignant-Chercheur, Université Moulay Ismaïl, Meknès
  • KICH Abdeltif, Enseignant-Chercheur, CRMEF-DT, Ouarzazate
  • KICH Abderrahman, Enseignant-Chercheur, Université Sultan Moulay Slimane, Béni Mellal
  • CHALFI Rida, Enseignant-Chercheur, Université Moulay Ismail, Errachidia
  • DAHBI Saadia, Enseignante-Chercheure, Université Moulay Ismail, Errachidia
  • LAHLOU Mohamed, Enseignant-Chercheur, Université Cadi Ayyad, Marrakech
  • MARTAH Amine, Enseignant-Chercheur, Université Cadi Ayyad, Marrakech
  • OUARDI Hicham, Enseignant-Chercheur, Université Mohammed V, Rabat
  • RMIDA Zakia, Enseignante Chercheure, Université Moulay Ismail, Errachidia
  • SABTI Moulay Abdelaziz, Enseignant-Chercheur, Université Cadi Ayyad, Marrakech
  • SAIDI AMRAOUI Mouhcine, Enseignant-Chercheur, Université Hassan 2, Casablanca
  • SENHAJI Asmae, Enseignante-Chercheure, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès
  • TAZI Chakib, Enseignant-Chercheur, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès
  • VARRO Gabrielle, Chercheure, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Versailles

Notes

1 M. Rachid Yazami, « L’école nouvelle face aux défis de la transition énergétique et de l’Intelligence artificielle », 02 juin 2023, SIEL, Rabat.

Amal Falah Seghrouchni, « L’intelligence artificielle au service de l’éducation et de la recherche scientifique », 10 juin 2023, SIEL, Rabat

Places

  • Meknes, Kingdom of Morocco

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Thursday, September 07, 2023

Attached files

Keywords

  • enseignement, français, intelligence artificielle, innovation, perspective

Information source

  • Abdelmajid Azouine
    courriel : a [dot] azouine [at] um5r [dot] ac [dot] ma

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« L’enseignement du français à l’aune de l’intelligence artificielle », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, August 09, 2023, https://doi.org/10.58079/1boi

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