À l’occasion des cinquante ans de la grève autogérée de Lip, nous souhaitons interroger dans ce colloque les théories et pratiques autour du concept d’autogestion. Perspective d’émancipation individuelle et collective, l’autogestion entend répondre aux situations d’aliénation, d’exploitation et de domination. Elle dessine un idéal d’autonomie incarné et situé, qui se réalise et se maintient par la pratique, par un pouvoir exercé directement par ses acteurs plutôt que délégué ou représenté par un tiers. En matière d’autogestion, il est particulièrement pertinent de croiser l’élaboration théorique avec les expériences pratiques qui la font naître, la stimulent et la renouvellent. Comment peuvent alors dialoguer l’histoire et la sociologie de l’autogestion avec la philosophie des pratiques ?

Programme

Jeudi 7 septembre

Après-midi : Histoires de l'autogestion

14h00 : Ouverture du colloque

• 14h15 : Camille Ternier (CEVIPOF) : « Gérer sa propre industrie. Sur les justifications des premières associations ouvrières »
• 15h00 : Caroline Fayolle (LIRDEF/Université de Montpellier/IUF) : « Genèses de l'autogestion: interroger l'association ouvrière de 1848 avec Cornelius Castoriadis »

15h45 : Pause

• 16h00 : Samuel Hayat (CEVIPOF) : « L'émancipation contre la politique : l'association comme antipolitique ouvrière »
• 16h45 : Frank Georgi (Université Paris Evry) : « Autogestion : les mots, les choses et l’histoire »

Vendredi 8 septembre

Matinée : Pratiques autogestionnaires

• 9h00 : Maxime Quijoux (LISE/CNAM): « La coopération ouvrière dans les années 1968: l'autogestion contre la classe ouvrière? »
• 9h45 : Antoine Aubert (CEVIPOF): « Les années 1968 et "l'autogestion généralisée" : mise en tradition et réseaux d'une idée »

10h30 : Pause

• 10h45 : Thierry Brugvin (Logiques de l'Agir/Université de Franche-Comté) : « Comparaison démocratique entre les types d'organisations de l'autogestion économique »
• 11h30 : Alexis Cukier (MAPP/Université de Poitiers) : « Autogestion, travail vivant et écologie : une perspective par en bas »

Vendredi 8 septembre

Après-midi : Quelles perspectives pour l'autogestion en dehors du salariat ?

• 14h00 : Clément Ruffier (ANACT) : « Autogestion et entreprises libérées : une réappropriation en trompe-l’œil ? »
• 14h45 : Madeleine Sallustio (CSO) : « De l'émancipation au validisme: polysémie de l'autonomie en collectifs néo-paysans autogérés (France, Italie, Espagne) »
• 15h30 : Céline Marty (Logiques de l’Agir/Université Paris-Créteil) : « L'autogestion du temps : une condition du travail antiproductiviste ? »

16h15 : Discussion générale

Informations pratiques

Lien de visioconférence envoyé sur demande.

Contact : Céline Marty (celine.marty@univ-fcomte.fr)

Comité d'organisation

Antoine Aubert, Samuel Hayat, Céline Marty, Laurent Perreau, Camille Ternier

co-organisé par le laboratoire des Logiques de l’Agir (Université de Franche-Comté) et par l’ANR THEOVAIL (CEVIPOF, Sciences Po Paris).

Argumentaire

À l’occasion des cinquante ans de la grève autogérée de Lip, nous souhaitons interroger dans ce colloque les théories et pratiques autour du concept d’autogestion. Il désigne d’abord des expériences diverses en Yougoslavie, en Algérie et dans les kibboutz israéliens. Il est ensuite popularisé en Europe dans les années 1960 et 1970 par divers mouvements sociaux et acteurs historiques (CFDT, PSU). À partir de 1968, il devient une sorte de mot d’ordre qui semble unifier une multitude d'aspirations émancipatrices. Perspective d’émancipation individuelle et collective, l’autogestion entend répondre aux situations d’aliénation, d’exploitation et de domination. Elle dessine un idéal d’autonomie incarné et situé, qui se réalise et se maintient par la pratique, par un pouvoir exercé directement par ses acteurs plutôt que délégué ou représenté par un tiers.En matière d'autogestion, il est particulièrement pertinent de croiser l'élaboration théorique avec les expériences pratiques qui la font naître, la stimulent et la renouvellent. Comment peuvent alors dialoguer l'histoire et la sociologie de l'autogestion avec la philosophie des pratiques ?L'intérêt du concept tient à sa plasticité souple qui ne l’enferme pas dans un domaine de la pratique : l’usine tout comme l’Ecole, l’habitat ou les luttes peuvent être autogérés. Mais cette plasticité du concept peut aussi constituer sa faiblesse si le concept se dilue dans une diversité d’expériences hétérogènes au point de perdre en signification. On peut aussi la perdre si le concept se fige en idéal trop exigeant.Voici quelques-unes des questions qui pourront être abordées à l’occasion de ce colloque : On pourra se demander à quelles conditions une pratique peut relever du registre de l’autogestion. Inversement, y a-t-il des domaines qui ne se prêtent pas à des pratiques autogestionnaires ? Plus largement, sous quelles conditions, théoriques et pratiques, le concept et l’expérience d’autogestion remplissent-ils leurs promesses d’émancipation ? Quels sont les apports théoriques de ce concept par rapport à ceux plus abstraits d’autonomie ou de liberté ? Pourquoi le lexique de l’autogestion se substitue-t-il à celui de l’associationnisme et des mouvements coopératifs du XIXe siècle ? Comment l’histoire et la sociologie de l’autogestion peuvent-elles dialoguer avec la philosophie des pratiques ?